| | « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey | |
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Auteur | Message |
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« Casey H. Forsythe »
Messages postés : 52 à San Diego depuis : 10/11/2010 Emploi/Situation : Etudiante
| Sujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey Dim 12 Déc - 2:36 | |
| La soirée s'annonçait des plus excellentes. Si, au départ, ma rencontre avec Logan n'avait pas été préméditée, elle n'en était pas moins appréciée. J'étais heureuse de le voir, heureuse de passer du temps avec lui et surtout heureuse de voir combien les choses pouvaient encore parfois sembler aussi simples entre nous. Bien sûr, les choses avaient changé. Bien sûr, elles auraient pu tout compliquer. Et pourtant, nous étions là, à nous parler, à nous regarder comme si rien ne s'était passé, comme si ces quatre dernières années ne s'étaient jamais écoulées. A choisir, je ne sais pas ce que j'aurais préféré. Oublier ces quatre années de séparation, celles-là même qui ne m'avaient fait que réaliser encore plus à quel point je tenais à lui ; ou au contraire les garder, m'en souvenir sans cesse pour me rappeler que, dans la vie, rien n'était à jamais acquis et qu'il fallait que j'en profite un maximum ? J’étais incapable de dire ce qui était le mieux. Tout ce que je savais, c’est que j'aurais aimé pouvoir oublier. Ne plus repenser à notre séparation, à la douleur que son absence avait provoqué. Mais ces années avaient fait de moi celle que j'étais aujourd'hui, elles avaient fait de moi cette femme amoureuse et déterminée à retrouver un peu de ce qu'elle avait perdu. Oui, bien qu'elles aient été difficiles, ces années m'avaient aidée à me forger le caractère que j'avais aujourd'hui. Je ne pourrais jamais les oublier, encore moi les nier. Elles m'avaient bien souvent desservi, mais à présent, je le savais, je devais m'en servir comme une force, et non pas comme une faiblesse. Elles devaient me porter vers le haut et non pas me peser comme un fardeau. Ce qui, il fallait l'avouer, allait être difficile. Il me faudrait du temps, pour apprendre à vivre avec le passé, pour apprendre à le laisser de côté et pour pouvoir avancer sans craindre de tout perdre une nouvelle fois, sans craindre que Logan me soit à nouveau enlevé. Parce que je le savais, tant que mon père représenterait cette menace pour moi, pour nous ; tant que je le saurais capable de s'immiscer à nouveau dans nos vies, je ne pourrais pas faire une croix sur ce qu'il nous avait fait vivre. Je ne pourrais pas oublier ce que j'avais traversé par sa faute. Jamais. Parce que des évènements comme ça nous marquaient à vie. Je devais cependant accepter de vivre avec ce que la vie m'avait laissée, avec ce qu'elle m'avait rendue, en l'occurrence, Logan. Je l'aimais. Plus que l'on pouvait l'imaginer. Et c'était peut-être là tout mon problème. Car mon amour pour lui réveillait cette peur qui sommeillait en moi, celle qu'un jour, il vienne à disparaître de ma vie à nouveau. J'avais peur pour lui, peur qu'il lui arrive quelque chose. Et son obstination à vouloir impliquer la justice dans les affaires de mon père m'effrayait. Car si Logan était sûr de lui, je le savais, rien ne nous garantissait que cette justice en laquelle il croyait tant marcherait. Rien ne nous garantissait que mon père sortirait un jour de nos vies. Et s'il devait y revenir un jour, je ne voulais pas que Logan s'interpose entre nous. Parce que je savais que mon père n'aurait aucun scrupule à trouver un moyen quelconque de l'éliminer. Quand je voyais ce que mon père m'avait fait, quand je voyais ce qu'il avait fait à son propre petit fils, je n'osais même pas imaginer ce qu'il serait prêt à faire à Logan. Ma peur, je savais que Logan pouvait la comprendre, j'en étais certaine. Je savais que, dans le fond, il savait qu'elle était réelle, et que mon inquiétude pour lui était sincère. Je ne voulais pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. Pas quand il pouvait l'éviter. Je savais qu'un jour, la vie finirait bien par nous séparer. Rien ne me garantissait que tout se passerait bien, rien ne me garantissait que Logan me laisserait avoir la même place dans sa vie que celle que j'avais occupée auparavant. En attendant de savoir ce qu'il adviendrait de nous, de notre histoire, je voulais m'assurer que Logan, lui, serait en sécurité, et que mon père n'aurait plus rien à voir dans notre relation.
Mais je savais pertinemment, dans le fond, que cela était impossible. Comme il était impossible que le sujet ne revienne pas sur le tapis, ne serait-ce qu'une fois. Parce que mon père avait eu une importance capitale – et négative – dans notre relation, et qu'il était obligé que nous parlions de lui, ne serait-ce qu'une fois. Mais en parler nous amenait à nous opposer. Chacun restait campé sur ses positions. Entre détermination du côté de Logan, et peur de mon côté, nous n'arrivions pas à convaincre l'autre de notre point de vue. Je crois que nous étions tous les deux trop bornés pour nous écouter. Ce genre de conversations pourrait nous porter préjudice, je le savais. Elles pourraient nous amener encore plus à nous opposer. Et je n'avais pas besoin de ça. Je n'avais pas envie de me battre contre Logan. Je n'en avais pas la force. Pas aujourd'hui. Pas maintenant. Ca, il l'avait compris. Je le savais. Parce qu'à mon silence, il n'ajouta rien, comprenant certainement que ça n'était peut-être pas le meilleur moment pour me parler de mon père et de tout ce qu'il avait fait. Le sujet avait alors été évité, et c'est ainsi que d'autres, plus légers, avaient été abordés.
Il faisait des efforts pour alléger la conversation, pour nous détendre. Et ses efforts avaient fini par payer. Parce qu'au fil des mots que nous échangions, nous retrouvions cette complicité que nous avions perdue en quatre ans. Et avec celle-ci, des gestes, presque instinctifs, nous étaient revenus, eux aussi. De simples caresses, des baisers. Tout autant de choses, d'attentions qui étaient censés nous rapprocher, nous mettre plus à l'aise. Mais au départ, ces derniers avaient eu l'effet inverse sur moi. J'étais mal à l'aise. Troublée. Parce qu'il réveillait en moi des sentiments que je pensais effacés depuis longtemps. Une passion, un désir, que je n'avais jamais éprouvé pour quelqu'un d'autre que lui. Tout autant de sentiments qui avaient fini par me faire céder à la tentation. Et comme il était doux, de succomber à cette tentation, à ce désir ardent de poser mes lèvres sur les siennes, de sentir ses mains sur mon corps. Comme il était bon de sentir à nouveau son souffle sur ma peau, de l'entendre me murmurer des mots doux à l'oreille, des mots qu'il n'avait jamais prononcés, pour certains. Il m'aimait. Je le savais. Je l'avais toujours su. Mais ses mots, là, ne faisaient que confirmer cette certitude. Il m'aimait. Je ne pouvais retenir un sourire à cette simple pensée. J'étais heureuse. Heureuse de savoir que son amour pour moi était toujours là, qu'il n'avait pas disparu avec ces quatre années. Heureuse de voir que mon amour pour lui était réciproque. Entre deux baisers, nous en étions venus à parler des autres femmes. Il m'avait assuré que je n'avais pas à me soucier d'elles et qu'il continuerait de m'appartenir, quoi qu'il arrive. Parce que c'était ça : nous nous appartenions l'un et l'autre. Et si j'en étais consciente, j'avais néanmoins décidé de répondre, pour le taquiner, qu'il devrait dire ça aux prochaines filles qui lui tourneraient autour. Histoire qu'elles sachent que Logan était mien et que personne ne pourrait nous séparer. Surtout pas elles. Je le vis sourire légèrement, avant de répondre :
« J’y penserais… Et toi, fais-moi plaisir… ne reste pas planqué entre ses quatre murs. Viens au bar. Sors. Vois du monde… tu peux reprendre tes études… ou… ou j’en sais rien. Mais ne te cache pas d’accord ? »
Je ne m'étais pas attendue à ce qu'il me demande ça. J'étais surprise par sa demande, et aussi gênée, en quelque sorte. Je détournais le regard quelques instants. Rester planquée. C'était ce que j'avais plus ou moins fait, depuis mon retour à San Diego. J'étais restée dans ma chambre d'hôtel, n'en sortant que pour voir Courtney, faire des courses, venir à la plage profiter du soleil d'automne ou encore pour faire mon inscription à la fac. J'allais reprendre mes études. J'allais sortir... Voir du monde. Peut-être même aller le voir au bar. Plus tard. Quand les choses seraient plus simples. Quand l'idée de croiser quelqu'un qui pourrait rapporter mon retour à mon père ne m'effraierait plus. Parce que, sortir, c'était aussi prendre ce risque : celui qu'il vienne à apprendre mon retour, celui de me retrouver nez à nez avec de lui. Je poussai un léger soupir, avant de répondre avec un sourire qui se voulait rassurant aux lèvres :
« Je vais essayer. »
Essayer. C'était tout ce que je pouvais lui promettre pour le moment. Et puis, ça n'était pas comme si je restais cloitrée chez moi sans jamais sortir. Je sortais. J'étais souvent passée devant son bar, ces derniers jours. Même s'il n'en avait rien su. Parce que j'avais été incapable d'entrer. Je n'avais pas su quoi lui dire. J'avais été voir Court'. J'avais tenté de retrouver une vie sociale, en me nouant notamment d'amitié avec une demoiselle qui était ma voisine de chambre à l'hôtel. En ce qui concernait mes anciens amis, les choses étaient différentes... Parce qu'ils ne savaient pas la vérité. Parce qu'ils s'imaginaient tous que j'avais mené une vie de rêve en Europe. Ils étaient loin de s'imaginer l'enfer que j'avais dû supporter pendant ces quelques années. Je n'étais pas prête à leur avouer la vérité, encore moins à leur mentir. Je le regrettais. Parce que la solitude m'avait pesée pendant quatre ans, parce qu'elle me pèserait encore à l'avenir si je n'allais pas vers eux, je le savais pertinemment.
Le sujet de la conversation changea bien vite, puisque je m'étais par la suite détachée de Logan pour commencer à cuisiner. Oui, car c'était la condition à ma présence ce soir : que je fasse la cuisine. Mais il était évident, à présent, que Logan n'avait accepté que pour la forme, que pour s'assurer que je passerai la soirée avec lui. Car il était évident qu'il n'était pas prêt à me laisser cuisiner, et pour cause ; puisqu'il n'avait pas perdu une seule seconde avant de commencer à me perturber. Son attaque fut d'abord verbale, ce qui n'eut presque aucune répercussions sur ce que j'avais commencé à faire. Mais lorsque Logan s'était approché de moi, lorsqu'il avait posé ses lèvres dans mon cou, et que ses mains avaient commencé à se balader sur mon corps, je n'avais pas eu d'autre choix que d'arrêter. Arrêter, pour profiter de ce contact qu'il m'offrait. Arrêter, pour m'avouer vaincue, pour lui avouer qu'il manquera quelque chose, s'il ne me laisse pas continuer, et que j'ai envie de le voir à genoux devant moi. A ma disposition. Cette idée m'amusait. J'aurais aimé le voir à ma merci. Surtout après ce qu'il était en train de me faire vivre. J'aurais aimé avoir le même contrôle que celui qu'il avait sur ma personne, et sur mon corps. Mais je le savais, c'était impossible. Parce qu'il était bien meilleur que moi à ce jeu là et parce qu'il n'était pas prêt de se soumettre. Son regard me le confirma.
« Tu tiens réellement à ce que je te malmène ! J’avalerais jamais cette courgette… quant à ta disposition, c’est un point sur lequel on pourrait trouver un… compromis ! »
J'esquissai un léger sourire à ces derniers mots. Un compromis ? C'était plus que ce que j'aurais pu imaginer, venant de lui.
« Un compromis, hein ? Hm... C'est toujours mieux que rien. Quelles seraient tes conditions ? »
Je m'attendais à tout, venant de sa part. Après tout, Logan avait toujours été un homme plein de surprises, et parfois, je craignais le pire. Mais cette fois, quelque chose me disait que je pouvais peut-être trouver mon compte, dans son compromis. Après tout, si au final, j'obtenais qu'il soit à ma disposition... J'avais tout à gagner ! C'était du moins ce que je pensais.
Penser ? J'en fus incapable dans les secondes qui suivirent, lorsque ses caresses se firent plus précises et que ses doigts entrèrent en contact avec la peau de ma taille et de mon ventre. Je pressai automatiquement mon corps au sien, caressant doucement sa nuque, comme pour l'inciter à m'en donner plus. Ses lèvres avaient alors remonté jusqu'à mon oreille, et il avait ainsi capturé mon lobe entre ses dents, délicatement, m'arrachant malgré moi un léger gémissement de plaisir. Il allait me rendre folle. Et tandis que ses caresses se prolongeaient sur mon ventre, je perdais tout sens de la raison. Sa voix me ramena à la réalité. Il m'aimait. Il l'avait dit. Pas directement. Mais presque. Et lorsque ses mots m'avaient tiré de ma rêverie, je lui avais fait remarqué ce qu'il avait dit, répétant mot pour mot ce qu'il m'avait déclaré quelques minutes plus tôt. Il nia les faits, et j'affirmais alors l'avoir entendu me faire une déclaration d'amour, que j'avais entendue par son cœur. Je l'entendis rire, et ses baisers se déposèrent doucement le long de ma mâchoire.
« Intéressant. Mon cœur a des lèvres et une langue. Ça me vaut l’honneur d’être un type spécial tout ça ! »
Son rire résonna dans la pièce, laissant à mes oreilles l'occasion d'entendre la plus douce mélodie que j'aie jamais entendu. Je souris. Spécial ? Il l'était déjà.
« Tu as toujours été spécial, tu sais. Et ce bien avant que tu aies un coeur parlant. », terminai-je dans un sourire amusé.
Je savourai à nouveau le plaisir de ses mains sur moi quand, brutalement, tout s'arrêta. Son corps quitta le mien. Je fulminai de rage tandis qu'il se dirigeait à présent en direction du salon, visiblement satisfait de l'état de frustration dans lequel il m'avait laissée. Délaissant cette maudite courgette, j'avais naturellement été à sa rencontre. Dans la pièce résonnait l'air léger et doux d'un slow, et il ne perdit pas une seule minute avant de me tendre la main, certainement pour m'amadouer. Et cela marcha. Car en dépit de ma frustration et de ma colère, je cédai à nouveau à la tentation. Encore une fois, mon corps se pressa au sien pour quelques minutes, quelques minutes qui n'étaient rien, comparées à ces quatre longues années ou j'avais été séparée de lui mais qui me suffisaient néanmoins pour me faire à nouveau sentir bien. Parce que j'étais à nouveau à ma place, dans ses bras. Il était l'homme de ma vie, il était mon héros. Et je lui avais alors confié en quoi il avait, selon moi, droit à ce titre. Pour lui expliquer, je dus forcément faire mention de notre séparation, de notre bébé. Et lorsque j'eus fini, Logan tenta de me rassurer, en m'affirmant qu'il ne laisserait plus mon père se mettre de la sorte entre nous. Ses mots, encore une fois, firent face à un mur. Car, bien que je souhaitais croire en ce qu'il me disait, et ce de tout mon cœur, je n'y croyais pas. Je savais que mon père trouverait un moyen ou un autre de s'en sortir, je savais que, quoi qu'il ait fait, à Logan, à moi, à cette femme dont je venais d'apprendre l'existence, il n'éprouverait jamais le moindre remord. Et puis, la justice ne servirait à rien. Seulement à attiser encore plus sa colère, à s'exposer encore plus à lui. Mon père sortirait de prison, un jour ou un autre. Peut-être n'y irait-il même pas. Et ce jour là, Dieu seul savait ce qu'il ferait à Logan pour lui faire payer son témoignage. J'avais peur. A nouveau. Et les bras de Logan entourant mon corps ne changeaient rien. J'avais peur pour lui, peur qu'il lui arrive quelque chose, que la vie me le retire à nouveau. Cette fois, je le savais, je ne m'en relèverai pas. Je l'avais fait une fois, je ne pourrais pas le faire une deuxième. Je connaissais pertinemment mes limites.
« Fais-moi confiance. Il ne s’agit pas d’une simple accusation. C’est tout un réseau. Son réseau qui va tomber. Les charges retenues contre lui dépassent l’entendement. Il y a des accusations de meurtres… Même avec de l’argent, on ne peut pas tout acheter. Comme moi, tu devrais savoir que certains jurés ont une conscience. Faire ce qui est juste. Crois-moi, Casey. On sera bientôt libre… »
Je secouai légèrement la tête, en signe de négation. J'avais confiance en Logan, là n'était pas la question. Le problème, c'était que ce point, cette affirmation, ne dépendaient pas de lui, mais de mon père. Et lui, je ne lui faisais plus du tout confiance.
« C'est pas en toi que je n'ai pas confiance Logan. C'est en lui. »
J'avais tenté d'évoquer une sorte de compromis. Tenté de convaincre Logan de tout arrêter. De ne pas chercher à s'impliquer dans les affaires de mon père. Il l'avait fait, une fois, pour sauver cette femme et son fils. Et je ne pouvais pas le lui reprocher. Cependant, il n'était pas obligé de trainer mon père en justice. Peut-être qu'il aurait pu arrêter. Qu'on aurait pu tous s'arranger pour fuir cet homme qui avait fait de nos vies un enfer. C'était la meilleure solution. La plus sûre également. Je le vis cependant secouer la tête, et se pincer les lèvres... Après une légère hésitation, il reprit :
« Quand je te disais que j’étais très impliqué… Je dois témoigner pour l’accusation. contre ton père. Mon témoignage est primordial, Casey. Je ne peux plus me retirer. »
Je le fixai pendant de longues secondes, pas bien sûre d'avoir bien entendu ce qu'il avait dit. Et puis, je fronçai les sourcils, avant de secouer la tête. Non. C'était impossible. Impossible qu'il soit allé si loin. Ses mots résonnèrent alors dans ma tête. Il était impliqué. Très impliqué. Je fermai les yeux un instant, pour me calmer. Parce que je sentais cette peur s'infiltrer en moi, cette panique qui commençait à m'habiter. Il était trop tard. Trop tard pour convaincre Logan d'arrêter. J'étais arrivée trop tard. Je me pinçai les lèvres, me maudissant de ne pas avoir pu intervenir plus tôt. Là, il n'y avait plus rien que je puisse faire. J'étais en colère. J'en voulais à mon père, et un peu à Logan aussi. Parce qu'il ne comprenait pas. Parce qu'il me demandait de rester à ses côtés, et d'attendre que mon père se débarrasse de lui. Enfin, non. Pas vraiment. Lui avait foi en la justice. Mais si la justice ne changeait rien ? C'était ce qui se passerait. Et moi, je ferai quoi, sans lui ? Je rouvris les yeux pour les plonger dans les siens.
« T'aurais jamais dû faire ça Logan... Tu veux que je reste à tes côtés, et que j'attende gentiment que mon père se soit débarrassé de toi, hein ? C'est ça que tu veux ?! »
Ma question n'attendait aucune réponse. Car je savais ce qu'il allait me répondre. Que mon père ne lui ferait rien. Et quand je lui confiais ma peur de le perdre, c'est justement ce qu'il me répondit :
« ça n’arrivera pas. Je suis déjà sous la surveillance du FBI, Casey. Courtney également. Et toi, aussi tu le seras… Tu crois que je nous mettrais délibérément en danger ? Dans moins de deux mois, toute cette histoire appartiendra au passé et on pourra reprendre notre vie… celle qui aurait dû être, il y a quatre ans. »
Décidément. Il était vraiment buté sur cette idée. Persuadé de ne rien craindre, d'être en sécurité. Ca m'agaçait. Parce qu'il se mettait en danger sans même s'en rendre compte. Et puis, il me parlait du FBI, comme si ça avait quelque chose de rassurant. C'était rassurant d'être surveillé par des hommes en uniforme, de devoir vivre sous la protection de quelqu'un, d'être incapable d'avoir une réelle liberté, sous peine de voir sa vie détruite ? Pas pour moi. Et puis, on ne pourrait jamais reprendre notre vie. Parce que quatre ans auparavant, nous avions été mariés, nous avions eu un enfant. A ce jour, nous n'avions plus rien. Tout nous avait été enlevé. Ne voulant pas en rajouter, je préférai garder le silence, et ne pas lui dire ce que je pensais à ce sujet. De toute façon, il savait très bien ce que je pensais. Quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, ou que finisse mon père, on ne récupèrerait jamais tout ce qu'on avait perdu. Se battre aujourd'hui ne servirait à rien, si ce n'est s'exposer encore plus à mon père et ses manières assez douteuses de s'occuper d'un problème quelconque. Rapidement, Logan m'avait attirée dans ses bras. Ses bras m'entourèrent une nouvelle fois, et il déposa un baiser au sommet de ma tête, avant d'y reposer la sienne.
« ça ira, Princesse. Je suis là. »
Oui, il était là. Je le savais. Je le sentais. Il était là. Pour le moment. Je nichai ma tête contre lui, fermant les yeux, respirant son odeur, le temps de quelques secondes seulement. Je passai un bras autour de sa taille, rapprochant encore plus mon corps du sien. Il était là. Je me répétais ces mots dans ma tête, comme pour me rassurer, comme pour tenter de me persuader que rien de négatif ne nous arriverait dans l'avenir. Rien qui soit lié à mon père, du moins.
« Je t'aime, Logan. Et je ne veux pas te perdre... »
Ces mots, j'avais besoin de lui dire. Non pas pour qu'il sache... Parce que je savais pertinemment qu'il connaissait la nature des sentiments que j'éprouvais à son égard. Mais lui faire part de mon amour, c'était aussi lui faire part de ce besoin que j'avais de l'avoir à mes côtés. Il était là, et je voulais qu'il le reste. J'avais besoin de lui, de son amour. J'avais besoin de tout ce qu'il me donnait ce soir. Ce réconfort, cet amour, cette patience, cette écoute qui lui venaient si naturellement et qui m'aidaient à me sentir mieux. Parce qu'à ses côtés, j'étais une autre femme. A ses côtés, j'étais vraiment moi.
Son corps se sépara du mien, et il m'entraina vers le bar où il voulait me servir un nouveau verre. Rapidement, il tenta de détendre une nouvelle fois l'atmosphère avec une plaisanterie. Il avait évoqué le fait qu'il puisse en venir à me faire du bouche à bouche. Un acte qui, il fallait le reconnaître, n'aurait déplu à aucun d'entre nous. Lorsque je lui avais répondu être prête à m'évanouir simplement pour m'assurer qu'il me ferait du bouche à bouche, il avait rétorqué que j'étais une vilaine fille, ce qui m'avait fait répondre que j'avais peut-être que quelqu'un me remette sur la bonne voie. Je vis son sourire s'élargir, quand il répondit :
« Euh… Tu vas devoir te contenter d’un seul et unique volontaire ! Pas trop déçu ! »
Je le jaugeai quelques secondes du regard, penchant finalement ma tête sur le côté pour mieux l'observer. Finalement, je répondis après un instant :
« Le volontaire en question fera tout à fait l'affaire. »
J'esquissai un sourire. Oh oui, bien sûr qu'il faisait l'affaire. Et bien plus que ça encore. Il m'offrit alors un verre de Tequila, avant de me confier son alliance. Un geste qui représentait beaucoup pour moi, comme pour lui. Un geste qui me touchait. Et si j'avais répondu à sa déclaration d'amour, par des mots, moi aussi, j'avais cependant terminé par l'embrasser, pour le remercier comme il se doit et tenter, plus ou moins bien, de lui faire comprendre à travers ce simple geste tout l'amour que j'éprouvais pour lui et mon besoin primordial de le garder à mes côtés. Il était l'homme de ma vie. Il était le seul, l'unique, et il le resterait toujours. Il était mon mari, quoi que les gens en disent, que notre divorce soit prononcé ou non. Et il le resterait toujours. Il me fit alors remarquer que certaines filles le désiraient, qu'elles lui tournaient autour, ce à quoi je répondis que je les accueillerai avec le couteau de cuisine qu'il m'avait apporté un peu plus tôt dans la soirée. Bien entendu, j'étais incapable de violenter une autre femme par pure jalousie. Ca n'était pas dans ma personnalité, et il le savait. Mais quand lui déclarait pouvoir s'emporter si un homme m'abordait, cela ne me surprenait pas vraiment. Logan avait toujours été comme ça. A sa remarque, je l'avais gentiment taquiné en déclarant que je laisserai peut-être les autres jeunes hommes m'aborder, simplement pour avoir le plaisir de le voir se battre pour moi.
« Tu serais surprise de voir tout ce que je sais faire avec une seule main… »
J'esquissai un léger sourire, avant de déclarer sur un ton amusé :
« Si tu t'avères aussi doué d'une seule main pour attaquer d'autres hommes que tu l'es pour caresser une femme, alors, je ne doute pas de ton efficacité. »
Je lui adressai un sourire. Logan, effectivement, était un homme très habile de ses mains. Le plus doué que j'ai jamais connu. Le plus tendre, le plus passionné aussi. Parce qu'il avait ce petit quelque chose... Ce mélange entre tendresse et passion, entre précipitation et précision, qui rendait chacune de ses caresses exquise. Je l'embrassai rapidement, avant de succomber une nouvelle fois à la tentation. Mes mains partirent à l'assaut de son corps, et mes lèvres à l'assaut de sa bouche. C'était volontaire. J'avais envie de lui. Terriblement envie. Et je ne me retenais pas pour redécouvrir son corps, lentement, comme je le voulais. Entre deux baisers, je lui soufflais ces mots que j'avais trouvé un peu plus tôt, avant de reprendre mes caresses. Des caresses qui venaient d'elles mêmes, sans que j'ai besoin d'y réfléchir. Rapidement, je le débarrassai de sa chemise, tandis que je retirai mon haut. Mon corps retrouva le sien, mes lèvres retrouvèrent sa peau pour y déposer des baisers brûlants, plein d'amour, de douceur et de désir. Et puis, finalement, je lui avais soufflé qu'on devait s'occuper du diner, coupant court à mes caresses. Mon corps avait quitté le sien, et c'est sans plus attendre que je m'étais revêtue. Me retournant vers Logan, je n'avais pu passer à côté de cette frustration que je pouvais lire sur son visage, celle là même que j'avais ressentie plus tôt dans la soirée et que je ressentais encore maintenant. Je n'avais pas pu tenir plus longtemps, et j'étais revenue vers lui, pour l'aider à reboutonner sa chemise. Après lui avoir donné un léger baiser, je lui avais expliqué qu'il serait peut-être bon pour lui de boire un verre. Logan recula d'un pas, avant de me répondre :
« Si j’avais encore toute ma tête, je quitterais cette maison sur le champs. Tu vas me tuer… »
J'esquissai un sourire à la fois amusé et plutôt fier à ces derniers mots. Il soupira alors, avant de vider son verre de tequila pour s'en servir un autre et le vider à son tour.
« Bon sang… ça fait à peine une journée et déjà, on est incapable de se maîtriser. Qu’est ce qui cloche chez nous ? »
A nouveau, je ne pu retenir un sourire.
« Moi, je trouve qu'on se maitrise plutôt bien. Après tout, on porte encore tous nos vêtements, ce qui relève encore du miracle quand on considère la torture que tu t'es amusé à m'infliger tout à l'heure. Avant, il ne nous aurait suffit que de ce simple contact pour finir dans un lit pour le reste de la nuit. »
Oui, je n'exagérai pas. Entre Logan et moi, ça avait toujours été comme ça. Passionné. Dans tous les sens du terme. Sexuellement, sentimentalement... Tout, entre nous, n'avait toujours été que passion, et plaisir. Et il fut une époque où résister à l'autre s'était avéré bien plus difficile que ça ne l'était aujourd'hui. Il se retourna dans ma direction, s'empara de ma main et reprit :
« Dis-moi que tu sais que… se jeter dans les bras l’un de l’autre pourrait nous faire préjudice… »
Je savais déjà cela. Et si j'avais terriblement envie de lui, si j'avais terriblement envie d'accélérer les choses, je savais en revanche que la précipitation ne nous mènerait à rien de bon. Et la précipitation m'effrayait quelque peu.
« Je sais tout ça, Logan. » Je poussai un léger soupir. « Et... J'ai pas envie qu'on se précipite. Tu m'as dit que tu me laisserais du temps. J'en ai besoin. Je veux prendre le temps de te retrouver, de t'aimer, mais de réfléchir aussi... »
Je savais qu'il comprendrait. Ce temps que je lui demandais, c'était pour nous. Et qu'il le veuille ou non, il en avait besoin, lui aussi. Pour obtenir ce que nous désirions. Pour nous retrouver, pour nous aimer, comme avant, pour ne pas dire plus.
« Je vais commander à manger… avant de succomber et d’être incapable de te résister… »
Je le regardai se diriger en direction du salon où il alla récupérer son téléphone. Le fixant du regard pendant quelques secondes, je restai cependant immobile. Je le laissai commander, sans trop le perturber puis, je m'approchai de lui alors que sa communication téléphonique était presque terminée. Je passai doucement ma main dans ses cheveux, et quand il eu raccroché, je déclarai simplement :
« C'est long, quatre ans. Sans se voir, sans se toucher, sans se parler... Ca semble durer une éternité. C'est pour ça qu'on a du mal à se maitriser. Parce qu'on a besoin de se retrouver, de se toucher. J'ai besoin de toi, j'ai besoin de ça, Logan. J'ai attendu ça pendant quatre ans. Ne me fuis pas, s'il te plait. Je prendrai sur moi. Je te promets que je me tiendrai à carreaux et que je ne jouerai plus avec ta résistance. »
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| | | « C. Logan Matthews »
Messages postés : 73 à San Diego depuis : 02/10/2010 Emploi/Situation : barman
| Sujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey Jeu 16 Déc - 1:25 | |
| Ces quatre années nous ont changés. L’admettre est la première étape. Quatre années, ça peut s’avérer très long lorsqu’on se trouve dans une position compliqué. Comme à cet instant, avec le retour de Casey, je suis pris entre deux feux. Il y a toute cette histoire avec son père à laquelle, je ne peux plus me soustraire. Et de l’autre côté, il y a Casey. Celle dont j’attends le retour depuis des années. Va-t-on pouvoir reconstruire ce que nous avions ? Avons-nous encore un avenir ensemble ? Le temps n’a-t-il pas détruit ce lien si précieux que nous avions tissé des années auparavant ? A vrai dire, je ne sais pas exactement sur quoi me baser. Il y a les sentiments que j’éprouvais pour elle. Mais aujourd’hui, puis je me fier encore à eux ? La voir évoluer autour de moi me rassure. Elle est là. Vivante. Visiblement en bonne santé. Ainsi, son père n’est pas parvenu à tout détruire. Bien qu’il en ait assez fait sur le sujet.
J’ai bien vite compris que parler de son père est encore un peu trop tôt. Surement même beaucoup. Je vais devoir user de patience. La laisser trouver son rythme. Notre rythme. Peu importe ce que j’éprouve. S’il s’agit de sentiments du passé ou encore réel, je ne peux pas laisser filer l’occasion d’être près d’elle. J’en ai besoin. Encore aujourd’hui, elle semble être l’une de ses rares personnes à me comprendre. Je suis loin d’être parfait. Mon adolescence a été semée d’embûche, agrémenté de quelques séjours en cellules pour me remettre les idées en place, avait souvent répété Andy. C’est d’ailleurs aussi pour cette raison que les habitués du bar n’osent pas trop se frotter à moi. Sauf peut-être une. Enfin, ce n’est pas nouveau qu’avec June, il y aura toujours des frictions même si on est les seuls à savoir jusqu’où l’autre peut aller, puisque c’est devenu une sorte de jeu au fil du temps. Enfin, c’était rien comparé au jour où le père de Casey avait débarqué au bar. Ce jour-là reste ancré dans ma mémoire et rien ne pourra l’effacer. En présence de Casey, je passe par tout un tas de sentiments, d’embarras, de nervosité. Chose qui m’est rare. Sauf qu’avec elle, tout me semble différent. Parfois la conversation s’allège et d’autres fois, je la sens se crisper. Il faut dire que ça n’était pas très fin de ma part d’aborder le sujet de sa famille. Toutefois, on ne peut pas faire comme si elle n’existait pas.
Néanmoins par moments, je la sens proche. Je croise ce regard qui signifie tant pour moi. Elle est là. A mon côté. Je n’ai qu’un pas à faire pour la toucher, l’embrasser. Des gestes simples qui nous sont naturels depuis si longtemps. Comme si être ensemble était dans l’ordre des choses. Rien ne semble pouvoir la détourner de ma route. Du moins, aujourd’hui. Entre bout de conversation, embarras, sourire, caresses et baisers, je renoue enfin avec quelque chose qui m’apporte du bien. Je ne suis pas parfait. Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve. On aura certainement un tas de disputes sur des sujets aussi variés que stupide. Mais ça n’est pas le plus important. On est là tous les deux. Enfin réunis. Et j’aime me raccrocher à cette idée que mon père n’y est pas étranger. Surtout maintenant qu’il n’est plus là. L’avoir auprès de moi, rend ma souffrance plus supportable. Parce qu’elle sait combien j’aime mon père. Combien sa présence m’a été à la fois bénéfique et essentielle pour traverser certaines crises existentielles. Et puis aussi parce qu’Andy était un type bon, généreux et honnête. J’aimerais lui ressembler. Mais je crois que j’ai peu de chance de lui arriver à la cheville.
Finalement la présence de Casey m’aide à me retrouver. L’entourant de mes bras, retrouvant le goût de ses lèvres, éprouvant à nouveau ce tumulte de sentiments, tout s’éclairci. Glissée dans mes bras, répondant à mes caresses et mes baisers, je prends conscience que mes craintes sont infondées. Je l’aime. Plus que je n’ai jamais aimé quelqu’un d’autre dans ma vie. Parce qu’elle est mon monde et qu’elle m’est destinée, que sans elle, c’est mon monde entier qui s’écroule. Je lui appartiens. Ainsi, tout semble se simplifier. Lui dire, vient finalement sur le tapis. Comme s’il y avait un surplus d’émotion et que ces mots doivent sortir. Ou bien peut être est ce du à une autre crainte. Celle de la voir disparaitre sans qu’elle sache. Sans qu’elle ait conscience de combien l’avoir dans ma vie m’est nécessaire. Elle est, et sera toujours ma boussole. Une âme sœur comme je sais qu’il n’en existe qu’une seule en ce monde.
On en vient à parler de ces autres femmes qui aimeraient me mettre le grappin dessus et elle me fait remarquer que je devrais leur signifier que j’appartiens à Casey Forsythe. Une crainte en chasse une autre. C’est pour cette raison que je lui demande de vivre. Par-là, je veux dire qu’elle doit sortir, voir du monde, se faire des amis, de nouvelles connaissances, tout comme elle est la bienvenue au bar, à mon appartement. Elle doit reprendre contact avec le monde extérieur. Je la vois méditer mes mots et me répondre qu’elle essaiera. Essayer est-ce suffisant ?
« Je te défie de réussir, Casey Hope Forsythe ! » répliquais-je avec un clin d’œil amusé. Elle a besoin de soutien. De moi ? Possible. Elle est plus redoutable et forte qu’elle ne l’imagine. Je sais qu’elle s’en sortira. La seule chose élémentaire dont elle a besoin, c’est de personnes qui croient en elle. Comme je crois en elle. J’ai toujours cru en elle.
J’ai aussi conscience que ses amis sont loin de se douter ce qu’elle a traversé. Pourtant, elle a encore des amis ici. Sauf qu’elle l’ignore en grande partie. Je déglutis difficilement et passe machinalement ma main dans ses cheveux.
« - on n’a jamais été du même monde… toi et moi… Si jamais t’as besoin de parler…enfin… » M’embrouillais-je maladroitement. « Liam sait que tu es rentrée. Si t’as besoin… il est là. On est là pour toi, Casey. » Je ne peux pas en dire plus. Elle sait pertinemment que je ne la laisserais pas tomber. Elle sait qu’elle n’a qu’un mot à dire pour que je l’emmène très loin de son père et de San Diego. Aujourd’hui, je ne suis plus le fils d’une femme qui avait du mal à joindre les deux bouts. Aujourd’hui, je suis l’héritier d’Andy Matthews. Patron d’un bar et riche en bien, propriété et finances. J’ai beaucoup d’argent et pourtant, je suis toujours le même Logan qui aime finir ses soirées en trainant sur le toit du bar. Je suis toujours ce type qui ne cherche qu’une seule chose, une liberté totale.
Je la laisse alors à ses réflexions tout en gardant un œil avisé sur elle. Occupée à découper une courgette en rondelle, je viens vite l’interrompre. Beaucoup trop vite, mais j’en faisais mon affaire. La laisser dans cette cuisine était risqué et même si je l’aime, j’ai pas spécialement envie d’avoir à faire intervenir les pompiers dans la soirée. Vieux valait prendre les devants et éviter tout incident domestique avec une cuisine complètement cramée. Il ne fallut que quelques secondes pour me glisser dans son dos et venir la perturber. Tant et si bien qu’au fur et à mesure que mes caresses et baisers s’intensifiaient, je la senti s’abandonner dans mes bras. Si je n’y mettais pas un terme, on se retrouverait bien vite dans un lit et je ne pouvais pas me permettre une telle chose. Pas ce soir du moins. La discussion se dirigeant sur son besoin de me voir à genoux, je lui proposais un compromis. Visiblement cette idée ne lui déplait pas. Un lent sourire s’étend sur mon visage. Moi, machiavélique ? Jamais de la vie.
« - T’es donc prête à occuper la majeure partie de mes soirées ? Disons un restaurant et deux sorties par semaines… quant au reste, ça sera du bénéfice ! » En rajoutais – je en glissant mes lèvres derrière le lobe de son oreille lorsque ma main s’aventura sur son ventre. J’en profitais également pour respirer ce parfum qui me fait encore tourner la tête lorsqu’il s’agit d’elle. La douceur de ses doigts sur sa nuque et son corps collé au mien, la tentation devient trop forte. Malgré moi, je devoir mettre un terme à ce moment de tendresse. Je sais aussi, qu’elle m’en voudra pendant deux minutes. Enfin c’était peu comparé, aux conséquences, que pourraient avoir notre précipitation. Cependant, le moment où je mettrais de la distance devrait attendre un peu. Prenant le lobe de son oreille entre mes dents, elle ne tarde pas à laisser échapper un gémissement de plaisir. Une toute petite chose qui a le don de me faire sourire. Cette alchimie qui existe entre nous ne fait que prendre plus d’ampleur à chaque contact, chaque caresse et baisers échangés. Je l’écoute parallèlement poursuivre ce bout de conversation qu’elle tient à entretenir, bien que son souffle soit déjà plus saccadé. A travers mes lèvres, je peux sentir les battements de son cœur sur son cou. De plus en plus rapide, je réalise alors qu’elle, dans quelques minutes, ne parviendra plus à se contrôler. Je répondis à ses propos alors une certaine insolence.
« - Oh oui, c’est vrai ! C’est pas n’importe qui, qui arrive à attirer dans ses filets la fille d’un milliardaire, qui était également l’une des plus populaire et sexy du lycée. Faut le reconnaitre, j’ai vraiment su tirer le gros lot ! »
Que c’était bon de l’avoir près de moi. Aussi bien pour la taquiner que pour la voir rendre les armes en ma présence. Le fait qu’on soit ensemble, me faisait éprouver quelques choses telles qu’un certain soulagement. Elle était là. En vie. En bonne santé. Nos vies ont été dévastées et pourtant, on parle comme si ces quatre années n’ont jamais existé. Elle est là et c’est tout ce qui compte à cette seconde. Et ce désir insoutenable qui nous contrôle. Voyant notre situation, je ne peux pas laisser les choses aller plus loin entre nous. Je m’échappe alors de ses bras pour reprendre mes esprits dans le salon. Sauf que je ne la préviens pas et dans la minute qui suit, elle est à nouveau devant moi, m’expliquant clairement que je n’ai plus jamais intérêt à la laisser dans un tel état de frustration. Comme si moi, je ne l’étais pas. Ah les femmes !
Ce fut pourtant naturellement que je l’attirais dans mes bras lorsqu’un slow débuta. Dans mes bras, je ne pensais à rien d’autre qu’elle. Sa présence, son retour, notre vie, le couple qu’on formera. Des projets se formant dans mon esprit sans que j’y réfléchisse réellement. Qu’elle soit là, qu’on s’aime, qu’on se donne du temps pour se retrouver c’est ce qui m’importe le plus. Sauf qu’elle se lance dans un murmure, m’expliquant comment elle s’est sortie de cet enfer et que c’est en partie grâce à moi. En se raccrochant à son amour pour moi, qu’elle a enfin pu quitter ce centre et aller de l’avant pour me rejoindre ici. Elle évoque notre bébé. Celui qu’elle a vu grandir dans son ventre, celui qui pour moi n’existe que dans cette lettre. J’aurais tant à lui demander sur le sujet. Pourtant, je m’en abstiens. Pas que je tienne à empêcher cette brèche de s’ouvrir, mais simplement je sais qu’elle n’est pas prête. Ce soir, elle fait déjà preuve d’un courage exemplaire en voulant me confier ce qu’elle a traversé, seule. Elle était seule. Aujourd’hui, elle ne le sera plus. D’ailleurs combien de temps vais-je pouvoir résister avant de venir emménager dans cette maison ? Mes doigts glissent sur son visage et lorsque de nouveau le sujet de son père est évoqué ça n’est pas pour de bonnes raisons. C’est pour lui communiquer la vérité. Cette vérité qui ne tardera pas à se lire dans tous les journaux de la ville. A cet instant, sa sécurité doit être renforcée. Andy ayant fait installer un système d’alarme récemment, je sais que dans la maison elle ne craint rien. De plus, il y a toujours deux agents en civils posté de chaque côté de la maison. Mesure de sécurité du FBI. Sauf qu’au regard de ma jolie brune, je sens qu’elle va exploser. Elle n’a pas tant changé que ça. Les années ne font pas changer les personnes, elles ne font que mûrir et grandir. C’est tout.
De par mes propos, je tente de la rassurer que dorénavant son père ne s’imposera plus entre nous. Sauf que j’oubliais un détail crucial. Sa peur. Cette émotion sournoise et destructrice qui peut mettre le feu au poudre avec un seul petit élément. Elle a peur que ce que son père pourrait me faire. J’avoue que pour l’instant, la situation est quelque peu délicate. Le FBI ne peut pas agir tant qu’ils n’auront pas de preuves suffisantes. Ça n’est qu’une question de semaines avant que son père soit derrière des barreaux et qu’il comparaisse à sa première audience. Mais quand même. Enfin, j’ai à peine abordé le sujet que déjà, elle imagine le pire. Machinalement, je dégageai son cou, repoussant une mèche de cheveux derrière son épaule. Je sais qu’elle s’inquiète et j’aimerais vraiment pouvoir lui ôter ce poids. Un vague sourire apparait furtivement aux coins de mes lèvres.
« Ne pense pas à lui. Concentre-toi sur moi… sur la vie qu’on aura après toute cette histoire. Imagine un peu… » Repris-je avec ce sourire espiègle. « Tu te rends compte que tu pourrais même avoir la chance d’avoir de secondes noces avec moi ? Avec une vraie lune de miel cette fois-ci ! Dans les Bahamas… ou une croisière si tu veux… ou on peut retourner dans ce piteux hôtel de Tijuana. Ils doivent même se souvenir encore de nous ! » J’avais besoin qu’on soit ensemble. Qu’elle se remémore certains de nos souvenir ensemble. Bien sûr, notre vie de couple avait été rudement courte mais quand même. Je sais qu’elle en garde de bon souvenir. Parce qu’elle ne serait pas là, dans mes bras, à cet instant précis.
Paradoxalement, je lui confie que vis-à-vis de son père, je suis trop engagé pour me retirer maintenant. Ce qu’elle n’apprécie pas. Oh elle déteste. Elle pourrait même choisir de me le faire payer. Mais au plus profond d’elle-même, elle sait que je fais ce qui est juste. Que même si beaucoup de personnes ont peur de son ordure de père, je ne le laisserais pas détruire d’autres vies. J’ai promis que je le ferais tomber. Et je m’y tiendrais. Même si ça signifie devoir vivre caché avec – ou sans – Casey jusqu’à la fin de mes jours. Parce que je ne serais pas rester assis à voir Forsythe détruire d’autres âmes dans cette ville. J’aurais fait mon devoir de citoyen. Car si elle n’avait pas foi en la justice, moi j’y croyais encore. Sauf que mes mots ne la rassurent pas vraiment. Pas besoin d’avoir fait polytechnique pour s’en rendre compte. Cet air dubitatif et cette panique qui revenait comme lors d’un lancer de boomerang, je réalisais qu’on avait encore du chemin à faire avant que chacun accepte les idées de l’autre. Sauf que j’avais pris ses décisions bien avant son retour. Et aujourd’hui, je ne pouvais plus m’y soustraire. Devant autant de panique, je fis la seule chose qui me sembla évidente. Je l’attire dans mes bras puis promène ma main dans son dos, d’un geste rassurant. Les lèvres se posent sur sa tête avant que j’y appose la mienne. Elle doit vouloir entendre certain mot. C’est du moins, ce que disent la plupart de ses psys qu’on peut entendre dans des émissions à la radio et à la télé. J’ai besoin qu’elle sache qu’elle peut me parler de tout. D’absolument tout.
« - Eh ! » fis-je, en ramenant une main sur sa joue pour l’écarter une seconde de moi et croiser son regard. « Je t’appartiens, tu te souviens ? Aucun risque que tu me perdes. Tu sais que j’ai horreur de répéter… mais, je t’aime. » Finis-je finalement par lui répondre après un léger soupir. Elle devait le faire exprès de m’obliger à lui dire. Surtout quand on sait le temps qu’il m’a fallu la toute première fois où je lui ai dit cette toute petite phrase. J’ai même cru que j’allais m’évanouir lorsque j’y suis parvenu. Parce qu’on était jeunes, que cet amour et ce désir nous contrôlait. Parce qu’à l’époque, on ne savait pas exactement à quel point l’amour pouvait être bon, tout comme il a ce pouvoir dévastateur.
Heureusement pour moi, cette maison est un petit palais très convivial. On y trouve tout. Et comme possédant un piano bar, il est évident qu’Andy a fait également installer un bar dans la maison. Quelque chose de très simple et chaleureux. L’y amenant, je ne tarde pas à lui servir à boire pour qu’elle se remette doucement de ses émotions. Ceci dit au même moment notre conversation en venait à s’allégé grâce à l’une de mes remarque stupide. Et lorsque je m’y mettais, je pouvais m’y impliquer corps et âme. Ainsi à mes propos, je la vis m’étudier lentement ou plutôt me déshabiller des yeux. Ses mots me firent rire. Je ferais l’affaire. Ben voyons.
« - Continue de me regarder avec ses yeux, et je te promets que dans moins de trente secondes tu pourras dire adieu à tes vêtements ! » la provoquais-je, sans une once de remords. Rien que ça présence me faisait bouillir. M’éloigner d’elle de quelques pas, relevait d’un effort quasiment herculéen alors imaginez lorsque je vais devoir quitter la maison pour mon appartement. Avec ma chance, la foudre pourrait aussi se décider à me choisir comme victime. Au moins, je mourrais heureux !
Toutefois, cette distance entre nous, sombra bien vite. Je lui glisse ma chaine et mon alliance autour du cou, tout en lui expliquant ce qu’elle représente à mes yeux. Notre histoire, mon amour pour elle, mon incapacité à m’engager dans une relation sérieuse – puisqu’elle est la seule à détenir mon cœur -, ce pouvoir qu’elle détient sur moi. Des choses basique, si l’on y songe et pourtant véridique. Je sais que ces quatre dernières années ont apportés beaucoup de souffrance à son cœur. Quand bien même, il nous faudra du temps, je me promettais de cicatriser chacune de ses plaies. Parce que j’étais destiné à le faire. C’était mon devoir, parce que je l’aimais et que si sur le papiers nous étions divorcés, nos cœurs, eux, appartenaient toujours l’un à l’autre. La conversation dévie et je lui fais part des filles qui me tournent autour tandis qu’elle rajoute qu’elle voudrait voir comment j’accueillerais un futur prétendant. Il en va de soi, que cette hypothèse ne se réalisera jamais. Parce qu’elle sait pertinemment que je ferais preuve de possessivité sur la question. Quand bien même, je sais aussi me tenir. Ainsi ma remarque l’amuse. Elle retrouve le sourire et c’est l’une des choses qui m’a le plus manqué pendant toutes ses années.
« Hmmm… et encore, t’as pas tout vu… » Murmurais-je avec ce sourire énigmatique, naissant coin des lèvres. Il était clair qu’elle était certainement celle qui me connait le mieux. Mais elle sait aussi, que parfois je peux m’avérer secret et très mystérieux. Comme la fois où elle m’avait harceler pendant trois jours pour savoir où je l’emmenais pour notre soirée. J’avais tenu bon et on avait passé la soirée sur un coin désert de la plage où je lui apprenais tout sur la signification et la position des constellations dans le ciel. Je me rappelle encore de ce moment où, callée dans mes bras, je l’avais regardé en lui déclarant que ma plus étoile préférée c’était elle.
Ce baiser. Plein de douceur et de passion. Trop de passion. Trop de désir. C’était un supplice de plaisir. Je me devais d’y échapper mais à ce petit jeu, elle était douée. Et déjà elle m’avait enlevé ma chemise. Elle tenait sa vengeance. Oh oui, je savais aussi qu’elle en était fière. Après tout, on parlait de Casey Forsythe, pas d’une midinette. Ainsi, elle savait comment s’y prendre avec moi. Même si j’étais certain qu’à ce stade, j’étais comme n’importe quel type. Incapable de résister à la tentation lorsqu’elle vous tend les bras. Ma peau me brûle sous ses baisers incandescents, ses caresses si précises que j’ai la sensation que mes veines vont exploser. Ma respiration se coupe et mon cœur s’emballe si vite que je voudrais éviter tout contact avec elle. Parce que je sais que je ne maîtrise plus la situation. Qu’elle peut faire de moi sa marionnette. Otant son haut, mes yeux sont fascinés par cette beauté, ce corps que je connais. Cette femme-enfant que j’ai connu. Et dieu sait qu’aujourd’hui, elle n’a absolument plus rien de cette enfant. Elle est juste une femme bien trop désirable pour un homme comme moi. Et dire que d’autres types vont la croiser dans les de San Diego. Malheur ! Parce qu’ils voudront tous MA Casey.
Soudainement elle s’écarte en me rappelant qu’on devrait commander à dîner. Je la déteste. J’étais déjà frustré avant. Mais là ! Là, c’est le comble de l’inimaginable. A ce jeu, on est tous les deux perdant. Parce qu’on sait trop combien le pouvoir qu’on a l’un sur l’autre. Et à ce rythme on mourra de plaisir avant nos vingt-cinq ans. Si elle voulait ma mort, elle semblait avoir trouvé le moyen idéal d’y parvenir. Puis elle revint vers moi avec ma chemise, voulant m’aider pour la boutonner. Sauf que machinalement je m’échappe à son contact. Elle est insensée. Elle croit vraiment qu’en si peu de temps, j’ai pu calmer mes hormones ? Cette fille est totalement folle. Mais pire que ça, elle se rapproche et cette fois ci, je la laisse reboutonner ma chemise puis j’attrape la bouteille de Tequila et me verse deux shoot. C’est le moins que je puisse faire. Si je pouvais me concentrer sur autre chose, je m’en sortirais. Mais elle est là. Ses grands yeux bleus fixés sur moi, je connais cette incapacité à lui résister. C’est moi. Parce qu’elle est Casey et que je suis Logan. Deux aimants à polarité contraire. Tous les repousse et tous les attire en même temps. Une force insoupçonnable. Un amour que rien ne semble capable de détruire. Je profite alors d’un moment pour faire quelques pas, afin de reprendre mes esprits.
« - On se maîtrise ? » répétais-je, sans en croire un seul mot. « Avant on était encore des gamins… aujourd’hui, on est sensés se maîtriser. Et c’est franchement pas mon cas ! » L’avertis-je, en fermant les yeux un instant. J’avais besoin de temps. Et paradoxalement, j’avais aussi besoin d’elle. C’était à moi d’être vigilent. C’est tout. Ne pas me laisser emporter par mon désir et mon envie de l’avoir dans mes bras.
Pourtant, je lui pris la main. Ce contact était une véritable torture mais, ça me valait d’être près d’elle et ça, c’était bon. Mes propos pouvaient parfois être incohérents mais à cette seconde, je tenais à ce qu’elle sache que si je prenais mes distances, c’était pour nous. Pour notre couple. Pour le bien d’un futur commun. Parce que grand dieux, je l’aurais bien emmené à l’étage dans cette chambre qui m’est toujours attribuée. Sauf que je ne le fis pas. Et ses mots me rassurèrent. Ainsi, en me voyant m’éloigner, elle ne penserait pas à tort de mes actions. Je tiens juste à la protéger un peu plus de mon amour et de ce désir. Je lui adressais alors ce lent sourire.
« Par contre, te laisser réfléchir… je suis pas certain que ça soit une bonne chose… » Laissais-je filer, innocemment. « J’voudrais pas voir ton joli petit cerveau partir en fumé… ça serait dommage. Surtout que j’ai quelques idées pour te divertir ! »
Je profitais alors de l’occasion pour m’éloigner dans le salon. Récupérer mon portable et appeler le traiteur. Au moins, on était sûr d’avoir de quoi se mettre sous la dent d’ici peu. C’était le plus urgent. Car se nourrir d’amour c’est bien beau mais vu l’état de notre relation, me nourrir d’aliment me semblait plus appréciable à cet instant. Pendu au téléphone, je tentais de me faire comprendre sur ma commande où j’en demandais trop comme toujours mais au moins, on aurait droit à un festin. A défaut de pouvoir goûter au péché suprême. Alors que je raccrochais, je sentis ses doigts dans mes cheveux. Une sensation inoubliable. Personne n’a ce toucher exemplaire comme Casey. Des caresses légères et tendres, comme si ces doigts possédaient un talent suprême pour mettre un homme à ses pieds. Je tournais la tête vers elle avant de lui prendre instinctivement la main. Je l’écoutais d’une oreille alors que je me laissais tomber dans un fauteuil avant de l’entrainer avec moi.
« Hmmm… » fis-je en entourant sa taille de mes bras et levant la tête vers elle. Assise en travers de mes jambes, je me retins de l’interrompre. Je savais déjà combien c’était difficile pour elle. Combien elle avait besoin de moi, de ses contacts, de ses baiser, tout comme elle avait aussi besoin de temps. J’en crevais d’envie, également. Et lorsqu’elle me déclara qu’elle ne jouera plus avec ma résistance. J’affichais cette petite moue adorable de celui qui n’en croyait pas un mot. « On sait tous les deux que t’y arrivera pas, Princesse. » haussais-je spontanément les épaules. « J’suis qu’un mec, Caz. Et un mec poussé à bout, ça peut faire des choses regrettables. J’m’en voudrais toute ma vie, si j’en arrivais à te faire mal. »
Elle avait passé quatre années isolées du monde, de ses proches, de ceux qui l’aimaient. Alors oui, il y avait de quoi être poussé par un besoin primaire lorsque l’occasion se présentait. Et je le comprenais. Mais aussi, précipiter les évènements nous desservirait. Je le savais pertinemment. On avait besoin de temps, de se réhabituer l’un à l’autre. De trouver notre rythme. Et on y arriverait. Je le savais. Parce qu’on le voulait autant l’un que l’autre. « Quand j’vais raconter à Liam comment tu m’as sauté dessus… je crois qu’il va pas s’en remettre. » souris-je de plus belle en imaginant la réaction de mon meilleur ami.
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| | | « Casey H. Forsythe »
Messages postés : 52 à San Diego depuis : 10/11/2010 Emploi/Situation : Etudiante
| Sujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey Dim 19 Déc - 13:10 | |
| Retrouver Logan est bien différent de tout ce que j'aurais pu m'imaginer. Entre nous, il n'y avait pas tous ces silences auxquels je m'étais préparée. Et si un malaise naturel s'installait parfois entre nous, Logan avait ce don de le faire disparaître en quelques secondes. Par des paroles, des gestes, qui étaient encore naturels et qui nous permettaient de retrouver un peu de cette complicité qui nous avait unis auparavant. Naturellement, nous nous retrouvions. Nos regards se croisaient, nos corps se rencontraient, nos lèvres se frôlaient, et c'est là, dans ses bras, que je me sentais revivre à nouveau. Je sentais mon cœur s'affoler à chaque contact physique, et j'étais enfin moi. Se doutait-il de l'importance qu'il occupait dans ma vie, comme dans mon cœur ? Très certainement. Il est difficile de dissimuler un amour, une passion, un désir aussi forts. Difficile de masquer l'évidence : celle qui nous unit l'un à l'autre pour l'éternité. Celle qui fait de nous des âmes sœurs. Dans ses bras, je retrouvais le sourire. Je retrouvais goût à la vie. Il me donnait envie d'avancer. Avec lui. Et ses mots, ses gestes, aussi simples soient-ils, me faisaient espérer. Espérer qu'un jour, tout serait peut-être comme avant entre nous. Espérer qu'un jour, nous n'aurions plus aucun secret l'un pour l'autre. Qu'un jour, nous nous serions tout dit, de ces quatre années... Tout, même ce qui fait le plus mal. Il y a tant de choses qu'on n'avait pas eu le temps de se dire. Des choses qui font mal. Et si on avait parlé de notre séparation, de mon père, on n'avait pas vraiment parlé de ce divorce, du rôle que nous avions tenu dans celui-ci. Il ne savait pas encore... Combien je m'étais sentie trahie. Il ne savait pas encore que c'est ça qui m'avait fait partir, et rien d'autre. Parce que mes sentiments pour lui avaient toujours été les mêmes, et que je n'ai jamais vraiment renoncé à lui. De son côté, Logan aussi ne m'avait pas tout dit. Pourquoi avait-il signé ces papiers, s'il m'aimait ? S'était-il senti trahi, lui aussi ? Comment aurait-il réagit, à l'annonce de ma grossesse ? Comment avait-il réagit, en apprenant qu'il avait eu un fils ? Avait-il une importance pour lui, ou n'était-il rien de plus qu'une image abstraite ? &... Comment avait-il passé ces quatre années sans moi ? Je savais qu'il avait eu d'autres femmes... N'avait-il jamais envisagé, ne serait-ce que quelques secondes, un avenir, avec l'une d'entre elles ? Cette dernière question, je ne pouvais pas la poser. Parce que j'avais peur d'entendre sa réponse. Peur qu'il ait effectivement envisagé cette éventualité, et qu'il l'envisage à nouveau par la suite, si je n'étais pas capable de lui donner tout ce dont il avait besoin. Enfin, non. Je pensais pouvoir lui donner un minimum de choses qu'il me demandait. L'amour, l'écoute, le soutien... Ce que je craignais en revanche, c'était que moi, je lui en demande trop. Parce que je lui demandais d'attendre. Et j'avais peur qu'à force, il finisse par perdre patience, par se lasser de celle que j'étais devenue, par regretter celle que j'avais été. Oui, j'avais peur de ne pas être à sa hauteur. De ne pas pouvoir le satisfaire complètement. Et si, pour le moment, il était persuadé du contraire, rien ne me garantissait que le temps ne viendrait pas à bout de cette certitude. Les sujets de conversations s'enchainaient. Et puis, il vint à me soumettre une sorte de requête. Ce qu’il voulait ? Que je ne me cache pas. Que je sorte. Que je vois du monde. Je savais très bien où il voulait en venir. Il voulait me faire renouer avec ma vie d’avant, me sortir de cette solitude dans laquelle j’avais été enfermée pendant ces quatre dernières années. Je savais qu’il faisait ça pour mon bien. Et c’était tout à son honneur. Il faisait ça pour que je sois heureuse. Et je le serai. C’était du moins tout ce que je souhaitais. Et je ferai ce qu’il me demandait, plus tard. Plus tard, quand mon père saurait que j’étais à San Diego et quand l’idée de le croiser, - lui ou quelqu’un de sa connaissance - m’effraierait moins. Plus tard, quand j’aurais assez de courage pour avouer à mes amis que ce en quoi ils avaient cru n’était qu’un mensonge, et que ma vie en Europe n’avait rien eu à voir avec ce qu’ils pouvaient s’imaginer. En attendant, j’allais essayer. Tenter de renouer avec ce qu’était la vie - la vraie - petit à petit. Chaque chose en son temps. J’allais reprendre les cours, et de ce fait, voir du monde. Et le reste viendrait tout seul. Avec le temps. Du temps. Encore et toujours. Je ne comptais plus que sur ça. Mais le temps finirait-il vraiment par venir à bout du souvenir de ces dernières années ? Je savais, dans le fond, que le temps ne résoudrait pas tout. Qu’il ne me permettrait pas d’avancer, et d’oublier, si je n’en avais pas vraiment envie, si je n’y mettais pas un peu du mien. Le temps ne suffirait pas. Je devais aussi m’impliquer, et pas seulement auprès de Logan. Je savais tout ça. Je savais que si je voulais récupérer une vie normale, je devrais faire des efforts, aller vers les autres, et y mettre de la bonne volonté. Mais c’était parfois plus difficile qu’il n’y paraissait. Pour preuve, jusqu’à aujourd’hui, je n’avais pas eu le courage de revenir voir Logan, depuis notre rencontre dans la ruelle… Et si nous étions ensemble à présent, ça n’était que le fruit du hasard, car notre rencontre n’avait pas été préméditée. Ces retrouvailles auraient pu se produire bien plus tard, j’en étais consciente. Et si ça n’avait tenu qu’à moi, ça aurait été le cas. Car je n’aurais jamais eu le courage d’aller le voir de moi-même. Tout ce que je fus capable de lui répondre, c’était que j’essaierai. Je n’avais pas envie de faire des promesses que je ne pourrais pas tenir. Je n’avais pas envie de le décevoir par la suite. Et puisque j’allais vraiment essayer, c’était tout ce que je pouvais lui promettre pour le moment. C’était la seule chose que j’étais capable de faire sans le décevoir. Et je savais pertinemment que ma réponse n’allait pas le satisfaire. Pas totalement. Car s’il ne pouvait pas me reprocher d’essayer, je savais, en revanche, qu’il attendait bien plus de moi. « Je te défie de réussir, Casey Hope Forsythe ! », me répondit-il alors tout en m’adressant un clin d’œil amusé. J’esquissai un léger sourire. J’aimais l’entendre me parler de la sorte. L’entendre prononcer mon nom en entier. L’entendre me provoquer comme il le faisait. Il me défiait. Il voulait me pousser à jouer le jeu. Et je le jouerai. Pour lui. Pour moi. Pour nous. « Je ferai de mon mieux. Promis. » Une promesse. Je savais qu'il n'était pas bon d'en faire, qu'il n'était pas bon de trop s'engager. Mais celle-ci, j'en étais certaine, je la tiendrai. Oui, je ferai de mon mieux pour retrouver cette vie que j'avais perdue. Et peut-être que je parviendrai par la retrouver en partie. Il y avait bien entendu des choses, des personnes, que j'avais perdues et que je ne retrouverais jamais. Parmi celles-ci, il y avait notamment la confiance que j'avais eue en mes parents, et en mon père en particulier ; il y avait aussi cet enfant, qu'on nous avait été enlevé, ces quatre années que j'aurais pu passer avec Logan et que j'avais finalement passées seule. Tant de choses qui n'étaient pas récupérables. Mais à côté de cela, il y avait tant de choses qui étaient à portée de main, tant de choses que je finirai par récupérer, comme par exemple le soutien, la compréhension et l'amour de mes proches. Et c'était grâce à toutes ces choses que je retrouverai la force d'avancer, et l'envie de mener une vie à mon image, dans laquelle je serai plus épanouie et où personne ne viendrait me dicter ma conduite. Un très léger silence s'installa alors entre nous, et je sentis comme une hésitation de la part de Logan. Finalement, passant une main dans mes cheveux, il déclara : « on n’a jamais été du même monde… toi et moi… Si jamais t’as besoin de parler…enfin… » Il cherchait ses mots. Il s’embrouillait dans ses paroles, et je ne voyais pas encore où il voulait en venir. « Liam sait que tu es rentrée. Si t’as besoin… il est là. On est là pour toi, Casey. » Il était là pour moi. Il me faudrait du temps, pour me faire à cette idée. Pour réaliser que j'avais enfin ce dont j'avais eu tant besoin ces dernières années. Du soutien. Des amis. Des personnes qui savaient en partie ce que j’avais vécu, mais qui ne me jugeraient jamais. Des personnes qui seraient toujours là pour m'aider, pour me soutenir, pour m'écouter, pour m'aimer, peut-être aussi. C’était ce dont j’avais besoin, encore aujourd'hui. C’était ce que Logan me proposait. Je savais qu'il était là pour moi. Il me l'avait prouvé, depuis mon retour. Toutes ces choses qu'il faisait pour moi, me le prouvaient. Je savais qu'il me soutiendrait, dans les bons, comme dans les mauvais moments. Mais je n'aurais pas pensé qu'il en irait de même pour Liam. A vrai dire, je devais reconnaître que je n'avais pas pensé à lui de cette façon. A mes yeux, Liam était avant tout l'ami de Logan. Son meilleur ami, pour être exacte. Oh bien entendu, cela n'empêchait pas le fait que j'appréciais Liam. Je le connaissais depuis des années. Et dès que j'avais commencé à sortir avec Logan, j'avais appris à mieux le connaître, découvrant un jeune homme dont les idées étaient proches des miennes. Rapidement, il était devenu mon ami, à moi aussi. Et si nous nous étions toujours bien entendus, si le courant était toujours bien passé entre nous, je devais avouer qu'à mon retour, je ne m'étais pas manifestée auprès de lui. J'aurais pu le faire. Après avoir fait savoir mon retour à Logan, j'aurais pu aller voir Liam. Ne serait-ce que pour lui expliquer. Savait-il aujourd'hui ce qui s'était réellement passé, quatre ans auparavant ? Je n'en savais rien. Je ne savais pas si Logan lui avait raconté ce que je lui avais dit – ou plutôt écrit. Je ne savais même pas ce qu'avait pensé son meilleur ami de mon départ, et désormais de mon retour. A bien y réfléchir, j'avais toujours pensé que mon départ avait brisé quelque chose entre nous. Parce que j'étais partie comme une voleuse, sans prévenir personne. Sans même tenter d'obtenir des explications de la part de Logan. J'avais d'abord cru, sous l'influence de mon père, que notre divorce, et mon départ, arrangeraient Logan. Je me rendais compte aujourd'hui que mon attitude l'avait blessé. Et j'en étais désolée. Si j'avais su, à l'époque, ce que je savais à présent, il était évident que j'aurais agit différemment. Enfin, là n'était pas la question. J'avais blessé Logan, j'étais partie sans un mot, et je pensais que Liam avait dû m'en vouloir. Au moins pour quelque temps. M'en voulait-il encore, aujourd'hui ? Visiblement non. C'était du moins ce que Logan sous entendait. Il voulait que je lui parle, si j'en avais besoin. Parler. Ca semblait si simple, dit comme ça. C'était en réalité beaucoup plus difficile. J'en aurais peut-être besoin, un jour. Besoin de dire ce que j'avais sur le cœur, pour me libérer de ce poids que je portais depuis des années déjà. Tout ce que je savais, c'est qu'à présent, je n'étais pas prête à parler. Pas de tout, du moins. Certains sujets restaient sensibles. Mon père par exemple, en faisait partie. Je ne me sentais pas prête à parler de lui, de l'implication qu'il avait eu dans l'enfer que j'avais vécu. Je n'étais pas prête non plus à parler de ce bébé qu'on m'avait enlevé, de tout cet espoir et cet amour que j'avais mis en ce petit être, et qui m'avaient été arrachés. Je n'étais pas prête à parler de ma dépression, de cette période pendant laquelle j'avais perdu le goût de vivre et où la mort m'était apparue comme un soulagement. « Merci de me le rappeler. », dis-je dans un premier temps. « J'y penserai... », ajoutai-je alors avant de lui adresser un sourire qui se voulait rassurant. Ces derniers mots, s'ils pouvaient sembler bateau, étaient sincères. Oui. Si un jour, j'avais besoin de parler, si un jour, je ne me sentais pas capable de le faire avec Logan ou encore Courtney, je me tournerai vers Liam. Car il faisait comme partie de la famille. Il était un peu comme le frère de Logan, un peu comme le mien. Oui, c'était ainsi que je considérais Liam. Comme un grand frère. A la fois adorable et exécrable. Tantôt protecteur, tantôt taquin. Mais quoi qu'il en soit, toujours à l'écoute de ses proches. Toujours prêt à les aider, quelque soit la situation. Ayant accepté de passer la soirée avec Logan à la seule condition qu'il me laisse me charger du diner, je m'étais sans plus attendre attelée à la tâche. J'avais ainsi commencé à nous préparer de quoi diner, bien que visiblement, Logan soit décidé à ne pas me laisser faire. Il ne lui fallut que quelques secondes pour venir m'interrompre, et tenter de me faire abandonner l'idée que j'avais en tête de lui faire avaler un plat à la fois élaboré et équilibré cuisiné par mes soins. Au départ, son intervention ne me perturba pas. Presque pas, du moins. Je tentai de rester concentrée sur ce que j'avais à faire, tout en essayant de ne pas le laisser me perturber. Ce qui fut bien entendu plus compliqué quand il vint se glisser derrière moi pour me distraire avec des caresses et des baisers auxquels je ne pouvais pas résister. Finalement, je rendis les armes. Je m'abandonnais à ses caresses, tandis que je lui faisais par de mon envie de le voir se mettre à genoux devant moi. Ma remarque le fit rire, et il me répondit alors que ça pourrait arriver, si l'on venait à faire un compromis. Curieuse de savoir ce qu'il avait derrière la tête, j'avais cherché à en savoir plus. « T’es donc prête à occuper la majeure partie de mes soirées ? Disons un restaurant et deux sorties par semaines… quant au reste, ça sera du bénéfice ! » Occuper la majeure partie de ses soirées n'était pas pour me déplaire, je pouvais le reconnaître. Et dans le fond, ses conditions semblaient... raisonnables. Sauf que... Je ne pouvais pas accepter. Parce que nous n'aurions pas les moyens de se faire un restaurant par semaine. Enfin, Logan les aurait peut-être... Mais je n'avais pas envie qu'il m'entretienne. J'allais déjà vivre chez lui, je n'avais pas en plus envie qu'il dépense trop d'argent pour moi. « Hm... Je serais prête à le faire. Mais... Disons un restaurant ou une repas fait maison et deux sorties par semaines. Et quant au reste, ça sera du bénéfice. » Je n'apportais qu'une légère modification à son compromis. Légère, mais néanmoins importante à mes yeux. Ce compromis fut cependant rapidement chassé de mon esprit quand ses mains et ses lèvres se firent plus entreprenantes. C'était comme s'il n'existait plus rien en ce monde, si ce n'était ses lèvres, leur douceur sur ma nuque, et ses mains, des mains que je ne voulais voir quitter mon corps pour rien au monde. Rapidement, je perdis toute notion de réalité, me concentrant uniquement sur Logan et sur ce qu'il me faisait ressentir. Très vite, je lui en demandai plus, en passant ma main sur sa nuque que je caressais avec douceur, comme pour l'inciter à continuer cette douce torture qu'il était en train de m'infliger. Les battements de mon coeur s'accélèrent, et quand il captura le lobe de mon oreille, je deviens comme folle. Folle de lui et de ses caresses. J'aurais aimé que jamais, ce moment ne s'arrête. Et si j'avais écouté mon corps parler, je me serais certainement retournée sans plus attendre pour sentir à nouveau ses lèvres se poser sur les miennes, pour presser mon corps au sien et venir à bout de ce désir qui me tiraillait. Les choses se déroulèrent cependant différemment. Et sa voix me ramena à la réalité. Une réalité à laquelle j'essayais de me raccrocher, pour ne pas me laisser aveugler par ce désir que je ressentais. Alors, je tentais de lui répondre. De continuer cette conversation que nous avions entamée. Et quand je lui dis combien il était spécial, Logan me répondit avec insolence : « Oh oui, c’est vrai ! C’est pas n’importe qui, qui arrive à attirer dans ses filets la fille d’un milliardaire, qui était également l’une des plus populaire et sexy du lycée. Faut le reconnaitre, j’ai vraiment su tirer le gros lot ! » Je levai les yeux au ciel, avant de répondre, dans un souffle : « Je pourrais en dire autant de toi. » J'esquissai un nouveau sourire et je me laissai à nouveau aller dans ses bras quand, soudainement, tout s'arrêta. Logan s'éloigna brutalement de moi et me laissa seule dans la cuisine, dans un état de frustration tel que je ne pus m'empêcher de le maudire à voix haute. Je ne perdis pas une seule seconde avant de le rejoindre dans le salon, pour le mettre en garde de ne jamais plus me jouer un tel tour. Et bien que ma colère persistait, celle-ci disparut bien vite lorsqu'il me tendit la main et que je me retrouvai à nouveau dans la chaleur de ses bras pour danser sur un slow. Il ne fallu que quelques secondes pour que cette proximité que nous avions ne revienne, pour que la douceur de nos caresses nous soit rendue. Et dans ses bras, je me sentais à nouveau bien. Comme jamais. Bien mieux encore que tout à l'heure, dans cette cuisine. C'est à cet instant, avec lui à mes côtés, que je réalisai combien son absence m'avait été insupportable et combien il avait été important, dans ma guérison. C'est ainsi que je lui en fis part. Parce que je voulais qu'il sache, combien il était important pour moi, combien ma vie n'avait aucun sens s'il n'en faisait par partie. Oui, je voulais qu'il sache que c'était grâce à lui que j'étais là aujourd'hui, grâce à lui que je m'en étais sortie et que je m'en sortirai encore. Parce qu'il était là, parce que son amour m'avait toujours donné des ailes, parce qu'il m'avait toujours donné la force d'affronter même les pires obstacles. De là, le sujet de mon père revint à nouveau sur le tapis. Et Logan m'avoua tout. Ce que mon père avait fait, ce qu'il risquait s'il se faisait arrêter par la police, et enfin le rôle que Logan occuperait dans son inculpation. Un rôle que je ne voulais pas qu'il joue. Un rôle que je lui avais demandé d'abandonner, avant d'apprendre qu'il était trop tard, et qu'il était, de toute façon, trop impliqué dans l'accusation pour se retirer maintenant. Logan dégagea mes cheveux derrière mon épaule, et m'adressa un vague sourire, avant de me répondre : « Ne pense pas à lui. Concentre-toi sur moi… sur la vie qu’on aura après toute cette histoire. Imagine un peu… Tu te rends compte que tu pourrais même avoir la chance d’avoir de secondes noces avec moi ? Avec une vraie lune de miel cette fois-ci ! Dans les Bahamas… ou une croisière si tu veux… ou on peut retourner dans ce piteux hôtel de Tijuana. Ils doivent même se souvenir encore de nous ! » Je secouai la tête, avant de la baisser. Fermant les yeux un instant, je tentai de chasser ce sentiment négatif qui s'était installé en moi. Je tentai de chasser la peur, pour me concentrer sur les mots de Logan. Ses mots résonnèrent une nouvelle fois dans ma tête, et je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire. Redressant la tête dans sa direction, ma seule réponse fut cette question : « C'est... C'est ce que tu voudrais ? Qu'un jour... on retente l'expérience ? » Redevenir un jour son épouse. C'était comme un rêve, un rêve qui me semblait bien loin encore. Un rêve que j'avais pensé ne pas réaliser... J'avais envisagé l'éventualité que notre première union ait laissé un goût amer à Logan, qu'il n'ait pas envie de retenter l'expérience. Et dans le fond, ça ne m'aurait pas dérangée. Après tout, si, dans mes rêves les plus fous, nous étions à nouveau mariés, le plus important, c'était avant tout d'être ensemble. Mariés ou pas. Car des papiers ne changeaient rien, à mes yeux. Il avait été, il était, et resterait à tout jamais mon mari. Le seul homme de ma vie. Quoi que l'avenir me réserve, ça ne serait toujours que lui. Mais pour qu'il n'y ait que lui, encore fallait-il qu'il reste dans ma vie. Pour qu'un jour, nous soyons à nouveau mari et femme, il fallait qu'il reste avec moi. Et ça n'était certainement pas en affrontant mon père que ses chances de réussite se verraient augmentées, bien au contraire. Je ne savais pas ce qu'il attendait de moi. S'il avait espéré que je le soutienne. Une chose était sûre, je n'approuvais pas sa décision. Mais que pouvais-je faire, à présent ? Il était déjà impliqué. C'était trop tard. J'étais arrivée trop tard. Et j'étais en colère, après lui, après mon père. Parce que tous les deux n'étaient que deux têtes de mules qui se croyaient invincibles ; mais aussi parce que j'avais peur. J'avais peur de perdre Logan, peur que dans cette histoire, mon père soit le plus fort, et qu'il me sépare à nouveau de celui que j'aimais plus que tout au monde. J'étais en colère, parce qu'il n'y avait rien que je puisse faire, à part rester là, et attendre. Et cette idée me révoltait. Je ne pouvais pas rester sans rien faire, à attendre que mon père s'en prenne à Logan une nouvelle fois. Je ne l'aurais pas supporté et ça, il le savait pertinemment. S'il avait voulu me rassurer, en me parlant de son rôle de témoin, de son implication dans toute cette histoire, c'était raté. Il ne m'avait pas rassurée, bien au contraire. Il ne m'avait qu'encore plus inquiétée. Il l'avait sans doute remarqué, car après un moment, Logan m'avait prise dans ses bras avant de me caresser le dos comme pour me rassurer. Sa tête s'était posée sur la mienne, et je lui avais alors expliqué que je ne voulais pas le perdre car je l'aimais trop pour cela. « Eh ! » dit-il avant de passer une main sur ma joue pour nous séparer quelques secondes et me permettre de le regarder dans les yeux. « Je t’appartiens, tu te souviens ? Aucun risque que tu me perdes. Tu sais que j’ai horreur de répéter… mais, je t’aime. » Je poussai un soupir. « Ca ne te rend pas invincible, de m'aimer et de m'appartenir, bien au contraire. » Je baissai les yeux un instant, avant d'ajouter : « Je veux juste que... » Je m'arrêtai, avant de me reprendre : « Fais attention. Fais juste attention. C'est tout ce que je te demande. » Oui, je ne pouvais pas lui en demander plus, c'était trop tard pour ça. Pour nous détendre, Logan m'avait emmené jusqu'au bar, où il m'avait servi un verre et fait, comme à son habitude, l'une de ses remarques pour m'amener à sourire. Ca avait marché. Je retrouvais le sourire. Et quand, dans notre conversation, il en était venu à me dire qu'il serait le seul volontaire pour me remettre sur la bonne voie, je l'avais étudié un instant avant de répondre qu'il ferait l'affaire. Il rit en entendant mes mots, et répliqua sans plus tarder : « Continue de me regarder avec ses yeux, et je te promets que dans moins de trente secondes tu pourras dire adieu à tes vêtements ! » Serait-ce une provocation ? Il devait faire attention à ce que je ne le prenne pas au mot. Je ris légèrement, avant de répondre à mon tour : « S'il n'y a que ça pour que je m'en retrouve débarrassée, il fallait le dire. Je peux te regarder comme ça toute la soirée », soufflais-je alors avec un léger sourire aux lèvres. Eh oui ! N'avait-il pas dit, plus tôt, que j'étais manipulatrice ? Nous reprîmes bien vite notre sérieux, tous les deux, et dès que j'eus finis mon verre, Logan avait pris sa chaine sur laquelle reposait son alliance pour me la donner. Ce geste, qui pour beaucoup aurait pu sembler anodin, me touchait. Parce qu'il représentait bien plus pour nous, qu'un simple don. C'était une promesse. Celle d'un amour éternel. Celle d'une flamme que nous conserverions le plus longtemps possible et pour laquelle nous allions nous battre. Notre conversation continua alors, et Logan évoqua les jeunes filles qui lui tournaient autour. Jeunes filles que je me promis d'accueillir avec le couteau de cuisine qu'il m'avait tendu un peu plus tôt, quand nous étions dans la cuisine. Il va sans dire que c'était une blague. Jamais je ne m'étais montrée agressive avec une autre fille intéressée par Logan, jamais je n'en étais venue aux mains. Parce qu'avec lui, je savais à quoi m'en tenir. Parce que personne n'avait jamais vraiment osé se mettre en travers de notre couple. Les minettes qui avaient essayé avaient toutes fini par abandonner, probablement parce qu'elles avaient réalisé que jamais elles ne pourraient s'immiscer entre nous. Enfin, toujours est-il que, puisque nous parlions de jalousie, et que Logan m'avait parlé de comment il comptait régler leurs comptes aux hommes qui m'aborderaient à l'avenir, j'avais avoué être curieuse de le voir s'y prendre. Sa réponse me fit rire. Ainsi, j'aurais été surprise de voir ce qu'il pouvait faire avec une seule main, hein ? Décidant de le provoquer, je lui avais répondu que je ne doutais pas de ses talents s'il s'avérait aussi doué en la matière qu'il l'était lorsqu'il fallait s'occuper d'une femme. « Hmmm… et encore, t’as pas tout vu… » dit-il dans un simple murmure, avec un sourire mystérieux au coin des lèvres. Alors ainsi, monsieur voulait jouer les mystérieux ? Il était très fort à ce jeu là. Mais cette fois, je ne chercherai pas à percer son mystère. Cette fois, j'attendrai qu'il me le montre. Souriant à mon tour, je répondis : « Oh, mais je ne demande qu'à voir... » M'approchant de lui, j'avais alors posé une nouvelle fois mes lèvres sur les siennes. Pour un baiser bien plus passionné que ce à quoi il aurait pu s'attendre. Me laissant emporter par mon plaisir, j'agissais sans réfléchir, guidée par mes envies. Je le débarrassai rapidement de sa chemise, avant de l'embrasser partout où je le pouvais, laissant sur son torse nu des trainées aussi brûlantes que l'était le sang qui circulait à cet instant entre mes veines. J'avais envie de lui. Terriblement envie. Mais je me concentrai sur lui, et non sur moi. Sur ses réactions. Sur sa respiration qui se faisait plus saccadée, sur les battements de son cœur et sur sa peau que je ne me lasse pas de dévorer. Après un instant, j'avais retiré mon haut, pour que nous soyons à égalité. Et ma torture reprend. Mes baisers, mes caresses, je rattaque avec autant d'ardeur, avant de m'arrêter brutalement et de lui rappeler que nous devons manger. Je peux imaginer la frustration qui le traverse à cet instant. Je peux l'imaginer, car je la lis sur mon visage, et que je m'en délecte. Je tenais ma vengeance. J'étais plutôt fière de moi, même si me séparer de son corps fut un vrai supplice. J'avais tenté de vite reprendre contenance. J'étais alors retournée vers Logan, pour l'aider à remettre sa chemise. Sauf que mon contact avec lui semblait encore trop tôt. Il ne s'était toujours pas remis de ses émotions, le pauvre. Je retins un sourire satisfait, tout en insistant et en l'aidant à reboutonner sa chemise, tandis qu'il bu deux verres sous mon bon conseil, histoire de se calmer. Et lorsque ce fut fait, il s'éloigna de moi, me laissant à nouveau seule. Il m'avait alors déclaré qu'il fallait qu'on se maitrise. A nouveau, je retins un sourire. Qu'on se maitrise ? Mais... Nous étions encore tous les deux habillés – bon ok, plutôt rhabillés – nous n'étions pas encore dans un lit ou par terre à faire l'amour. Je trouvais qu'on se maitrisait plutôt bien, comparé à cette époque où le moindre contact nous enflammait l'un et l'autre. « On se maîtrise ? » répéta-t-il, l'air visiblement dubitatif. « Avant on était encore des gamins… aujourd’hui, on est sensés se maîtriser. Et c’est franchement pas mon cas ! » A ses derniers mots, je ne pu retenir un léger rire. Il pensait franchement que j'étais mieux que lui ? J'avais tout autant envie que lui d'aller plus loin, peut-être même plus ! Et pourtant, je ne l'avais pas encore déshabillé complètement. J'avais su me retenir avant que tout ne dérape. Et lui aussi. J'étais, à vrai dire, plutôt fière de nous, et de notre résistance. Même si je savais pertinemment que celle-ci pourrait se briser dans les minutes à venir s'il s'approchait de moi pour recommencer le même jeu que celui de tout à l'heure, dans la cuisine. « On est encore des gamins, Logan. Deux grands gamins perdus l'un sans l'autre et qui ont besoin de tester leurs limites. On ne les a pas encore franchies, c'est qu'on se maitrise encore un peu, tu ne penses pas ? » Je souris à nouveau, avant de m'approcher de lui lorsqu'il me saisit la main. C'était instinctif. Primaire. Ce besoin d'avoir un contact l'un avec l'autre. Je me demandais si ça finirait par s'estomper, avec le temps. Si nous n'en aurions pas marre... La réponse me vint d'elle même : non. Je ne pourrais jamais me lasser du moindre contact physique avec lui. Je savais pourquoi il faisait ça. Pourquoi il voulait tant qu'on se maitrise. Parce qu'on ne pouvait pas se précipiter. Et si j'en avais envie, paradoxalement, je savais que je ne devais pas céder à mes pulsions. Parce que la précipitation, et l'erreur, étaient justement ce que je redoutais. On avait besoin de temps. Tous les deux. Pour se retrouver, pour s'aimer. Moi, du moins, j'en avais besoin. Et pas seulement pour ça. Aussi pour réfléchir à ce qu'était ma vie à présent et à ce que je voulais en faire. Je vis un sourire se dessiner sur ses lèvres à mes mots, et il me répondit alors : « Par contre, te laisser réfléchir… je suis pas certain que ça soit une bonne chose… J’voudrais pas voir ton joli petit cerveau partir en fumé… ça serait dommage. Surtout que j’ai quelques idées pour te divertir ! » Je fronçai les sourcils, avant de le taper – gentiment – sur l'épaule. « Redis encore une chose pareille et bientôt, ce seront tes chances de m'avoir un jour dans ton lit qui partiront en fumée ! » Moi ? Cruelle ? Pas le moins du monde. Et il savait pertinemment que ma menace n'était pas sérieuse. Parce que j'avais autant envie de lui qu'il avait envie de moi. Et que bientôt, il m'en faudrait plus. Néanmoins, je tenais à le provoquer, et à lui faire payer, même par les mots, ce qu'il m'avait dit. Il s'était alors dirigé dans la salon où il avait commandé de quoi diner. Je l'avais laissé faire, décidant que je ne pouvais décemment pas le déranger dans chacun de ses gestes, et alors qu'il s'apprêtait à raccrocher, j'avais été le rejoindre. M'approchant de lui, c'était tout naturellement que j'avais glissé ma main dans ses cheveux, que j'avais alors caressé, tout doucement. Je ne voulais pas trop m'imposer à lui. Mais je ne voulais pas non plus qu'il me fuit, juste pour être certain qu'il n'arriverait rien. J'avais besoin de lui, de ses caresses, de ses baisers. J'avais besoin de tout cet amour, tout ce désir et cette passion qu'il réveillait en moi. Parce que, tout cela combiné me donnait l'impression de revivre, à nouveau. J'avais besoin de lui, tout simplement. Il me prit la main, et se laissa tomber dans un fauteuil, m'entrainant avec lui. Il entoura rapidement la taille de ses bras, m'empêchant ainsi de même songer à m'échapper. Je continuai alors ce que j'avais à lui dire, avant de déclarer que je ne jouerai plus avec sa résistance. Je vis sans plus attendre cette moue dubitative se dessiner sur son visage, tandis qu'il répondit : « On sait tous les deux que t’y arrivera pas, Princesse. J’suis qu’un mec, Caz. Et un mec poussé à bout, ça peut faire des choses regrettables. J’m’en voudrais toute ma vie, si j’en arrivais à te faire mal. » Je secouai la tête. « Arrête. Tu ne me feras jamais de mal Logan. T'es pas qu'un homme, tu es mon homme, et ça, ça change tout. » Après un instant de réflexion, il reprit, avec un sourire : « Quand j’vais raconter à Liam comment tu m’as sauté dessus… je crois qu’il va pas s’en remettre. » Je le regardais avec de gros yeux, avant de répondre : « Quand tu vas lui raconter ? » Je l'interrogeai du regard, avant d'ajouter : « Non non non non non ! Tu ne lui raconteras rien du tout, Logan Matthews ! » ajoutai-je en le pointant du doigt. « D'abord parce que... je te l'interdis, et ensuite parce que ça serait mentir. » Devant son air perplexe, je m'expliquai, « je ne t'ai pas vraiment sauté dessus. Pas complètement. Je t'ai laissé ton pantalon et tes sous-vêtements. Tout ce que j'ai fait, c'était pour me venger... » Après un instant, je m'agitai sur lui, avant d'ajouter, « Oh et puis, je n'ai pas à me justifier! Mais crois moi, tu ne diras rien à Liam, sinon, tu peux être sûr que... Je me vengerai ! » Comment ? Je n'en avais pas encore la moindre idée. Et ça devait probablement se voir, compte tenu du sourire que j'avais aux lèvres. |
| | | « C. Logan Matthews »
Messages postés : 73 à San Diego depuis : 02/10/2010 Emploi/Situation : barman
| Sujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey Jeu 30 Déc - 14:43 | |
| Finalement, tout était plus simple que ce que j’avais pu imaginer en apprenant son retour. Par-là, je veux dire qu’il n’y avait pas autant de silence bizarre auxquels je m’étais préparé. Casey était toujours plus ou moins la même. Elle riait à mes blagues stupides et ma présence semblait la rassurer. Pourtant, il existait encore maintes questions qui n’avaient pas été abordés. Je savais pertinemment qu’un jour où l’autre, nous devrions y faire face. Parler de notre bébé, de notre divorce, de sa famille et bien d’autres encore. Je savais qu’elle se posait des tas de questions sur mon compte. Devais-je lui donner toute ces réponses ce soir ? J’imaginais qu’il est trop tôt pour ça. Nous devions retrouver une espèce de routine, recréer un certain cocon et des habitudes dans lesquelles nous étions à l’aise. Je ne cherchais pas qu’elle s’éloigne de moi ou qu’elle me fuit. J’aimerais qu’elle prenne conscience que mes propositions et les choix que je lui offre, c’est pour lui faciliter la vie. Je ne suis pas le type qui va chercher à l’enfermer dans une routine. Elle est libre de faire ce qui lui plait et ce, même si je ne suis pas d’accord. Tout ce qui compte à cet instant, c’est qu’elle se sente bien. Libre mais protégé. Et surtout en confiance.
Car j’y ai réfléchi. Ces quatre années ont dû ressembler à un enfer. Surtout lorsqu’on n’a personne de confiance à qui se confier. Bien sûr, je ne suis pas à sa place. Ainsi, je ne peux dire exactement ce qu’elle ressent mais je sais qu’à cet instant, elle a besoin d’amour et d’être entouré par des personnes qui tiennent réellement à elle. Alors peut être que je me montre trop protecteur mais je m’en fous. Car elle est là et c’est tout ce qui compte. Et ce, malgré notre divorce qui m’a plus ébranlé que je n’ose le montrer à quiconque. Enfin Liam le sait. Je n’ai pas besoin de lui parler pour qu’il sache lorsque je ne tourne pas rond. Et à vrai dire, depuis quatre ans, c’est arrivé très régulièrement. De toute façon, dès qu’il s’agissait de Casey, je manquais totalement d’objectivité. Parce que je l’aime encore aujourd’hui et que si elle me demandait d’aller vivre à l’autre bout du monde, je prendrais le premier avion pour elle et avec elle. Ça n’est pas simple à expliquer. Ce sentiment à la fois incontrôlable et nécessaire à notre propre survie. Il me suffit juste qu’elle soit là, pour aller mieux.
Après un début hésitant, les sujets s’enchainent et je me rapproche d’elle de façon évidente. Je m’étais promis d’être patient et d’attendre un geste de sa part. Or, j’avais une fois de plus bafouée ma propre parole. Parce que ce besoin de la toucher de m’assurer qu’elle est bien à ma portée m’est nécessaire. Sentir le parfum de sa peau, la toucher, l’embrasser, faire courir mes lèvres le long de son cou, la sentir frissonner entre mes bras, l’entendre rire à l’une de bêtises, croiser ce regard espiègle, répondre à ses sourires, tant de choses qui font battre mon cœur plus vite. Tant de sentiments que je n’ai plus éprouvés depuis quatre ans. Durant ses années, j’avais été vide. J’avançais comme un automate parce que je devais faire quelque chose. Aujourd’hui, il me parait évident que durant cette période, j’étais resté avec elle. Perdu dans une solitude et un corps qui n’était plus le mien. Sa simple présence ce soir me fait revivre. Il me fallait peu et chaque contact ravive alors ce désir qui me submergeait déjà par le passé. Tout comme elle, j’allais avoir besoin de temps pour me réadapter à sa présence, à la sentir près de moi. Enfin, c’est ce qui me vient à l’esprit alors que je ne sais pas encore où nous en sommes réellement. La mort d’Andy m’est encore très difficile à supporter mais Casey me fait éprouver cette sensation que tout finira par s’arranger. Pour ça aussi, j’aurais besoin de temps. Sentir la présence de mon père ici, me rappelle combien il me manque. Sauf qu’à cet instant, je l’occulte volontairement pour me concentrer sur Casey. Son regard croise le mien et machinalement, sans réfléchir une seule seconde, je lui fais part de cette demande. Consciemment, je sais qu’elle fera des efforts. Pas parce que je lui demande. Non. Elle pourrait très bien me tenir tête. Sauf que tout comme moi, elle veut que notre relation débouche sur quelque chose. Parce qu’on tient l’un à l’autre. De ce fait, je sais que cette promesse, elle la tiendra. Parce qu’elle désire tout autant que moi, qu’on retrouve ce qui nous était si cher. Cet unique sourire suffit à me détendre et je me contente de faire glisser mon index sur sa joue.
Ces gestes, j’ai l’impression que ça fait une éternité que je ne les ai pas accomplis. Avec elle surtout. Bien qu’il y ait eu d’autres femmes durant ces années, aucune n’est parvenue à me faire éprouver ce besoin de contact. C’est difficile à expliquer et un jour, je devrais pourtant aborder le sujet concernant cette période mais je n’y suis pas prêt. Surement parce qu’une part de moi s’en veut. C’est comme si je l’avais trahi, malgré notre divorce. De plus, je ne me suis jamais senti aussi proche de quelqu’un que d’elle. Elle peut tout me demander et c’est bien ce qui rend notre relation si unique. D’autant plus que nous sommes issues de deux mondes totalement différents. Dans mon cas, ma mère parvenait difficilement à boucler les fins de moi et, même lorsqu’elle s’est mariée à Andy. J’étais loin d’être un gamin populaire et qui réussissait tout ce qu’il entreprenait. Alors que Casey a grandi avec un certain luxe autour d’elle. Ainsi, il ne pouvait pas y avoir plus différent que nous deux. Et de ce fait, je veux qu’elle prenne conscience que malgré ça, elle peut compter sur Liam et moi. Parce que si elle ne se sent pas capable de se confier à moi, Liam, lui, sera toujours son ami. Et surtout, il sait ce qu’elle peut éprouver lorsqu’on est issue d’une famille riche. Bien que le cas de Liam soit tout aussi complexe que le mien. Mais ça, je ne peux pas lui en parler. Seul Liam le fera lorsqu’il se sentira prêt. Notre rencontre aujourd’hui et cette soirée est lourde en révélation. Je sais que du temps nous est nécessaire pour digérer tout ça. Pour faire le point tranquillement. Son sourire rassurant me confirme ce que je pense déjà. Elle sait tout ça. Qu’elle n’a qu’un mot à dire pour qu’on soit à ses côtés. Ainsi, je tente de ne pas trop m’inquiéter. Même si c’est plus fort que moi. Surtout lorsque ça la concerne.
La perturber alors qu’elle prépare le dîner devient plus fort que moi. Si j’étais honnête, je dirais même qu’il n’avait pas été question qu’elle prépare le dîner. Pas que je ne la croyais pas capable d’un tel exploit, surtout lorsqu’on connait ses talent particuliers lorsqu’on ose la laisser dans une cuisine, mais plutôt parce que je préférais l’avoir dans mes bras, plutôt que de la laisser s’occuper d’une courgette. Ainsi, je m’étais atteler à la tâche de lui faire oublier ce foutu dîné pour se concentrer sur moi. Il y avait bien des choses dont nous devrions parler mais ce fut ce besoin de contact qui prima sur le reste. Tout en maintenant un brin de conversation, je me retrouvais à la caresser et l’embrasser sans retenue. Je savais qu’on risquait d’aller trop loin ce soir. On devait se limiter à quelques caresses et baisers. C’était beaucoup trop tôt pour nous, d’envisager de faire l’amour ou même de passer la nuit ensemble. Bien que je n’é tais pas encore convaincu de pouvoir parvenir à quitter cette maison ce soir. L’idée qu’elle veuille me voir à genoux me fit rire. Ceci dit, c’était bien du Casey tout craché. Et finalement je lui concédais qu’avec un compromis, il existait une petite chance que ces désirs deviennent réalités. Ma proposition était relativement raisonnable. Il était toutefois évident, qu’elle viendrait y apporter sa correction. Juste pour me contredire, à moins qu’elle possède une véritable raison à me refuser ses conditions. Ça n’est qu’à l’instant où elle apporte cette modification que j’en perçois la raison. Elle revenait tout juste, n’avait pas d’argent, pas de job et je sais qu’elle n’irait jamais quémander à ses parents. Sur le coup, je me sens stupide. Paradoxalement, elle sait qu’elle n’a pas à s’inquiéter de l’argent de mon côté. Ou peut-être, le problème vient-il également de là. Parce que je n’ai pas de limite pour elle.
« - Toujours prête à négocier hein ! » souris-je en secouant la tête. « Très bien… Tu seras alors la première à me voir aux fourneaux. Quand j’pense que mon père avait raison… »
C’était dingue. Andy avait raison là-dessus. Lorsqu’il s’agissait de Casey, je perdais toute objectivité et surtout, j’agissais de manière impulsive. J’étais juste incapable de lui refuser quoi que ce soit, par crainte de la voir s’éloigner. C’était stupide car sa présence ce soir, me prouvait littéralement qu’elle ne me quitterait pas sur un coup de tête. Je le savais et pourtant, elle pouvait faire de moi, tout ce qu’elle désirait. Restait à espérer qu’elle n’irait pas trop loin. Pourtant, je suis celui qui lui en demande toujours plus. Mes caresses s’intensifient à chaque secondes. Mes lèvres parcourent la moindre parcelle de peau, tandis que sa main se met à me caresser la nuque. M’incitant à poursuivre mes caresses, je l’entends échapper un gémissement ce qui me fait sourire tandis que sa respiration se fait plus difficile. Mes mains glissent sous son haut, frôlant son abdomen lorsque mes lèvres remontent derrière son oreille avant de prendre son lobe entre mes dents. Je sais qu’elle en a tout autant envie que moi. Sa main sur ma nuque et cette façon qu’elle a de fondre dans mes bras me prouve que ce désir entre nous n’est que plus intolérable. Je découvre que ces quatre années n’ont en rien changé mes sentiments pour elle. Et ce désir n’en est que plus violent. Entretenir une conversation devient de plus en plus difficile. J’ai besoin de la toucher, de l’embrasser, de la serrer contre moi. M’assurer qu’elle est belle et bien dans mes bras. Car j’ai l’impression de rêver. Ma remarque semble la faire sourire tandis que je lui rétorque :
« - j’étais loin d’être le type le plus sociable du lycée. J’te parle pas des renvois et punitions que j’ai récoltés avec Liam. C’qui m’étonne, c’est que tu étais la seule à me tenir tête. Tu sais que même sans ça, je serais tombé amoureux de toi… »
Car c’était inévitable. On avait besoin l’un de l’autre. On se sentait vulnérable lorsque nous étions séparés. Et même s’il nous a fallu du temps pour accepter nos sentiments à l’époque, je sais aujourd’hui qu’une vie sans elle, ça n’est pas mon désir. Elle est ce que j’ai toujours voulu. Tête de mule et romantique. Douce et sarcastique à ses heures. Je n’ai pas besoin de l’une de ses filles qui veut coucher avec moi. Non, je veux ce que j’avais par le passé. Celle qui était ma femme sur le papier et qui l’est toujours dans mon cœur. Je veux Casey plus que quiconque. Et pour ça, je m’assurerais de ne rien brusquer. Que tout rentrera dans l’ordre à notre rythme. Et ce, même si ce désir m’est de plus en plus difficile à contrôler. Car ces contacts me sont indispensable, tout comme l’air que je respire. Mais parce qu’on a besoin de temps, je m’éloigne. Soudainement. Sans prévenir. Elle proteste et me fait part de son mécontentement. C’est aussi ce qui me plait chez elle. Elle ne dit pas Amen à tout ce que je dis. Elle s’affirme et ce même si nos sentiments sont partagés.
Dans le salon, je la vois débarquer. Le visage fermé et frustrée. Oui, j’allais en prendre pour mon grade mais c’était si bon de voir ses yeux envahi de désir. C’était exaltant de savoir que même après toutes ses années, certaines choses restaient intactes. Ce désir et cet amour que nous partagions à peine sortis de l’adolescence. Il ne m’en fallu pas plus pour que je l’attire à nouveau dans mes bras. Tout s’évanouissait autour de moi. Il n’existait plus qu’elle et moi. Juste nous. Moi, la serrant dans mes bras jusqu’à ce qu’elle se détende. Qu’elle se sente à nouveau en sécurité et aimer. C’était l’un de mes vœux les plus chers. L’avoir de nouveau dans ma vie, à la place qui lui revient.
Les minutes s’écoulent et je l’écoute attentivement lorsqu’elle me fait part de tout ce qu’elle a traversé. Je réalise alors que notre séparation n’était rien comparée au moment où elle a dû faire face à ce jour où on lui a retiré notre bébé. Un tel acte de cruauté ne peut venir que de son père. Et cette pensée m’envahit d’une violence qu’il m’est difficile à contrôler. On m’a caché sa grossesse et que j’allais avoir un petit garçon. Dans toute cette histoire, je n’ai eu aucun droit. Il m’a évincé et éloigné d’elle, tout simplement parce qu’on s’était marié et que les Forsythe n’ont jamais pu me supporter. Ce bébé, je ne sais quoi en penser. A peine j’apprenais son existence, qu’on m’avertissait qu’il était mort. Au fond de moi, je sais que je l’aurais aimé. Je le sais parce que c’était ma chair et mon sang. Que c’était notre enfant. Casey doit le savoir. C’est vrai que je n’avais pas trop l’habitude d’être entouré par ceux-ci, mais jamais je ne serais allé leur faire du mal. Mais surtout, j’aurais voulu être là pendant sa grossesse, la voir s’embellir par ses formes, voir mon fils grandir et voir sa maman rayonner. Car je suis persuadé qu’elle a dû mettre tous ses espoirs en notre bébé et c’est ce qui lui a fait le plus mal. C’est aussi cette perte qui sera la plus difficile à surmonter. Il nous faudra du temps pour aller de l’avant. Cependant, elle doit savoir que je suis là, si elle a besoin d’en parler. Même si ça lui est difficile ou qu’on en vient à se séparer. Je resterais là pour elle. Enfin pas que je pense au jour où la vie nous séparera à nouveau. Simplement qu’elle n’oublie pas que je suis aussi son ami. Lorsque je dégage ses cheveux derrière son épaule, je lui fais comprendre qu’elle doit oublier son père car une nouvelle existence s’offre à nous. Qu’on peut y arriver – malgré l’arrestation de son père qui aura lieu sous peu - ensemble. Je lui suggère alors qu’on pourra se remarier dans le futur. Peut-être pas aussi vite que j’l’imagine mais à mes yeux, ce moment finira par arriver. Parce qu’être ensemble est tout ce qu’on désire. Et pour ma part, la mort de mon père m’y fait réfléchir. A sa question, je me mors la lèvre inférieure. Elle doit se douter qu’à l’époque j’ai du mal vivre notre séparation, puis divorce. Enfin, je n’ai jamais été du genre à montrer facilement ce que je ressentais mais à l’époque, tout le monde savait qu’il ne fallait pas me titiller. Parce que tout volait. Que ça soit mes poings ou la vaisselle. Ma main remonte à son visage puis mon index trace le contour de sa mâchoire.
« - Pour être honnête, j’ai commis pas mal de dégâts à notre divorce… j’étais sacrément en pétard ! » heureusement que les flics me connaissent pour traîner souvent au bar et qu’Andy me surveillait. « J’avais pas de nouvelle. Ton père faisait le forcing pour m’empêcher de savoir où tu étais, comment tu allais… alors j’ai commencé à me dire que tu regrettais notre mariage. J’ai jamais voulu te faire du mal… alors je t’ai rendu ta liberté en signant les papiers. » Ça n’avait pas été malin. Mais à l’époque, tout le monde m’empêchait de la voir. J’avais été stupide et j’aurais dû suivre mon instinct. Pénétrer chez les Forsythe par la chambre de Casey, quoi qu’il m’en coute. Sauf qu’Andy m’avait dit que ça risquait de me couter cher. Du coup, je m’étais rétracté. Et aujourd’hui mon père était mort. « J’ai jamais voulu qu’on en arrive là. J’veux ton bonheur… C’est toujours ce qui a le plus compté pour moi. » J’avais une sainte horreur de devoir me livrer à elle. Enfin pas spécifiquement à elle. En général. « Notre mariage n’avait absolument rien d’une erreur. Et si c’était à faire, je le referais. Sauf que cette fois ci, je m’arrangerais pour te garder près de moi… Alors oui, retenter l’expérience ne me fait pas peur. La seule chose qui me détruirait, ça serait de te perdre… définitivement. Comme ma mère a perdu mon père. »
Ça je ne m’en remettrais pas. Aujourd’hui je le sais. Peut-être que pour sa part, elle n’y est pas prête. Ce que je conçois parfaitement. On avait encore des efforts à produire avant d’en arriver à ce stade. Je ne lui dis pas, mais je m’inquiète pour elle. A part Court’ et moi, elle est sans ressources. Casey a toujours été pleine de bonne volonté et je ne supporte pas l’idée qu’elle soit sans rien. J’aimerais qu’elle prenne conscience que je ne fais pas ça par défaut. Oui, je l’aime et je veux l’épouser. Mais ça n’est pas tout. Je ne supporterais pas l’idée de mourir et qu’elle se retrouve sans un dollar devant elle. C’est aussi pour ça que j’aimerais qu’elle soit ma femme à nouveau. Pour être à l’abri du monde et des autres. Surtout des personnes de sa famille qui sont à l’origine de ce qu’elle a traversé durant ses années. Que son père n’accepte pas nos décisions j’aurais encore pu le comprendre. Mais pourquoi sa mère n’a-t-elle pas réagit. Pourquoi a-t-elle laissé sa fille ainée partir dans un pays où elle ne connaissait personne et où elle allait mettre son petit-fils au monde ? Ma mère a bien des défauts. Mon père le reconnaissait mais je savais une chose. Jamais elle ne m’aurait fait ça. Jamais elle ne m’aurait éloigné des gens que j’aime par prétexte que c’était mieux pour moi.
Son père. Le sujet de discorde. Le responsable de notre situation actuelle, bien qu’elle se désigne également comme responsable. Je préfère ne rien rajouter là-dessus. Les semaines à venir nous serons difficiles. Faire preuve de patience va m’être pénible. Moi l’électron libre qui a tant de mal à rester en place. Ceci dit, lorsqu’il s’agit de Casey, je ne réagis pas normalement. Parce que je tiens beaucoup trop à elle pour me permettre de la perdre. Et avec l’arrestation de son père qui ne tarderait plus à venir, je sais qu’elle s’inquiètera encore plus. Parce qu’elle a peur pour moi, pour nous, parce qu’il pourrait encore nous atteindre et ça, je le refuse. J’ai beau tenter de la rassurer rien n’y fait. Peut-être le sera-t-elle lorsqu’il sera derrière les barreaux ou que nous serons loin de cette ville. Je ne sais pas exactement. Ceci dit, je serais prudent. Son père est un manipulateur né et je me dois d’être à l’affut de chaque mot ou chaque geste. Ma réponse ne la rassure pas. Me faisant remarquer que je ne suis pas invincible, mais ce que je note c’est son agitation. Cette inquiétude qui l’envahie et la ronge à petit feu. Elle est terrifiée à l’idée que son père puisse m’atteindre. Et ça me fait mal de la voir dans cet état à cause de lui. Je l’attire alors contre moi et dépose un baiser dans ses cheveux. « Je serais prudent. » ça la satisfera peut être un minimum. Et s’il le fallait j’engagerais un garde du corps. Enfin, il me semble qu’avec un agent fédéral pour protection, ça devrai suffire. Mais pour elle, j’étais prêt à supporter bien plus que ça. Cette inquiétude la bouleverse et cette Casey, j’ai encore du mal à la reconnaître. Car ça n’était pas dans ses habitudes de se faire autant de mouron pour quelqu’un. Ma main remonte à sa nuque que je viens masser très lentement. « Tu dois voir la vie du bon côté. Tu as une famille, des amis. Tu finiras par retrouver une partie de ta vie… c’est qu’une question de temps. »
Le temps c’était notre unique alliée. Je savais qu’elle tenait à moi et que si cette soirée allait nous frustrer, elle allait également nous aider à panser certaines de plaies. Parce qu’en présence de l’autre, rien n’était plus important que son bien-être. Et à cette seconde, Casey avait sérieusement besoin d’un verre. Tel que mes souvenirs me le rappelait, je n’oubliais pas qu’elle n’était pas le genre de fille à boire beaucoup. Deux verres et elle serait en train de rouler sous la table. J’enchainais alors la conversation où je pus l’entendre rire à nouveau. Ce son doux et mélodieux qui me rappelait notre nuit de noce dans ce motel miteux de Tijuana. Cette nuit-là, elle était venue me retrouver sur la plage. Nous étions jeunes, amoureux et désinhibés. Parce qu’on avait toujours eu besoin l’un de l’autre. Je me souvins alors de ces nuits majestueuses et de ces matins où elle m’avait si souvent murmurer qu’elle m’aimait. C’était quatre ans plus tôt et dans ces yeux ce soir, j’y lisais ce même sentiment. Rien ne changeait. D’une certaine façon, nous sommes encore mariés. Et rien ne pouvait me rendre plus heureux. A travers ce regard, elle me défie. Dieu sait-il qu’elle est le démon incarné. Je me concentre alors pour lui servir à boire. Eviter de penser à elle et se concentrer sur les verres et l’alcool à y faire couler. C’était toujours mieux que de me ruer sur elle et la déshabiller sur le champ. Car si entre nous, à l’époque, Liam nous décrivait comme des animaux en rut, ça n’était pas pour rien. Nous avons toujours été incapables de nous maîtriser. Un contact suffisait à mettre nos hormones en ébullition. Je fis un effort en poussant le verre dans sa direction. Je me devais de maîtriser ce désir impérieux qu’il m’était difficile de contenir. Le pire dans l’histoire, c’est qu’elle savait déjà combien je devais me faire violence.
« J’ai aucun doute là-dessus. » ris-je doucement avant de plonger mon regard dans les sien. « Mais seras-tu vraiment prête à finir totalement frustrée ? » Car je ne ferais pas l’amour avec elle. Non. Du moins pas ce soir. Il y avait toute notre relation en jeu. Et elle le savait. Bien sûr, j’étais joueur. Mais là, on risquait sérieusement de déraper si l’un de nous ne mettait pas un frein à ce petit jeu. Car ça pouvait aller trop loin et l’on risquait de se faire du mal. Ce que je ne désirais pas.
Finalement, j’en vins naturellement à lui donner mon alliance. Non pas que notre mariage n’ait rien signifié à mes yeux. Bien au contraire. Par ce geste, je lui assurais mon amour pour elle. Qu’où qu’elle puisse être, nous serions ensemble. C’était surement bateau et niais mais je l’aime et je refuse qu’elle puisse l’oublier un jour. Le sujet dévia alors légèrement lorsqu’on en vint à parler de ses minettes qui ne se gênent pas pour me draguer ouvertement. Tout le monde au bar connaît ma situation. Enfin, tous n’ont pas littéralement connaissance de mon histoire avec Casey. Ils savent juste l’essentiel. Que j’ai été marié. Le reste c’est mon histoire et personne n’a son mot à dire. Cependant, il m’arrive de céder aux avances de certaines filles. Mais toutes savent à quoi s’attendre venant de moi. Pas d’exclusivité. Pas de lendemain. Juste une seule et unique nuit. Ainsi, elle m’affirme qu’elle recevra ses filles avec un couteau de cuisine si jamais elles osaient s’approcher de moi. Une image qui a le don de me faire rire lorsqu’on connait Casey. Un geste impensable pour la petite Forsythe. A vrai dire, il suffira qu’elle passe à l’improviste au bar pour que ce manège cesse. Je le sais d’avance parce qu’une fois qu’elle aura passé les porte, je ne verrais qu’elle. Les autres me deviendront invisibles. Et à mon tour, je lui affirmais qu’elle n’avait pas intérêt à accepter le numéro de téléphone d’un type car il serait reçu avec mes poings. Qu’elle veuille me voir à l’œuvre pouvait s’avérer amusant mais dans le fond, elle ne voulait pas me voir tabasser un type parce que mon côté possessif ressortirait. A sa réponse, je me contentais de lui adresser ce sourire mystérieux. Si elle tenait tant que ça à le voir, elle serait servi. Car même si je savais me tenir en société, il ne m’en faut pas beaucoup pour m’emporter dans certaines circonstances. Et voir un mec tourner autour de Casey en faisait partie.
Pour l’une des premières fois depuis longtemps, elle me surprend à prendre des initiatives. Généralement, ces baisers étaient raisonnables. Là, elle faisait preuve de passion et devenait entreprenante. Il m’était difficile de rester de marbre. Répondre à ses baisers me venait si naturellement. Pourtant, je savais que l’on risquait de franchir la ligne de non-retour. Il lui suffisait de me pousser un peu plus et elle ne pourrait plus revenir en arrière. Toutefois, je me surpris à rester calme. Et ce, malgré une respiration douloureuse et les battements de mon cœur qui tapaient à m’en sortir de la poitrine. Elle me déshabillait lentement et ses lèvres courraient sur mon torse, créant un sillon jusqu’à mon abdomen. Sauf qu’un geste de ma part et elle pourrait dire adieu à ma promesse. Je lui devais du temps et donc résister m’était primordial. Je la vois alors ôter son haut et je dois avouer qu’elle est maîtresse à cette seconde. Car elle sait très bien que j’ai besoin de contact. De la toucher. De l’embrasser. Ce désir me complique l’existence mais à cette seconde, je sais qu’elle a sa revanche. Elle ne tarde d’ailleurs pas à me le faire remarquer avant de murmurer que je devrais commander à manger. Je lève la tête au plafond alors qu’elle se rhabille, puis reviens vers moi avec ma chemise. Et en plus, elle veut me rhabiller. Mon premier réflexe est de m’écarter d’elle. Un seul contact et ma maitrise s’envolerait. Visiblement, elle semble plutôt bien le prendre. Elle me conseil de boire un coup et après quelques verres, je commence à me retrouver. Elle s’approche alors et se met à reboutonner ma chemise. Je m’en serais passé mais qu’elle soit là, tout près de moi. Etrangement ça me ravit. Et ce désir s’atténue légèrement. Enfin si on peut dire. Dans le fond je m’en veux. Parce qu’avec ces autres filles, je n’ai jamais ressenti autant de désir. Non, c’était Casey. Elle me troublait beaucoup trop et ma résistance fondait comme neige au soleil, lorsqu’elle était trop près. Comme à cet instant où je lui en fis part. Je m’éloigne une fois de plus. Pas pour qu’elle soit seule mais pour être certain de ne pas craquer immédiatement. Car il se pourrait que je la blesse dans mon élan. Je l’entendais rire et ça m’agaçais légèrement. Parfois, j’avais l’impression qu’elle était inconsciente. Sa remarque me fit hausser les épaules. Etait-on, comme elle le dit, de grands gamins perdus l’un sans l’autre ? Possible. On n’a pas encore franchies nos limites, c’est qu’on se maîtrise encore. Elle semble y croire mais elle ignore le prix que ça me coûtait à cet instant, de devoir me tenir à distance. Car tout ce que je désire, c’est elle. Je la veux plus que tout au monde. Je penche la tête sur le côté.
« - T’as pas idée de ce que je ressens quand tu es là… je sais pas te résister, Casey. J’ai besoin de te toucher, de t’embrasser… » soupirais-je avant de me rapprocher lentement. « J’ai peur de te faire du mal et en même temps, j’ai besoin de tout ça. Y’a toujours ce vide autour de moi quand t’es pas là… ça fait quatre ans que je survis. Et maintenant que tu es de retour, je me bats pour éviter de me montrer trop brutal ou animal… » Je devais vraiment passé pour un obsédé ou alors elle comprendrait. J’étais littéralement dépendante d’elle. Et si j’avais tenu durant ces années, c’était uniquement parce que j’espérais qu’elle reviendrait. Parce que dans le fond, je savais toujours qu’elle m’aimait. J’étais compliqué et je le savais. D’ailleurs, j’aurais pu comprendre qu’elle ne veuille pas qu’on reprenne notre relation. Après tout, ça aurait été normal. Aucun de nous deux n’étions les mêmes. Nos sentiments étaient toujours là mais c’était bien plus compliqué. Mais finalement tout semblait reprendre sa place lorsque nous étions ensemble. Et lorsque je m’emparais de sa main, une bouffée de bien être m’envahie. J’avais l’impression de redevenir ce Logan que j’avais toujours été pour elle. Passionné et impulsif, romantique et vulnérable et solide. Oui solide. Parce que sa présence changeait tout pour moi. Si ce soir, je tentais encore de me maitriser, c’était essentiellement car nous avions besoin de ce temps. Que suivre nos instincts risquait de nous précipiter au-devant de plusieurs problèmes. Et je ne voulais pas ça. Je voulais qu’elle réfléchisse à ce qu’elle voulait faire de sa vie, à ce qu’elle envisageait pour nous et si un jour elle souhaiterait qu’on fonde une famille. Lui laisser ce temps de réflexion nous serait bénéfique à long terme. Bien que pour ce soir, c’était de la torture pure et dure. Ainsi à sa remarque, je ne put m’empêcher de rire tandis qu’elle ne tardait pas à me frapper doucement. Je savais qu’elle réagirait. Et pour être honnête, j’adorais ça.
« Menteuse. Tu le feras pas… et je te rappelle que pour faire l’amour, c’est plus intéressant à deux ! » On ne valait pas mieux l’un que l’autre. C’était évident. Tout comme ce qui pouvait arriver ce soir. J’irais dormir dans une autre chambre pour éviter de rentrer à mon appartement où j’aurais droit à une nuit blanche. M’assurer qu’elle soit à l’aise et qu’elle trouve le sommeil m’était nécessaire. Etre son protecteur avait quelque chose de gratifiant. Je n’étais plus seul désormais. Je l’avais et ça, je l’espérais, jusqu’à la fin de mes jours.
Je pris alors soin de me rendre dans le salon pour commander à manger. Car si on restait ainsi, il était évident qu’on finirait par se transformer en animaux. Le téléphone collé à l’oreille, j’en commandais trop comme à mon habitude et au pire, ça nous fera des restes pour le lendemain. Ça n’était pas grave à mes yeux. Ça me permettrait de passer encore plus de temps avec elle. D’ailleurs elle ne tarda pas à me rejoindre. Sa main dans mes cheveux me fit frissonner. Elle s’en rendit compte et son sourire, je le devinais sur son visage. Quelques secondes plus tard je raccrochais et l’attirais sur mes genoux en m’installant dans un fauteuil. Ce soir, c’était véritablement étrange. Comme si ces quatre années n’avaient pas existé et que ce désir ressurgissait comme s’il ne s’était passé que quelques jours entre nous. Mes bras l’encerclant et l’empêchant de s’échapper, elle m’affirmait qu’elle ne jouerait plus avec ma résistance mais qu’elle avait besoin de me toucher, de m’embrasser. Or, si j’étais d’accord sur nos contacts, je l’étais moins en ce qui concernait son affirmation qu’elle ne jouerait plus avec ma résistance. Et bien sûr, elle m’affirmait le contraire lorsque je poursuivis sur le fait qu’en tant que mec, je risquais de la blesser.
« Je crois pas. Non. Je suis pas un ange et tu le sais. J’ai toujours fait de mon mieux pour être le plus doux possible mais j’suis encore loin du parcourt sans faute. »
C’était plus fort qu’elle, ce besoin de me contredire. Bien sûr que notre amour avait une place au milieu mais c’était difficile parfois de contenir ce désir que j’éprouvais pour elle seule. Je n’étais pas habitué par être dévoré ainsi. Je bifurquais dans notre conversation et un sourire naquit sur mon visage en songeant à l’instant particulier ou je parlerais de Casey à Liam. Sa réaction fut instantanée et pour la première fois depuis bien longtemps, je pus profiter d’une occasion rare. Voir Casey troublé était déjà quelque chose d’inédit mais là, elle semblait totalement prise au dépourvu. Je ne pus m’empêcher de rire tandis qu’elle m’affirmait qu’elle me fera payer cette indiscrétion, si j’en parle à Liam. De plus, elle s’agitait littéralement sur moi, ce qui m’obligeait à tenter de me maîtriser à nouveau. Je la serrais alors un peu plus près de moi pour l’empêcher de bouger.
« D’accord, je dirais rien… mais tu connais Liam lorsqu’il est décidé à me tirer les vers du nez. Il peut être très convaincant… » Il pouvait être aussi sage qu’insupportable. Un élément perturbateur comme les profs disaient au lycée. Et à l’époque, ils ne savaient pas à quel point. Enfin, il a aussi connu une époque calme. C’était il y a plus de six mois. Aujourd’hui, il était devenu plus taciturne et je pensais que le retour de Casey pourrait lui changer les idées. J’espérais avoir raison. D’ailleurs au sourire qu’elle avait eu sur les lèvres, j’étais persuadé qu’elle n’avait aucune idée de la façon dont elle se vengerait. C’était bien le cadet de mes soucis à cet instant. Car j’avais ma première soirée avec elle. Machinalement ma main glissa sous son haut et commença à lui caresser le bas du dos. « Dans mes rêves… tu ne revenais pas seule à San Diego. Je t’imaginais… remariée avec un type plein aux as que j’aurais détesté au premier regard. » Ce qui ressemblait plutôt à un cauchemar. Retrouver le sommeil après ça, m’était littéralement impossible. Je faisais de mon mieux pour faire croire que monde que j’allais bien mais la vérité c’était que Casey était dans mon cœur jour et nuit et que rien ne semblait avoir d’effet là-dessus. Levant les yeux dans sa direction, elle avait ce sourire mystérieux sur le visage et la façon dont elle leva les yeux au ciel me fit rire. « J’te jure… et c’était pas le pire de tous mes cauchemars… » Oh oui, il y en avait eu en masse. De celui où elle avait renoncé aux hommes à celui où elle s’était remariée avec une pourriture de la trempe de son père. Alors oui, elle n’imaginait pas à quel point, il était heureux qu’elle soit désormais près de lui, sans qu’un autre type ne lui ait mis le grappin dessus. Je lève ma main à son visage pour la rapprocher de moi et c’est le moment précis que choisit Hendrix pour commencer à nous rappeler son existence. Je soupire contre ses lèvres et tourne la tête vers ce maudit chien qui ne trouve rien de mieux que de poser sa tête sur la cuisse de Casey avant de me fixer et de remuer la queue. |
| | | « Casey H. Forsythe »
Messages postés : 52 à San Diego depuis : 10/11/2010 Emploi/Situation : Etudiante
| Sujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey Mer 5 Jan - 2:06 | |
| Tout semblait si simple, quand Logan était là. A ses côtés, c'était comme si les quatre dernières années n'avaient jamais existé. Comme si nous avions toujours été ensemble, et que rien ne nous avait séparés. Nous avions changé, physiquement, mentalement aussi, mais dans le fond, nos cœurs étaient toujours les mêmes. Nous nous aimions toujours. Oui, ça n'était pas me précipiter que d'affirmer que mes sentiments pour lui étaient restés intacts. Je dirai même qu'ils s'étaient amplifiés depuis notre séparation. Parce que pendant tout ce temps où j'avais été séparé de lui, mon amour pour lui avait été la seule motivation à ma guérison. Et si j'étais de retour à San Diego, aujourd'hui, ça n'était que grâce à lui. Pour lui, par amour pour lui, j'avais été prête à tout. Prête à braver mon père, prête à faire des milliers de kilomètres pour le retrouver. Jamais je n'aurais cru que mon amour pour lui serait si fort, qu'il me pousserait si loin. Et pourtant... Il m'avait fallu du temps, avant d'arriver jusqu'ici, avant de saisir l'occasion que j'avais saisie pour m'enfuir. Mais tout ce temps passé loin de lui, tous ces efforts pour le retrouver n'avaient pas été vains. Je m'en rendais compte à présent. Les choses auraient peut-être été différentes, si j'avais appris, à mon retour, qu'il était en couple. Si tel avait été le cas, je ne me serais peut-être pas manifestée dans sa vie, pour ne pas prendre le risque de venir tout bouleverser. Oh, bien entendu, je n'avais pas la prétention d'affirmer que je savais d'ores et déjà ce que mon retour lui faisait, mais j'aurais préféré ne pas prendre ce risque. Parce qu’il avait droit à une vie heureuse, dans laquelle il serait épanoui. Même si, pour cela, je devais ne pas en faire partie. Alors, s’il avait été en couple, et heureux, je serais probablement restée dans l'ombre, et j'aurais attendu que la rumeur de mon retour ne parvienne jusqu'à lui, sans faire quoi que ce soit.
A bien y réfléchir, c'était peut-être ce que j'aurais du faire... Qu'il soit en couple ou non n'y changeait rien, je savais que mon retour lui ferait forcément quelque chose. Comment réagirait-il en me voyant ? Que nous dirions-nous, lorsque nous nous reverrions ? Je m'étais bien souvent posé ces questions. Ces derniers jours y avaient apporté des réponses. Contrairement à ce que j'avais pu m'imaginer, il ne s'était pas emporté quand il m'avait vue, il ne m'avait pas fait le moindre reproche. Bien au contraire : il m'avait accueillie avec les bras grands ouverts, m'avait apporté toute l'écoute et tout le réconfort dont j'avais eu besoin sans que j'aie à les lui demander.
Mieux encore, il m'offrait ce soir plus que je n'aurais jamais pu espérer : une place dans sa vie. Une place, dans sa vie, comme dans son cœur, c'était tout ce que j'avais toujours voulu. Rien ne me garantissait que cette place serait la même que celle qu'il m'avait déjà accordée quatre ans plus tôt. Rien ne me garantissait qu'il était prêt à ce qu'on oublie toute cette histoire, pour en écrire une nouvelle, et pourtant... Pourtant, mon cœur me laissait croire que c'était ce qu'il voulait, lui aussi. Car il ne pouvait en être autrement. Quand je croisais son regard, quand je le voyais, tenter de créer un contact physique avec moi – aussi infime soit-il – j'en étais persuadée : il voulait, lui aussi, que mon retour signifie quelque chose pour notre couple. Serions-nous cependant capables de nous remettre ensemble, de parvenir à avancer vers l'avenir, sans nous retourner sur le passé ? Rien n'était moins sûr. Cependant, je voulais tout de même essayer. Le laisser revenir dans ma vie, pour l'embellir, comme il l'avait déjà fait quatre ans plus tôt. J'en avais envie. Non, en fait, j'en avais besoin. J'avais besoin de lui. Je crois qu'il était inutile que je le lui dise, il le savait. Il le savait, parce que depuis que nous nous étions retrouvé, il faisait tout – ou presque – pour me mettre à l'aise, et me rassurer. Et même quand il abordait les sujets les plus délicats – comme lorsqu'il me parlait de mon père et de ses magouilles – il tentait de me convaincre que tout se passerait bien et que tout ce nous avions eu à affronter n'appartenait plus qu'au passé. Et s'il restait encore de nombreux non-dits, entre nous, je savais cependant que cela ne nous empêcherait pas de nous retrouver, un jour ou l'autre.
C'était d'ailleurs ce que nous étions plus ou moins en train de faire. Cette soirée, c'était l'occasion de se retrouver. L'occasion de voir si les choses avaient changées entre nous. Je n'avais pas prévu cela. A vrai dire, cela ne faisait pas partie de mes plans. Et à ma plus grande surprise, je constatai au fil des minutes, que nous étions presque toujours les mêmes, au contact de l'autre. Nous avions toujours cette attraction, à la fois physique et psychique, cet amour passionné qui nous habitait, ce désir brûlant qui nous poussait l'un vers l'autre... Un désir qu'autrefois, nous laissions nous consumer et contre lequel nous luttions à présent. Il était dur de garder ses distances, avec quelqu'un comme Logan. Parce que... Quoi que je fasse, quoi que je dise, il était toujours là. J'avais eu beau tenter de laisser une légère distance entre nous, sa seule présence suffisait à me faire céder. Il n'en faisait qu'à sa tête, se rapprochant, laissant ses mains me toucher, comme avant. Il s'agissait pourtant là de simples contacts... Ses doigts qui s'entrelaçaient aux miens, sa main sur sa joue, ses baisers dans mon cou... des contacts qui me faisaient simplement du bien et auxquels je commençais à me réhabituer. Je me rendais compte que finalement, il m'était impossible de me tenir éloignée de lui. J'étais incapable de lutter contre mes sentiments pour lui, parce qu'ils étaient bien trop évidents. Oui, il était évident qu'il me rendait folle. Folle d'amour, mais aussi folle de désir pour lui. A chaque fois que nos regards se croisaient, que nos peaux se frôlaient, que nos lèvres se retrouvaient, les battements de mon cœur s'accéléraient de façon considérable.
Alors que les minutes s'écoulaient, nous rapprochant toujours un peu plus, je commençais à me laisser aller. Je baissais la garde, je le laissais m'approcher, me parler, et me comprendre. Nous retrouvions en partie cette complicité qui nous avait unis auparavant, et cela me faisait du bien. Pour la première fois depuis des années, je me sentais en vie. Pour la première fois depuis longtemps, il me faisait sourire, et j'avais bien envie de croire que la vie finirait peut-être par nous sourire... Malgré notre séparation, la mort de notre enfant, et celle de son père. A mesure que le temps s'écoulait et que sa présence se faisait plus importante à mes côtés, l'idée qu'un jour, on finirait par surmonter tout ça, ensemble, s'insinuait dans mon esprit, et m'apparaissait presque comme une certitude. Ce dont j'étais certaine, c'était qu'avec lui à mes côtés, je serais plus forte. Avec lui pour me soutenir, pour me protéger et pour m'aimer, je ne pourrais que m'en sortir. Il était ma force. Il était ma raison de vivre. J'aurais été prête à n'importe quoi pour lui, à n'importe quoi pour lui rendre un peu de ce bonheur qu'il me laissait apercevoir et toucher du doigt. Ainsi, lorsqu'il me demanda de sortir, de reprendre mes études, de voir du monde – de vivre, en somme – je ne pouvais pas lui garantir de parvenir à faire tout ça. Rien ne me garantissait qu'un jour, je retrouverais cette vie que j'avais perdue. Mais ce dont j'étais certaine, c'est que je voulais tout ça. Je voulais retrouver une vie à peu près normale, dans laquelle je ne serais pas enfermée chaque jour dans une chambre, droguée par des médicaments. Je voulais d'une vie dans laquelle je pourrais voir du monde, parler, rire, en un mot : m'épanouir. Je voulais tout ça. Peut-être même autant que lui. Je savais qu'il voulait me voir heureuse. C'est pour cette raison, et uniquement celle-ci qu'il me demandait ça. Mais peut-on promettre à quelqu'un que l'on sera un jour heureux ? Pouvais-je lui promettre de laisser le passé derrière moi ? Non. Rien ne me garantissait que je réussirais. Je ne pourrais peut-être pas redevenir celle que j'avais été, récupérer la vie que j'avais eue avant. Pas totalement du moins. Alors, tout ce que je pouvais promettre à Logan, c'était que j'essaierai. Que je ferai de mon mieux pour y parvenir. Pour lui, comme pour moi. Je ferai ça pour nous, pour qu'un jour, on retrouve en partie ce que l'on avait perdu. Je croyais en notre amour, et je voulais nous laisser une chance. Je ne savais pas si ma réponse lui conviendrait, alors, j'avais accompagné ma promesse d'un faible sourire qui se voulait néanmoins sincère. Un sourire qui sembla suffire à le convaincre de ma bonne volonté et auquel il ne me répondit qu'en faisant glisser son index sur ma joue.
Après un instant, Logan avait repris la parole, pour me rappeler que, si nous étions tous les deux différents, dans le sens où nous ne venions pas des mêmes mondes, et que si cela pouvait m'empêcher de me confier à lui... Liam, en revanche, n'était pas si différent que cela de moi, et serait prêt à m'écouter si j'en avais besoin. Ses mots me touchèrent. Tant le concernant, que concernant Liam.
Pour ce qui était de Logan, il était évident qu'il n'avait pas eu besoin de me rappeler tout cela. Je savais qu'il était là pour moi, il me l'avait suffisamment démontré depuis mon retour. Pas une seule fois, il ne m'avait tourné le dos. Il avait toujours été le premier de nous deux à faire le premier pas vers l'autre, et je savais de ce fait qu'il resterait toujours là si j'en avais besoin. Il avait toujours été comme ça. Protecteur. Avant peut-être moins qu'aujourd'hui. Oui, si auparavant, il avait toujours fait attention à moi, jamais il ne l'avait fait avec autant de soin. Peut-être craignait-il, à présent plus que jamais, que je ne le quitte à nouveau.
En ce qui concernait Liam, les choses étaient différentes. Je n'avais pas encore eu le temps de le revoir, depuis mon retour, et je devais avouer que j'avais redouté également ce moment où je le retrouverai. Pourquoi ? Parce qu'il était le meilleur ami de Logan, tout simplement, et que j'avais redouté de quelconques reproches quant à mon départ précipité, quatre ans plus tôt. Départ que j'avais regretté avant même de l'avoir accompli, et pourtant... Pourtant cela ne changeait rien au fait que j'étais partie, que j'avais quitté la ville, le pays, sans même une explication pour mon mari, ou mes amis... Des amis qui devaient m'en vouloir, persuadés encore à ce jour que je les avais quittés pour une vie meilleure, en Europe. Je ne savais pas ce que Liam en avait pensé... S'il avait un jour cru à ce que mes parents avaient raconté. Mais que ce soit le cas ou non, il était toujours mon ami... C'était du moins ce que Logan m'affirmait. Et ça me faisait chaud au cœur. Après quatre années passées toute seule, à m'enfoncer dans la dépression, savoir que des personnes, comme eux, comme Court', resteraient là quoi qu'il arrive, me rassurait. J'avais alors adressé une nouvelle fois un sourire à Logan, avant de lui confier que je tenterai de m'en rappeler, si le moment venait à se présenter. Ce que je tentais de faire par là ? De le rassurer. Car je le voyais bien dans son regard, il s'inquiétait... Quelle ironie, quand on savait que lui fonçait tête baissée dans les magouilles de mon père pour le faire couler, sans se soucier de mon inquiétude, ou des conséquences que son entêtement pourrait avoir.
Les choses étant mises au clair, je m'étais alors occupée du diner, que je tentais de préparer tout en maintenant la conversation avec lui, et tout en tentant de faire abstraction de ses tentatives pour me distraire. Tentatives qui, je devais l'admettre, s'avéraient payantes. Bientôt, ses mains, mais aussi ses lèvres avaient repris possession de mon corps, m'empêchant ainsi de me concentrer comme je l'aurais voulu sur cette satanée courgette que je tentai de lui préparer. Il me poussait à bout, jouait avec mes nerfs. Nous le savions tous les deux et pourtant... Pourtant, cela ne m'empêchait pas de me laisser aller dans ses bras, d'aller moi-même au contact de son corps, pour l'inciter à continuer les douces caresses qu'il me prodiguait... Alors, pour ne pas perdre totalement mes esprits, et pour pouvoir résister encore un peu, j'avais continué de parler, en tentant – vainement – de le convaincre de me laisser lui faire la cuisine. Malheureusement pour moi sa détermination à me voir abandonner mon plan était plus forte que ce que j’aurais cru. Ainsi, le sujet dévia, et nous en arrivâmes à mentionner mon envie de le voir se mettre à genoux devant moi. Une idée qui me plaisait beaucoup, même si je savais qu’elle ne ravirait pas tant que ça le jeune homme derrière moi. Eh oui, en homme qui se respecte, Logan avait sa fierté. Et il était bien entendu impensable pour lui de devoir abdiquer devant moi. Ce qui, entre nous, était plutôt amusant. Après quelques minutes de conversation, cependant, il vint à me proposer un compromis. C’était mieux que ce à quoi je m’étais attendue, alors j’avais bien entendu cherché à en savoir plus sur ce marché qu’il voulait qu’on fasse. Ses conditions, pour se mettre à genoux devant moi ? Que je lui accorde de mon temps. Pour aller diner, et sortir. Il avait limité sa demande à un restaurant et deux sorties par semaine, ce qui me semblait plutôt raisonnable. Cependant, j’avais été obligée d’apporter ma petite touche à ce compromis. Et cette modification portait bien entendu sur le restaurant hebdomadaire que monsieur voulait nous octroyer. Si cela ne m’aurait pas dérangée, avant, quand j’étais encore cette lycéenne riche et insouciante ; aujourd’hui, cependant, je me voyais dans l’obligation de décliner sa proposition. Mais un refus catégorique m’aurait obligée à oublier toute éventualité de le voir à mes genoux un jour ... C’était pour cela qu’au lieu de refuser, je lui avais proposé d’alterner entre le restaurant, et les repas faits maison par nos soins.
« Toujours prête à négocier hein ! », avait-il d’abord répondu dans un sourire qui s’avérait, à mes yeux, être un bon présage. Il allait céder, je le savais. Accepter ce que je lui demandais. Je le sentais. « Très bien… », reprit-il, faisant ainsi naitre un large sourire sur mes lèvres. « Tu seras alors la première à me voir aux fourneaux. Quand j’pense que mon père avait raison… »
Je souris de plus belle en l’entendant faire référence à son père. Andy avait eu raison sur bien des choses. Il avait eu raison quand il m’avait dit que nous étions faits l’un pour l’autre, et que nous nous aimions plus que nous voulions le croire. Il avait eu raison aussi quand il avait dit que notre mariage n’était pas une erreur… Il avait toujours su nous cerner, et ce à la perfection. Cet homme avait connu Logan bien plus que quiconque, et il avait par conséquent su presque à chaque fois anticiper les réactions de son fils. Bizarrement, il en avait beaucoup su sur moi également, sans que j’aie vraiment à lui parler. Avait-ce été parce que Logan lui avait parlé de moi, ou parce qu’il savait très vite cerner les gens ? Aucune idée, mais quelque chose me disait que c’était un peu de ces deux facteurs là. Bref. Cette référence à Andy me faisait du bien. Parce que cet homme avait certainement été le seul à croire en notre amour. Il y avait peut-être même plus cru que nous-mêmes, par moments.
« Tu veux dire qu’il avait raison quand il disait que c’était moi qui portais la culotte dans notre couple ? », lui demandai-je alors avec un sourire aux lèvres, pour le taquiner. C’était un moyen comme un autre pour moi d’éviter de commencer à parler des sujets qui pouvaient nous mettre mal à l’aise. Et Andy en faisait partie.
Logan ne pouvait pas oublier son père, c’était évident. Il ne pouvait pas non plus oublier sa mort… Et on ne pourrait pas non plus éviter le sujet, je savais que tôt ou tard, nous serions obligés de parler d’Andy, mais aussi de sa mort. Pour lui, comme pour moi. Mais parler de lui – qui plus est au passé – c’était prendre le risque de lui rappeler que son père ne faisait plus partie de sa vie, qu’il ne le verrait plus jamais et ça le rendrait triste. Sa mort était encore trop récente pour qu’il repense à lui sans avoir ce manque, dans son cœur... Je savais ce qu’il ressentait. Parce que j’avais ressenti ça, quelques années plus tôt, quand j’avais appris la mort de notre enfant. Et encore, si j’avais dû moi aussi faire mon deuil, les choses avaient été différentes. Parce que je n’avais pas passé la plupart de ma vie avec cet être que j’avais perdu, Logan si. S’il tentait de le cacher, je savais cependant ce qu’il ressentait au fond de lui. Et je n’osais même pas imaginer la souffrance que ça devait être. Pour cette simple raison, je voulais lui épargner tous ces moments à parler de son père avec nostalgie, à regretter de ne pas l’avoir revu… Je voulais être là pour lui, l’aider à traverser cette épreuve, et lui épargner un peu de cette souffrance qui l’aurait détruit s’il avait dû affronter sa mort seul. Je préférais ainsi parler avec lui de son père, mais tout en faisant de mon mieux pour le faire sourire, et pour que ces souvenirs ne l’affectent pas trop.
Continuant ses caresses, Logan me rendait un peu plus folle à mesure que les secondes s’écoulaient, et seule sa voix, et ses mots me permettaient encore de résister à la tentation. Car l’envie de me retourner pour lui demander de cesser son petit jeu et de passer aux choses sérieuses me tiraillait. Comprenez bien, j’étais restée quatre ans sans le toucher, sans le sentir près de moi. Quatre années pendant lesquelles aucun autre homme ne m’avait touchée, à la fois parce que je n’avais pas pu, mais aussi parce que je n’avais pas voulu. Eh oui, pendant ma grossesse, si j’avais ressenti un désir comme celui-ci à de nombreuses reprises et ce sans qu’un homme n’ait à me toucher comme il le faisait à cause des hormones, je n’avais cependant pas cédé à la tentation. Après ma grossesse, j’étais tombée en dépression, la seule envie que j’avais eue, avait été de mourir, et les anti-dépresseurs que j’avais dû prendre pour cette raison avaient considérablement fait baisser ma libido. Alors, oui, ce que Logan était en train de m’infliger là s’approchait de la torture. J’avais l’impression que ses mains étaient partout sur mon corps et ses lèvres, elles, dévoraient mon cou. Bientôt, sa peau entra en contact avec la mienne, juste au dessus de mon ventre, et ses lèvres capturèrent le lobe de mon oreille. Quelle torture. Je n’étais plus capable de quoi que ce soit, si ce n’était gémir, et presser un peu plus mon corps contre le sien, pour l’inciter à continuer, et à m’en donner plus. C’était comme mettre un bon gâteau bien crémeux sous le nez d’un ancien obèse qui n’a pas touché à une seule pâtisserie en dix ans. Enfin, vous voyez ce que je veux dire. C’était tout simplement insupportable, et si nous n’avions pas eu ce semblant de conversation, j’aurais craqué depuis longtemps. Alors, entre deux soupirs, entre deux caresses, j’écoutais ce qu’il me disait, tout en tentant de lui répondre comme je le pouvais. Je ne me raccrochais plus qu’à ça. Et lorsque nous en étions venu à parler de notre couple, de combien nous étions spéciaux, l’un pour l’autre, il me répondit :
« - j’étais loin d’être le type le plus sociable du lycée. J’te parle pas des renvois et punitions que j’ai récoltés avec Liam. C’qui m’étonne, c’est que tu étais la seule à me tenir tête. Tu sais que même sans ça, je serais tombé amoureux de toi… »
J’étais incapable de répondre correctement à ce qu’il venait de me dire… Incapable de m’embarquer dans une argumentation qui lui prouverait, par A+B, que malgré tout ce qu’il pouvait dire, il avait toujours été, aux yeux des demoiselles, l’un de ceux avec qui il fallait sortir au lycée. Soupirant de nouveau, je préférai répondre à sa dernière remarque, dans un sourire, je lui soufflais :
« Il fallait bien que quelqu’un te résiste… J’me suis dit à l’époque que tu devais te lasser de ces minettes qui cédaient à tous tes caprices, et qu’il te fallait une femme de caractère… »
Il y avait à la fois du faux et du vrai, dans ce que j’avais dit. Jamais je ne m’étais forcée à le contredire pour le faire tomber amoureux de moi, par exemple. Bien au contraire. J’avais joué sur les deux tableaux. Comme avec tout le monde, d’ailleurs. A la fois douce et romantique, mais aussi impulsive et têtue. Je n’étais pas une sainte, j’avais moi aussi mon petit caractère. Un caractère qui avait bien souvent déplu à mes compagnons de l’époque, pour la plupart gênés par celui-ci. Avec Logan, les choses avaient été différentes. Il n’avait pas été comme certains de mes petits amis le précédent. Il ne m’avait pas tout de suite fait la cour, tout de suite affirmé qu’il m’aimait, et qu’il voulait passer sa vie avec moi. Bien au contraire. J’avais attendu longtemps avant qu’il ne me dise « Je t’aime » pour la première fois. Et, en même temps, je ne lui avais pas non plus avoué tout de suite. J’avais attendu. Pour que ça soit sincère. Et ça l’avait été. Nous avions attendu, joué dans les non-dits, dans la douceur, parfois dans la provocation, et c’était ce qui l’avait rendu si différent des autres, à mes yeux. C’était ce qui m’avait attiré chez lui, et probablement ce qui l’avait attiré chez moi, bien que je ne puisse rien avancer de ce côté-là.
Au final, nous nous complétions. A deux, nous étions plus forts. A deux, nos cœurs étaient enfin complets. A ses côtés, je me sentais enfin moi. Parce qu’il faisait partie de moi, c’était indéniable, même s’il m’avait fallu un peu de temps pour le réaliser. Peu importait le passé, je savais à présent qu’il était indispensable à ma vie, et c’était tout ce qui comptait. Je savais à présent ce que je voulais. Et je le voulais, lui. Je le voulais à mes côtés, pour le meilleur, comme pour le pire, comme nous l’avions promis. Je voulais qu’il m’aime, qu’il me cherche, qu’il me fasse ressentir tout ce que je ressentais à présent. Cet amour, cette passion, ce désir. Je voulais ressentir cela chaque jour et ce, même si à cet instant, le désir que je ressentais pour lui devenait de l’ordre de l’insupportable. Et, alors que je pensais qu’il allait céder, Logan me fit la plus horrible des choses. Il cessa tout. Soudainement. Sans prévenir. Ses mains quittèrent brusquement mon corps, ses lèvres délaissèrent ma peau, et il s’était dirigé dans le salon, me laissant seule dans la cuisine dans un état de frustration comme je n’en avais jamais connu. Frustrée, contrariée, je n’avais pas perdu de temps avant de le rejoindre pour lui dire un peu ma façon de penser. Lui faisant part de mon mécontentement – pourtant déjà bien visible – je l’avais alors mis en garde, lui conseillant de ne pas recommencer ce qu’il venait de me faire. J’étais en colère après lui, tiraillée entre désir, frustration et amour. Et sur tous ces sentiments, ce fut l’amour qui prit le dessus, l’amour auquel je n’avais pu résister lorsque je l’avais vu me tendre la main. Je l’avais alors rejoint, et nous avions commencé à danser.
Et dans ses bras, rapidement, un autre sentiment m’habite. Un besoin de se confier à lui, de lui faire part de quelques éléments concernant notre séparation, ma vie en Suisse, mais aussi ce bébé dont je ne lui ai pas encore vraiment parlé. De là, le sujet de mon père revient sur le tapis… Et si nous sommes en désaccord à son sujet, si je réalise combien son envie de voir mon père derrière les barreaux peut s’avérer néfaste, je ne peux cependant rien faire pour le convaincre de changer d’avis. Au contraire, c’était lui qui tentait de me convaincre que sa solution était la meilleure, et qu’un jour, nous pourrions retrouver ce que nous avions perdu. Ainsi, il m’avait demandé de ne plus penser à cela, et plutôt de me consacrer sur l’avenir qu’on pourrait avoir ensemble, sur un nouveau mariage éventuel. J’avais été agréablement surprise par ces derniers mots. Surprise, parce que j’aurais cru qu’après l’échec qu’avait été notre mariage, il n’aurait jamais voulu retenter l’expérience. Et si, entre nous, cela m’avait fait de la peine, j’aurais en revanche été capable de le comprendre. Et dans le fond, le mariage ne m’était pas nécessaire. Ce qui comptait le plus, à mes yeux, c’était surtout qu’on passe le reste de notre vie ensemble. Et puis, il restait mon mari, dans mon cœur, alors un bout de papier ne changeait pas grand-chose, à mes yeux. Ca n’était pas le plus important. En l’entendant me suggérer cela, je n’avais pu m’empêcher de lui demander si c’était ce qu’il voulait vraiment, cherchant à savoir si notre mariage ne l’avait pas plutôt dégoûté. Je le vis se mordre la lèvre inférieure à ma question, et je devinais alors que j’avais vu juste, et que notre mariage lui avait laissé bien plus de mauvais souvenirs que je ne l’aurais voulu. Je baissai un instant les yeux, jusqu’à ce que, de son index, il retrace le contour de ma mâchoire, m’obligeant ainsi à le regarder.
« - Pour être honnête, j’ai commis pas mal de dégâts à notre divorce… j’étais sacrément en pétard ! » Ca, je pouvais bien l’imaginer. Nous n’avions pas pu nous expliquer… Avant que je lui envoie ces satanés papiers – dont j’avais cru qu’ils avaient été rédigés de sa propre initiative – ou encore avant même que je parte. Il avait dû être fou de rage. Il avait dû se sentir trahi. Comme moi. « J’avais pas de nouvelle. Ton père faisait le forcing pour m’empêcher de savoir où tu étais, comment tu allais… alors j’ai commencé à me dire que tu regrettais notre mariage. J’ai jamais voulu te faire du mal… alors je t’ai rendu ta liberté en signant les papiers. »
Je baissai les yeux un instant. Bizarrement, je comprenais ce qu’il voulait dire. Parce que j’avais ressenti la même chose. Et c’était ce qui me rendait mal à l’aise. J’avais signé ces papiers parce que j’avais moi aussi pensé, à l’époque, que ça lui rendrait sa liberté, et que c’était tout ce qu’il voulait. Au final, nous avions agit de la même façon, tous les deux, sans savoir que, ce faisant, nous donnions à mon père exactement ce qu’il avait voulu.
« J’ai jamais voulu qu’on en arrive là. J’veux ton bonheur… C’est toujours ce qui a le plus compté pour moi. Notre mariage n’avait absolument rien d’une erreur. Et si c’était à faire, je le referais. Sauf que cette fois ci, je m’arrangerais pour te garder près de moi… Alors oui, retenter l’expérience ne me fait pas peur. La seule chose qui me détruirait, ça serait de te perdre… définitivement. Comme ma mère a perdu mon père. »
J’avais d’abord esquissé un sourire, à ses premiers mots. Parce que jamais il ne s’était autant confié à moi de la sorte, jamais il ne m’avait fait de déclarations comme celles qu’il avait faites ce soir. En l’entendant me dire que, malgré tout, il me voulait pour femme, il me rendait heureuse. C’était stupide pourtant, car il ne s’agissait là que de mots, et ces derniers ne me garantissaient pas que nous finirions par retrouver ce que nous avions perdu, et pourtant, ils suffisaient à me rassurer, mais aussi à me faire espérer. Mais en l’entendant prononcer ces derniers mots, cependant, je secouai la tête. Je ne voulais pas entendre parler de ça. Je ne voulais même pas y penser. Imaginer qu’un jour, la mort vienne à nous séparer me rendait malade. Je savais pourtant que c’était inévitable, et pourtant, je refusais d’y songer ne serait-ce qu’une seule seconde.
« Arrête. S’il te plait. Ne parle pas de ça… J'préfère pas y penser. Tu viens de me retrouver... On vient de se retrouver. On se perdra pas de si tôt. Je nous l'interdis. »
Je souris. Je préférais éviter le sujet. Comme je préférais éviter de penser à ce que mon père serait prêt à lui faire. Logan ne s’en rendait peut-être pas compte, mais je m’inquiétais pour lui. J’avais peur qu’on soit séparés, que mon père nous sépare. Peur qu’il finisse même par se débarrasser définitivement de lui. Alors, évoquer la mort de l’un de nous deux m’était insupportable. Je savais que je ne survivrai pas à sa mort. Celle-ci m’anéantirai, encore plus encore que celle de notre enfant ne l’avait fait. Parce que, même si certaines personnes seraient à mes côtés s’il venait à mourir, comme Court’, comme Liam et bien d’autres, ceux là ne me suffiraient pas à m’en sortir. Mon envie de cesser de vivre serait bien trop forte. J’en mourrai.
Le sujet de mon père étant lancé, je lui avais alors demandé de faire attention. Je ne voulais pas qu’il prenne des risques inutiles. Je ne voulais pas que la vie vienne à me le retirer un jour à cause de mon père. Alors, certes, je m’inquiétais pour Logan, l’idée qu’il affronte mon père m’angoissait, mais c’était naturel, il me semblait, après tout ce que nous avions vécu à cause de lui. Il était normal que je m’inquiète de ce que mon père pouvait lui faire. Quatre ans plus tôt, il n’avait pas hésité à s’en prendre à moi, à notre bébé, pour faire payer à Logan « l’affront » qu’il avait fait en m’épousant, et en me faisant un enfant. Jusqu’où serait-il prêt à aller, pour s’assurer une bonne fois pour toutes, que Logan ne ferait plus partie de ma vie ? Je préférais même pas me l’imaginer. Auparavant, j’avais cru mon père inoffensif. Même quand Logan m’avait dit que mon père allait le tuer, s’il venait à apprendre notre union, je lui avais assuré que ça ne serait pas le cas. J’avais été loin de croire, à l’époque, qu’un jour, mon père pourrait effectivement aller jusqu’à prendre une vie pour s’assurer que Logan n’en ferait plus partie. Maintenant, cependant, après ces quatre années, après tout ce que j’avais enduré à cause de lui, cette idée ne me semblait plus si improbable. Logan tentait par tous les moyens de me rassurer, mais rien n’y faisait. J’avais beau être dans ses bras, il avait beau me dire les paroles les plus réconfortantes qu’il avait, il ne m’enlèverait pas cette inquiétude que j’avais pour lui. Avant, j’avais été insouciante. Maintenant, les choses étaient différentes. Maintenant, j’avais pris conscience de la fragilité de la vie, et l’inquiétude ne me quitterait pas si facilement. Tandis que Logan déposait un baiser dans mes cheveux il déclara un : « Je serais prudent. » qui ne me rassura pas complètement, mais qui m’assurait néanmoins qu’il ferait attention. Et c’était tout ce que je pouvais obtenir à cet instant. Pour seule réponse, je resserrai mon étreinte autour de sa taille, déposant un baiser dans son cou. Sa main remonta alors à ma nuque, qu’il massa lentement, comme pour me détendre.
« Tu dois voir la vie du bon côté. Tu as une famille, des amis. Tu finiras par retrouver une partie de ta vie… c’est qu’une question de temps. »
Une famille. Il me restait quoi à présent, de ma famille ? Mon père était une pourriture, et ma mère ne valait pas mieux que lui. La seule famille que j’avais, c’était Court’, et lui. Et pour ce qui était de mes amis, rien ne me garantissait que je les aie toujours… sauf peut-être Liam, puisque Logan m’avait déjà assuré que c’était le cas. Les autres me pardonneraient-ils mon départ précipité et mon long silence de quatre ans ? Je n’en étais pas si sûre. Cependant, je savais que Logan avait raison, et que le temps m’aiderait à reconstruire une famille, et à retrouver mes amis… C’était du moins tout ce que j’espérais.
Je préférais cependant ne pas répondre, et ce fut sans plus attendre que Logan m’entraina vers le bar où il me servit un verre. Il n’avait bien entendu pas perdu une seule seconde avant de lancer une autre blague, dans le simple but de me faire retrouver le sourire. Et cela avait marché. Au fil des minutes, il avait même fini par me faire rire. Rapidement, comme un jeu de séduction s’était installé entre nous. Parti d’abord de simples taquineries, nous en étions – ou j’en étais – cependant venue à lui lancer des regards lourds de sens et de sous-entendus. Je voyais bien que Logan avait du mal à résister. Se concentrant sur les verres d’alcool qu’il servait, il tentait de fuir mon regard. J’esquissai un sourire satisfait. Au moins, même après toutes ces années, je constatai que je lui faisais toujours le même effet, et ça n’était pas pour me déplaire… Même si, aujourd’hui, contrairement à avant, nous devions nous maitriser et ne pas céder à nos désirs, sous peine de nous précipiter dans quelque chose qui ne nous conviendrait peut-être pas. Nous devions prendre sur nous, et nous le savions tous les deux. Cependant, rien ne nous empêchait de nous provoquer. C’était pour cette raison que, lorsque Logan m’avait menacée de me déshabiller dans les trente secondes si je continuais à le regarder ainsi, je n’avais pas cessé, bien au contraire, lui expliquant même qu’il aurait dû le dire plus tôt et que s’il n’y avait que ça pour le décider à me retirer mes vêtements, j’étais prête à le regarder toute la soirée. Il rit tout en répondant :
« J’ai aucun doute là-dessus. Mais seras-tu vraiment prête à finir totalement frustrée ? »
Visiblement sa détermination à faire les choses bien était plus forte que je ne l’aurais cru. En temps normal, il y aurait eu belle lurette qu’il m’aurait sauté dessus et fait l’amour. Ce soir cependant, il se maitrisait… Et me frustrait, par la même occasion, et je n’aimais pas ça. Mais qu’à cela ne tienne, je finirai par me venger, ça n’était qu’une question de minutes. Je haussai alors un sourcil, faussement perplexe, et, feignant de ne pas comprendre où il voulait en venir – ou où il ne voulait pas en venir, justement -, je déclarai :
« Totalement frustrée ? Hm… Etrange, j’avais pour habitude de toujours finir complètement comblée… Aurais-tu perdu de ton talent ? », demandai-je alors histoire, encore une fois, de le taquiner légèrement, mais aussi de le provoquer. Avec moi, il n’aurait pas le dernier mot. Pas souvent, du moins. Et s’il avait pensé me faire taire en me sous entendant clairement qu’il ne se passerait rien entre nous, je préférais de loin jouer les sottes, et continuer ma provocation.
Nous continuâmes par la suite de parler et, après de nombreuses déclarations de sa part, après qu’il m’ait donné son alliance, et qu’on ait encore une fois parlé de celles qui lui tournaient autour – mais également de ceux éventuellement capables de me tourner autour - ; j’avais décidé de prendre les choses en main. Il est finalement temps que je me venge, et que je lui fasse comprendre le véritable sens du mot frustration. Posant mes lèvres sur les siennes, laissant mes mains parcourir son corps, j’avais rapidement ôté la chemise de Logan afin de pouvoir l’embrasser plus à mon aise. Entre caresses, soupirs et baisers, j’avais failli me perdre. J’avais même été jusqu’à retirer mon propre haut, à la fois parce que je commençais à avoir chaud, mais aussi et surtout pour le pousser à bout. Je prenais un risque, à cet instant. Celui qu’il ne craque, qu’il ne finisse par céder, et que même nos meilleures résolutions s’envolent et ne viennent pas à bout de ce désir qui nous habitait à cet instant. Cependant, j’arrêtai brusquement mes baisers, mes caresses, et mon corps qui se pressait au sien s’était éloigné tandis que je lui avais rappeler qu’il devait nous commander à diner. La réaction de Logan fut instantanée. La frustration qui se dessinait sur son visage était plus qu’évidente, et je devais avouer que, pour le coup, j’étais plutôt fière de moi. Il m’évita pendant quelques secondes, me repoussant presque lorsque je m’approchai pour l’aider à reboutonner sa chemise. Comprenant sa frustration, je n’avais rien dit, et m’étais éloignée sans plus attendre, avant de lui conseiller de boire un verre, histoire qu’il se remette les idées en place. Lorsque je revins, il s’éloigna de nouveau, avant de m’expliquer qu’il n’était pas bon qu’on ne se contrôle pas, comme on le faisait. Selon moi, il avait tort. On se contrôlait. Plus qu’auparavant. Et si notre désir nous laissait quelques fois nous emporter, ça n’était que parce que nous étions incapable de vivre l’un sans l’autre et que nous avions besoin de rattraper ce manque que nous avions connu, d’une manière ou d’une autre. Il haussa les épaules, en m’entendant parler et lorsque j’eus terminé, il me regarda, penchant sa tête sur le côté.
« - T’as pas idée de ce que je ressens quand tu es là… je sais pas te résister, Casey. J’ai besoin de te toucher, de t’embrasser… » Il soupira, avant de se rapprocher de moi « J’ai peur de te faire du mal et en même temps, j’ai besoin de tout ça. Y’a toujours ce vide autour de moi quand t’es pas là… ça fait quatre ans que je survis. Et maintenant que tu es de retour, je me bats pour éviter de me montrer trop brutal ou animal… »
Je soupirais à mon tour. Tout ce qu’il venait de m’expliquer était inutile. Je savais pertinemment ce qu’il ressentait. Pour la simple et bonne raison que je ressentais la même chose. Moi aussi, j’avais besoin de ce contact physique, aujourd’hui encore pus qu’avant. Depuis que j’avais retrouvé toutes ces sensations, quand il me touchait, l’idée de les perdre me semblait inconcevable. Et je me battais également pour ne pas lui sauter dessus – au risque de passer pour une obsédée – je me battais également pour ne pas en arriver là. Je savais donc pertinemment ce qu’il ressentait, et je ne pouvais lui en tenir rigueur.
« Logan… Tu sais très bien que tu n’es pas le seul à être dans cet état… Tu crois que je suis comment, en ta présence ? Tu sais que j’ai jamais pu te résister bien longtemps… Après toutes ces années, il m’est encore plus difficile de ne pas céder. Je me retiens aussi pour ne pas te sauter dessus, parce que ça ne ferait que compliquer les choses, mais aussi parce que j’ai pas envie de passer pour la pauvre fille en manque. »
Je poussai un léger soupir après mes mots, avant de lui adresser un léger sourire. Comme pour me prouver que le moindre contact lui était nécessaire, Logan s’empara de ma main, me faisant ainsi sourire. Je lui avais alors confié que j’avais besoin de temps, que ça nous était nécessaire, mais que ça m’était surtout indispensable pour réfléchir… Ce à quoi il avait répondu qu’il ne me laisserait pas faire, pour éviter de voir mon « joli petit cerveau » partir en fumée. A cette remarque, ma réaction avait été instantanée. Le frappant légèrement, je lui avais alors répondu qu’avec des remarques comme celles-ci, ce seraient bientôt ses chances de m’avoir un jour dans son lit qui partiraient en fumée. Il rit immédiatement, avant de répondre :
« Menteuse. Tu le feras pas… et je te rappelle que pour faire l’amour, c’est plus intéressant à deux ! »
Je lui lançai un regard qui se voulait provocateur, avant de répondre :
« Justement. Puisque c’est plus intéressant à deux, tu ferais mieux de ne pas me chercher, si tu ne veux pas finir tout seul… »
Jamais je n’oserai lui faire ça. De toute façon, je ne pourrais pas résister s’il venait de nouveau à l’attaque. Je céderai forcément à ses avances. Néanmoins, lui faire savoir n’était pas la meilleure des solutions. C’était notre truc, à nous, les filles malignes : se montrer inaccessible, pour entretenir le mystère, et rendre le jeu de séduction beaucoup plus attractif.
Sans plus attendre, Logan s’était rendu dans le salon pour commander notre repas. Je l’avais d’abord laissé faire avant de le rejoindre et de passer ma main dans ses cheveux avec douceur. Je le vis réagir à ce contact, je le vis frissonner, et je ne pu retenir un sourire à cette vision. Alors qu’il m’avait attirée contre lui en se laissant tomber sur un fauteuil, et de nouveau enlacée, j’avais tenu à m’excuser pour ce que j’avais fait, et je lui avais alors promis que je ne jouerai plus avec sa résistance, malgré mon besoin de l’avoir près de moi, et de le toucher. Il mettait en doute ma capacité à ne plus le tenter, et m’expliquait qu’en tant qu’homme, ses réactions, à lui, étaient différentes et que, de ce fait, il craignait de me blesser. J’avais bien entendu contesté ses paroles. Il n’était pas comme n’importe quel homme. Il était mon homme et il ne pourrait jamais me blesser.
« Je crois pas. Non. Je suis pas un ange et tu le sais. J’ai toujours fait de mon mieux pour être le plus doux possible mais j’suis encore loin du parcourt sans faute. »
Je soupirai.
« Arrête. Tu ne me feras pas de mal, Logan. Que tu n’sois pas un ange, ça n’y change rien. Tu l’as dit toi-même, tu as toujours fait de ton mieux pour être le plus doux possible. Ca continuera comme ça. » J’agrémentais mes paroles d’un baiser sur son front.
Puis, le sujet changea du tout au tout, lorsque Logan songea à la réaction qu’aurait son meilleur ami lorsqu’il apprendrait que j’avais sauté sur Logan. M’agitant sur lui, j’avais tenté de le convaincre de ne rien dire à son meilleur ami. Car je savais déjà ce que ce dernier me réserverait s’il venait à apprendre une telle chose. Il me charrierait pour les dix prochaines années à venir, et je passerai pour la fille obsédée qui ne sait pas résister à son homme. Hors de question. Je savais me contrôler et il était exclu que Logan sous entende le contraire. Logan riait sous moi, et profitait de mon agitation pour serrer un peu plus contre lui pour m’empêcher de bouger.
« D’accord, je dirais rien… mais tu connais Liam lorsqu’il est décidé à me tirer les vers du nez. Il peut être très convaincant… » « Je le sais très bien, mais ça n’est pas une excuse. Alors prie pour qu’il ne soit pas convaincant cette fois-ci, ou tu le regretteras, Mon Chéri… »
Il s’agissait là de menaces en l’air, et il le savait pertinemment… Cependant, je ne pouvais le laisser faire. Alors que je laissai ma tête reposer contre la sienne, et qu’un léger silence s’installa entre nous, il glissa sa main sous mon haut et commença à caresser le bas de mon dos. Des frissons parcoururent sans plus attendre mon échine toute entière, et je poussai un soupir de plaisir. Mes doigts se firent plus pressants dans ses cheveux, et je tentai de rester concentrée en l’écoutant reprendre la parole :
« Dans mes rêves… tu ne revenais pas seule à San Diego. Je t’imaginais… remariée avec un type plein aux as que j’aurais détesté au premier regard. »
A ses mots, j’esquissai un léger sourire. C’était de loin le rêve le plus improbable dont il m’avait parlé. Lorsqu’il leva les yeux dans ma direction, je levai les yeux au ciel, pour lui faire comprendre ce que je pensais, et il rit sans plus attendre.
« J’te jure… et c’était pas le pire de tous mes cauchemars… »
Je ris de nouveau, avant de lui répondre :
« J'veux bien te croire... Mais... T’as jamais fait de rêves me concernant ? Des vrais rêves, pas des cauchemars, dans lesquels je revenais, seule, comme aujourd’hui et à la fin desquels on finissait heureux pour le reste de nos jours ? »
Je l’embrassai une nouvelle fois sur le front, laissant ma tête reposer sur la sienne. Des rêves. J’en avais fait beaucoup, ces dernières années. La plupart avaient été des cauchemars, je devais le reconnaitre. Des cauchemars dans lesquels Logan apparaissait souvent, tout comme mon père. Le pire de tous était celui où Logan venait me rendre visite avec mon père, dans l’institution dans laquelle j’avais été placée. Il venait en compagnie de sa nouvelle femme, Sarah, une bimbo blonde que je ne pouvais décemment pas supporter, même en rêve. Tous les trois me rendaient visite, et venaient pour m’annoncer avec une grande joie que mon fils n’était pas mort, et que le directeur m'avait menti. Après la joie de la nouvelle, et celle des retrouvailles, ce moment où je tenais ce tout petit bébé dans mes bras, survenaient les larmes de celle qui suivait : Logan et Sarah avaient décidé l’élever, pour son bien, disaient-ils. Et lorsque je demandais si je pouvais, moi aussi, faire partie de sa vie, mon père et Logan me répondaient à l’unisson qu’il en était hors de question, que je n’étais pas assez stable pour cela, et qu’il serait meilleur, pour cet enfant, que je ne fasse jamais partie de sa vie. Mon rêve s’était toujours terminé de la même façon : je suppliais mon père et Logan de me rendre mon bébé, et de me laisser sortir, mais tous deux – ou tous les quatre, si l’on comptait Sarah et le bébé – s’en allaient en me laissant là.
Sa main sur mon visage me sortit de mes songes, de mes souvenirs. Je redressai instantanément la tête, avant de lui adresser un léger sourire. Nos visages se rapprochèrent, et lorsque nous allions nous embrasser, je sentis quelque chose se poser sur ma cuisse. Il s’agissait de la tête d’Hendrix. Logan laissa s’échapper un soupir, et je ne pu m’empêcher de rire en voyant son chien le fixer ainsi.
« Regarde-le, comme c’est mignon. Il est en complète admiration devant toi… Peut-être que c’est lui, que tu devrais prendre sur tes genoux… », dis-je pour le taquiner gentiment.
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| | | « C. Logan Matthews »
Messages postés : 73 à San Diego depuis : 02/10/2010 Emploi/Situation : barman
| Sujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey Sam 15 Jan - 0:54 | |
| Tout s’effaçait. La vie reprend son cours. Je ne sais pas à quoi je m’attendais lorsque je l’ai vu réapparaitre dans cette ruelle. Je n’ai aucune idée précise de ce que sa présence changerait pour moi. Sauf que visiblement ça change beaucoup plus de chose que ce à quoi je me suis attendu. La sentir près de moi, en sécurité, dans mes bras, c’était un pur soulagement. Je refusais de la laisser s’échapper. Parce que j’avais peur pour elle. Une crainte que j’aurais du mal à contenir dorénavant. Sa famille me l’a enlevé pendant quatre longues et terribles années. Personne ne peut imaginer la souffrance que l’on peut endurer lors d’une telle absence. Chaque jour on espère, chaque jour on fait une croix sur le calendrier et chaque jour on tente de faire taire cette souffrance au plus profond de son cœur. Mais surtout chaque jour on veut croire que l’être qu’on aime va bien. Et j’ai prié pour ça. Mais dans le fond, j’ignorais tout du calvaire qu’elle subissait. Et aujourd’hui qu’en est-il ? Je m’en veux comme ça ne m’est jamais arrivé. Car j’aurais dû mettre son père au pied du mur. J’aurais dû outrepasser mes droits pour la retrouver. J’aurais pris un risque c’est vrai mais peut-être cela nous auraient-ils permis de nous retrouver plus vite et de ne pas avoir à subir cette absence infernale que ses quatre années ont représentées.
Son retour était pour le moins inattendue, je l’admets. Mais ça rentrait dans la catégorie des bonnes surprises. Je pourrais lui en vouloir de réapparaitre à ce moment précis de ma vie. Je pleure la mort de mon père et elle, elle se décide enfin à sortir de l’ombre. Je pourrais aussi l’accuser de ne pas avoir cru en notre mariage, même si dans un sens j’étais également le fautif, car son père n’aurait pas gagné si j’avais refusé de signer les papiers du divorce. Sauf que sa lettre changeait tout. Pas une seconde, je n’ai douté de la véracité de ses propos. Pas une seconde, je n’ai pensé qu’elle pouvait me mentir. L’aurait elle fait ? Je suis persuadé que non. Elle n’est pas comme son père et ne le sera jamais. Casey est trop loyale et notre relation était si fusionnelle qu’il m’est impossible de l’imaginer en train de me mentir. Sauf si ça serait pour me protéger. Dans cet unique cas, je crois qu’elle en serait capable. Alors que certains l’auraient repoussé sans ménagement, je l’invite progressivement à raccorder ce lien qui nous unissait. Je sais que le temps nous sera des plus utiles. Mais je crois sincèrement qu’on peut y arriver. Car à mes yeux, il existe une raison si depuis son départ je ne me suis pas senti capable de m’investir dans une relation. Car avec son départ et notre divorce, j’en avais le droit. Sauf que mon cœur lui appartenait toujours et qu’il m’était impossible d’aimer une autre femme alors que mon cœur me criait que Casey y résidait déjà.
Ce futur, j’ignorais de quoi il serait composé. Qu’elle soit à mon côté était ce qui m’importait le plus. Pendant quatre ans, je n’avais plus vu la lumière du jour. J’avais erré comme une âme en peine, me mettant en mode automatique. Je parlais peu et je me renfermais sur moi-même. Ce qui avait des conséquences sur mon entourage. Je devenais ingérable et je m’emportais pour un rien. Pour dire, lorsque j’entendais le prénom de Casey dans une conversation, je voyais rouge. C’était incontrôlable. Au fil du temps, mon entourage comprit bien vite qu’il ne fallait plus parler ni des Forsythe et encore moins de Casey. Parce qu’elle me manquait à en crever. Une sombre douleur abyssale m’habitait et personne ne savait comment me soulager de cette souffrance. Rien n’y avait fait. J’avais eu beau rencontrer d’autres femmes, sortir avec Liam, tenter de me changer les idées, c’était Casey que je voulais, pas une vulgaire copie destiné à me divertir. Alors oui, maintenant qu’elle est de retour, je refuse de m’en écarter ne serait-ce que l’espace de quelques minutes. Parce que ma peur de la perdre s’est intensifiée au fil des années. Je suis malade d’elle. Parce que jamais, je n’ai songé que mon amour pour elle, risquait un jour de me consumer à ce point. Son absence aurait pu me tuer mais par chance, elle est revenue. Dans l’un des moments les plus difficiles de mon existence. A ce jour, je réalise qu’elle est là pour moi. Qu’elle me soutiendra dans la mort de mon père. Qu’elle m’aiderait à voir le bout du tunnel et qu’ensemble, on pourra tenter de reconstruire quelque chose. Qu’il y a quelque chose à espérer dans la vie, en fin de compte. Et moi, j’espérais avoir une vie bien remplie avec elle. Car elle est tout ce que j’ai toujours désiré dans ma vie. Ce, même s’il m’a fallu qu’on soit séparé pour que j’en prenne totalement conscience.
Son contact m’est vital. Ça ne fait pas une heure que nous nous sommes retrouvés en face l’un de l’autre sur la plage que déjà, je suis incapable de contrôler ce besoin primaire et animal de la toucher. En partie parce que je veux m’assurer qu’il ne s’agit pas de l’un de ses rêves où elle réapparaissait dans ma vie, avant de se volatiliser soudainement. Son contact m’est si bon et si réel que je ne peux que poursuivre ce moment. Je n’arrive plus à m’écarter de son corps. Mes lèvres dans son cou, je peux sentir les battements de son cœur sous mes lèvres. A ce rythme effréné, je sais, que tout comme moi, elle parvient difficilement à contrôler ce désir qui nous consume. Ça n’est pas une simple pulsion. Ça ne l’a jamais été entre nous. C’est plus fort, plus puissant, plus dévorant. Et je n’ai plus ressentit depuis quatre ans. A cette seconde, j’ai juste l’impression de réellement revivre. Je retrouve ma vie. Celle que j’aime. Mon moteur. Car elle est ma motivation première. Sans elle, je stagne et j’erre sans but. Quand elle est, je respire à nouveau et je peux alors la contempler rayonner autour de moi. On a traversé un désert aride loin l’un de l’autre mais pourtant, on semble prêt tous les deux à s’en sortir ensemble, plus uni que nous ne l’avons jamais été. Les jours à venir, nous serons mis à rude épreuve mais j’ai confiance. Notre couple est fait pour entrer dans l’histoire, pour durer. Car si ça n’était pas le cas, je n’éprouverais pas cette multitude de sentiments au travers d’un simple contact. Casey est le centre de mon existence. Ma vie tout simplement.
Je sais aussi que pour que nous plantions nos fondations, qu’on reparte sur de nouvelles bases, il nous faut établir quelques règles. Comme pour trouver un peu de bonheur. Elle ne doit pas se cantonner à rester enfermé. Par-là, je ne veux pas l’obliger à sortir et voir du monde. J’aimerais qu’elle en prenne seule la décision. Qu’elle le fasse de son plein gré. Car c’est ce qu’il pourrait lui arriver de mieux et la sortir de cette dépression qu’elle m’a légèrement évoqué. Ça n’est pas simplement parce que je l’aime que je fais ça. Casey a toujours bien plus représenté à mes yeux. Il lui faut retrouver confiance. En elle, en nous, en ceux qui ont été ses amis. Je sais que ça lui sera difficile. Ceci dit, je ne lui cache pas que déjà elle peut compter sur mon soutien et celui de Liam. A son sourire, je sais qu’elle tente de me rassurer et de me convaincre qu’elle tentera d’atteindre mes espérances. Parce qu’à cette seconde, il ne s’agit pas simplement de Casey ou de moi, mais de nous et de ce couple que nous tenons encore à former.
Protecteur était l’une de mes qualités selon ma mère. Sauf que je pouvais m’avéré possessif à d’autres occasions. Dire que j’avais mal vécu notre séparation et divorce, ça n’était pas un euphémisme. Ma crainte de la voir me quitter une seconde fois me serait fatale. Je le sais car j’ai déjà touché le fond une fois. Et si ma famille n’avait pas été présente pour me soutenir, je ne serais plus là pour en attester. Je ne cache pas ma peur. Au fond, elle doit le savoir. Car tout comme moi, elle connait ce sentiment destructeur. Ce sentiment que l’on ne souhaite de ne jamais ressentir à quelqu’un.
Ceci dit, je sais qu’elle doit se poser un bon nombre de question sur ses années. Sur ce que j’ai fait. Sur la façon dont Liam a pris son départ. Car même s’il est mon meilleur ami et m’est loyal, rien n’indique pourtant qu’ils sont faits pour s’entendre. Sauf que j’ai confiance en eux deux. Liam est bon et sait reconnaître quelqu’un qui en vaut le coup. Et même s’il a une dent personnelle contre Casey, vis-à-vis de son départ, il aura le bon cœur de ne pas lui en faire part devant moi. Il préfèrera la confronter seul à seul pour essayer de comprendre et de mettre les choses au clair. Parce qu’il n’est pas insensible et qu’au-delà de son statut de fils à papa, il est l’un de types tout à fait ordinaire et qui aime jouir des petits plaisirs de la vie, tel que l’amitié et l’amour des siens.
L’idée de départ pour la faire rester ce soir était de la laisser préparer le dîner. Bien sûr, j’avais une autre idée derrière la tête. Et si je l’avais laissé faire à sa guise pour commencer, il ne m’avait pas fallu longtemps pour lui faire oublier le dîner et sa promesse de goûter un plat élaborer qui ne ressemblerait pas à du charbon. La divertir ne m’était guère compliqué et je devais admettre que je ressentais ce besoin irrépressible de la toucher. De m’assurer qu’elle soit bien là, entre mes bras. Ce qui m’épate c’est qu’elle s’évertue à poursuivre ce bout de conversation tout en parvenant à rester maîtresse d’elle-même, sous mes caresses et baisers. Car dans le passé, nous n’avions jamais été capable de nous résister plus de quelques minutes. Ce qui nous avait bien souvent conduit à nous retrouver dans des situations très compromettantes. Elle ne perd pas de vue son envie de me voir à genoux. Et bien que j’ai conscience qu’elle aura ce qu’elle veut un jour où l’autre, je ne me décide pas à lui donner totale satisfaction dans l’immédiat. Ça n’est que par le biais d’un comprit concernant nos sorties que je lui assure qu’un jour elle pourra me voir à genoux devant elle. Mais pour ça, je pouvais encore choisir le jour et l’heure. Ce qui voulait dire, qu’elle risquait d’attendre longtemps.
Plus les minutes s’écoulaient plus on se détendait au contact de l’autre. Les sujets s’enchainent aussi divers que variés, même les plus difficile à aborder telles que nos parents. Parler de mon père n’était pas prévu mais c’était venu spontanément dans la conversation. Songer à lui, répandait toujours cette souffrance insupportable dans mon cœur. Mais le fait que Casey soit présente, apaisait mon cœur. Je n’étais plus seul. Je l’avais elle. Et pour longtemps. A sa remarque, je ne pus m’empêcher de rire. C’est vrai que mon père avait toujours su nous cerner parfaitement. Dès le jour où je lui ai présenté Casey. Il avait vu dans le mille, avant même que l’on réalise nous-même combien nous tenions l’un à l’autre. Et c’était ce qui faisait de mon père, l’une des personnes qui me sont le plus cher dans mon existence.
« Uniquement dans tes rêves Forsythe. » répliquais-je du tac au tac. « Juste que tu es capable de faire de moi tout ce que tu veux… que j’ai toujours eu trop tendance à sous-estimé nos sentiments l’un pour l’autre. » Que notre amour peut tout combattre. Qu’on est plus fort ensemble. Il me l’avait répété mais pour moi, c’était une notion abstraite. L’amour ne pouvait pas donner des ailes. Mais j’avais tort. Et cette soirée me le prouvait. Parce qu’elle était là et qu’au fil du temps, nous étions en train de renforcer cette relation qui était la nôtre par le passé. Et il n’y avait aucune raison pour que ça ne se produise pas.
Evoquer mon père me rappelle qu’il n’est plus là. Je ne suis pas encore prêt à parler de sa mort, de l’accident et ne parlons même pas des funérailles. Un véritable calvaire. Je sais qu’Andy aurait surement bien rigolé de voir toutes ses personnes ravagé de chagrin à son enterrement. Lui, je sais ce qu’il aurait aimé. Qu’on fasse tous la fête et que l’on n’oublie surtout pas que la vie continue. Parce qu’Andy était tout ce que je n’ai pas eu à ma naissance. C’est un optimiste né. Moi, j’étais plutôt le pessimiste. Même si je faisais des efforts pour tenter de voir les choses du bon côté. Personne ne m’avait fait de reproches quant à sa mort. Par contre, moi je m’en faisais. Peut-être étais-je le seul à voir les choses en face actuellement. Car je reste persuadé que j’aurais pu empêcher cet accident. J’aurais dû aller avec lui ou simplement le retenir. Il pouvait être un véritable irlandais lorsqu’il l’avait décidé. Borné et complètement déraisonnable. Je ne dis pas que ça lui a fait du tort mais pour une fois, j’aurais aimé qu’il m’écoute. Au lieu de suivre son cœur. Bien évidemment, je comprenais pourquoi il tenait tant à rentrer mais ça n’était pas comme si ma mère fut en danger durant la soirée. Mais finalement sa décision, il l’a payé de sa vie. Et il ne brise pas seulement le cœur de ma mère et le mien, mais ceux de tout notre famille. Parce qu’Andy est et sera toujours dans les mémoires des irlandais Matthews. En un sens, je suis fier d’être son fils mais ça ne m’empêchera pas de crier au fort qu’il a été plus crétin que moi ce soir-là. Mais ça ne me le ramènera pas non plus. Et je dois me faire à cette idée qu’il n’est plus là mais qu’il souhaiterait que je me consacre à mon bonheur, sans avoir à vivre dans le passé.
Collé dans son dos, il ne m’avait pas fallu longtemps avant de baisser les bras. Mes résistances, lorsqu’il s’agissait de Casey, ont vraiment tendance à fondre comme de la neige au soleil. Alors forcément, je ne peux repousser plus longtemps mon besoin de la caresser et de l’embrasser. Je distingue sa respiration qui se fait de plus en plus saccadé sous l’intensité de mes baisers. Son cœur bat beaucoup plus vite et lorsque mes dents s’empare du lobe de son oreille, elle laisse filtrer ce gémissement de plaisir qui me ravit. Totalement. C’est ainsi que je l’aime. Complètement abandonnée. Elle ne demande rien. Elle est juste emplit de ce désir qu’elle ne peut plus contrôler. Elle en est encore plus attirante et plus sexy à mes yeux. Même si à cet instant, je ne peux pas distinguer le désir au fond de ses prunelles, je n’ai aucun doute sur l’intensité de son regard à cet instant. Assombrit par le désir, il n’en faudrait que très peu pour qu’on franchisse les dernière limites. Pourtant, on arrive – par je ne sais quel moyen – à poursuivre cette conversation. Lorsque je repense à notre adolescence. A tout ce temps où l’on s’est tourné autour, à sortir en « amis », tout ce temps à repousser le moment où l’on se dirait vraiment les choses. Je me rends compte qu’on a perdu beaucoup de temps à l’époque. Mais notre histoire serait-elle aussi belle, si nous avions brûlé ses étapes ?
« - Elles étaient bien foutues… » Répliquais-je pour ma défense. Ses minettes comme elle les appelait, elles étaient sophistiqué et sexy. C’est sûr que comparé à elle, Casey passait pour une sorte de dragon. Parce qu’elle ne se laissait pas marcher sur les pieds et qu’elle avait du plomb dans la tête. Et même si j’étais populaire auprès des filles, Casey n’était pas le type de fille que je fréquentais. Pourtant, je l’avais remarqué depuis longtemps. Casey ne rayonnait pas par ses tenues extravagantes, ni par un maquillage appliqué. Non, c’était un charme beaucoup plus fin. Il fallait l’observer à la dérobée, minutieusement. Son humilité, son calme et sa discrétion entrait parmi les atouts de la jeune Forsythe. N’importe quel type aurait pu me la ravir sous le nez, s’il s’était plus intéressé à elle qu’à son compte en banque. Or, j’ai eu une chance infini et ce, même si les premiers temps furent difficiles entre nous. Car nous étions incapables de se parler sans s’aboyer dessus. Car elle contestait chacune de mes paroles et que ça me rendait dingue de lui laisser le dernier mot. Alors oui, on ne cessait de s’opposer jusqu’à ce que je prenne les choses en mains et que j’use mon dernier atout pour la faire taire. Ce baiser, je m’en souviens encore. Tout comme du regard qui s’en était suivit. Elle était à la fois déroutée, embarrassée et en colère. Par chance, ce jour-là elle ne m’a pas giflé. Mais ça aurait pu lorsqu’on connait le caractère enflammé de Casey. « Je ne me lassais pas… Mais disons que tu avais cette façon de garder le menton levé tout en me provoquant, c’était fascinant. Tu étais inaccessible. Ça me donnait envie de te faire tomber de ton trône. Tu m’obligeais à relever un défi… et puis, avant même que j’en comprenne l’enjeu véritable, j’étais tombé amoureux de toi. » C’était la vérité et elle le savait parfaitement. Le jeu de la séduction avait duré un bon moment entre nous. Tout comme nous étions resté silencieux durant plusieurs mois, sur nos sentiments. On tenait l’un à l’autre mais nous n’étions pas prêts à nous enchaîner ensemble. Et paradoxalement, il n’avait fallu qu’une virée à Tijuana pour que nous nous mariions sans aucuns regrets.
Dans l’ensemble, nous n’avons jamais été plus heureux que le jour de notre mariage. Bien sûr, on aurait dû s’y prendre différemment. Mais on s’aimait et on ne voyait pas qui pourrait se mettre entre en travers de notre union. On n’avait pas non plus pensé à ce qu’on ferait après. Lorsqu’on rentrerait à la maison. Ça nous avait semblé la chose à faire. Parce que nos sentiments ne faisaient que prendre encore plus d’ampleur au fil des mois. Car on était faits l’un pour l’autre. Mais ça, Forsythe n’était pas prêt à l’admettre. Ce qui explique le calvaire de ses dernières années. Car entre nous, il n’y a toujours eu que ça, passion, désir, attraction. La complicité nous est venue bien plus tard. Car c’était justement cette attirance qui nous poussait l’un vers l’autre. Et aujourd’hui encore, je réalise qu’elle est plus redoutable que jamais. Car tout comme moi, ce désir est en train de la consumer, de la torturer et qu’on est à deux doigts de franchir une limite qu’on ne peut pas se permettre de dépasser pour le moment. Ainsi, je l’abandonne dans la cuisine. Pantelante de désir. Furieuse, elle ne tarde pas à me retrouver dans le salon. Je ne suis pas si fier de moi. Car même si j’avais conscience de ce que j’avais fait, j’avais sous-estimé que ce désir reviendrait nous torturer d’une manière aussi violente et animale. Me faire pardonner était la première chose à entreprendre. Ça n’est qu’après sa mise en garde, des plus sérieuses, que je fis amende honorable en l’invitant à rejoindre l’enceinte de mes bras pour un slow. Encore un corps à corps qui risqueraient bien d’affûter dangereusement ce désir déjà si brut qui coule dans mes veines.
C’est dans cet atmosphère de sécurité, avec cette légère musique en fond sonore, que je viens finalement à l’entendre se confier à moi. Je ne m’attendais pas spécialement à ce qu’elle le fasse ce soir. Car s’il y avait bien des choses qui mettaient du temps à sortir c’était spécialement ces confessions. Ça n’était pas une partie de plaisir et j’avais conscience que si je l’interrompais je briserais tout. J’étais alors resté silencieux tout en maintenant une main ferme sur elle. C’était peut être idiot mais c’était ma façon de lui assurer que j’étais là. Qu’elle n’était plus seule. Que je ne la laisserais plus seule ! Je pris alors conscience que la mort de notre bébé était encore un sujet des plus sensible. On devrait en reparler. Même si ça ne nous le ramènera pas, j’aurais besoin de l’entendre me parler de sa grossesse, des échographies, du jour de l’accouchement, de tous ses moments où elle parlait au bébé. Parce que j’aurais voulu être là. Parce que j’aurais dû être là. Parce que j’étais son mari. Divorcés ou non, ça ne changeait rien. Parce que je l’aime et que personne n’à le pouvoir de me faire aimer une autre femme, aussi intensément que j’aime Casey. Elle en vient alors à évoquer notre mariage puis le divorce. J’aurais bien évité le sujet. A vrai dire, c’était une période très sombre pour moi. J’étais resté plusieurs mois en colère. Pas la petite colère. Mais celle où l’on commet des conneries en rafale. Je lui expliquais alors comment c’était déroulé cette période et mon avis sur la question du mariage. Je sais qu’elle ne voudra pas entendre la fin de mon discours. Qu’elle ne veut pas envisager la fin de notre histoire mais mon père vient juste de mourir. Et ça me fait penser à ma mère. Elle a perdu l’homme de sa vie et n’a plus que moi. Je sais qu’elle ne rentrera peut être jamais à San Diego, parce que son absence lui sera trop difficile à supporter. Ainsi, je pense que mon père a fait tout ce qu’il pouvait pour ma mère. Il l’a protégé. Elle est à l’abri du besoin. Elle a suffisamment d’argent pour voir venir les chose pendant un sacré moment. Et dans le fond, c’est ce que je voudrais pour Casey et moi. Je ne supporterais pas l’idée qu’elle se retrouve à la rue, le jour où je fermerais les yeux. Comme toujours, j’éprouve ce besoin élémentaire de m’assurer de sa sécurité. Que ça soit financière, physique ou psychologique. Car si elle ne m’a plus, elle aura toujours de la famille autour d’elle. Et ça, c’était très important à mes yeux. Surtout lorsqu’on a vécu l’enfer comme elle l’a traversé. Si l’espace d’un instant, je vois naitre un sourire sur son visage, il disparait bien vite pour me mettre en garde. Elle ne veut pas en parler. C’était prévisible. Je le savais pertinemment. Toute cette histoire était encore trop fraîche pour qu’on puisse revenir dessus sans en souffrir.
« Je sais… » Me contentais-je de lui répondre, en plongeant mon regard dans le sien. Elle a un vague sourire sur le visage mais c’est tout de même un sourire. Seulement, j’ai besoin qu’elle entende tout ça. Qu’elle sache. J’ai dû me taire pendant quatre ans. Aujourd’hui, je ne veux pas perdre un instant pour qu’elle sache combien je l’aime. Qu’elle ne l’oublie jamais. « C’est juste que… je devais te le dire. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour m’assurer qu’on ne te fasse plus souffrir… » Même si je savais pertinemment que j’avais bien peu de pouvoir face à son père. Car, je ne pouvais que difficilement rivaliser avec le lien qu’entretenaient un père et sa fille. Mais en l’occurrence, il était hors de question que je laisse Forsythe s’imposer dans sa vie et dans la nôtre.
Après ses confidences sur sa vie en Suisse, je m’étais demandé si le moment était bien choisi pour parler de son père. A l’évidence, il n’y aurait jamais de bons moments. Alors autant arracher le pansement très vite. Ainsi, je partis dans de longues explications concernant son père, son réseau et ce qu’il risque. Le procureur parle de peine de mort tandis qu’un agent du FBI m’avait plutôt parlé de perpétuité. De plus, je ne pouvais réellement savoir puisque ça serait jugé avec un jury. Toutefois, il était clair qu’aujourd’hui son père risquait une très lourde peine à cause de ses magouilles qui perdurent depuis trop longtemps à San Diego. J’ai beau essayer de la rassurer, je sais qu’il n’en est rien. Je me suis investi dans cette histoire, bien avant son retour. Ce qui, aujourd’hui m’empêche de pouvoir me rétracter. Si je le pouvais, je n’hésiterais pas. Mais en l’occurrence, on parle de se mettre à l’abri de Forsythe. De l’empêcher de faire du mal à ses filles et à d’autres filles. Alors non, je ne pourrais jamais revenir sur ma parole. Casey le sait. Mais elle m’aime, c’est pour ça qu’elle ne répond pas. Elle me fait suffisamment confiance pour être attentif et ne pas m’attirer les foudres de son père. Ses bras se resserrant autour de ma taille, je baisse doucement la tête et dépose un baiser dans ses cheveux tandis que ma main revient à sa nuque pour la masser tranquillement. Pour ça aussi, on aura besoin de temps. Mais rien n’est impossible. La preuve, elle est là aujourd’hui. Chose que je n’aurais jamais pu espérer, il y a de ça quelques jours.
Elle n’en était pas consciente mais elle avait déjà une famille. Liam, Courtney et moi, sommes déjà les membres fondateurs de son clan. D’autres personnes seront à ajouter. Chaque chose se fera en temps utile. Je lui réapprendrais à faire confiance et à aimer. Je lui montrerais que de notre amour peut naître d’autres jolies choses. Tout comme un jour j’envisage de fonder une famille avec elle. Avoir des enfants. Peut-être pas dans l’immédiat car nous avons besoin de retrouver nos marques et de profiter d’une vraie relation de couple. Mais je ne raye pas cette idée de ma tête. J’aimerais voir une petite Casey crapahuter dans le salon. Parce qu’elle serait le portrait craché de sa mère et que je lui passerais tout. Parce que ça serait mon bébé. La nouvelle génération des Matthews. Et de ça, je sais qu’elle en a besoin. Appartenir à une famille, un groupe. Avoir des liens avec des personnes qui lui donneront de l’importance, qui la rattachera à des valeurs élémentaires. Mais chaque chose en son temps. Pour le moment, il n’est question que de nous. Et de ce désir qui subsiste. Qui est tout simplement en train de me mettre dans un état de torture affligeante.
Après cette discussion, je nous dirige vers le bar où j’entreprends de lui servir un verre. On ne pouvait pas dire que ce soir, on faisait l’impasse sur les émotions. On passait par tous les stades. Des émotions les plus destructrices aux plus plaisantes. Comme à cet instant, lorsqu’elle me provoque. C’est un jeu dangereux et pourtant nous fonçons dedans comme si l’on se connaissait à peine. C’était de la folie car, j’étais bien loin d’être le mec qui se maitrisait en toutes circonstances. Je pouvais fondre sur elle, en un instant. Chose arrivée par le passé, qui risquait de se reproduire si l’un de nous n’y prenait pas garde. Ses regards intenses et brûlants rendaient ce moment de plus en plus intolérable. C’est pour cette raison que je pris un soin particulier à détourner les yeux. Parce que j’étais lentement en train de perdre ma maîtrise. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de continuer ce petit jeu, trop dangereux pour nos deux cœurs.
« - Crois-moi que… lorsque j’en aurais fini avec toi Forsythe, tu me supplieras de recommencer… » Lançais-je avec cette assurance qu’elle m’avait déjà vu arborer. « Et tu ne risqueras pas de l’oublier de sitôt. » Car si l’on était animé par la passion et cette attirance, le plus puissant moteur restait l’amour que je lui portais. Et ça, c’était un puits sans fond. Je pourrais passer mes journées à lui faire l’amour. Passer mon temps à la rendre heureuse et faire s’étirer ce sourire spontané sur son visage. Pour elle, j’ai tendance à perdre la boule. Liam me le répétait déjà lorsqu’on était au lycée mais je n’avais pas vraiment conscience, à quel point il avait raison. Je rentrais dans son jeu de la provocation et bien que j’étais persuadé qu’elle ne me laisserait pas le dernier mot, je ne pus m’empêcher de lui adresser ce sourire irrésistible que je gardais en réserve que pour elle.
Si les conversations qui s’en suivaient nous tenaient à cœur, ça n’était rien comparé à notre irrépressible besoin de contacts, de caresses et de baisers. Ça ne m’était pas nécessaire mais vital. J’avais besoin de ça, plus que d’autre chose. Toutefois, je savais que ça risquait de me jouer un mauvais tour. Car ce désir nous ne pouvions y céder ce soir. Demain non plus. Il nous fallait plus que ça. Quelques semaines le temps d’épuiser notre stock du manque de présence. Mais d’ici là, nous devons résister. Et là, tandis que je tentais de me maîtriser, elle me rendait les choses encore plus difficiles. Car elle me faisait payer sa frustration. Elle se vengeait littéralement. Et je dois dire qu’elle n’a pas perdu une once de son talent légendaire. Ses doigts sur mon torse me font frémir alors que ses lèvres partent à l’assaut de la moindre parcelle de peau sur mon corps. Si mes poings n’étaient pas serré, ça ferait longtemps que je l’aurais fait basculer sur le carrelage, à défaut de trouver un lieu plus confortable pour succomber à ce désir destructeur. Mais au final, elle s’éloigne soudainement de moi, tout en renfilant son haut. J’ai eu tout le loisir d’observer son corps parfait en courbe. Mais je n’ai même pas pu profiter de l’occasion pour savourer le contact de sa peau. J’avais bien trop à faire à rester concentrer pour ne pas craquer. Alors elle me rappelle que je devrais commander au traiteur. Comment me faire retomber sur Terre après m’avoir fait goûter au péché. Ma chemise sur le dos, elle se rapproche avec l’idée en tête de m’aider à la reboutonner mais je m’écarte volontairement. Elle veut bien faire. Je le sais. Et pour ma part, je ne veux pas la fuir. Sauf que je ne me maîtrise pas et je crains ma brutalité. Casey me connait mieux que personne. Je suis doux dans l’ensemble mais il y a ces moments où je suis loin de me contrôler. Je continue de me rhabiller légèrement, en tentant de mon concentrer mais elle revient une nouvelle fois. Je ne tiens pas à la repousser mais on a besoin d’un peu d’espace pour retrouver nos esprits. Je l’aime et c’est justement pour ça que j’agis de la sorte. Je ressentais alors le besoin de lui expliquer mon état. Que je ne la repoussais pas par envie mais pour la protéger de l’animal qui m’habitait. Car aucun de nous deux sommes prêt à aller de l’avant. Pas encore, bien que nos corps nous crie le contraire. Je ne relevais pas immédiatement les yeux. J’attendis qu’elle reprenne la parole tandis qu’elle me disait que ça lui était insupportable de devoir respecter cette distance parce qu’elle crevait de sentir nos peaux en contact. Elle n’avait jamais vraiment su me résister et sa confession me fit sourire. Mais ce fut sa dernière phrase qui déclencha un petit rire. Mon regard avait alors logiquement trouvé le sien.
« Une pauvre fille en manque. » relevais-je en lui prenant la main. « Je m’en souviendrais et je te le rappellerais, les jours où tu chercherais à faire de moi ton homme-objet ! » ris-je naturellement. Ce moment je le chérissais. Notre progression à nous parler de tous les sujets, aussi difficiles fussent-ils, se passaient sans la moindre anicroche. Nous n’avions pas encore nos marques mais tout rentrerait dans l’ordre, j’en étais persuadé. Et bientôt, je ne tardais pas à relever le fait qu’elle ne devait pas réfléchir par crainte de voir son joli petit cerveau, partir en fumé. Entre nous, ça ne tarde pas à tourner en taquinerie. Parce que c’est de là qu’est née cette complicité. Et que tout est bon à prendre ce soir. Pour rien au monde, je ne chercherais à repousser un moment tel que celui-ci.
« - J’te rappelle que j’ai qu’à claquer des doigts pour me trouver une petite amie ! » avançais-je plus confiant que jamais. « Aucune chance que je finisse un jour comme un vieux garçon tout seul ! » J’étais fier de mon coup. Enfin, elle n’hésiterait pas à m’en mettre une. C’était certain. Juste parce que je soulignais que je pouvais me passer d’elle. Or, nous savions tous les deux qu’aucun de nous n’iraient voir ailleurs. Parce que nous avions bien trop besoin l’un de l’autre.
Parti dans le salon, j’avais alors prit sur moi. Pour tenter de calmer mes ardeurs mais également pour commander à manger. Parce que nous ne pourrions pas nous nourrir de ce désir insatiable. Il nous fallait de la véritable nourriture pour nous empêcher de se laisser dévorer par cette passion incandescence qui nous consumait. Ainsi, j’en étais à commander beaucoup trop mais ça ne représentait pas un problème à mes yeux tant je mourrais de faim à cet instant. Toutefois, je fus bien vite déstabiliser en sentant sa main dans mes cheveux. Car elle seule savait me caresser avec autant d’intensité. J’étais envahi d’un frisson. Je ne me maîtriser que très difficilement et ma respiration en prenait un coup. Je ne tardais plus à raccrocher avant de la faire basculer avec moi dans un fauteuil. Etait-elle inconsciente de l’effet qu’elle me faisait en passant simplement sa main dans mes cheveux ? Contrairement à moi, elle était persuadé que jamais je ne pourrais lui faire physiquement du mal durant nos ébats. Moi, j’avais des doutes. Je me connaissais et j’étais brutal. Pas pour faire mal. Mais je n’avais pas vraiment conscience de ma force. Et je ne tenais pas à ce qu’un jour des marques rouges ou violacé ternisse son corps à cause de ma violence. J’avais beau secouer la tête, elle ne voulait pas m’écouter. Et finalement c’est un sourire qui apparait sur mon visage lorsqu’elle entreprend ce geste qu’elle n’a pas fait depuis des années. Un baiser sur mon front.
En soit c’est un geste basique. Mais entre nous, ce geste prend un sens tout particulier. Une intimité évidente. A mes yeux, c’est plus évocateur qu’un rapide baiser sur les lèvres. Il démontre toute son affection pour moi. Un amour qui dépasse celui de l’amoureux sincère. C’est plutôt le geste d’une femme celui qu’elle aime plus que sa vie. Et j’aime l’idée qu’elle nous considère ainsi.
J’ai alors la bonne idée de penser à la réaction de Liam si je lui rapportais notre soirée. Il va s’en dire que la réaction de Casey est immédiate. Entre mise en garde et promesse de vengeance, je sais qu’elle pourrait s’y tenir. Sauf que Liam était doué pour lire entre les lignes lorsque ça nous concernait. Je ne me retiens pas de rire tandis qu’elle en rajoute en me demandant de prier pour que Liam ne soit pas convaincant, sinon je serais bon pour subir sa vengeance. Sa réponse ne ferait pas autant sourire, si elle n’avait pas appuyé sur le « Mon Chéri. »
« Mon Chéri ? » répétais-je avec malice, sans me départir de ce sourire en coin. « Ça fait une éternité que tu m’as pas appelé comme ça. » Je savais très bien ce que ça sous-entendait. J’avais pas intérêt à piper un seul mot à Liam. Mais c’était mon meilleur ami. Et si quelqu’un distinguait un changement d’attitude chez moi, le premier à le voir, ça serait forcément lui. Ceci dit, je ne rajoutais rien sur le sujet, j’étais bien plus amusé par l’idée qu’elle me menace. « Maintenant tu me menaces… alors qu’il y a pas un quart d’heure, tu me suppliais pratiquement de te faire l’amour… tu sais vraiment t’y prendre avec les hommes, Princesse ! »
J’en rajoutais volontairement une couche. Je me sentais si bien que c’en était intolérable. Se sentir à la fois si heureux et complet. Et ça, je n’y parvenais que par sa présence. Elle réglait tout parce qu’elle était là. Casey avait toujours tout changé dans ma vie. Elle faisait de moi un homme. Et tout ce que ça comprenait avec.
L’instant fait place alors à l’apaisement. Ma main se glisse sous son haut et je caresse lentement le bas de ses lombaires. Bien vite je la sens parcouru d’un frisson. Cependant je ne m’arrête pas en si bon chemin. Sa tête repose contre la mienne et pendant qu’elle continue de me caresser les cheveux, je lui confie l’un de mes nombreux cauchemars dans lesquels elle réapparait au bras un mec pleins aux as, qu’inévitablement je m’étais fait un plaisir de détester au premier regard.
Levant les yeux vers elle, j’ai le loisir de l’observer les lever au ciel tandis que je poursuivais un petit rire dans la gorge. Très vite son rire se joignit au mien lorsque je lui fis part que ça n’était pas le pire de tous mes cauchemars. Car je me dois de l’admettre, sur ce rayon j’en ai eu suffisamment pour alimenter une série télé pendant plusieurs saisons. Sa question vient à me faire penser à ceux que j’ai pu faire. Les vrais rêves. Ceux où elle revenait et où nous finissions par reprendre notre histoire. Il y en avait eu. Certains étaient même plus osés que d’autres, je dois le reconnaitre.
« - ça dépend de la version que tu veux entendre… Il y a le rayon des rêves X ou ceux… qui étaient franchement improbable. Comme il y a eu celui où tu revenais à San Diego à l’occasion des fiançailles de… Courtney… »
Celui m’était longtemps resté comme étant celui qui aurait pu être des plus réel, de par la myriade de sentiment que j’ai éprouvé. Son retour m’avait semblé logique, du fait de la célébration de sa sœur. A mes yeux, elle revenait aussi belle qu’aujourd’hui. Souriante et épanouie. Femme et féline à la fois. Elle semblait plus sure d’elle-même. Et lorsque nos regards se croisèrent ce fut, toute notre histoire qui défila dans ma tête. J’en oubliais où j’étais et ce que je faisais. Je n’entendais plus ni Liam, ni Courtney qui m’interpellaient alors que je prenais la direction d’où elle se tenait. Les secondes me semblaient interminables et nous n’avions pas eu besoin d’échanger un seul mot. Nos regards reflétaient nos âmes. Je m’étais alors emparé de sa main et sans regarder en arrière, je l’avais enlevé à ce monde, à cette famille, pour retrouver ma vie, la sienne, la nôtre.
La touche originale de ce rêve était les fiançailles de Courtney. Car je la connais la plus jeune des Forsythe et s’il y a bien une chose élémentaire chez elle. C’est qu’elle aime papillonner et que se poser, avoir une relation stable avec un homme ça n’est pas encore dans ses objectifs. Parce qu’elle veut profiter de sa jeunesse et vivre un maximum d’expérience avant de se passer la corde au cou.
Sauf que nous, nous n’avions pas vu le mariage sous cet angle. Car c’était une évidence. Nous sommes faits pour être ensemble. Il n’y a aucune ambiguïté quant à nos sentiments. Nous n’avions jamais pensé à aller voir ailleurs ou à attendre d’autres expériences pour la simple et bonne raison, qu’ensemble nous éprouvions des sentiments si puissants qu’il nous était difficile de penser à autre chose qu’à l’autre.
C’est justement de ces moments-là que je chérie. Elle le sait. Le silence entre nous ne m’incombe pas. Il me fait du bien. Je me sens beaucoup plus proche d’elle. Dans ma vie, je sais que de dorénavant je peux apprécier les choses plus pleinement parce qu’elle est là. Tout comme je sais que bientôt, chaque matin je pourrais la contempler dans son sommeil. Des petits détails qui rendront ma vie plus sereine et beaucoup plus appréciable. C’est même inconsciemment qu’à cette seconde mes lèvres partent à la rencontre des siennes. Ce contact m’est vital, j’ai besoin du gout de ses lèvres sur les miennes. Mais c’est aussi cet instant que choisis Hendrix pour réapparaitre. Ce chien a le don de casser les moments les plus intimes de mon existence ! Cette façon qu’il a de me fixer m’agace. Quand je disais que ce chien était infernal. Et elle m’a promit de l’éduquer. Je sens qu’elle va s’amuser ! Toutefois, elle ne se retient pas de rire alors qu’Hendrix me fixe toujours. Elle en rajoute même une couche en suggérant que je le prenne sur mes genoux.
Je lui gratte la tête une minute et la seconde suivante, je pose ma main sur la cuisse de Casey.
« - Oui ben… qu’il aille admirer la chienne du voisin. Désolé de te l’apprendre mais j’suis pas partageur… surtout lorsqu’il s’agit de toi, Princesse ! » Car à mes yeux, il voulait me piquer Casey pour une balade sur la plage. Oh il est futé comme chien. Je l’avais vu à l’œuvre avec mon père. Enfin, je comprenais qu’il veuille me piquer Casey. Mais elle était à moi et ça n’était pas ce satané chien au caractère de cochon qui dicterait sa loi. Ça il n’en était pas question. Je le vois pourtant revenir et m’adresser ce regard de chien battu.
« - N’y pense même pas. La porte est ouverte. Va faire un tour et reviens quand tu seras calmeé ! » Lui lançais-je comme s’il était possible que ce chien comprenne la moitié des mots que j’ai pu prononcer. Je n’en savais rien. Et puis, je l’aime bien ce chien mais ce soir, je veux juste profiter de Casey. C’est notre soirée et j’étais décidé à ce que rien ne vienne la gâcher. Car c’était la toute première et que nous avions beaucoup à rattraper. Et même une soirée ne suffirait pas à combler quatre années d’absences. Mais c’était un début et je priais pour que la suite se déroule tout aussi bien que cette soirée.
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