call me crazy
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

Partagez | 
 

 « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
« C. Logan Matthews »


C. Logan Matthews

Messages postés : 73
à San Diego depuis : 02/10/2010
Emploi/Situation : barman

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyLun 15 Nov - 19:56




Casey H. F. & C. Logan M.




L’automne californien est vraiment un climat agréable. Il sent encore les rayons du soleil sur son corps à travers son tee shirt. Assis dans le sable, son regard se perd dans l’immensité de l’océan. Ces dernières semaines ont été épuisantes. La mort de son père adoptif, Andrew, la reprise du bar, le retour à la maison, Logan n’aurait pas imaginé que la présence de son père lui manquerait tant. Bien sûr, il avait entendu parler des personnes qui traversaient ce genre de drame. Sauf qu’il ne connaissait pas réellement ce sentiment de perte, sans retour possible. Jusqu’à maintenant, bien des personnes ont traversé sa vie mais toutes ne sont pas destinées à faire partie de sa famille. Et c’est pour ça que ça lui est si dur. Mais aussi parce qu’il avait sous-estimé l’amour que lui portait Andy. Car il ne lui a non seulement laissé le bar, mais tout ce qui lui appartenait. La maison sur la plage, qui ne se trouve qu’à quelques mètres derrière lui, ses voitures qu’il retapait pour le simple plaisir et tout cet argent qui dormait tranquillement sur ses comptes. Logan n’a jamais été un garçon qui se souciait réellement d’avoir des moyens financiers. Il appréciait parfois d’avoir de l’argent mais jamais il n’était du genre à en faire étalage. Il en a c’est bien, il en a pas il fait avec les moyens du bord. La preuve en était sa relation avec Casey. Qu’il sache ou non qu’elle soit issue d’une fortune de San Diego, ça n’est pas l’appât du gain qui l’a attiré chez elle. Cette fascination qu’il éprouvait – et éprouve surement encore – à son égard, le rend vulnérable et impulsif. Des conneries, il peut en faire des masses mais les conneries avec Casey sont bien celle qu’il ne regrette pas. Son mariage ? Il n’a aucun regret, si ça n’est que la vie les a séparés.

Durant ces quatre années, Logan a tenté de faire abstraction de ses sentiments. Tenter d’oublier pour passer à autre choses. Des filles, il en a rencontré. Certaines sont passé par son lit mais une relation, une histoire durable, Logan a mis ce processus à la poubelle. Casey était une princesse pour lui. Les autres filles ne lui arrivent pas à la cheville. Ainsi, elle reste son unique histoire d’amour. Récemment, il s’est convaincu que l’engagement n’était pas pour lui. Car lorsque ces pensées l’envahissent, un seul visage apparait dans son esprit. Celui de cette brunette aux yeux azur, qui lui avait mis la tête à l’envers 4 ans plus tôt. Il se revoit encore avec elle à se balader sur cette plage. Il se souvient de la douceur de son corps contre le sien et de ses regards chargé d’émotions. Casey n’a jamais été une passade pour elle. Elle est et reste la seule et unique femme à qui il a donné son cœur. Cette décision lui appartient mais peut-il se permettre de retenter l’expérience ?

« Hendrix !! » crie-t-il à l’adresse du labrador de son père, qui tourne la tête dans sa direction avant de le rejoindre, du sable sur la truffe.

Sa main se pose sur ce jeune chien que son père a adopté six mois plus tôt. Complètement fou, très jeune, il est d’une vivacité surprenante et très joueur. Caressant sa tête entre ses oreilles, Logan esquisse un léger sourire.

« - Et toi, qu’est-ce que t’en pense ? Elle mérite surement mieux qu’un looser comme moi… » Murmure-t-il lorsque ses pensées s’évadent en fixant l’horizon. Il a lu et relu cette lettre. Ces mots, ces souffrances, s’il avait pu les endosser, il l’aurait fait sans hésiter. Il aurait pris sa place dans cette institution, subit traitement et humiliation. Il se déteste pour avoir été si stupide, pour avoir signé si facilement les papiers du divorce. Au lieu de chercher à la voir, il a simplement accédé à cette requête de mettre fin à leur mariage ! Et il y avait la disparition de leur bébé. Un enfant dont il avait totalement ignoré l’existence. Les Forsythe avaient décidément œuvré pour que toute trace de relation entre Casey et lui, disparaisse à tout jamais. Cette pensée avait pour effet de le faire monter en pression. Ainsi, ils étaient prêt à le faire disparaitre lui, par la même occasion, car c’était ni plus ni moins, ce qu’ils avaient fait en éradiquant l’existence de leur enfant. Logan avait grandi loin de la très sélect aristocratie de San Diego donc il pouvait comprendre que les Forsythe cherche un parti plus élevée pour leur fille. Mais dans l’histoire que voulait Casey ?

Hendrix à côté de lui, ce dernier lève la tête vers lui lorsqu’il se décide enfin à bouger. « Allez vient p’tit père, on rentre à la maison. » se relève-t-il avant de pivoter en direction de la maison. Il n’a pas fait deux pas qu’une ombre à quelques mètres de lui attire son attention. Il tourne la tête et un regard bleu turquoise le transperce. Son cœur s’emballe et il se revoit, tels quelques jours plus tôt lors de cette étreinte dans cette ruelle. Il se surprend à esquisser ce sourire ravit, de la croiser ici. Un vide se comble dans son cœur à sa vue et pourtant, il sait que rien ne sera simple. Il hésite plusieurs secondes puis fait un pas dans sa direction avant d’observer autour de lui.

« - J’ai du mal à croire que tu sois arrivé jusqu’ici, sans qu’aucun type n’ait jeté son dévolu sur toi. » plaisante-t-il doucement. « C’est bien que tu sois rentrée, Caz’. » Son souffle se fait de plus en plus irrégulier et son regard peine à soutenir le sien tandis que cette sensation de malaise l’envahit. Savoir que Casey représente ce qu’il a toujours voulu est difficile à admettre mais pire, qu’il éprouve toujours ses sentiments pour elle, pourrait le mener à sa perte. Il l’observe alors à la dérober. Ces années l’ont éreintée mais à ses yeux, elle n’en est que plus belle. Un sourire confiant vient naitre sur son visage, ce sourire qui s’est volatilisé de son visage, quatre années auparavant.





Revenir en haut Aller en bas
« Casey H. Forsythe »


Casey H. Forsythe

Messages postés : 52
à San Diego depuis : 10/11/2010
Emploi/Situation : Etudiante

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyLun 15 Nov - 23:35

Logan & Casey
« I don't believe that anybody
Feels the way I do about you now »


    « La vie sépare ceux qui s'aiment » Je n'avais jamais cru en cette expression. Parce que, j'avais toujours été une jeune fille à l'âme romantique. Parce que j'avais toujours cru aux contes de fées, et que j'avais toujours attendu de trouver mon Prince charmant. Mon prince, je l'avais trouvé au lycée. Je l'avais aimé. Et il m'avait aimée lui aussi. Mais comme dans tous les contes de fées, notre amour avait dû affronter de nombreux obstacles. Le plus grand de ceux-ci avait certainement été mes parents. Parce qu'à leurs yeux, Logan n'avait jamais été assez bien pour moi. Il n'avait jamais été assez riche, ni assez intelligent, ou ambitieux, selon eux. Pour moi, il avait été parfait. Parce que lorsqu'il me regardait, j'avais l'impression d'être quelqu'un d'autre. Parce que l'argent ne comptait pas à mes yeux, et que j'aurais été tout aussi bien pauvre. Mes parents n'avaient jamais compris cette obsession que j'avais eue pour lui. Ce qu'ils n'avaient pas compris, c'est que ça n'était pas une simple obsession que j'éprouvais à son égard, mais un véritable amour. Parce qu'il avait été le seul homme que j'ai jamais aimé. C'était pour lui que j'étais revenue. Pour moi. Pour nous. Parce que je l'aimais toujours... Probablement parce que nous n'avions jamais vraiment eu l'occasion de nous dire au revoir, de nous séparer comme il se devait. Notre amour n'avait jamais vraiment eu de fin, et c'était peut-être pour cela que je m'étais tant raccrochée à lui, et à mes sentiments.

    Pendant quatre ans, quatre longues années, j'avais rêvé de ce moment. Je l'avais attendu, et espéré. C'était peut-être naïf, mais j'avais mis beaucoup d'espoir dans ce retour. J'avais pensé qu'en revenant à San Diego, mes problèmes s'envoleraient. J'avais pensé qu'en retrouvant ceux que j'aimais, j'en oublierai ces quatre dernières années, et les épreuves que la vie m'avait fait affronter. Je réalisais à présent que les choses étaient bien plus compliquées. Parce que la réalité était bien loin de tout ce que je m'étais imaginée pendant ces quatre années. J'avais cru que Logan m'avait oublié, qu'il aurait refait sa vie, qu'il serait heureux avec une autre, et finalement, je retrouvais un Logan en deuil, et célibataire. Je ne savais pas s'il avait eu d'autres femmes après moi, s'il en avait aimé d'autres. Après tout, ça n'était pas parce que je n'avais jamais cessé de penser à lui qu'il en avait été de même pour lui. Et j'aurais pu le comprendre. J'aurais pu comprendre qu'il m'ait oubliée, qu'il ait refait sa vie... Parce que j'étais partie sans un mot, parce que j'avais disparu sans laisser de trace et que j'avais emmené avec moi tout ce qui restait de notre amour : notre fils, dont il avait ignoré l'existence.

    Oh oui, en revenant, j'avais été loin de m'imaginer que les choses seraient aussi compliquées. Que revenir ici me ferait tant souffrir. Que le revoir me chamboulerait à ce point. Que je serai incapable de lui dire en face, tout ce que j'avais sur le coeur. J'avais l'impression de ne plus être la même. L'ancienne Casey aurait trouvé le courage d'aller le voir, de lui parler, de tout lui révéler. Même si elle aurait fini par détourner le regard, pour lui cacher sa vulnérabilité, même si sa voix aurait fini par trembler, durant son récit. La nouvelle Casey, en revanche, en avait été incapable. J'avais été incapable d'affronter son regard, et c'était pour cette raison que je m'étais décidée à lui écrire une lettre. Parce qu'il était toujours plus facile d'écrire. Parce que les mots ne flanchaient pas, eux.

    Mais les mots ne disaient pas tout. Les mots ne disaient pas ce que je ressentais pour lui, ce que j'aurais été prête à faire pour lui. Si j'en avais eu l'occasion, j'aurais été prête à tout quitter, à tout abandonner. A renier parents, famille, à abandonner mes études, juste pour rester à ses côtés, pour élever cet enfant qui représentait l'amour que nous avions eu l'un pour l'autre. Je n'étais pas certaine qu'il sache tout ça. Parce que des mots sur un papier, expliquant ce qui s'était réellement passé ne suffisaient pas à exprimer tout ça, à exprimer combien mon amour pour lui avait été et était toujours aussi profond.

    Depuis que je l'avais revu, dans la ruelle, l'autre soir, je ne savais plus quoi faire. J'étais souvent passée devant son bar, en prenant soin de rester sur le trottoir d'en face, en tentant – vainement – de l'apercevoir. Ca n'avait servi à rien. Mais j'en avais eu besoin. Besoin de me rapprocher de lui, même si nous ne nous voyions pas, même si cela ne changerait rien. J'avais besoin de lui, tout simplement. Et ces derniers jours n'avaient fait que confirmer cette certitude que j'avais depuis longtemps. J'hésitais à aller lui parler... Parce que je n'étais même plus certaine de ce que je voulais. Je voulais qu'il fasse partie de ma vie, ça, j'en étais certaine, mais avais-je encore le droit de lui demander d'être là pour moi après tout le mal que je lui avais fait ?

    J'avais besoin de réfléchir. Mais aussi et surtout de le laisser réfléchir. Parce qu'il avait assez à faire avec la mort de son père, et que je ne pouvais pas m'imposer à lui de la sorte. Alors, certes, il ne m'avait pas repoussée, l'autre soir, il m'avait même rendu l'étreinte que je lui avais donnée, mais cela ne signifiait pas pour autant que j'avais une place dans sa vie, car sa vie, à lui, avait déjà une certaine stabilité que je ne pouvais me permettre de perturber, ne serait-ce que pour son bien-être, pour son bonheur personnel.

    Mes moments de réflexions, je les passais en grande partie à la plage. Parce que c'était un de ces endroits où nous avions l'habitude d'aller, quand il faisait beau, et que c'était un moyen comme un autre du profiter de ce soleil de début d'automne. Je ne me doutais pas qu'aujourd'hui ma réflexion serait perturbée par sa présence, et pourtant... Alors que je marchais dans la plage, mes chaussures à la main, savourant la sensation du sable sous mes pieds, j'aperçus une silhouette qui m'était familière, avec à ses côtés, un labrador qu'il caressait doucement. En le voyant, je m'étais immédiatement arrêtée, pour l'observer. Même de loin, Logan avait ce petit quelque chose qui avait le don de me faire craquer, qui me donnait l'envie de courir jusqu'à lui pour le prendre dans mes bras, le couvrir de baisers ou peut-être lui répéter, encore et encore, combien mon amour pour lui était éternel...

    Tout autant de choses que je n'oserais jamais faire. Plus aujourd'hui. J'avais déjà pris la fuite. Deux fois. Une, quatre ans plus tôt, et une autre fois, quelques jours plus tôt. J'étais partie, sans lui adresser le moindre mot, sans lui laisser le temps d'ajouter quoi que ce soit. Mais j'en avais fini de fuir. Aujourd'hui, j'étais bien décidée à affronter Logan. J'avais eu en tête de venir m'installer à ses côtés, sans un mot, et dans la plus grande simplicité, mais, alors que je n'étais plus qu'à quelques mètres de lui, je le vis se redresser, et se retourner en direction de la maison de son père. Ou la sienne. Je ne savais pas. Je savais qu'il avait hérité du bar d'Andy, mais avait-il récupéré la maison également, ou s'en occupait-il juste pour le moment ? Je n'en savais rien. Et puis là n'était pas la question. En se retournant, son regard se posa sur moi, et il s'arrêta. Il esquissa alors un sourire, visiblement satisfait de me voir ici. Un poids en moins sur mes épaules. Au moins, j'étais certaine que ma présence ici ne le dérangeait pas. Je sentis son hésitation, le temps de quelques secondes... La même hésitation que celle que j'avais ressentie ces derniers jours. Et puis, finalement, il fit un pas dans ma direction. Nouveau soulagement. Je le vis observer autour de lui, quand il prit enfin la parole :

    « J’ai du mal à croire que tu sois arrivé jusqu’ici, sans qu’aucun type n’ait jeté son dévolu sur toi. »

    J'aurais dû m'en douter. Ca lui ressemblait tellement, cette petite plaisanterie. Il n'avait pas changé. Et en un sens, cette idée avait quelque chose de réconfortant. Je levai les yeux au ciel en guise de réponse, avant de croiser son regard. Mon coeur manqua un battement à ce simple contact visuel.

    « C’est bien que tu sois rentrée, Caz’. »

    Mon coeur s'emplit de joie, à cette simple phrase. Et son sourire suffit à m'éblouir. Finalement, je n'avais peut-être pas tord lorsque je disais que seul Logan suffisait à mon bonheur...

    Il y avait tellement de choses que j'aurais pu lui répondre. Tellement de choses que j'aurais pu lui dire... sur notre histoire, ma lettre, cette rencontre dans la ruelle, ou encore la mort de son père... Et finalement, je ne savais même pas par quoi commencer.

    « J'aurais aimé rentrer à un autre moment, dans d'autres circonstances... »

    Légère allusion à la mort de son père. Mort pour laquelle je ne lui ai jamais vraiment présenté de réelles condoléances, bien que j'ai pourtant envoyé Courtney pour les lui faire de ma part. Rapidement, je détournai le regard, posant mes yeux sur mes chaussures que je tenais encore dans ma main.

    « Je suis vraiment désolée... pour ton père... pour... tout. »

    Je relevai alors les yeux dans sa direction. « Tout », c'était ce que je lui avais fait subir, ce que mes parents avaient fait. « Tout », c'était mon silence, mon manque de confiance en lui quand mon père m'avait fait croire qu'il voulait divorcer. Tant de choses pour lesquelles je devais me faire pardonner. Y arriverait-il seulement un jour ? Je n'étais pas là pour reparler de tout ça... Je n'avais même pas prévu de le voir, à vrai dire, et pourtant, j'avais tout autant besoin de m'excuser que de l'avoir à mes côtés. Quelque chose de légèrement humide vint au contact de ma main libre et m'obligea à baisser les yeux. C'était son chien. Je lui caressais doucement la tête, et lui me donna un léger coup de patte, comme pour m'en demander plus. Alors, je m'accroupis face à lui, avant de reprendre mes caresses où je les avais laissées. Je relevai la tête en direction de Logan après un moment, avant de lui demander :

    « Comment s'appelle-t-il ? »

    Je me redressai, attendant sa réponse, mes yeux croisant pour la énième fois les siens et réveillant en moi ces sentiments que j'éprouvais toujours à son égard. Je baissai alors le regard, sur son corps tout entier, et celui-ci s'arrêta quelques secondes sur une chaîne qu'il avait autour du cou. Une chaine avec en guise de pendentif une bague qui ne m'était que trop familière. Machinalement, je me pinçai la lèvre inférieure. Je n'aurais jamais cru la revoir un jour. Son alliance. Souvenir de notre amour, de notre union. De ce qui avait conduit notre histoire à sa perte. La mienne, où était-elle ? Je n'en avais aucun idée. Parce que lorsque j'étais arrivée dans mon institution en Suisse, on m'avait retiré tous mes bijoux, et que je ne les avais jamais récupérés.


Dernière édition par Casey H. Forsythe le Dim 21 Nov - 22:40, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
« C. Logan Matthews »


C. Logan Matthews

Messages postés : 73
à San Diego depuis : 02/10/2010
Emploi/Situation : barman

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyMar 16 Nov - 21:48



« happiness is a mood, not a destination. » Ces mots, je les entends encore. C’est comme s’il était encore là, à me fixer de ses yeux verts intense. A tenter de me faire sortir de mes gonds pour que je remue ciel et terre ou encore pour que je fasse quelque chose, que je réagisse. Ce genre de propos, il me les tenait régulièrement. Lorsqu’il me sentait morose ou simplement lorsque j’étais dans mes pensées. Evidemment, je songeais à ce que j’aurais dû faire et n’avait pas fait pour retenir Casey. Car il avait toujours été question d’elle. A une période ma mère avait pensé que notre histoire ne durerait pas. Mais Andy, mon père, avait tout comprit dès le début. Casey n’a jamais pu être une passade dans mon existence. Elle illuminait mon existence par sa simple présence. Loin d’elle, je me sentais vide, inutile. Alors imaginez la réaction de ma mère lorsque je leur ai apprit notre mariage. Ma mère m’a dévisagé avant de rire. Elle ne croyait pas une seule seconde que j’ai pu agit aussi impulsivement. Quand à mon père, il avait ce regard fier et tendre pour me faire comprendre que j’avais enfin ouvert les yeux. Je sais qu’il adorait Casey. Qui d’ailleurs ne pouvait pas l’aimer. Elle avait tout pour faire des ravages. Un corps à faire damner un saint, intelligente, spontanée, forte, indépendante et à travers ses regards, je me sentais transporté pour une destination où il n’existerait plus qu’elle et moi. Oui, j’étais amoureux mais à cet instant, je ne savais pas ce que c’était. Ce que je savais encore moins c’était ce que pouvait être ma vie sans elle. Un abîme sans fond.

Je déteste regarder en arrière et repenser à ce qui s’est passé. Notre éloignement et la fin de notre histoire. On ne peut pas parler de rupture. Certes notre relation a été légalisée mais je n’ai éprouvé aucun soulagement. A partir de là, j’ai vu mes parents se faire plus de soucis pour moi. Ma mère n’osait trop rien dire sur le sujet car je refusais que le prénom de Casey rentre dans une conversation. Mon père lui, il se moquait pas mal de ça. Il m’asticotait sans cesse pour que je me relève et aille foutre les pieds chez les Forsythe. Car il me voyait me noyer dans le travail plutôt que d’admettre que j’étais malheureux sans Casey. Et dans l’histoire, il avait diablement raison. J’aurais dû agir lorsque j’en avais encore la possibilité. Mais à 18 ans, on est jeune et on se croit plus fort que tout. On n’imagine pas à quel point la vie peut être cruelle. J’ai laissé 4 années de ma vie m’échapper. Aujourd’hui, je ne passe pas un jour sans penser à Andy. Mon père. Il m’a nourrit, logé et aimé plus qu’aucun homme n’a pu le faire durant toute mon existence. Il ne s’est pas simplement marié à ma mère. Il s’est uni à cette famille que maman et moi formions. Il était mon plus fidèle allié et aujourd’hui, il veille sur moi. Du moins, c’est ce que j’aime à croire.

En perdant Casey, je me suis perdu moi-même. Je suis un homme divorcé, patron d’un bar, qui reste bloqué dans le passé avec la seule femme que j’ai aimé. Ma vie est loin d’être parfaite. Et puis, si tout le monde était parfait, on s’ennuierait. Me lever chaque matin est un peu plus difficile. Que ça soit dans cette maison, celle de mes parents ou même à l’appart, situé au-dessus du bar. J’ai toujours ce sentiment déstabilisant de le voir débarquer dans le bar et venir me mettre une bourrade pour me taquiner. Ou encore qu’il arrive et me demande ce que j’ai encore fait de ma nuit pour avoir la gueule de bois ou cette tête d’insomniaque. Etrangement, j’aimerais réellement qu’il vienne m’asticoter. Ça me prouverait qu’il est encore parmi nous. Qu’il n’est pas mort. Que mon père ne m’a pas abandonné. Mais surtout, ça serait pour moi l’occasion de lui dire à quel point je l’aime. Chose invraisemblable que je n’ai pas estimé avoir à faire plus tôt. Oui, penser à lui m’est difficile. Penser à Casey l’est encore plus. Et pourtant ce sont les deux personnes qui m’ont appris qu’en amour rien n’est acquis. Ça c’était avant la lettre.

Une lettre qui a tout changé. J’ai du mal à croire qu’elle est de nouveau en ville. L’idée de la croiser me trouble et paradoxalement, ça me plait. Notre histoire semble vouée à un échec certain, lorsque les Forsythe rencontrent les Matthews. Un peu comme les Montaigu et les Capulet. Pourtant, je me surprends à croire que le retour de Casey est une seconde chance. Je dirais même que c’est irréaliste de songer qu’en m’ôtant mon père, on me rendait enfin la personne que je n’espérais plus, dans ma vie. Puisse-être une pure coïncidence ? J’ai du mal à y croire. En sa présence, j’ai du mal à me départir de mon sourire. Sa simple présence me ravit et réveille toutes ses émotions qui m’ont quitté avec notre éloignement. L’amour est traitre. Même lorsqu’on pense qu’une histoire est terminée, notre corps est là pour nous rappelons que nous ne sommes que des êtres humains pourvu d’un cœur qui bat. Et en sa présence, les battements s’accélèrent de façon exponentielle.

Levant les yeux au ciel, je constate que c’est exactement comme si ces 4 années n’avaient pas eu lieux. Nos regards se croisent et l’espace d’une infime seconde, mon cœur reconnait le sien. Puis-je espérer qu’un jour nos vies soit plus simple et qu’on parvienne enfin à être dans une même pièce sans aucune sensation de malaise ? Puis-je espérer retrouver notre complicité ? A cette seconde, je veux le croire. Il me suffit de lire dans ses yeux, un mélange d’embarras et de ravissement. Je sais qu’elle est là et que dorénavant, elle ne franchira plus le premier pas vers moi. Ces quatre années l’ont changé mais à mes yeux, elle est, et reste ma Casey. Quoi qu’il advienne, nos vies sont liés et le seront jusqu’à la fin de nos jours.

Son malaise est évident. Cet embarras me bouleverse mais surtout, il me touche en plein cœur. Sa douceur, cette manière de ne pas vouloir s’imposer dans ma vie, ça me rappelle qu’elle a traversé toute ses épreuves et seule qui plus est. Elle n’avait personne vers qui se tourner. Elle a relevé la tête puis est parvenue à quitter cette institution pour nous rejoindre, Courtney et moi. Quelque chose me porte à croire qu’elle tient toujours à moi. Qu’il y aura toujours un nous. Que même un divorce ne peut pas séparer deux âmes sœurs. Je baisse un instant les yeux lorsqu’elle me fait part qu’elle a certainement mal choisi son moment pour revenir.

Sa phrase se répercute dans mon esprit. Le pense-t-elle vraiment ? Croit-elle vraiment qui m’était plus facile de vivre sans elle que sans mon père, celui qui m’a tout apprit ? Elle enchaine du bout des lèvres, s’excusant pour tout. Ç’en est trop. Beaucoup trop. J’ai envie de la secouer tout entière pour l’obliger à se réveiller et prendre conscience qu’elle n’est pas coupable, ni même responsable de tout ce qui nous est arrivé. Mon regard se braque finalement dans le sien. « Je te donnerais pas raison. » déclarais-je tout de go. Il n’en était pas question. Bon sang !! Son père avait peut être détruit tout ce qu’ils avaient à l’époque mais aujourd’hui, la vie leur offrait une seconde opportunité. La chance de recoller les morceaux, d’aller de l’avant, de se reconstruire. Et si Logan savait une chose, c’était que ce genre de chose n’arrivait pas par hasard et qu’il fallait en profiter. « J’ai perdu mon père, Casey… Et ton retour, je veux croire que rien n’est perdu pour nous. » Soufflais-je un peu embarrassé. Je laisserais pas son père se mettre entre nous une seconde fois. Elle devait savoir que j’étais là. Pour elle. Que je l’aiderais, la supporterais et la protégerait, comme il en était mon devoir 4 ans plus tôt. « De là-haut, je suis sûr qu’il doit bien se marrer en nous voyant si gauche ! » souriais je en imaginant mon père se frotter les mains à l’idée que tout était encore à espérer pour nous.

Hendrix aimait la compagnie. Observer l’interaction entre les deux m’amusait. Ce chien cernait très vite les gens et il était évident qu’il se prenait d’affection pour celle qui fut ma femme. Lui grattant un instant entre les oreilles, je me pris à rêver d’être à la place de ce chien. Je devenais déjà dingue. Vouloir échanger de place avec le chien pour qu’enfin elle me touche ou me tienne entre ses bras. Etais-je à ce point en manque d’affection ? Je secouais un instant la tête pour repousser ces pensées quand finalement, je me souvins de sa question.

« - Hendrix. » haussais-je les épaules. « Il est né le 27 novembre… comme Jimmy Hendrix. Mon père a adoré ce signe et lui a donné son nom. » M’expliquais je doucement. C’était tout à fait le genre de mon père. En plus de donner parfois des surnoms ridicules à toutes sortes de personne. Et bien sûr j’en faisais partie. Combien de fois m’avait-il appelé Junior, juste pour me faire enrager ? Trop souvent mais en même temps, c’était une marque d’affection. La preuve directe que nous étions liés même si aucun lien de sang n’existait. Il était mon père et j’étais son fils. Rien n’était plus important que ça entre nous. « En tout cas, il sait déjà comment attirer les plus jolies filles ! » soupirais-je avec ce petit sourire espiègle aux coins des lèvres. « Je comptais rentrer. Ça te dirait de venir boire un verre ? » Proposais je, simplement. Elle pouvait décliner. Rien ne l’obligeait à accepter mais je tenais à ce qu’elle prenne conscience qu’en ma présence elle ne craindrait rien. Qu’elle pouvait à la fois me faire confiance et être rassuré. Je lui désignais la maison d’en face, celle à la façade blanche avec les escaliers qui menait directement à la grande baie vitrée. « Hormis Hendrix, tu n’auras pas à subir d’autres regards que le mien. Ma mère est restée en Irlande… »





Dernière édition par C. Logan Matthews le Lun 14 Fév - 17:02, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
« Casey H. Forsythe »


Casey H. Forsythe

Messages postés : 52
à San Diego depuis : 10/11/2010
Emploi/Situation : Etudiante

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyMer 17 Nov - 0:36

    J'étais revenue pour retrouver ceux que j'aimais. Et si j'avais très vite retrouvé Courtney, il m'avait fallu un peu plus de temps avant de retrouver Logan. Avant d'oser lui faire savoir que j'étais de retour. Avant d'oser faire un geste en sa direction, avant de me décider à le voir, quitte à tout bouleverser.

    Je savais que mon retour avait déjà ou allait chambouler sa vie, d'une manière ou d'une autre. Et s'il y avait bien une chose que je ne souhaitais pas le moins du monde, c'était bien que celui-ci ait un impact négatif sur sa vie. Parce que sa vie était assez compliquée comme ça, surtout en ce moment, sans que je vienne en rajouter. Bien sûr, on aurait pu se dire qu'il était trop tard pour que je pense ça, puisque le mal était déjà fait, puisque j'étais déjà retournée dans sa vie, sans crier gare, et qu'en plus de cela je ne l'avais pas ménagé avant de lui faire des révélations qui auraient pu attendre. Attendre qu'il ait fait son deuil, que les choses se soient arrangées pour lui. Attendre qu'il soit prêt. J'aurais dû attendre. Non pas pour revenir, mais pour le contacter, pour lui écrire cette lettre, et m'expliquer avec lui... Parce que, si lui écrire m'avait fait du bien, m'avait soulagée d'un poids, je réalisai à cet instant que ce poids, c'était en partie au tour de Logan de le porter. C'était à son tour de connaître la vérité, de savoir ce qui s'était vraiment passé. A son tour de regretter de ne pas avoir agit de telle ou telle façon, pour faire en sorte que rien de tout cela n'arrive, pour que nous ne soyons jamais séparés. Je n'avais pas voulu lui infliger toute cette peine. Ni avant, en partant, ni même maintenant, en revenant. Tout ce que j'avais toujours voulu, c'était son bonheur. Un bonheur que j'aurais été prête à partager avec lui, si la vie nous en avait laissé l'occasion. Un bonheur que j'étais prête à partager, si la vie nous offrait cette seconde chance que nous méritions.

    Parce que nous méritions d'avoir notre chance, de vivre notre amour comme nous aurions dû le vivre, quatre ans plus tôt. Parce que nous méritions d'obtenir cette vie à laquelle nous avions toujours aspirée depuis notre rencontre. Nous méritions de nous aimer à nouveau. Notre amour méritait une seconde chance. Parce que notre amour n'avait pas eu l'occasion, la première fois, de se terminer comme il se devait. A vrai dire, notre amour, notre histoire, n'avaient jamais eu de vraie fin. Nous le savions tous les deux. Et j'espérais qu'il pense la même chose que moi, que mes sentiments pour lui étaient réciproques. Parce que... Même si les choses étaient encore compliquées, je savais qu'avec un peu de patience, et d'amour, nous pourrions peut-être retrouver ce que nous avions perdu. Ce qui nous avait été enlevé.

    Non, je n'avais jamais voulu lui faire le moindre mal. Parce que l'idée même de le savoir malheureux m'avait toujours rendue triste. C'était pour ça que je m'étais excusée. Pour la mort de son père, d'abord, car je savais combien il tenait à lui, combien ces deux là s'aimaient. Je savais ce qu'il pouvait ressentir, combien la perte d'un être cher pouvait être difficile. J'avais vécu ça, quelques années plus tôt, quand on m'avait annoncé que je ne reverrai jamais notre fils, qu'il avait été confié à une famille avant même que j'ai le temps de lui donner un nom. J'avais vécu ça, quand j'avais finalement appris, quelques mois plus tard, qu'il était décédé. Bien sûr, ça pouvait ne pas être comparable, et je ne pouvais pas vraiment comprendre. Parce que je n'avais pas connu notre enfant aussi longtemps que Logan avait connu son père, et parce que mon père n'avait jamais été aussi bon avec moi que l'avait été Andy avec Logan. Mon père, à vrai dire, avait été son opposé, et je savais pertinemment que jamais, je ne ressentirai ce sentiment de perte que pouvait bien éprouver Logan en ce moment, car mon père, à moi, n'avait jamais été à la hauteur, bien au contraire. Je savais néanmoins ce qu'Andy avait représenté pour lui, ce qu'il représentait encore à ce jour. Je savais que Logan l'aimait, même s'il ne me l'avait jamais dit dans ces termes. Ces choses là se voient, et croyez moi, l'amour entre ces deux là s'était vu comme un nez au milieu de la figure. Et entre nous, je regrettais sincèrement le décès d'Andy, car il avait été quelqu'un de formidable.

    Mais en faisant mes condoléances à Logan, en m'excusant pour la perte de son père, j'en avais profité pour m'excuser pour le reste. Pour tout. Pour ce que je lui avais fait subir, pour ce que mes parents avaient fait... Pour toutes ces choses qui nous faisaient mal, à tous les deux. J'étais sincère, en faisant mes excuses. Et c'était peut-être là le problème. Après mes mots, je vis l'expression changer sur le visage de Logan, bien qu'il ait la tête baissée... Et je ne comprenais pas... Etait-il en colère ? Pas vraiment. Ca n'était pas ça, pas exactement. Je n'aurais su dire ce que que je vis sur son visage à cet instant, toujours est-il qu'il planta sans plus attendre son regard dans le mien pour me répondre d'emblée :

    « Je te donnerais pas raison. »

    Je baissai les yeux sans plus attendre. Et avant même que j'ai eu le temps de répondre, il ajouta :

    « J’ai perdu mon père, Casey… Et ton retour, je veux croire que rien n’est perdu pour nous. »

    Mon coeur se serra. Ca me faisait mal, de l'entendre dire ça. Moi aussi je voulais croire que rien n'était perdu pour nous. Mais il fallait être réaliste. Quatre années avaient été perdues, et tant d'autres choses encore. Deux personnes qui s'aiment, même profondément, d'un amour incommensurable, peuvent-elles retrouver toutes ces choses qu'elles ont perdu ? J'aurais tellement aimé que la réponse soit oui. Qu'il nous soit possible de nous retrouver, aussi facilement que nous le voulions. Mais les choses n'étaient pas si simples... Moi, je n'étais plus exactement celle qu'il aimait et lui... Il venait de perdre son père, et pourrait revenir vers moi pour de mauvaises raisons. Je m'en voulais de penser ça, et pourtant, je ne pouvais m'en empêcher. Je redressai finalement la tête dans sa direction, avant de répondre à mon tour :

    « J'ai envie d'y croire aussi Logan... »

    A nouveau, j'étais sincère. Peut-être même un peu trop. J'aurais dû me taire, ne rien rajouter, et attendre. Ne pas parler. Comme je l'avais fait pendant quatre ans. Parce que pendant ces quatre dernières années, le silence avait été mon meilleur ami. Mais en présence de Logan, le silence n'avait pas sa place. Je n'avais qu'une envie à présent, me jeter dans ses bras pour m'y blottir, et tout oublier, l'espace de quelques secondes. Qu'il n'y ait rien d'autre que lui, moi, ses bras, son coeur, la chaleur de son corps. Que tout le reste ait disparu.

    « De là-haut, je suis sûr qu’il doit bien se marrer en nous voyant si gauche ! » ajouta-t-il en souriant.

    Il avait tellement raison. J'imaginais bien Andy, nous observant, et critiquant gentiment notre manière si maladroite de nous adresser l'un à l'autre. En réalité, cette idée avait quelque chose de rassurant. L'idée, en effet, que quelqu'un comme lui, la-haut, nous observe, me rassurait. Parce qu'au moins là-haut, quelqu'un croyait en notre histoire. Probablement plus que nous même.

    Si rien ne nous garantissait que, de là haut, Andy veillait effectivement sur nous, il y en avait un, en revanche, qui nous observait depuis le début, et qui devait, à défaut de s'amuser, s'ennuyer légèrement du manque d'attention que notre rencontre lui avait apporté. C'était probablement pour cela que son chien était alors venu à ma rencontre. Et comme j'avais toujours aimé les bêtes, je ne m'étais pas faite priée pour caresser l'animal en question, allant même jusqu'à m'accroupir à sa hauteur pour le câliner. Je m'étais cependant redressée après un temps, demandant à Logan comment il s'appelait.


    « Hendrix. » répondit-il en haussant les épaules. « Il est né le 27 novembre… comme Jimmy Hendrix. Mon père a adoré ce signe et lui a donné son nom. »

    J'eus envie de sourire, en l'entendant parler. Je ne savais pas si ça s'était vu. Toujours était-il qu'il avait toujours eu cette façon d'expliquer les choses, avec douceur, avec ce petit quelque chose qui donnait toujours de l'intérêt à ses précisions, et que ça m'avait toujours à la fois attendrie et amusée.

    « En tout cas, il sait déjà comment attirer les plus jolies filles ! » soupira-t-il avec un léger sourire au coin des lèvres.

    « Certainement pas autant que son maître » répondis-je alors.

    Oui, Logan avait toujours su comment attirer les plus jolies filles. C'était peut-être pour ça que j'avais d'abord été surprise, lorsque nous avions commencé à sortir ensemble. Parce que je ne me considérais pas comme des plus jolies, qu'il aurait pu en avoir bien d'autres et que finalement, c'était moi, qu'il avait choisie. J'en avais été fière. Mieux que ça, j'en avais été heureuse. Surtout après notre mariage. Un jour qui resterait à jamais gravé dans ma mémoire. Et qui m'était justement revenu en mémoire par ce pendentif que j'avais vu à son cou : il portait son alliance. Alors notre mariage avait eu le même sens pour lui que pour moi. Cette fois, j'en étais presque sûre. Une drôle de sensation me traversa, quand il reprit la parole :

    « Je comptais rentrer. Ça te dirait de venir boire un verre ? »

    Je cessai de regarder son pendentif pour poser à nouveau mon regard dans le sien. Nous savions tous les deux que c'était un moyen détourné pour me proposer de passer du temps avec lui. Et si boire un verre ne me disait rien, passer quelques minutes, peut-être même quelques heures de plus en sa compagnie, en revanche, m'aurait fait plaisir. Cependant... Lorsqu'il me désigna d'un signe de tête la maison juste en face, j'hésitais à accepter... Parce que je ne voulais pas le déranger... Mais aussi et surtout parce que sa mère était peut-être là – elle venait de perdre son mari après tout, il semblait naturel qu'elle et son fils passent du temps ensemble – et que je redoutais sa réaction en me voyant. Je redoutais ce qu'elle pourrait dire. J'avais peur des reproches qu'elle pourrait me faire, des questions qu'elle pourrait me poser quant à ces quatre dernières années, des questions auxquelles je ne voulais pas répondre, car seuls Logan et Courtney connaissaient la vérité sur ces dernières. Peut-être sentit-il mon hésitation, puisqu'il ajouta sans plus tarder :

    « Hormis Hendrix, tu n’auras pas à subir d’autres regards que le mien. Ma mère est restée en Irlande… »

    Je n'avais pas envisagé cette éventualité. Je pensais qu'elle serait rentrée avec lui. Mais puisque toute la famille se trouvait en Irlande, il semblait logique qu'elle soit restée la bas, pour quelques temps, du moins. Toujours est-il que je ne m'étais certainement pas attendue à ce qu'il lise dans mes pensées de la sorte.

    « Si tu es certain que ma présence ne te dérange pas ; alors, je pense que je pourrais supporter ton regard un peu plus longtemps. Ce sera même avec plaisir. »

    Je ponctuais ma phrase d'un pas en avant, en direction de la maison. J'aurais aimé faire un pas dans sa direction à lui, venir caresser sa main avec tendresse, entrelacer nos doigts avec douceur et délicatesse, mais je n'en avais rien fait. Au lieu de ça, je tournai la tête dans sa direction, tendant mon bras, et ma main vers lui, attendant qu'il me rejoigne.
Revenir en haut Aller en bas
« C. Logan Matthews »


C. Logan Matthews

Messages postés : 73
à San Diego depuis : 02/10/2010
Emploi/Situation : barman

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyMer 17 Nov - 15:05



Au cours de ses quatre dernières années, je me suis endurcie. Reléguant Casey dans un coin de mon esprit et de mon cœur, je me suis efforcée à bloquer chaque sentiment qu’elle a pu me faire éprouver. Ça n’a pas été une mince affaire. Rester à San Diego était surement une erreur monumentale. Car, je pouvais l’imaginer débarquer à n’importe quel moment. Mais peut être aussi était ce justement parce qu’elle saurait où me trouver, si elle voulait rentrer. Elle saurait que quelqu’un l’attendrait.

Attendre. Encore une erreur ? Peut-être. J’en sais trop rien à vrai dire. Ces années sans elle, je me suis contenté de survivre. Me lever chaque matin en me demandant, si j’aurais dû aller de l’avant ou encore si j’aurais dû affronter les Forsythe pour connaître le fin de mot de l’histoire. Car il aurait dû me sauter aux yeux que Casey n’aurait jamais changés d’avis concernant notre mariage. Et si jamais ça l’avait été, elle serait venue m’en parler. Parce qu’elle m’aimait et qu’elle croyait en moi. Bien sûr, on était encore des gamins tout justes sortis du lycée. Alors forcément, on idéalisait tout. Et pourtant, je savais au fond de moi que notre histoire était des plus profonde et puissante. Qu’on aurait pu éviter toute cette tragédie. Il aurait fallu une seule, qu’on fasse bloc ensemble.

Le regrettais-je ? Lorsqu’il s’agit de Casey, je n’ai pas matière à regretter. Elle est la meilleure chose qui ait pu m’arriver durant toute ma vie. Ma mère ne dirait pas la même chose. Uniquement parce qu’elle cherche toujours à protéger son petit garçon qui est devenu un homme. Quand à mon père, il m’aurait mis un coup de pied aux fesses, juste pour me faire réagir. Et lui, fallait le reconnaitre, il savait s’y prendre et me comprenait mieux que personne. Car lui aussi avait connu l’amour de sa vie. Et moi, j’étais profondément malheureux sans celle qui avait ravi mon cœur pour l’emmener avec elle.

Durant ces années, j’ai connu des femmes mais l’engagement me faisait peur. J’y étais devenu allergique. Conséquence de mon histoire avec Casey. Sauf que pendant que je souffrais au côté d’autres femmes, elle connaissait à la fois la torture physique et mentale. Le savoir me rendait dingue. On me l’avait enlevé. On m’avait enlevé mon enfant et la femme que j’aimais. Si la colère modifiait mes traits, ça n’était pas la plus atroce des souffrances. C’était celle de voir ma Casey complètement transformé. J’ai beau savoir qu’elle ne sera jamais plus, celle qu’elle a été. Je sais aussi que ce qui nous rapprochait ne peut pas s’être totalement envolé. Il suffit juste de gratter un peu la surface pour se rendre qu’elle est encore là. Beaucoup plus fragilisé et vulnérable. Ça me perturbait bien plus qu’aucun mot ne pourrait le décrire. Car les Forsythe avait fait les choses en grand. Ils avaient tué leur propre fille. Et à cet instant, je réalisais combien Casey avait dû être forte pour s’en sortir seule et revenir vers moi. Bien plus forte que je ne l’ai été. Méritais-je seulement de l’avoir dans ma vie ?

Toute cette histoire me rendait malade. J’avais pas l’impression qu’on soit au XXIième siècle. Non on était revenu au temps de Shakespeare et de ses tragédies. Vivons-nous à la bonne époque ? La colère et le cœur meurtrie, j’ai envie de tout envoyé valser et de mettre une correction au père de Casey. Mais en même temps, je suis investie de la protéger. J’ai toujours éprouvé ce besoin de prendre soin d’elle. J’y ai failli de façon littérale. Grandiose même. Et lorsqu’elle est là, face à moi, embarrassée à tenter de me présenter ses condoléances, une sourde colère pointe en moi. Une colère incontrôlable, comme si c’en était trop et que la voir souffrir me tuait comme un venin qui s’insinue entre mes veines. Ça n’était pas la voir qui me faisait mal, c’était cette souffrance brute. Une souffrance crue que son corps me criait. Tout son être m’appelait et ça me rendait malade. Parce qu’en dépit des années mon amour pour elle, était toujours là, aussi dangereux et puissant. Existait-il une chance qu’un jour nous trouvions la paix de l’amour ensemble ?

Bien sûr qu’elle ne comprenait pas. Elle baissait la tête et je me serais donné une claque, si j’avais pu. Je m’approchai rapidement, glissant spontanément ma main sous son menton. Elle ne devait pas croire que je me moquais de ses condoléances. C’était bien plus épineux que ça. Beaucoup plus compliqué. Elle devait savoir que je ne la tenais pas responsable. Que nous avions été les pions de son père sur un échiquier géant.

« Caz’… » Soufflais-je, la respiration plus difficile au contact de mes doigts sur son visage. « Pas de culpabilité, pas d’excuses. Il n’existe qu’un seul responsable à ce qui s’est produit durant ces années. Ça n’est pas toi. » Fis je tout bas. Elle devait savoir que je ne lui en voulais pas. Que je tenais encore à elle. Enfin ça, ça tenait plutôt de l’évidence.

Il était certainement trop tôt pour cette conversation. Trop tôt pour qu’on aborde les sujets les plus épineux. Celle de nos sentiments et pourtant, ça franchissait mes lèvres sans même que j’y songe. On était ensemble. On se nourrissait de la présence de l’autre comme si c’était la dernière fois qu’on se verrait. Je veux croire que ça n’a rien d’une coïncidence, si elle est de retour dans ma vie aujourd’hui. Que mon père a joué un rôle là-dedans. Ça lui ressemble tant. Lui qui a toujours aimé la jeune Forsythe. Qui l’admirait entre autre parce qu’elle pouvait faire tout ce qu’elle voulait de moi. Sa réponse me soulage tout autant qu’elle m’inquiète. Ainsi, elle le veut mais elle a peur ou qu’elle a des doutes. Je me pince les lèvres puis penche la tête pour croiser son regard.

« Alors accroche-toi. Parce qu’il n’est plus question que tu sois seule… jamais. » Déclarais je, si simplement que je me surpris même à lui sourire. Chose rare depuis quatre ans.

Sauf que Casey modifiait mon avenir, ma vie, toute ma vie. Elle était ce que j’ai de plus cher et je n’envisageais pas la suite sans elle près de moi. Durant une période j’avais bêtement cru que je m’étais remis de notre histoire mais il a simplement fallut que Courtney débarque et me parle de Casey, et de cette lettre pour que je prenne conscience que je ne pourrais jamais tirer un trait sur mon amour pour elle. Elle était ma vie. Tout ce qui la touchait me touchait. Comme à cet instant. L’une des premières choses que je souhaitais, c’était faire revenir ce sourire sur ce visage angélique. Et j’y parviendrais, ça n’était qu’une question de temps. Et du temps, nous en avons à revendre.

Le malaise entre nous commence à se dissiper et parler d’Hendrix et de mon père m’aide. Ça peut sembler étrange mais je sais qu’Andy aurait voulu que je parle de lui. Que je lâche enfin ce que j’ai sur le cœur. Que j’ose enfin montrer mes faiblesses. Et la seule à qui je pouvais me dévoiler, c’était elle. Car elle ne me voudrait jamais de mal. Car elle voulait me protéger autant que je le désirais. On était juste fait l’un pour l’autre mais ça, c’était une autre histoire. Il faudrait du temps. Beaucoup de temps même avant qu’on puisse reléguer le passé à sa place, afin d’aller de l’avant. Mais j’étais optimiste. Parce qu’elle était là. Si son sourire était encore absent, je devinais presque que ma remarque l’aurait fait sourire.

« - Moi ? Sûrement pas ! » Niais-je radicalement, en levant les yeux vers elle. « Liam a toujours été bien plus doué que moi. » protestais-je pour la forme. L’idée qu’elle pense que j’attirais les plus jolies filles m’amusaient. Enfin pas autant que l’idée qu’elle réalise, qu’elle était la plus jolie à mes yeux. Car c’était elle. Les autres avaient du charme, mais elle, elle possédait à la fois la beauté, l’intelligence, le charme et ce naturel qui me troublait depuis longtemps déjà.

Peut-être les choses allaient elles trop vite. Enfin, il me semblait nécessaire qu’on soit ensemble. Qu’on passe du temps juste tous les deux sans qu’un Forsythe, un Matthews ou même Liam nous tombe dessus. Je voulais du temps en tête à tête avec elle. Et la maison était juste à côté, alors pourquoi ne pas profiter de l’occasion ? C’est seulement après avoir formulé ma question que je réalisais qu’elle pourrait s’y sentir mal à l’aise. Peut-être songeait-elle que ma mère serait là. Je mis un temps à réagir et à lui expliquer qu’elle était encore dans la famille. Je restais vague. Ne lui expliquant pas pourquoi, au contraire, je n’y étais pas resté. Ça serait pour plus tard. Si elle avait des questions. Ce qui, j’en suis presque sûr, est le cas. Finalement, sa réponse ne me déçu pas. Elle voulait du temps avec moi. Elle avait besoin de moi. Du moins, c’est comme ça que je l’interprétais. J’avais noté son regard sur ma chaine, mon alliance. Elle-même ne l’avait plus ou bien, la gardait elle dans une petite boite. Je ne savais pas. Toujours est-il que je la sentais progressivement se détendre, en ma présence. Elle fut la première à prendre la direction de la maison. Cette décision lui appartenait et cette main qu’elle me tendait me porte à croire qu’on a réellement un avenir ensemble. Un lent sourire s’étire sur mon visage et je n’ai besoin que d’une seconde pour m’emparer de cette main tendue. Machinalement et sans réfléchir, mes doigts s’entrelacent aux siens, retrouvant la chaleur de son corps. Mais ça n’était pas suffisant. Je voulais plus. Beaucoup plus. Me rapprochant, je lâchais sa main pour glisser mon bras autour de ses épaules, l’attirant plus près de moi. Hendrix ouvrant le chemin devant nous, nous suivîmes le chien en silence que je rompis finalement très vite.

« Il m’a tout laissé. La maison, le bar, les voitures… mais il a fait même mieux que ça. Quelque chose qui n’a pas de valeur financière, il t’a ramené vers moi. C’est plus que je n’aurais jamais pu espérer. Cette fois, je manquerais pas à ma parole… je suis là pour toi. » Soufflais-je spontanément avant de déposer un baiser dans ses cheveux comme j’avais pu le faire des années auparavant. C’était si naturel, si normal. Si habituel. Je repris alors, changeant de sujet. « Comment a réagi Court’ en te voyant ? » alors que nous grimpions les escaliers qui venaient à la grande baie vitrée du salon.


Revenir en haut Aller en bas
« Casey H. Forsythe »


Casey H. Forsythe

Messages postés : 52
à San Diego depuis : 10/11/2010
Emploi/Situation : Etudiante

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyMer 17 Nov - 20:24

Il était si étrange de me retrouver en face de lui. Etrange, de sentir tant de contradiction en moi. Parce que si mon corps ne désirait qu'une seule chose : retrouver le sien; ma tête, elle, l'en empêchait. Je doutais. Je ne doutais pas de ses sentiments, non, mais quelque chose me retenait. La peur, sans doute. Celle d'être à nouveau déçue, de le perdre une nouvelle fois et de devoir supporter son absence comme je l'avais déjà fait pendant quatre ans. Parce que si une telle chose aurait dû arriver, cette fois, je ne m'en serais pas remise, je le savais. J'avais peur aussi de ce que je pouvais ressentir. De ce que je ressentais à cet instant, de ce que j'avais ressenti quand nos regards s'étaient croisés. J'étais stupide. Car je me rendais compte, à bien y réfléchir, que j'avais peur de tout, ou presque. Mais c'était notre histoire, notre passé, qui me retenaient. Et je savais pertinemment que tant que je n'aurais pas mis toute cette histoire de côté, je ne pourrais pas avancer, je ne pourrais pas aller encore plus vers lui. La solution ? C'était de tirer un trait sur tout cela, de tout recommencer. Mais c'était tellement plus facile à dire qu'à faire...

Je regrettais sincèrement mon manque d'assurance devant lui. J'aurais aimé me montrer moins froide, lui faire comprendre, par un geste, par des mots, que je l'aimais toujours, et que rien n'avait changé, malgré ce que nous avions traversé, malgré aussi ce que les apparences pouvaient laisser penser. Mais j'en étais malheureusement encore incapable, pour le moment. Peut-être qu'avec le temps, tout cela finirait par changer... C'était tout ce que j'espérais : que le temps me redonne la force de croire en un avenir avec Logan. Parce que si j'étais certaine de ce que je voulais, si j'étais certaine de vouloir faire le reste de ma vie avec lui, en revanche, je considérais encore cela comme un rêve, une douce utopie, quelque chose d'idéaliste qui n'aurait jamais lieu. Parce que d'autres obstacles se mettraient entre nous. Parce que la vie, si elle l'avait décidé ainsi, ne nous laisserait pas cette chance que je souhaitais plus que tout au monde.

J'en demandais peut-être trop. Peut-être en avais-je toujours trop demandé. Peut-être que c'était pour cette raison que le destin m'avait punie en m'arrachant à tous ceux que j'aimais, en me laissant seule pendant toutes ces années. Peut-être aurait-il fallu que je revoie mes exigences à la baisse... Peut-être que je n'étais pas faite pour avoir quelqu'un comme Logan, peut-être méritait-il mieux... Quelqu'un de plus fort, de plus indépendant. Quelqu'un qui n'aurait pas cédé sous la pression de ses parents. Et pourtant... Cette idée, qu'il en aime une autre, qu'une autre que moi soit la femme de sa vie, me rendait malade. Je voulais être celle qui le rendait heureux, je voulais être celle qui passerait le reste de ses jours à ses côtés. Je ne voulais pas m'éloigner de lui une seconde fois. Car ma vie, sans lui, perdait tout son sens. Elle n'avait aucun intérêt. La vie était triste quand il n'était pas là. La vie n'existait à vrai dire pas, en son absence. Parce qu'on ne pouvait pas vraiment dire que j'avais vécu, pendant ces quatre années où nous avions été séparés : J'avais survécu. J'en avais marre de survivre. Je voulais vivre à nouveau, ressentir en moi les plaisirs simples de la vie. Voir son sourire, et y répondre naturellement, sans me forcer, sans avoir l'impression que mon geste sonne faux. Je voulais qu'on s'aime, qu'on ait un avenir ensemble, sans que la peur ne s'immisce entre nous. Je savais que je demandais trop. Que je ne pouvais probablement pas avoir tout ça, et pourtant, je ne voulais rien d'autre que retrouver ce que j'avais perdu, ce qu'on m'avait arraché.

Mais ce que je voulais aussi, c'était qu'il me pardonne, pour l'avoir fait souffrir, pour n'avoir toujours fait que lui compliquer la vie. Pour avoir été celle qui l'avait introduit à la haine de mon père. Il ne méritait pas d'être détesté à ce point, parce qu'il était un être exceptionnel, parce qu'il faisait de moi quelqu'un d'exceptionnel. Mais ça, mon père ne l'avait pas vu. Tout ce qu'il avait regardé, c'est que Logan ne ferait pas de moi quelqu'un de riche. Qu'il ne ferait pas de moi quelqu'un d'important. Parce que Logan n'avait pas eu la (mal)chance de vivre dans une famille comme la mienne, et que selon mon père, le rang de mon époux était le plus important. Comme si l'amour n'avait pas sa place dans un mariage. Sottises. Notre mariage n'avait peut-être été composé que de notre amour, mais c'était pour cela que j'y avais cru. Parce que même nos différences, nous avaient servi, à l'époque. Elles nous avaient permis de nous compléter, d'apprendre l'un de l'autre, même si parfois, elles avaient également apporté leur lot de petites disputes.

Je n'avais jamais voulu lui faire de mal. Ni même que mes mots le mettent en colère. Et à vrai dire, je n'avais pas compris son changement si soudain d'attitude. J'avais baissé les yeux, pour ne pas avoir à affronter son regard, pour ne pas avoir à sentir sa colère à mon égard. J'avais pourtant voulu faire bien, en disant cela, et je réalisais à présent que j'aurais mieux fait de me taire, de ne rien ajouter. Il s'approcha rapidement de moi, et je sentis sa main glisser sous mon menton. Je frissonnais au contact de sa peau contre la mienne, la contradiction entre ce que me dictait mon coeur et ma tête se faisant encore plus forte à cet instant.

« Caz’… » commença-t-il avec plus de douceur, mais plus de difficulté, également.« Pas de culpabilité, pas d’excuses. Il n’existe qu’un seul responsable à ce qui s’est produit durant ces années. Ça n’est pas toi. »

Il avait dit ces mots si bas, il les avait presque murmurés. Je n'étais même pas sûre qu'il ait réellement dit ça. Malgré tout, ces mots réveillaient en moi un sentiment que je croyais effacé depuis longtemps en moi. J'avais été comme une coquille vide, ces dernières années, subissant la peine, la souffrance, et se raccrochant à un amour passé pour tenir. Depuis mon retour, les choses avaient changées. Car si je ressentais toujours cette douleur, juste au niveau de ma poitrine, celle-ci s'atténuait néanmoins en la présence de Logan. Mais il avait aussi le pouvoir de réveiller bien d'autres choses en moi, comme à cet instant. J'étais à la fois touchée par ses mots (j'en avais même les larmes aux yeux), et en même temps, je n'étais pas d'accord avec ces derniers. Parce qu'il n'y avait pas qu'un seul responsable à tout ce qui s'était passé entre nous. Ma mère avait été tout aussi responsable que lui. Elle avait accepté de me faire disparaître, elle avait accepté de faire disparaître toute trace de notre amour à tous les deux, en acceptant mon départ en Suisse, et que notre enfant soit confié à des inconnus. Et moi... J'avais eu autant de responsabilités que mon père...

FLASHBACK

« Avez-vous signé ce document Casey ? », me demanda à nouveau le docteur Wegmann, qui était à la fois le directeur de l'établissement dans lequel j'avais été placée, mais également mon « conseiller » (comprenez psychiatre) attitré.

«  Oui  », répondis-je alors, dans un souffle.

« Votre père vous y a-t-il obligé ?  »

Je pris un moment de réflexion. M'y avait-il obligée ? Non. Pas vraiment. C'était moi qui lui avais dit de m'apporter ces papiers. Moi qui lui avais dit que je voulais les signer sans plus attendre. Pour donner sa liberté à Logan. Parce que j'avais cru, à l'époque, que c'était ce qu'il voulait.

«  Non. C'est moi qui lui ai demandé de me les apporter.  »

« Vous reconnaissez donc les avoir signé de votre plein gré ?  »

Léger silence. Puis la réponse vint finalement d'elle-même :

«  Oui  ».

« Vous a-t-il forcé à venir ici, parmi nous ?  »

«  Non. Pas vraiment.  »

« Je veux une réponse exacte, Casey. Vous y a-t-il forcée ?  »

«  Non.  »

« C'est vous qui avez accepté de venir, vous qui avez demandé à votre père de faire toutes les démarches nécessaires pour venir ici.  »

«  Oui.  »

« Et vous saviez très bien, en venant ici, qu'il vous serait impossible d'élever cet enfant.  »

«  Non.  »

« Pourtant, en venant ici, vous vous engagiez à le laisser dès sa naissance.  »

«  Non  » m'empressai-je de répondre, sentant comme une angoisse monter en moi à la simple mention de cet enfant, et de son abandon.

« En êtes vous certaine ?  »

«  Oui !  » m'écriai-je alors. «  Je voulais cet enfant. Je voulais l'élever, et je le veux encore. Je veux juste qu'on me le rende...  »

« Vous savez pertinemment que c'est impossible, Casey. Cet enfant appartient à présent à une famille qui l'aime, et qui fera tout pour son bonheur.  »

Les larmes me montèrent aux yeux. On me l'avait pris. Mon bébé. Notre bébé. Notre fils. On ne me le rendrait pas. Cela faisait déjà plusieurs semaines que cette histoire me rendait folle, dans le sens propre du terme. Et je commençais déjà à me sentir défaillir.

«  Je veux mon enfant.  »

« Il sera mieux avec une vraie famille. Pensez à tout ce que ces gens qui l'ont adopté lui apporteront, que vous ne pourrez jamais lui donner... Comme l'amour d'un père, par exemple.  »

«  Mais il a un père -  », commençai-je alors à m'emporter.

« Il n'avait pas de nom.  », me coupa-t-il.

«  Quoi ?  »

« Vous ne lui avez pas donné de nom, Casey. Pensez-vous qu'une mère qui souhaite garder son enfant le laisserait ainsi, sans nom ?  »

« Mais je... Je croyais qu'on allait me le rendre. Je n'ai pas eu le temps de lui en donner un, j'ai à peine eu le temps de le sentir contre moi, que déjà, on l'emmenait.  »

« C'est la procédure habituelle dans les cas comme le votre Casey. Vous n'auriez même pas dû le voir. Toujours est-il que si vous l'aviez vraiment désiré, vous ne seriez jamais venue ici, et vous lui auriez donné un nom.  »

Je me tus. Le regard dans le vide, je réfléchissais à ces mots. C'était du n'importe quoi. Je n'avais jamais voulu ça. Je n'avais jamais voulu me séparer de Logan, qu'on m'enlève mon enfant. C'était ce que mon père, lui, avait voulu. Moi pas. J'éclatais en sanglot, tandis que le docteur Wegmann se leva de son fauteuil pour tenter de calmer mes sanglots qui en étaient presque incontrolables.

« Calmez-vous...  »

Je n'y parvenais pas, cependant. J'étais trop mal. J'avais besoin de pleurer. Pour ne pas m'énerver, pour ne pas casser tout ce que je pouvais, comme je l'avais fait la dernière fois.

« C'est difficile, d'accepter la vérité. Le fait est que votre père n'est pas le seul responsable de ce qui vous arrive... Vous avez consenti à votre divorce, à venir ici. Votre présence parmi nous n'est que le résultat des choix que vous avez fait... »

FIN DU FLASHBACK

« Les choses sont plus compliquées que ça Logan, et tu le sais.  »

Oui, il savait bien, dans le fond, que si j'avais su tenir tête à celui qui nous avait séparés, rien de tout cela ne nous serait arrivé. Mais il savait aussi que j'avais signé ces papiers sans chercher à savoir s'il y avait un piège, sans me douter que Logan n'aurait jamais voulu de notre séparation. Je ne lui avais pas fait confiance. J'étais tout aussi responsable que mon père, même s'il était incapable de le reconnaître, car il me mettait sur un piédestal, et qu'il m'idéalisait malgré tout ce que j'avais pu lui faire endurer. En un sens, c'était une preuve d'amour, et je ne pouvais pas lui en vouloir...

Je n'ajoutais rien de plus sur le sujet. Parce que je n'avais pas envie de parler de ça. Pas maintenant. J'avais déjà fait un effort en lui écrivant cette lettre, en lui confiant tout ce qui s'était passé pour moi ces quatre dernières années. Cette lettre, il m'avait fallu plusieurs jours pour la rédiger. Il nous faudrait encore un peu de temps avant de parler concrètement de ce que je lui avais révélé. Parce que je n'étais pas prête à le faire, parce que je n'étais pas prête à lui parler de tout ça, à dire tout ce que j'avais à dire à voix haute, face à lui. Je n'étais pas prête à sentir son regard me fixer, à le voir m'écouter lui raconter ce qu'il voulait entendre. On n'était pas prêts pour ça. On venait à peine de se retrouver... Ce que j'avais voulu, c'était qu'il sache juste la vérité. Et la vérité, c'était que je l'avais aimé, que je l'aimais, et que je l'aimerais toujours, et que je n'avais jamais voulu que notre histoire prenne fin.

Et en même temps... Logan semblait avoir plus d'aisance à parler des sujets que je voulais éviter. Il avait plus de facilités à me faire part de ses sentiments. Ca semblait tellement naturel pour lui, comme si ces quatre années ne nous avaient jamais séparés. J'aurais tellement aimé être capable d'en faire autant. Il m'avait confié qu'il voulait croire que rien n'était perdu pour nous. J'avais envie de le croire aussi. De penser que nous pourrions retrouver ce qui nous avait été enlevé. Je le lui avais dit. Il pencha sa tête, et nos regards se croisèrent.

« Alors accroche-toi. Parce qu’il n’est plus question que tu sois seule… jamais. » Déclara-t-il avec un sourire, un de ceux qui me réchauffaient le coeur, et qui me rassuraient.

Je posai une main hésitante sur la sienne. M'accrocher. C'était ce que j'avais fait, pendant quatre ans. Ce que je ne cessai jamais de faire. Pour ce qui était du reste de ce qu'il m'avait dit, je sentis bien rapidement les larmes me monter aux yeux. Des larmes que je contenais, qui ne couleraient pas le long de mes joues.

« J'ai envie de croire à cela aussi... Que je ne serais plus jamais seule... Mais...  »

Je m'arrêtai un instant, avant de fondre en larmes. Et moi qui avais voulu les contenir, moi qui avais voulu tenir bon...

« J'ai peur Logan... J'ai peur que la vie nous sépare à nouveau et que cette fois, je ne puisse pas me relever. Parce que je sais que je n'aurais pas la force de refaire tout ça une deuxième fois.  »

Les choses étaient dites. Et cela me surpris moi même. Je n'aurais jamais pensé pouvoir aller jusque là, être finalement capable de lui dire ces mots que j'avais sur le coeur depuis que nous nous étions retrouvés. Je baissai la tête, pour fuir son regard, et je tentai de chasser les larmes que j'avais versées de mes joues sans plus tarder. Je n'aimais pas ça. Je n'aimais pas montrer ma vulnérabilité aux autres, montrer mes faiblesses. Et pourtant, des faiblesses, j'avais l'impression de n'avoir plus que cela. Parce qu'il ne me restait qu'une seule force, c'était mon amour pour lui, ce qui m'avait permis de tenir le coup pendant quatre ans et de finalement revenir à San Diego pour le retrouver. Mais il le savait déjà. Et puis, il le sentait, j'en étais certaine.

Nous nous aimions tous les deux. Il comptait bien plus pour moi que quiconque en ce bas monde, et je ne m'imaginais pas vivre sans lui. A vrai dire, ça n'était pas d'être seule, qui m'effrayait tant – bien que l'idée m'effraie elle aussi – mais c'était surtout d'être sans lui. Parce que j'aurais pu être entourée de tous mes amis, de ma soeur, s'il n'était pas là, je ne voyais pas où était l'intérêt à ce que je continue de me battre pour vivre. Il était la seule raison pour laquelle je m'étais battue pendant quatre ans. Il avait toujours été ma raison de vivre. Il m'avait permis de fuir l'enfer, sans même le savoir, par la force de tout l'amour qu'il avait pu me donner quatre ans plus tôt. Il était celui qui m'avait sauvée, même s'il ne le savait pas, et qu'il ne s'en doutait probablement pas.

Sa proximité, physique, mentale, nos paroles, tout cela finit par nous mettre plus à l'aise, l'un avec l'autre. Son chien y participa aussi. Parce que lorsqu'il s'approcha de moi, il m'offrit l'opportunité de changer de sujet, de parler de choses plus futiles, telles que son nom. Et si Logan m'avait répondu sans plus attendre, il n'avait pas hésité à ajouter une petite anecdote concernant le nom de ce chien, de même qu'une petite plaisanterie dont lui seul avait le secret. Il me donnait envie de sourire. Et si je ne souriais pas, si mon coeur était encore trop lourd pour ça, mon esprit encore trop confus, l'envie, elle, était bien là, et il le savait, j'en étais certaine. Ces choses là se sentent. Il devait sentir que, malgré la gêne, j'étais bien avec lui.

« Moi ? Sûrement pas ! Liam a toujours été bien plus doué que moi. »

J'haussai un sourcil dubitatif, avant de répondre :

« Liam ne t'arrive pas à la cheville. Tu as toujours eu beaucoup plus de charme que lui, et tu as toujours attiré les plus belles filles à tes pieds. C'est pour ça que notre couple a fait des jalouses. Elles voulaient toutes t'avoir, et finalement... C'est moi que tu as choisi.  »

Et j'en étais heureuse. Parce que l'amour entre nous avait toujours été plus fort que tout, plus fort que les tentations qu'auraient pu représenter les autres. La preuve en était que je m'étais tout de même retrouvée mariée avec lui.

Et puis, il m'avait expliqué qu'il s'apprêtait à rentrer, et m'invita à prendre un verre. A passer du temps avec lui. Comme avant. J'avais hésité. Pour plusieurs raisons, à commencer par la présence éventuelle de sa mère. Mais j'avais par la suite appris qu'elle n'était pas rentrée avec lui, qu'elle était restée près de sa famille, et qu'il était rentré seul en Californie. Et que nous nous retrouverions donc seul à seule si j'acceptais sa proposition. Je n'avais pas pu refuser. Parce que l'idée même de le quitter me rendait malade. Je voulais passer un peu de temps avec lui. Réaliser que j'étais bien de retour, et qu'il était bien là, comme avant. J'avais besoin de lui. J'avais alors accepté, et pris la direction de la maison, avant de lui tendre la main, pour qu'il me rejoigne. Je vis un sourire se dessiner sur son visage, et il joignit sa main à la mienne sans plus attendre. Ce simple contact me rendait heureuse. Mais il ne lui suffisait visiblement pas, puisqu'il se rapprocha de moi avant de lâcher ma main pour glisser son bras autour de mes épaules. Je fermai les yeux, savourant la douceur de son geste, et la chaleur de son corps contre le mien.
Timidement, je passais la mienne autour de sa taille en guise de réponse, avant de laisser ma tête reposer contre lui. J'aurais voulu mourir comme ça. Dans ses bras. Parce que je n'avais pas été aussi bien depuis très longtemps. Le silence s'installa entre nous, nous laissant à chacun l'occasion de profiter de ce moment, de cette étreinte. Et puis finalement, il le rompit, pour me dire :

« Il m’a tout laissé. La maison, le bar, les voitures… mais il a fait même mieux que ça. Quelque chose qui n’a pas de valeur financière, il t’a ramené vers moi. C’est plus que je n’aurais jamais pu espérer. Cette fois, je manquerais pas à ma parole… je suis là pour toi. »

Il ponctua sa phrase d'un baiser dans mes cheveux, et je resserrai mon étreinte autour de sa taille. Andy avait-il réellement quelque chose à voir avec ça ? J'avais envie de le croire. Parce que ça voudrait dire qu'il veillait sur lui, sur moi, sur nous, et qu'il ferait en sorte que tout se passe bien, cette fois. Et cette idée était réconfortante.

« Tu crois vraiment qu'il y est pour quelque chose ? Qu'il aurait voulu que je revienne, comme ça, sans prévenir...? Qu'il veille sur nous ? » Je marquai une pause. « Il croyait en nous. En notre amour. Peut-être même plus que nous même...  »

Je ne réagis pas quant à sa dernière phrase, même si je n'avais pas été d'accord avec celle-ci. Il n'avait pas manqué à sa parole. Il avait toujours été là pour moi et je voulais qu'il sache qu'il était ce qui m'avait fait tenir le coup pendant toutes ces années. Cependant, ce n'était pas le moment. J'attendais un autre moment, plus propice dans la conversation, pour ré-aborder le sujet, et bien d'autres encore... Et puis, nous venions d'arriver aux escaliers qui menaient à la grande baie vitrée du salon, quand il changea de sujet :

« Comment a réagi Court’ en te voyant ? »

Courtney. La mention de son prénom me réchauffa le coeur. Et la question de Logan me rappela nos retrouvailles.

« Elle a été surprise. Je pense qu'elle ne s'attendait pas à me revoir...  » Je poussai un soupir, avant de reprendre, « Quand elle m'a vue, elle s'est arrêtée net. Et puis, elle m'a sauté au cou. Je crois qu'elle était heureuse que je sois de retour.  »
Revenir en haut Aller en bas
« C. Logan Matthews »


C. Logan Matthews

Messages postés : 73
à San Diego depuis : 02/10/2010
Emploi/Situation : barman

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyVen 19 Nov - 2:43



Je me précipitais et ça nous conduirait au désastre. Pourquoi j’étais incapable de me contenir lorsqu’il s’agissait d’elle. Les autres filles, j’étais capable d’ignorer leurs signaux pendant des jours. Mais Casey… ça devenait plus fort que moi. Il fallait que j’agisse. Que je fasse quelque chose. Rester à tourner comme un lion en cage m’était désormais intolérable. Je devais prendre sur moi. Pourtant, je sentais bien que ça risquait de se retourner contre nous. Notre histoire a toujours été bien trop compliquée. Du moins, dès l’instant où sa famille a eu vent de notre relation. Pour ma part, mes parents m’ont toujours laissé cette liberté de mes choix et de mes jugements. Je ne les remercierais jamais assez pour ça.

Je ne peux pas y penser sans songer à Andy. En épousant ma mère, il a choisi de devenir mon père. Un père avec tout ce que ça implique. Les moments difficiles tout comme la complicité pour faire enrager ma mère ou encore pour lui organiser un anniversaire. Vraiment, Andy était un père comme je l’idéalisais souvent. Mais surtout il était droit, généreux et aimant. Si pour moi, il y a un exemple à suivre en tant que père, c’est le sien. Je n’étais seulement fier d’être son fils mais de l’avoir connu et avoir fait partie de sa vie. Ainsi, liens du sang ou non, j’étais un Matthews avec tout ce que ça impliquait. Et rien que pour ça, je veux que Casey sache combien c’est important pour moi. Je ne suis pas simplement là pour elle aujourd’hui, mais également pour tous les jours qui suivront, peu importe la tenue de notre relation.

Il m’est difficile d’envisager ma vie sans elle. Je serais un menteur, en disant que je ne le pense pas. Avec ma mère, elle est ce que j’ai de plus cher. Elle est ma précieuse, qui, depuis 4 ans me permet de survivre. Ces années n’ont pas été rose. J’évite en général de m’étendre sur le sujet. Travailler et apprendre aux côtés d’Andy s’est révélé complexe. Mais il a fait preuve d’une patience exemplaire. Il m’a toujours traité en homme et comme son fils. Jamais, il ne envoyé balader parce que j’étais qu’un jeune morveux qui se croyait amoureux de la première fille avec qui il couchait. Non, il avait distingué dès le départ combien j’étais accroché à Casey. Au fil du temps, il avait vu notre relation s’épanouir et ce regard que je posais sur alors. Alors, après cette difficile séparation, il a respecté mon vœu de ne plus en parler. De ne plus prononcer son prénom qui me faisait souffrir le martyre. Même si chaque jour, dans ses yeux j’y lisais une inquiétude constante. Et j’avais fini par reprendre pieds après une dispute avec Liam, qui ne s’était pas gêné pour parler de Casey, sans mon approbation. Ça avait dégénéré en bagarre et mon père avait simplement attendu qu’on se calme, songeant certainement que ma colère avait besoin d’être évacué.

Même dans les moments les plus difficiles et frustrant, il s’était avéré un bon père. Ma dispute avec Liam ne dura que vingt-quatre heure, comme presque à chaque fois. Je souffrais et mon meilleur ami avait trouvé le moyen de mettre le doigt sur ce qu’il me blessait profondément. Toujours est-il que là, en ces circonstances, face à elle je ne voulais pas perdre mes moyens. Cette tristesse, ce désespoir, je voulais les rayer de son être. Je ne devais toutefois pas espéré retrouver la Casey que j’avais perdu 4 ans auparavant. Mais je savais qu’une partie d’elle restait intacte. Ce qui m’avait aimé, tout comme cette partie de moi qui éprouvait toujours ses sentiments contradictoire, intenses, dévastateurs et incontrôlable. Nous ne sommes que deux aimants à polarités contraires, s’attirant et se repoussant à la fois. Par amour et mesure de protection. Deux être trop écorchés pour ne plus prendre la peine de se protégé parce que quoi qu’il arrive la protection fini toujours par devenir inefficace.

J’ai beau savoir qu’il n’y a personne dans sa vie. Car si c’était le cas, je crois toujours qu’elle me l’aurait aussi notifié dans cette lettre. Fréquentait-elle d’autres personne dans cette institution ? Visiblement peu. Voir pas du tout, je me demande d’ailleurs comment elle est parvenue à surmonter tout ça. Seule. Loin des siens. Bien sûr le moment était mal choisi pour cette conversation. Elle avait besoin d’être en confiance. Certainement au calme. Dans un cocon de bien-être et d’affection. Comme bien d’autres sujets qui devraient être évoqué par la suite. Sauf qu’évidemment, je ne peux pas m’empêcher de jeter de l’huile sur le feu et de l’attaquer avec des propos qui pourraient l’embarrasser. Mes doigts glissant sous son menton, je me sens obligé de lui ouvrir les yeux. Sans sa famille, on serait surement en train d’élever notre enfant, dans notre maison. Or, le tableau est très loin d’être idyllique à cette seconde. Ce contact, si bref, m’incite à en vouloir beaucoup plus. A la toucher, à dessiner le contour de ses lèvres de mes doigts, à l’embrasser, la serrer contre moi. Ça m’est juste intolérable de devoir garder cette distance. Parce qu’on en a besoin. Parce que c’est nécessaire, tant que toutes les cartes ne seront pas dévoilées.

« Elles sont compliquées parce qu’on l’a décidé. » répliquais-je implacable. « Ne me dis pas que tu as pensé toute seule à t’isoler dans cette institution, vouloir donner notre enfant à une famille, me tenir à l’écart et désirant divorcer ! Je te connais mieux que ça bon sang ! Il nous a tous manipulés ! » M’écriais-je vivement, le regard dur, glacial comme de la pierre.

Pourquoi refuse-t-elle de voir la vérité en face. Tout ça n’est l’œuvre que de son père. Okay, il était craint par une bonne partie de la ville mais quand même. Il n’est qu’un être humain – pas complètement dénué d’amour – même si visiblement il n’éprouve aucun remord à faire vivre l’enfer à sa propre fille. Ce que je ne peux pas comprendre. Cela va de soi ! Les silences de Casey en disaient long. Elle refusait la conversation. Peut-être y allais-je trop fort ou bien, n’était-elle pas encore prête à se confier sur le sujet. Les deux étaient à la fois plausible. Et puis, pour un premier retour à la réalité, on peut dire que je mettais les deux pieds dans le plat. Je me pinçais les lèvres, souhaitant éviter de sortir tout un tas de propos hâtif et blessant. Jamais, je n’avais envisagé faire du mal à Casey. Elle était de ses personnes importantes dans votre vie, sans qui une existence n’est jamais complète. J’eu du mal à retenir un soupir de frustration. Je voulais tant la voir retrouver le sourire, sa décontraction et qu’elle prenne conscience qu’elle n’a qu’un mot à dire pour que je sois à son côté. J’en voulais trop, trop vite. C’était certainement mon plus gros défaut. J’étais gourmand, impulsif et ne savais pas m’arrêter. Encore moins lorsqu’il s’agit de Casey. Mais c’est plus fort que moi. Je tente néanmoins d’alléger la situation. Penchant la tête sur le côté, et lui déclarant devoir s’accrocher car je ne compte plus la laisser sortir de ma vie. Même pour un jour ! Un sourire aux lèvres, je sentis enfin son premier geste à mon égard. Sa main recouvre la mienne et cette tension apparait entre nous. Pas de mauvais augure. Juste une tension apaisante comme cette électricité et alchimie qui réapparait tel, un phénix renaitrait de ses cendres. Rassurant, soulageant, excitant et planant. Sentiments que je n’avais plus éprouvé depuis des années. Une nouvelle force m’envahissait et je resserrais mécaniquement mes doigts au siens. Ce geste instinctif avait quelque chose de rassurant. Les émotions traversaient son visage et sa voix devenait plus rauque, plus hachée par la tension qui apparaissait. Ses yeux brillant de larmes m’informait qu’il en faudrait peu pour qu’elle s’effondre. Je le savais. Depuis quand n’avait-elle pas craquer ? S’était-elle simplement autorisée à craquer au cours de ses 4 dernières années ?

Mes doigts n’avaient pas lâché les siens et la vision de ses larmes me noua un peu plus l’estomac. Son père était parvenu à la brisé en mille morceaux. Je voulais lui faire subir le même traitement. Ou quoi que, je pouvais peut être s’en prendre à sa femme pour qu’il sache combien la douleur peut être insoutenable. D’ailleurs quel père de famille oserait faire ça, à sa propre fille ?! ça me dépassait et pourtant, je n’attendis pas pour l’attirer dans mes bras. La vue de ses larmes me brisait à mon tour. Je m’étais promit que je ne la ferais pas pleurer. Et pourtant, je le faisais.

« Tu n’auras pas à le faire. T’en auras tellement marre de moi, que tu devras te torturer les méninges pour trouver de bons prétextes pour avoir cinq minutes pour toi, toute seule ! » Répliquais-je avec légèreté. « Personne ne se mettra en travers de notre chemin. Crois-moi. » Je le pensais sincèrement et surtout je n’accepterais pas que, de nouveau, on la fasse souffrir. Non et pour tout ça, j’avais une solution en tête. Mais il était beaucoup trop tôt pour le moment. On avait besoin de temps et de passer du temps ensemble.

Lentement, on y arriverait. Il me suffisait de la voir pour en être convaincu. Cette vulnérabilité n’est pas nouvelle en soi. Elle a juste prit de plus grande proportion et c’est mon boulot de m’assurer que personne n’en profite mais plus précisément, que personne ne la fasse souffrir. Evoquant Hendrix, la conversation s’allège et j’avoue que c’est toujours mieux que de parler du beau temps mais sa réponse vis-à-vis de Liam me fait rire.

« Fais-moi plaisir, répète le lui quand tu le verras ! Je voudrais juste voir sa tête se décomposer et son orgueil en prendre un coup ! » Jubilais-je doucement lorsqu’elle rajouta que notre histoire ont fait des jalouses. « Je ne t’ai pas choisi. Mon cœur t’a reconnu. » Déclarais je le plus simplement du monde. Pour moi, Casey n’avait pas de qualité et de défauts. Casey était ma moitié. Celle qui me fait vivre et qui me fait souffrir dans la même seconde. Une âme sœur. Ou comme cette histoire de Yin et de Yang. Alors des jalouses, je crois même que je ne m’en suis pas vraiment aperçues, puisqu’il n’y a avait toujours eu qu’elle dans mon cœur.

En resté là pour aujourd’hui aurait pu être possible mais je ne l’envisageais pas. Ce besoin d’être ensemble était beaucoup plus fort. Ainsi c’est spontanément que je l’invitais à poursuivre ce moment en tête à tête à la maison. Je la rassurais toutefois rapidement que ma mère était toujours en Irlande, ce qui me sembla avoir pour effet, de lui faire reconsidéré mon offre pour accepter. Sa main tendue me fit sourire mais ce contact était insuffisant. Après autant de temps sans pouvoir n’avoir qu’un simple contact que ça soit auditif ou visuel, j’avais désormais besoin de beaucoup plus. Mon bras glissant autour d’elle, je la sens me retourner cette étreinte, bien que timidement. Avec le temps, ce genre de chose deviendrait spontané. Un peu de patience et tout rentrerait dans l’ordre. Je lui confiais alors ce que j’avais sur le cœur et sur l’héritage que je venais de recevoir de la part de mon père. Car à mes yeux, elle est le plus beau cadeau qu’on pouvait me faire.

« Tu trouves pas que ça serait une très étrange coïncidence ? De plus, il a toujours été le plus fervent supporter de notre couple. » souriais je en songeant au nombre de fois où un client avait fait une remarque sur le fait que Casey ne passait plus au bar à l’improviste comme elle avait tendance à le faire à l’époque où nous étions ensemble. « C’était plus que ça. Il t’aimait comme sa fille… Lorsque tu es partie… » Marquais-je une pause. « Bien des gens au bar ont trouvé étranges tes absences. Jusqu’au jour où il a piqué une colère parce que tout le monde se foutait pas mal de voir que je souffrais de notre union. Il a dit, je cite « elle est la fille que j’aurais voulu avoir. » » Y-avait-il autre chose à ajouter. Mon père ne s’était jamais contenté de l’apprécier. Il l’aimait comme il pouvait m’aimer. Pour ça, il suffisait juste de l’observer un peu. Andy avait su me donner cette affection paternelle qu’il m’avait manqué et j’étais certain que si le père de Casey ne s’en était pas mêlé, notre mariage serait toujours d’actualité. Et qu’avec mes parents, on se réunirait toutes les semaines justes pour un brunch ou un dîner en famille. Comme s’il n’y avait rien de plus naturel que de passer du temps ensemble tous les quatre. Ou tous les cinq, si on avait pu avoir cet enfant. Cette dernière pensée avait toujours tendance à m’assombrir mais j’évitais de me pencher dessus. Plus tard, il serait bien temps de songer à toutes ses émotions qui me font mal.

Je la menais alors d’un pas lent, non pas sans profiter de l’occasion pour déposer un baiser dans ses cheveux, vers les escaliers qui menaient à la maison. Il était temps qu’on aborde des sujets tranquilles sans peine que notre couple ait à en souffrir. Je voulais qu’elle en arrive à se détendre. C’était des plus importants. Nécessaire même ! J’orientais alors la discussion sur Courtney. Qui connaissait Casey, connaissait Courtney. Si ces deux avaient pu être jumelles, elles ne s’en seraient pas privé. Et j’avoue que Courtney avait fait les choses depuis le retour de Casey.

« Elle ne déroge pas à ses principes de sauter sur les gens au moins ! » plaisantais-je doucement. « ça va vous faire du bien de vous retrouver. » m’arrêtais je, songeant soudain aux difficultés que Casey devait rencontrer depuis son arrivé à San Diego. « T’as un endroit où loger ? Je sais que j’m’y prends en retard… mais si t’as besoin de quoi que ce soit… Tu peux rester ici ou si t’as besoin d’argent… » Quoi que cette dernière proposition, j’étais sûre qu’elle allait protester. Je la connaissais, elle ne cherchait pas la charité. J’estimais juste qu’au moins ici, personne, ni même sa famille ne viendrait la chercher. Car ils devraient d’abord m’en référé. Et ça, ils n’y tiendraient pas. L’invitant à pénétrer dans la maison aux couleurs chaudes où plusieurs œuvres de ma mère ornaient les murs de la maison, je refermais la baie vitrée derrière moi en lâchant sa main. « Tu veux boire quelque chose ? A moins que tu ais faim ? J’suis sûre que y’a de quoi de préparer un festin dans le frigo… ma mère laisse toujours des tonnes de trucs pour mes petits encas. » Fis je avec un clin d’œil. « ça te tente ? »


Revenir en haut Aller en bas
« Casey H. Forsythe »


Casey H. Forsythe

Messages postés : 52
à San Diego depuis : 10/11/2010
Emploi/Situation : Etudiante

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyVen 19 Nov - 13:23

J'avais ce que j'avais désiré pendant quatre ans. Logan et moi étions à nouveau réunis, comme avant, à cette époque où nous formions encore ce couple heureux et amoureux. Amoureux, nous l'étions toujours l'un de l'autre, je crois que c'était évident, à en juger par les regards que nous nous lancions – qu'il me lançait, plus précisément – à en juger aussi à ce malaise, à cette gêne qui s'était installée entre nous. Parce que si nous nous aimions, nous avions cependant été séparés pendant quatre ans. Et que cela compliquait les choses. J'aurais pu me jeter dans ses bras comme la dernière fois, l'embrasser passionnément et lui demander de m'aider à oublier le passé, de construire avec moi un avenir comme celui que nous aurions aimé avoir... Mais quelque chose me retenait. La peur, sans doute. Elle m'empêchait d'avancer, elle me retenait comme figée dans ce passé où j'avais perdu toute assurance. La peur me paralysait. La peur d'être à nouveau séparée de Logan, d'être à nouveau séparée de tous ceux que j'aimais, et de devoir affronter les mêmes obstacles qu'avant. Des obstacles que je serai incapable de surmonter aujourd’hui. Il m'avait fallu beaucoup de temps, beaucoup de force aussi, pour me battre, pour ne pas abandonner. Je m'étais raccrochée à une seule chose : Mon amour pour Logan, sans même savoir s'il était réciproque, et finalement, c'était ça qui m'avait permis de m'en sortir. Alors, si la peur était là, maintenant, je savais que mon amour pour lui finirait par tout faire disparaître. Que sa présence à mes côtés finirait par me faire oublier le passé dont je cherchais à me débarrasser et qu'avec du temps, je finirai par enfin entrevoir cet avenir dont je voulais tant.

Du temps, c'était tout ce que je demandais. Mais Logan était-il prêt à me le donner ? Logan était-il prêt à attendre que je fasse une croix sur le passé, que je me débarrasse de mes vieux démons pour ne garder que ce qui reste de meilleur en moi ? Il avait déjà attendu. Pendant quatre ans. Le temps avait dû être long, pour lui aussi, même si je savais pertinemment qu'il avait trouvé de quoi se changer les idées quand nous avions été séparés. Il avait eu sa famille, son travail, ses amis, et ses conquêtes aussi. Moi, je n'avais rien eu de tout cela. C'était peut-être aussi pour ça que j'avais l'impression que ces quatre années avaient duré une éternité. Parce que je les avais passé en grande partie seule, et surtout séparée des gens que j'aimais, et que je n'avais jamais vraiment eu quelqu'un sur qui compter, quelqu'un prêt à me tendre la main pour m'aider à me relever, à me battre, à avancer.

Je ne pouvais pas le faire attendre. Parce que je le voyais dans ses yeux, il me voulait, maintenant. Il voulait être là pour moi, que je fasse partie de sa vie, comme si rien de tout cela ne s'était produit. Mais moi, je n'étais pas prête pour ça. Je n'étais pas prête à assumer tout ce qu'il me demandait. Avant ça, je devais changer. Changer, comme je l'avais déjà fait. Redevenir celle que j'avais été. Mais ça, je savais pertinemment que c'était impossible. Alors, à défaut d'être celle que j'avais été avant, je ne devais plus être celle que j'étais maintenant. Parce que je ne ferai que blesser Logan, encore et encore, et je ne voulais pas qu'il souffre. Jamais.

La vie semblait si compliquée. Je l'avais pourtant imaginée si simple. J'avais tellement cru en notre avenir, avant... J'avais tellement cru en notre amour, en notre mariage, tellement cru qu'un jour, nous fonderions une famille tous les deux... Au lieu de ça, notre mariage avait pris fin, et notre enfant, qui aurait pu nous aider à construire cette famille n'était plus de ce monde... Cette simple pensée me fendait le coeur. Elle me donnait envie de pleurer, d'hurler, de me révolter contre tous ceux qui l'avaient condamné : mes parents, le docteur Wegmann, ses parents adoptifs. J'aurais tellement aimé être là pour lui. Le voir grandir, sourire, s'épanouir. J'aurais tellement aimé lui donner tout l'amour que j'avais été prête à lui offrir, tellement aimé lire un jour de l'amour dans ses yeux. Tant de choses que je ne pourrais jamais faire, et que je n'aurais pas pu faire non plus s'il était encore en vie à ce jour, puisqu'on me l'avait arraché dès sa naissance. C'était injuste. Profondément injuste. Cruel. La douleur que j'avais ressentie en sachant qu'on me l'avait enlevé avait été inimaginable. C'était comme si on m'avait arraché ce qui restait de mon coeur, cette petite part que je n'avais pas laissée à Logan avant de partir. C'était cette douleur là, qui m'avait fait sombrer. Celle-ci qui m'avait enfoncée dans le désespoir et la dépression, qui m'y avait enfermée pendant un an, me condamnant ainsi à rester dans cette institution dont je n'aurais pas voulu si j'avais su la vérité.

Je regrettai tellement de choses. La première était d'avoir signé ces papiers, d'avoir été celle qui avait déclaré notre divorce. La seconde était d'avoir accepté d'aller dans cette institution, d'avoir accepté de fuir Logan, simplement parce que mon père me l'avait suggéré. Je me rendais compte à présent que j'avais été bien naïve. Pire que ça, j'avais été stupide. Et si je n'étais peut-être pas responsable de tout ce qui s'était passé ces quatre dernières années, j'avais cependant eu ma part de responsabilité dans tout cela. Au final, je n'avais peut-être eu que ce que je méritais. J'avais souvent songé à cette éventualité. Après tout, les choses n'arrivent pas par hasard. Si on m'avait comme exilée de mon pays, si j'étais restée seule pendant des années, c'était peut-être parce que je ne méritais pas la vie que je rêvais d'avoir. Peut-être aussi parce que je n'étais pas celle qu'il fallait à Logan. Je ne savais pas. Je ne savais plus. Cette idée m'avait souvent traversé l'esprit, mais ça ne m'empêchait pas de l'aimer. Ca ne m'empêchait pas de vouloir qu'il fasse partie de ma vie, qu'il reste à mes côtés jusqu'à la fin de celle-ci. J'étais peut-être égoïste. Parce que, s'il méritait mieux, je continuais cependant de me raccrocher à lui, comme si ma vie en dépendait.

J'avais peur de ne pas être assez bien pour lui, de ne pas être à sa hauteur et de venir gâcher sa vie, celle qu'il avait réussi à reconstruire après mon départ. Je ne voulais pas qu'il souffre, de quelque manière que ce soit. Il méritait le bonheur. Il méritait d'être heureux, et comblé. J'avais peur de ne pas le rendre heureux, de ne pas le combler. De trop rester dans le passé quand lui avait déjà le regard porté sur l'avenir. Pourrions-nous nous retrouver, comme avant ? J'en avais tellement envie. Et à côté de ça, je voulais qu'il sache que je regrettais tout ce qui s'était passé auparavant, que je n'avais jamais souhaité que nous en arrivions là tous les deux.

Mais selon lui, je n'étais pas responsable de ses maux, ma famille l'était. Mon père en particulier. Il ne comprenait pas ce que je voulais lui dire, il ne voyait pas en quoi j'étais responsable de sa douleur, parce qu'il était aveuglé par l'amour qu'il avait pour moi. Il m'idéalisait, il me mettait sur un piedestal et n'acceptait pas que je culpabilise. J'aurais aimé qu'il comprenne. Qu'il se mette à ma place. Une fois, rien que quelques secondes. Il aurait alors compris. Mais je savais que, dans le fond, il savait. Qu'il finirait par comprendre. Ou par se douter de ce que je ressentais. C'était pour cela que je lui avais dit qu'il savait que les choses étaient plus compliquées que ça. Car s'il ne le reconnaissait pas, s'il ne l'admettait pas, son inconscient, en revanche, le savait.

« Elles sont compliquées parce qu’on l’a décidé. Ne me dis pas que tu as pensé toute seule à t’isoler dans cette institution, vouloir donner notre enfant à une famille, me tenir à l’écart et désirant divorcer ! Je te connais mieux que ça bon sang ! Il nous a tous manipulés ! »

Cette fois, il avait haussé le ton. Et son regard se fit plus froid, plus dur. Son regard, ses mots me firent mal. Parce que repenser à tout ça, tout simplement, me faisait mal. Je fronçai les sourcils, agacée par le fait qu'il ne comprenne pas. Nous avions toujours été très bornés, l'un comme l'autre. Mais je savais dans le fond qu'il avait raison. Que mon père nous avait manipulés. Je ne remettais pas sa responsabilité en doute, bien au contraire... Mais je savais pertinemment qu'il n'était pas le seul responsable...

« Tu ne comprends pas... » finis-je par murmurer. Je marquai une pause avant de reprendre, de façon normale, cette fois-ci, « Ce n'est pas parce que l'idée ne me serait jamais venue sans l'intervention de mon père qu'il est totalement responsable. J'ai mis du temps avant de comprendre ça, avant de reconnaître mes tords, dans cette histoire. Je le pensais aussi responsable de tout, mais j'ai aussi ma part de responsabilité. Si j'avais été... plus forte, rien de tout cela ne serait arrivé. Si j'avais eu la force de m'opposer à lui, nous n'en serions pas là. »

Je poussai un soupir, avant de baisser les yeux. Pourquoi j'avais dit ça ? Je regrettais déjà d'avoir prononcé ces mots, de lui avoir dit ce que j'avais en partie sur le coeur. Parce que si faire ressortir tout ça me libérait d'un poids, à côté de cela, je savais que je blesserais Logan. Mais c'était lui qui avait voulu ça. Lui qui insistait, alors que je ne voulais pas parler de ça. Surtout pas de mon père. Parce que quand le sujet était abordé, tout ce que j'éprouvais à son égard, c'était du dégoût et de la haine, pour la trahison que j'avais subie quatre années plus tôt. J'avais passé quatre années à parler de mon père, il m'avait fallu quatre années pour accepter ce qu'il m'avait fait, pour vivre avec. Vivre, c'était vite dit. Mais c'était l'idée.

Je réalisai à cet instant que Logan ne me donnait pas ce que je voulais. Du temps. Il me forçait presque à lui parler de toute cette histoire, alors que nous venions à peine de nous retrouver. J'aurais aimé attendre. Que je lui dise tout ça parce que j'en avais envie et non pas parce qu'il s'était énervé. Je poussais un soupir. Je n'étais pas prête, je crois, à répondre à toutes ses questions. Parce que je n'avais moi même pas toutes les réponses à celles-ci.

« Oublie ce que je viens de dire. », ajoutai-je alors. « Je n'ai pas envie de parler de tout ça maintenant... Je n'ai pas envie de parler de lui. Regarde ce qu'il arrive encore à faire. Regarde l'état dans lequel il te met... »

Nouveau soupir. Je préférais m'arrêter là, pour le moment. Nous aurions tout le loisir de parler de cela plus tard, lorsque le moment serait plus propice, lorsque nous aborderons tous les sujets épineux... Pour le moment, je voulais ne plus penser à ça.

Ce fut chose faite puisque dans les secondes qui suivirent, lorsque nous abordâmes un nouveau sujet sensible – nos sentiments, et notre avenir – je lui avais confié vouloir autant que lui que les choses se passent bien. Il m'avait alors répondu de m'accrocher, car il ne comptait plus me laisser seule. Ses mots m'avaient touchée, et j'avais posée ma main sur la sienne. Je sentis ses doigts se resserrer sur les miens, et ce simple contact, ces simples mots suffirent à me faire fondre en larmes et à m'amener à me confier à lui, à lui avouer mes peurs. Je n'aurais jamais pensé en arriver là. J'avais été tellement vide, ces dernières années, que ressentir tout ça, cette envie de lui parler, de le toucher, de l'aimer, m'en faisait presque peur. Il réveillait en moi tout un tas de sentiments que je n'avais pas vraiment ressentis depuis bien longtemps. Il me faisait renaître. Je sentis bien rapidement ses bras protecteurs m'entourer pour me consoler, et tandis que je restais contre lui, que je profitais de ce simple contact, de son odeur, de sa chaleur, il me répondit :

« Tu n’auras pas à le faire. T’en auras tellement marre de moi, que tu devras te torturer les méninges pour trouver de bons prétextes pour avoir cinq minutes pour toi, toute seule ! Personne ne se mettra en travers de notre chemin. Crois-moi. »

Comme si je pouvais en avoir marre. Après quatre années de séparation, ça ne risquait pas de se produire si tôt. Il avait toujours le mot pour rire. Toujours ce dont de vouloir me faire sourire. J'aurais aimé que ce qu'il disait se produise, qu'il reste à mes côtés sans jamais me laisser seule. Parce qu'en étant seule, je savais que je finirais par sombrer à nouveau. La solitude avait beaucoup contribué à mon état ces dernières années. Je le croyais. Mais il me faudrait bien plus que des mots pour que je ne ressente plus cette peur...

« Je ne pourrais jamais en avoir marre... » Je marquai une légère pause, avant de reprendre, « J'ai besoin de toi, Logan. »

La vérité, c'était que je n'imaginais pas vivre sans lui. Et ces mots, je pense que je n'avais pas besoin de les formuler pour qu'il les comprenne. Il le savait, j'en étais certaine. Parce que ces sentiments là se sentaient.

Nous étions rapidement passé à des sujets plus légers, grâce à l'intervention de son chien, Hendrix. Et nousavions fini par dériver et par parler de Liam, et de son charme. Un charme qui était loin d'égaler celui de Logan.

« Fais-moi plaisir, répète le lui quand tu le verras ! Je voudrais juste voir sa tête se décomposer et son orgueil en prendre un coup ! »

« Tu peux compter sur moi pour ça. »

Décidément... Cette simple phrase me suffisait à comprendre que rien n'avait changé entre ces deux là, et j'en étais contente.

« Je ne t’ai pas choisi. Mon cœur t’a reconnu. » répondit-il au sujet des filles qui avaient été jalouses de notre relation et du fait qu'il m'ait choisie.

Cette réplique me donna envie de l'embrasser, et c'est ce que je fis, et déposant un léger baiser dans son cou. Il était si parfait, et je l'aimais tellement. Mon coeur était rempli de joie à cette instant. De joie et d'amour pour lui. Il me donnait déjà envie de sourire, envie de l'aimer comme avant, comme si rien n'avait altéré nos sentiments. Et je pensais qu'au contraire, les épreuves m'avaient fait l'aimer encore plus.

Il avait fini par me proposer de rentrer chez lui. J'avais d'abord hésité, puis accepté lorsqu'il me révéla que nous ne resterions rien que lui et moi. C'était ainsi que nous nous étions retrouvé, dans les bras l'un de l'autre, à marcher en direction de la propriété. C'était étrange, d'être l'un avec l'autre, comme ça, de le sentir si près de moi. Et en même temps, c'était si bon de l'avoir à mes côtés comme avant ! En marchant, nous avions parlé et il m'avait notamment dit ce qu'il avait sur le coeur, concernant la mort de son père et ce que ce dernier lui avait laissé. Il pensait notamment qu'Andy m'avait fait rentrer à San Diego. Une idée qui n'était pas si bête que ça, et qui avait au moins le mérite d'être rassurante.

« Tu trouves pas que ça serait une très étrange coïncidence ? De plus, il a toujours été le plus fervent supporter de notre couple. C’était plus que ça. Il t’aimait comme sa fille… Lorsque tu es partie… »

Il marqua une pause, et je me tendis presque sans le vouloir. La mention de mon départ me rappelait à la dure réalité, et je redoutais ce qui allait suivre. Andy m'en avait-il voulu d'être partie, d'avoir brisé le coeur de son fils ? L'avais-je déçue. Cette idée me faisait mal... Parce que je m'étais toujours bien entendue avec Andy et qu'il avait toujours été comme ce père que je n'avais jamais eu.

« Bien des gens au bar ont trouvé étranges tes absences. Jusqu’au jour où il a piqué une colère parce que tout le monde se foutait pas mal de voir que je souffrais de notre union. Il a dit, je cite « elle est la fille que j’aurais voulu avoir. » »

Cette remarque me laissa silencieuse et songeuse pendant quelques secondes. Je resserrai mon étreinte autour de la taille de Logan.

«  J'aurais aimé avoir un père comme lui... »

Je n'ajoutais rien, je pense que les mots étaient inutiles. Avec un père comme lui, j'aurais été bien plus heureuse. Je ne connaitrais jamais ça. Mon père, à moi, ne m'aimait pas. Parce qu'on ne peut pas faire disparaître son enfant de sa vie si on l'aime, parce qu'on ne peut pas le pousser à faire la plus grosse erreur de sa vie, et le laisser sombrer seul... C'était du moins ce que je pensais.

Nous arrivâmes rapidement aux escaliers de la maison, et il en profita pour me parler de Courtney et me demander comment elle avait réagit en me voyant. Je lui avais alors tout raconté, étant contente de mentionner son prénom à elle. Parce que ma soeur comptait presque autant que lui dans ma vie.

« Elle ne déroge pas à ses principes de sauter sur les gens au moins ! ça va vous faire du bien de vous retrouver. »

J'allais acquiescer, quand il s'arrêta soudainement, avant de reprendre :

« T’as un endroit où loger ? Je sais que j’m’y prends en retard… mais si t’as besoin de quoi que ce soit… Tu peux rester ici ou si t’as besoin d’argent… »

Je restai un instant surprise par sa question. Je ne voulais pas le déranger. Je ne savais pas si rester ici était la meilleure des solutions bien que cette option ait quelques avantages... Pour ce qui était de son argent, il était bien évident qu'il serait hors de question qu'il m'en donne.

«  Merci, mais je ne veux pas de ton argent Logan, tu le sais... Et puis, Courtney m'a aidée de ce côté là. Elle m'a donné de quoi tenir, et je dors à l'hôtel en attendant de trouver quelque chose de mieux. »

Nous entrâmes alors dans le salon, et il referma la baie vitrée derrière nous. Je posai mes chaussures par terre, et il reprit bien vite la parole :

« Tu veux boire quelque chose ? A moins que tu ais faim ? J’suis sûre que y’a de quoi de préparer un festin dans le frigo… ma mère laisse toujours des tonnes de trucs pour mes petits encas. » Il me fit un clin d'oeil et j'esquissai un très léger sourire. « ça te tente ? »

Je voyais bien que ça lui faisait plaisir. Et bien que je n'ai ni vraiment faim ou soif, je finis par répondre :

« Va pour manger quelque chose. Seulement si c'est moi qui cuisine. Toi, tu t'occupe de nous servir à boire. »

J'attendis sa réponse, son consentement, en quelque sorte, avant de pouvoir m'approprier les lieux. Qui sait, peut-être ne serait-il pas d'accord avec le fait que je cuisine... Nous savions tous les deux que par le passé, j'avais connu quelques difficultés, surtout pour ce qui était des cuissons et il n'avait pas été rare que je lui serve quelque chose de brûlé ou à peine cuit...
Revenir en haut Aller en bas
« C. Logan Matthews »


C. Logan Matthews

Messages postés : 73
à San Diego depuis : 02/10/2010
Emploi/Situation : barman

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyDim 21 Nov - 23:58



C’est exactement ce que j’avais voulu éviter. Trop de précipitation. Un trop plein d’engouement. Et voilà que ça m’éclate à la figure. En soi, je le mérite. Bon dieu, se doute-t-elle de combien c’est difficile pour moi de la voir ainsi. Affronter ce regard. Celui-là même que je cherche depuis 4 ans. On aurait pu croire que 4 années, la distance, la frustration et l’absence de nouvelles, m’auraient mis dans une rage folle. On peut largement penser que je lui en voudrais. Or, ce sentiment ne m’a jamais atteint. Non, tout ce qui m’habite, c’est cet atroce douleur qu’on puisse m’atteindre à travers elle. Que son père puisse aller jusqu’à détruire la vie de sa propre fille, sans même un regard, un regret. Quel genre de père, puisse être un homme de cet acabit ?

Cette question ne me regarde pas. C’est la famille de Casey et je n’y ai jamais eu réellement de place. Bien qu’on appartienne à deux mondes différents, notre couple aurait pu fonctionner. Bien sûr, nous étions de ses enfants qui découvrent l’amour et qui n’éprouvent aucune difficulté à s’engager dans le dos de leur famille. Nous étions heureux ainsi, jusqu’à ce que le patriarche Forsythe se mêle de nos vies. Etais-je trop naïf ? J’ai surement laissé l’opportunité passé. Casey mérite quelqu’un de fort et de patient. Encore plus aujourd’hui. Je vais devoir me faire à l’idée de la redécouvrir et de lui laisser de l’espace. Cette constatation ne me plait guère. Il a besoin de retrouver ses marques tout en se sachant soutenu.

Malgré notre divorce, les manipulations de son père, notre relation me semble toujours aussi solide. Sa présence m’apaise et me fait redevenir moi-même. J’en connais un qui serait heureux de pouvoir assister à ça. D’une certaine façon, je le considère toujours comme l’instigateur de nos retrouvailles. Je le soupçonnais de toujours avoir su combien on avait besoin l’un de l’autre. Mes sautes d’humeurs, mes colères noires, mes sorties nocturnes, mes prises de têtes avec certains clients du bar, les bagarres et mes soirs de déprimes un verre à la main, planté devant un piano. On pouvait largement dire que ces quatre années ont été pour certains soirs mémorables. Bon et mauvais. Personne n’osait trop m’aborder, de crainte de se faire plaquer correctement contre un mur pour un propos ambigu. Et aujourd’hui ? Aujourd’hui, elle est là et je suis partagé entre le rêve et l’envie de lui crier combien elle a pu me manquer. Sauf que cette joie, je me dois de la réfréner. Elle saura. Je ne pourrais pas lui cacher éternellement combien ces années m’ont été pénibles. Surtout que je revois son père débouler dans le bar, tout ça parce que j’avais osé appeler chez eux pour avoir des nouvelles. Ça, Casey l’ignore certainement. En signant les papiers du divorce, j’acceptais notre séparation. Sauf que ça ne signifiait pas que je veuille voir Casey sortir de mon existence. Après tout, nous étions adultes et assez intelligent pour pouvoir discuter sans que son père s’en mêle. Sauf qu’à cette période, elle résidait déjà en suisse. C’était trop tard et je venais juste de l’assimiler. Mes chances de revoir un jour la beauté aux yeux azur, se rapprochaient nettement de zéro. Ainsi, je tente de me persuader que je dois absolument lui laisser du temps. Voudra-t-elle encore de moi, malgré tout ? Seul l’avenir nous le dira. Je dois juste y croire et laisser les choses se décanter.

De la patience allait m’être nécessaire. Ce qui me connaissant, peut être quelque chose de très compliqué pour moi. D’ailleurs, à peine touche-t-on au sujet principal que je la sens plus que réticente. Elle culpabilise, tout son corps me le crie. Elle a désormais cette façon de se refermer comme une coquille, qui me brise. Accepter sa vulnérabilité, cette fragilité évidente ne me fait pas peur. Mais la voir souffrir en silence me tue. Se retranchant derrière, ces peurs et souffrances m’inquiètent. En plus de devoir être patient, il y aura aussi la tolérance vis-à-vis de ces années loin l’un de l’autre, qui pourrait bien nous jouer des tours. J’ai beau entendre le fait qu’elle se trouve une responsabilité vis-à-vis des évènements qui se sont produits quatre ans plus tôt, je reste persuadé que l’unique responsable est son père. Cet homme qui n’a jamais cessé de vouloir la contrôler comme si elle était sa chose. Alors oui, ça m’énerve et je m’emporte. Trop vite, trop fort et je m’arrête subitement en la sentant ériger ce mur entre nous. Je me mords la lèvre par crainte que mes propos dépassent mes pensées. Car c’est bien ce qui pourrait m’arriver de pire. Que ça aille trop loin et une distance supplémentaire risquerait de mettre bien fin à notre histoire.

Je la sens au bord du précipice. Peu de chose suffirait pour mettre un terme à ce qui nous lie. Je pourrais très bien me mettre à la détester mais sa franchise me ferait presque sourire. Et elle doute de sa force. Casey ne se rend même pas compte de sa force intérieure. Son père est un salopard mais elle, elle a hérité du meilleur. Un rictus aux lèvres, très léger sourire ironique, je lui tends ma main tandis qu’elle se met à soupirer. Ma Casey est toujours là. Elle sommeille et a peur. Pour ainsi dire, rien est perdu, il s’agit juste de confiance et de temps. « Ton père ne pourra plus rien faire, qu’il n’a déjà fait. » murmurais-je en haussant les épaules. « Tu es forte. Regarde ce que tu as fait. Tu t’en es sorti. Je dis pas que tu n’as pas de faiblesse, simplement que tu te sous-estime. Tu es bornée, déterminée et prête à tout faire pour te reconstruire. Avoir une vie. Des amis, des amants et peut être même une famille. Et si tu te sens responsable de ce qui s’est passé, c’est parce qu’il a tenu à ce qu’une part de toi culpabilise. Il te contrôlait. » En rajoutais-je surement de trop. « À la différence d’il y a quatre ans, je serais là pour m’opposer à lui si tu m’en laisse l’opportunité. » Ce besoin irrépressible de la protéger, j’ai du mal à m’en défaire. Quatre ans sans elle y est pour quelque chose. Mon amour pour elle n’appartient pas au passé comme j’avais pu me l’imaginer. Je l’ai dans la peau. Tout comme, j’ai déjà conscience qu’au fil des jours à venir, je m’assurerais qu’elle n’éprouve plus cette solitude qu’elle a vécue en Europe.

J’ai toujours le chic pour trouver le lieu, l’heure et le moment adéquat pour ce genre de conversation. A croire qu’il n’y a pas plus crétin que moi sur Terre ! Ceci dit, notre avenir, notre histoire, j’y crois. Parce qu’aucune fille n’a été capable de me faire penser à quelqu’un d’autre qu’elle. Casey est, et sera le centre de mon existence pour encore bien longtemps. Malgré toutes nos différences, je me sens encore plus proche d’elle. De par ses souffrances et de celles que j’accumule depuis quelques temps. Bien qu’aujourd’hui, je sois l’abri sur le plan financier, je ne peux pas affirmer qu’émotionnellement, la route est toute aussi tranquille. Ma famille, ma mère, tout le monde ne comprends pas combien il m’est difficile de rester auprès d’eux. Mon père me manque mais c’est bien plus que ça. Je n’ai pas perdu qu’un père. Il était mon guide, mon ami, mon confident. J’ai perdu une partie de moi-même dans l’histoire et me rendre compte que bien des personnes s’en moque, ça m’agace. Alors rester en Irlande était bien au-delà de mes forces. Je me surprends à croire que mon père le savait. Qu’il devait se douter que je rouvrirais le bar, sans tarder. Car il me connaissait mieux que personne. Il a toujours su que le bar n’était simplement un refuge, mais la maison et la famille qui m’a adopté au fil des années où j’ai grandi. Ainsi devant elle, je sais que mieux que personne que nous finirons par trouver notre place. Je me moque du temps qu’il nous faudra, tant qu’elle embellira mes journées. Il lui suffit juste d’une apparition dans ma journée pour égayer ma vie. Lorsque je l’attire dans mes bras. Les vagues résistances s’effondrent et son contact m’apaise comme jamais. Dire que je ne lui ai jamais dit combien elle a pu me manquer. Ces mots restent bloqués dans ma gorge alors que j’aimerais qu’ils sortent. Mon humour reprend le dessus. Même si l’évidence n’est pas présente, il est clair qu’elle a besoin de les entendre. Les mots comptent, c’est sûr mais les gestes encore plus. Entourant son corps de mes bras, ses propos me parviennent dans un souffle et j’esquisse un petit sourire. Le temps aplanira les non-dits, j’en suis pratiquement certain.

« Pour un phrase comme celle-là, j’en connais qui jubilerait ! » souris-je en remontant ma main à sa nuque. Mes gestes reprennent leurs automatismes et déjà mes doigts forment des petits cercles concentriques pour lui masser la base de la nuque. Venir me voir doit déjà être une épreuve pour elle. Affronter tous ses sujets devait la rendre encore plus nerveuse, quand à évoquer un avenir, notre relation ou encore les sentiments que nous éprouvons, ça devait se rapprocher du calvaire. Avoir conscience qu’un grande partie de nos problèmes seront résolus avec le temps m’agace aussi. Car ça voulait dire que d’ici là, peu de chose seraient envisageable entre nous. « A ton service, ma puce ! » rajoutais-je en l’embrassant du le haut de la tête.

Prendre ça à la légère est ma façon de masquer totalement mes sentiments. Elle sait que je serais là. Peut-être même, se doute-t-elle que je serais un vrai de pot de colle pour rattraper ses années perdues. Paradoxalement, elle n’a toujours eu qu’un mot à dire pour que je sois tout près d’elle. A ce niveau, ça a toujours été très simple entre nous. Nous ne cachions pas nos sentiments. On s’aimait et on s’aime encore probablement pour très longtemps. Nos regards échangés étaient suffisamment éloquent pour se rendre compte que le temps s’était juste suspendu durant notre séparation. Avec ce qu’on a traversé, il ne reste que le plus beau à vivre. Et je tiens à ce qu’elle connaisse la beauté de l’amour.

Hendrix, Liam, surement les personnes que j’apprécie le plus dans cette ville durant ses dernières années. L’un parce qu’il me fait tourner en bourrique et l’autre parce qu’on a fait les 400 coups ensemble. Si j’avais pu avoir un frère, j’aurais voulu qu’il soit comme Liam. Chiant, présent, insupportable et optimiste. Ça résumait assez bien notre relation. Parler de lui nous fait du bien. Un sujet léger parce qu’on en a besoin. Et d’un côté, Casey l’a toujours apprécié. Parce que même riche, Liam n’en a toujours fait qu’à sa tête. Profiter de la vie et de sa jeunesse étant les mots clés de son concept de vie. Et ça, pas uniquement pour lui mais également pour ses amis et ses proches. Alors évidemment, je fais partie du lot. Grâce à lui, j’ai pu me changer les idées, mais pas au point d’aller de l’avant et laisser le passé à sa place. Un sourire naissant sur mes traits, je la sens revenir lentement vers moi. Casey se retrouvera. Bientôt. Après un temps d’adaptation et de quelques moments toute seule où elle aura repris confiance en elle. D’ailleurs je sais que là-dessus, Courtney se fera plus présente. Et pour ma part, je lui apporterais le soutien et l’espace qu’elle m’autorise. Définir notre relation est compliqué à ce stade. Mais j’ai de l’espoir. Plus qu’il y a quelques semaines. La roue tourne et parfois le bonheur arrive à votre porte sans que vous vous y attendiez.

Les regards s’échangent et les mots franchissent mes lèvres sans même que j’ai le temps de véritablement réfléchir à la portée que ceux-ci pourraient avoir. Tout ce qui compte à cette seconde, c’est qu’elle soit là. Près de moi. Dans mes bras. Que j’oublie les journées noires qui se succèdent. La disparition de mon père. La froideur de ma mère. Les regards haineux de certaines filles avec qui je suis sortis ou encore les œillades de certaines. J’ai pas la tête à ça. En fait, tout ce que je vois, c’est qu’elle est là. Rien n’est plus important que ça. Des questions se succèdent dans mon esprit vis-à-vis de sa famille mais je me retiens. On a besoin de temps ensemble. Seul. A parler, à rire, à plaisanter, à se consoler, à se souvenir et à s’aimer. La vie ne sera pas cruelle au point de me l’enlever soudainement. Pas deux fois de suite. Le simple contact de ses lèvres ravive une foule de souvenir que j’aurais crue perdu au fin fond de ma mémoire. Elle a la délicatesse d’une rose. Son parfum léger et enivrant pourrait me faire tourner la tête mais ça présence suffit à produire cet effet depuis des années. Je ferme les yeux un instant et resserre notre étreinte par crainte qu’elle m’échappe de nouveau. J’aimerais tant lui dire tout ce que j’ai sur le cœur. Que je l’aime, qu’elle me manque, qu’elle compte plus que n’importe qui. Tant de chose qu’elle doit déjà savoir, parce qu’il est impossible d’ignorer l’alchimie entre nous.

Parler d’Andy m’est apaisant. Il est parti il y a si peu de temps. J’ai mal de ne plus le sentir rôder autour de moi. Pourtant en parler avec Casey me fait du bien. Il faut admettre que j’ai refusé d’évoquer le sujet depuis l’accident. Une connerie ? Oui et non. Mais disons que parfois, il est plus facile d’en parler avec une personne que l’on n’a pas vue depuis longtemps. De plus, Casey le connait. Enfin, le connaissait. S’appréciait aussi. Elle m’en donne la confirmation. Andy n’avait pas eu d’enfant, du moins à ma connaissance. Nous aimer, ça semble avoir été si simple. Pas d’effort particulier à produire pour se faire estimer, apprécier. Non, c’était juste naturel. Tout comme pour lui, le fait de tout me laisser. Sa fortune et ses biens. C’est surement ce qui me trouble le plus. Maman n’a plus rien. Enfin, c’est pas comme si je la mettrais à la porte. Quel fils ferait ça à sa propre mère ? Pas moi en tout cas. Ceci dit, la maison est vide et ma mère ne semble pas encore prête à affronter l’absence d’Andy dans la maison. Je sais que c’est ce qui la rebute. Raison principale pour qu’elle poursuive son séjour en Irlande. Loin dans mes pensées, je tourne la tête vers Casey alors qu’un silence s’installe.

« - T’es consciente qu’il serait fier comme un paon à cette seconde ?! » souris-je avec cette malice au fond des yeux. « J’peux encore l’entendre fanfaronner ! « aaah tu vois, ça c’est le genre de fille qu’il te faut mon fils ! Elle a de la suite dans les idées et elle laisse sa peur au placard pour s’en sortir. Et toi, bah elle mènerait à la baguette ! » » Ris-je doucement, en songeant à lui. Ça me faisait du bien. La tristesse s’évaporait. Du moins pour le moment. Sa présence remplissait le vide que mon père avait laissé. J’avais enfin autre chose à penser que mon père devait s’ennuyer ferme, tout seul là-haut. Sans même pouvoir boire son whisky quotidien.

Le contact avec elle me devient primordial. Nous n’évoquons pas notre couple mais le besoin est là. Je me suis promit de lui laisser du temps et je ne dérogerais pas à cette règle. Elle saura clairement me faire signe lorsqu’elle sera prête à aller plus loin. J’ai confiance en Casey bien plus qu’en moi-même. Tout en avançant vers la maison, j’évoque sa sœur et ça me suffit à la sentir se détendre. Ses peurs et ses craintes ne s’envoleront pas en 24 heures mais on a le temps. Je ne lui laisse pas le temps de me répondre sur sa sœur, m’inquiétant plutôt sur son mode de vie depuis son retour. Je me demande déjà comment elle a pu rentrer au pays alors où loge-t-elle en ce moment et a-t-elle suffisamment de liquidité ? Bien sûr, ma proposition tombe à l’eau. A vrai dire, c’est toujours cette même tête de mule. J’hausse un sourcil et réplique spontanément.

« En attendant de trouver mieux ? » répétais-je comme si j’avais compris de travers. « Tu sais que la plupart du temps, je suis au bar et que je vis à l’appart juste au-dessus. Je t’entends déjà me dire non mais… cette maison est vide, Casey. Ça ne coutera rien d’y séjourner et tu n’y seras pas seule. Hendrix peut s’avérer très distrayant et un véritable chien de garde ! L’autre jour, il m’a fait une scène, parce que monsieur n’avait pas fait sa ballade sur la plage ! Il a un manque cruel d’éducation ! » Finis-je en plaisantant. « Ça reste ton choix. La clé est sous le cactus, si jamais tu te décides. Ta famille ne viendra pas te déloger d’ici. »

C’était un endroit sécurisant, d’autant plus avec un chien. Toutefois, je ne cherche à exercer aucun contrôle sur elle. Juste à ce qu’elle se sente chez elle quelque part. Et même si ma mère rentrait, j’étais sûr que ça ne poserait pas de problèmes. Au moins, ensemble elles apprendraient à se connaitre et la solitude disparaitrait. C’était au moins une solution qui me permettrait également d’avoir la conscience tranquille. Car la sécurité est ce qui m’importe en premier lieu.

Dans le salon tout est calme, le soleil apporte une lumière tranquille à la pièce et je referme la baie vitrée derrière nous. Un instant, je l’observe dans ce cadre et je l’y verrais tout à fait à l’aise. Elle me surprend même à esquisser son tout premier petit sourire. C’était plus que j’en avais entendu pour notre premier moment en tête à tête. Si je ne me raisonnais pas, je l’embrasserais sur le champ. Même si elle a encore des réticences, je la sens se détendre au fil des minutes. Toute cette histoire n’est pas un piège. Elle doit juste se laisser aller et elle prendra conscience que tout ne pourra aller que bien. Néanmoins, à sa proposition mon regard croise le sien. J’hausse un sourcil, tandis que des souvenirs de nourriture carbonisée me rappelaient au bon souvenir.

« - T’es vraiment sur de vouloir faire à manger ? On peut aussi commander au pire… enfin c’est pas comme si j’avais pas manger de charbon depuis trop longtemps… » Grimaçais-je une moue sur le visage, feignant d’être irrité par cette idée. « Je prends le risque de te laisser les commandes de la cuisine. » Admis je après réflexion. Je risquerais de le payer un peu plus tard mais j’aurais au moins eu la satisfaction de la voir en action et près de moi. Peut-être même pourrais-je en profiter pour la distraire ! Je traversais alors le salon pour me rendre du côté du bar. Je n’ignorais pas ses goûts et si j’avais eu à lui demander, elle m’aurait dit de lui servir ce que je voulais. Telle que je la connaissais, elle voudrait m’éviter de me compliquer la tâche. Je préparais alors en vitesse deux verres comme j’en avais l’habitude. Après tout, c’était mon job. Il ne me fallut que quelques minutes avant de la rejoindre dans la cuisine, devant le four. Machinalement, je dépose nos verres sur le comptoir et, mes mains se posant sur ses épaules, je colle ma tête contre la sienne. Malgré une tension, mes mains parcourent ses épaules puis ses bras.

« - Alors t’as besoin de mes distractions ou de mes compétences pour utiliser ce four ? » souris je tendrement lors que mes doigts glissèrent sur les siens.



Revenir en haut Aller en bas
« Casey H. Forsythe »


Casey H. Forsythe

Messages postés : 52
à San Diego depuis : 10/11/2010
Emploi/Situation : Etudiante

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyLun 22 Nov - 13:10

J'étais partagée. Partagée entre des sentiments contradictoires... Partagée entre l'amour et la peur. L'amour, ce sentiment qu'il m'était incapable d'occulter à l'égard de Logan. Parce que même lors de notre séparation, je n'avais cessé de l'aimer. Et je savais déjà, au plus profond de moi, que je l'aimerai toujours. Je n'imaginais pas ma vie sans lui, ma vie sans cet amour que je ressentais déjà depuis des années. Ma peur, elle était liée à mon amour pour lui. Parce que j'avais peur d'être à nouveau séparée de lui, de le perdre une seconde fois, peur de voir ma vie s'effondrer du jour au lendemain... Et cette peur, à l'heure d'aujourd'hui, prenait le dessus sur mon amour. C'était elle qui me retenait, qui m'empêchait d'aller vers lui comme j'aurais aimé le faire. J'aurais aimé lui parler sans crainte, me confier à lui, lui avouer tant de choses... Mais je m'en retrouvais incapable. Les mots ne sortaient pas. Pas même les plus basiques. Pas même les « Je t'aime » qui étaient pourtant évident à nous regarder ensemble.

J'avais cru que je ne pourrais pas lui parler. Pas maintenant, du moins. Malgré l'envie, malgré mon amour. Je pensais la peur plus forte que tout. Mais Logan m'avait fait parler. Volontairement ? Je ne pense pas. Je ne savais pas. Toujours est-il que son insistance avait fini par me faire craquer, par me faire dire certaines de ces choses pour lesquelles j'aurais préféré attendre avant de les mentionner. Mais il ne m'avait pas laissé de temps. Il avait voulu tout avoir, tout savoir, tout de suite, sans réellement penser que j'aurais préféré attendre. Attendre, ça pouvait sembler tellement idiot, quand on savait qu'on avait tous les deux attendu pendant plus de quatre ans. Mais attendre m'était nécessaire. J'attendais d'être prête. J'attendais qu'il soit prêt, lui aussi. Parce que s'il avait beau sembler l'être, je n'en oubliais pas qu'il venait de perdre son père... Or, je savais ce qu'Andy avait représenté pour lui, et j'imaginais très bien la douleur qu'il devait ressentir... Une douleur que j'aurais préférée lui épargner. Et j'avais peur que ce tragique événement soit à la cause de tant de précipitation. Je ne voulais pas qu'il fasse une erreur. Qu'il se rende compte après quelques semaines, quelques mois, peut-être, que finalement, notre histoire était vouée à l'échec, que je n'étais plus celle qu'il avait aimé et qu'il disparaisse de ma vie comme j'avais disparu de la sienne quatre ans plus tôt. Et puis, j'avais besoin de temps pour me retrouver. Pour réapprendre à vivre une vie normale, dans le monde réel... J'avais laissé quatre années de ma vie entre parenthèses, je voulais prendre le temps de renouer avec celle-ci, de l'apprécier, de la savourer, avant même d'envisager de me replonger dans ce passé qui n'était pour moi que synonyme de douleur et de solitude. Mais je ne pouvais pas en vouloir à Logan, je ne pouvais pas lui en vouloir pour prendre ma défense, pour tenter de croire que je n'avais pas à culpabiliser, pour vouloir parler de tout ça. Je ne pouvais pas lui en vouloir, parce que je savais que tout cela partait d'une bonne intention, mais aussi parce que sa réaction était normale. Elle était prévisible. Surtout après la lettre que je lui avais écrite. J'aurais dû me douter que si les sujets les plus délicats viendraient à être mis sur le tapis, il ne renoncerait pas si facilement à me faire parler. Rapidement, le ton était monté, et il s'était énervé. Finalement, le sujet était aussi sensible pour lui que pour moi. Je le voyais se mettre hors de lui, en parlant de mon père, de la responsabilité qu'il avait eue dans notre séparation, une responsabilité que Logan n'acceptait pas de me laisser porter, ne serait-ce qu'en partie. Si le ton qu'il employa, si son regard, sa colère, me firent mal, me blessèrent plus que je ne l'aurais pensé, ils déclenchèrent cependant un agacement qui m'amena à lui dire tout ce que j'avais sur le coeur, sans que je prenne la peine de mesurer mes paroles, sans même que je réfléchisse à deux fois avant de parler. Et les mots avaient à peine franchi mes lèvres que, déjà, je regrettais de les avoir prononcés. Je poussai un soupir, tandis que Logan me tendait la main.

« Ton père ne pourra plus rien faire, qu’il n’a déjà fait. »

Je ne répondis rien. Je savais qu'il avait raison. Que mon père ne pourrait rien faire de plus que ce qu'il m'avait déjà fait. Parce qu'il m'avait déjà tout pris. Il avait détruit ma vie, il m'avait détruite, moi, et ce sans le moindre remord. C'était comme s'il m'avait tuée. Parce que celle que j'avais été n'existait plus. Cette idée m'était insupportable. C'était dur de se dire que ses parents, ces êtres qui sont censés faire partie de ceux qui vous aiment le plus et qui veulent vous protéger, viennent un jour à vous trahir, à oser même jusqu'à vous faire disparaître pour obtenir la satisfaction de vous avoir contrôlé jusqu'au bout. Je n'aurais jamais pensé qu'ils iraient si loin. Que mon père oserait me faire ça. Et si je savais qu'il avait détesté l'idée que je sois avec Logan, je n'aurais jamais pensé qu'il aurait été jusqu'à de tels extrêmes pour obtenir ce qu'il voulait. J'avais pensé qu'il avait une morale. Des limites. Qu'il m'aimait un minimum. Je m'étais visiblement trompée. Pour ce qui était de ma mère, les choses étaient presque aussi compliquées. Car si j'éprouvais une haine certaine à l'égard de mon père, pour ma mère, la situation était plus délicate. Techniquement, elle ne m'avait rien fait, si ce n'était qu'elle avait consenti à tout ce qu'avait fait mon père quatre années plus tôt et ce sans tenter une seule fois de s'opposer à lui. Etais-je réellement en droit de lui en vouloir son manque d'opposition ? Je ne savais pas. D'un coté, je savais combien il était difficile de s'opposer à un homme comme mon père, mais d'un autre... Je comprenais pas comment elle n'avait pas eu la force de s'opposer à lui. Si j'avais un enfant, si mon enfant avait pu vivre, et que Logan aurait voulu lui nuire, je me serais interposée sans hésiter entre eux. Même si j'aimais Logan de tout mon être. Parce qu'un enfant, c'était une part de soi même qu'on se doit de protéger, quelque soit la menace à laquelle il se trouve exposée, et même s'il vous a déçu par le passé. C'était du moins comme ça que je voyais les choses. Etais-je trop naïve ? Très probablement. Mais là n'était pas la question.

« Tu es forte. Regarde ce que tu as fait. Tu t’en es sorti. Je dis pas que tu n’as pas de faiblesse, simplement que tu te sous-estime. Tu es bornée, déterminée et prête à tout faire pour te reconstruire. Avoir une vie. Des amis, des amants et peut être même une famille. Et si tu te sens responsable de ce qui s’est passé, c’est parce qu’il a tenu à ce qu’une part de toi culpabilise. Il te contrôlait. À la différence d’il y a quatre ans, je serais là pour m’opposer à lui si tu m’en laisse l’opportunité. »

Il avait raison sur certains points. J'étais forte, aujourd'hui. Ou du moins, plus forte que je ne l'aurais jamais imaginé. Mais à l'époque ou nous avions été séparés, je ne l'avais pas été. J'avais été bête, naïve, et influençable. Il avait raison quand il disait que j'étais bornée, déterminée, et prête à tout pour me reconstruire, pour vivre ma vie comme j'aurais dû la vivre il y a quatre ans. J'étais déterminée à l'aimer de nouveau, et s'il m'en laissait la chance et le temps, j'espérais bien qu'un jour, nous formions cette famille que nous n'avions pas pu avoir. Même si pour le moment, la situation était délicate, et qu'il était difficile de dire tous ces mots à Logan, c'était vraiment ce que je voulais. Je le voulais, lui, parce qu'il était le seul que j'ai jamais aimé, le seul avec qui je m'imaginais passer le reste de ma vie, et je voulais récupérer la vie que j'aurais pu avoir à ses côtés. Même si cela devrait prendre un peu de temps. Mais il avait tord sur un autre point. Il avait tord de vouloir me protéger de mon père. Je ne le laisserai jamais s'opposer à lui si l'occasion se présentait... Jamais je ne prendrai ce risque. Quand on voyait ce que mon père avait osé me faire, quand on voyait combien il avait franchi les limites avec moi, sa propre fille, je n'osais même pas imaginer ce qu'il pourrait faire à Logan, lui qui n'avait aucun lien avec mon père. Et si l'idée qu'il serait toujours là pour me protéger s'avérait réconfortante, l'idée que mon père puisse l'atteindre d'une façon ou d'une autre m'était insupportable et je ne laisserai jamais une telle chose se produire. Je secouai légèrement la tête en signe de désaccord.

« Je ne t'en laisserai pas l'opportunité, Logan. Je ne supporterai pas l'idée qu'il puisse s'en prendre directement à toi. »

Il pouvait comprendre, mieux que quiconque, ce que je ressentais. Parce que nous avions toujours veillé l'un sur l'autre, que nous avions toujours voulu prendre soin l'un de l'autre, veillé au bonheur de notre moitié... Et je voulais surtout veiller à sa sécurité.

Il en allait de même pour lui. Je le savais. Et puis, ses gestes à mon égard n'en étaient que la preuve. Sa tendresse, sa douceur, le réconfort qu'il m'apportait en étaient la preuve. Et dans ses bras, j'avais l'impression que rien ne pouvait m'arriver. C'était comme s'il n'existait plus que lui et moi, comme si nous étions seuls au monde et que de ce fait, rien ne pourrait jamais nous arriver. Dans ses bras, je me sentais revivre. Je me sentais enfin complète. Quand je sentais son corps contre le mien, quand je sentais sa main remonter derrière ma nuque, qu'il massa délicatement de ses doigts; je fermai les yeux, sentant mes muscles se détendre sous son geste précis, sentant ma peau frissonner sous cette caresse qui m'était si agréable. Il semblait prendre mes mots à la légère, c'est du moins ce qu'il essayait de me faire croire à travers ses paroles, ses gestes. Mais je savais qu'il serait là, si j'avais besoin de lui. Parce qu'il avait toujours été là quand ça avait été possible. Parce qu'entre lui et moi, ça avait toujours été comme ça, jusqu'à ce que mes parents nous séparent...

Et puis, il y avait ces mots, qu'il avait prononcés. Ces mots qui avaient fait accélérer les battements de mon coeur, qui m'avaient donné l'envie irrépressible de l'embrasser. Mais par timidité, par retenue, par peur, je n'en avais rien fait, ou presque. Car si je ne l'avais pas embrassé sur les lèvres, comme je l'aurais fait spontanément, je n'avais pu m'empêcher de déposer mes lèvres en un léger baiser dans son cou. Je sentis sa peau frissonner à ce contact, et son étreinte se resserrer, comme s'il me priait de rester. Comme si j'avais pu partir. En guise de réponse, je nichai ma tête dans le creux de son cou pour y respirer son odeur, pour savourer encore un peu plus longtemps ce contact que nous avions et qui m'était si agréable.

Et puis, reprenant la direction de la maison, il avait abordé un sujet totalement différent. Il avait parlé d'Andy, le désignant comme le responsable de mon retour à San Diego. Nous avions alors parlé de lui, de ce qu'il avait fait pour Logan après mon absence, et de ce qu'il avait dit après celle-ci, la concernant justement. Parler d'Andy lui faisait visiblement du bien, et à moi aussi. C'était apaisant. Réconfortant. Parce que cet homme nous avait tous les deux aimés, parce qu'il avait été un modèle pour tous les deux, bien qu'il l'ait plus été pour Logan que pour moi – et pour cause, puisqu'il l'avait élevé – mais il avait aussi probablement été le premier à apercevoir combien Logan et moi nous nous aimions, le premier à nous encourager dans notre relation et dans notre mariage. J'avais toujours été ravie de cet enthousiasme qu'il montrait face à notre couple. Il fallait dire que ça changeait tellement de ce à quoi j'avais été habituée dans ma famille... Andy avait fait office d'ange gardien, pour nous deux. Et un ange, il en était enfin un à présent, au sens propre du terme. Et j'étais persuadée que, si de la haut, il veillait sur nous, alors Logan et moi réussirions à obtenir ce que nous voulions.

« T’es consciente qu’il serait fier comme un paon à cette seconde ?! » Je relevais les yeux pour apercevoir le sourire de Logan, tandis qu'il reprit « J’peux encore l’entendre fanfaronner ! « aaah tu vois, ça c’est le genre de fille qu’il te faut mon fils ! Elle a de la suite dans les idées et elle laisse sa peur au placard pour s’en sortir. Et toi, bah elle mènerait à la baguette ! » »

Andy aurait-il vraiment dit ça ? Rien ne nous le garantissait. Mais cette façon de parler lui ressemblait beaucoup, et Logan l'imitait bien. Je réalisai à cet instant ce que sa mort signifiait vraiment pour lui. Pour moi. Pour nous. Nous ne le verrions plus jamais, il ne ferait plus jamais partie de la vie d'aucun d'entre nous. Et je ne regrettais qu'une seule chose, c'est qu'il n'ait jamais pu entendre mes explications, qu'il n'ait jamais pu savoir que j'avais aimé son fils et que je n'étais pas partie lâchement comme tout le monde avait pu l'imaginer.

« Il serait surtout fier de toi. Je l'entends bien te dire : « Tu vois, mon fils, si elle a fait tout ce chemin jusqu'ici, c'est que tu en vaux la peine. C'est parce que tu es un homme bien. C'est parce qu'elle t'aime. Je te l'avais bien dit. Ces choses là, je peux les sentir. » »

Je ne savais pas si Andy aurait dit ça. Peut-être pas sous ces termes exacts. Il aurait sans doute ajouté une plaisanterie. Toujours était-il que c'était la vérité. J'avais fait tout ce chemin parce que Logan en valait la peine, et notre amour également. Je venais d'ailleurs de plus ou moins sous entendre mes sentiments pour lui. Je savais qu'il ne passerait pas à côté de cette phrase, qu'il la remarquerait et qu'il l'interprétait comme elle devait interprétée : Je l'aimais. Oui, j'aurais pu lui dire directement. Mais c'était tellement plus facile de ne pas dire les choses. Logan devait bien le savoir, puisque je savais pertinemment que lui même se retenait de me faire part de ses sentiments. Et si j'avais dit ça dans le but d'imiter Andy, ces sous-entendus m'arrangeaient bien, je devais le reconnaître. Encore une fois, Andy m'avait aidée. Il avait toujours été là. Et si Logan était devenu quelqu'un de bien, c'était en partie grâce à son père, et son éducation. Et rien que pour ça, je n'aurais jamais pu assez le remercier.

Et tandis que nous revenions, nous avions alors commencé à parler de Courtney, et de nos retrouvailles. Ca me faisait du bien de parler d'elle, comme d'Andy. Ces deux là avaient toujours plus ou moins cru en notre histoire, à Logan et à moi, et évoquer leurs noms me rassurait, me mettait plus en confiance. Ca me permettait d'oublier pendant un temps combien les choses étaient compliquées entre nous. Mais Logan changea bien vite de sujet lorsqu'à l'évocation de Courtney, il s'était inquiété de savoir où je vivais depuis mon retour, et si j'avais suffisamment d'argent. Il m'avait alors proposé de venir ici et de me prêter un peu d'argent, ce que j'avais bien entendu refusé – je ne voulais pas qu'il me fasse la charité - avant de lui expliquer que je vivais à l'hôtel, en attendant de trouver mieux, et qu'en ce qui concernait l'argent, Courtney m'avait prêté de quoi tenir pendant un petit moment. En m'entendant refuser, je le vis hausser un sourcil, ce après quoi il répliqua spontanément

« En attendant de trouver mieux ? Tu sais que la plupart du temps, je suis au bar et que je vis à l’appart juste au-dessus. Je t’entends déjà me dire non mais… cette maison est vide, Casey. Ça ne coutera rien d’y séjourner et tu n’y seras pas seule. Hendrix peut s’avérer très distrayant et un véritable chien de garde ! L’autre jour, il m’a fait une scène, parce que monsieur n’avait pas fait sa ballade sur la plage ! Il a un manque cruel d’éducation ! Ça reste ton choix. La clé est sous le cactus, si jamais tu te décides. Ta famille ne viendra pas te déloger d’ici. »

J'aurais du me douter qu'il finirait par insister. Logan n'était pas du genre à accepter un refus pareil. Il était tellement attentionné, tellement protecteur qu'il n'envisageait pas une seule seconde que je puisse refuser. Et je trouvais ça touchant, mais je ne savais pas si je pouvais accepter sa proposition, et ce pour plusieurs raisons. La première, c'est que je ne voulais pas que ce soit à lui de m'assumer. Je ne voulais pas être un poids, pour lui. Et puis, la seconde raison était plutôt évidente à mes yeux et elle concernait sa mère. Elle finirait bien par rentrer. Que dirait-elle quand elle me verrait ? Il fallait être honnête, elle venait de perdre son mari, je doute qu'elle ait envie de me voir dès son retour chez elle, même si ça lui ferait une compagnie, et quelqu'un à parler. Sa mère et moi, nous ne nous connaissions pas vraiment. Pas autant que j'avais connu Andy, du moins, et je doute qu'elle soit disposée à faire ma connaissance après la douleur que j'avais infligée pendant quatre ans à son fils. Et je pouvais le comprendre. Je me doutais même de la haine qu'elle avait dû ressentir à mon égard pendant toutes ces années...Et en ce qui concernait les arguments de Logan, je ne pouvais pas vraiment les réfuter. Il avait raison. Ca serait plus facile, de rester ici, car ça ne me couterait rien. Et puis, Hendrix me tiendrait compagnie. Quand il disait cependant que ma famille ne viendrait pas me déloger ici, en revanche, je n'en étais pas certaine. Ici ou ailleurs, s'ils finissaient pas savoir que j'étais de retour en ville et que je m'étais enfuie de Suisse, s'ils voulaient vraiment me contrôler à nouveau, peut-être viendraient-ils ici... Je ne savais pas... Après tout... Ma famille n'avait jamais – à ma connaissance du moins – été chez Logan, ou dans son bar. Alors on pourrait croire que c'était un endroit rassurant.

« Logan, j'ai pas envie que tu te sentes obligé de m'assumer. Et puis, pense un peu à ta mère. Je suis sûre qu'elle m'a détestée pendant ces quatre années, pour la douleur que je t'ai infligée. Tu penses franchement qu'elle serait contente de me trouver dans son salon dès son retour ? Non. Elle vient de perdre son mari, je suis sans doute la dernière personne qu'elle aurait besoin de voir, alors ne parlons même pas de vivre ensemble... »

Je ne voulais pas être dure avec Logan, ni même avec sa mère. Je comprenais celle-ci. Et si elle réagissait effectivement comme je l'avais pensé, ça ne serait que par amour pour son fils. Il est normal de s'opposer à la présence de ceux qui font souffrir nos enfants dans leurs vies. C'était une chose que ma mère n'avait pas faite, mais que celle de Logan pourrait faire.

Enfin, nous entrâmes dans son salon. Logan avait refermé la porte derrière nous, et j'avais posé mes chaussures par terre, tandis qu'il me proposait déjà quelque chose à manger ou à boire. Si ni l'un ni l'autre me disaient, je lui avais cependant suggéré de me laisser m'occuper de la cuisine, tandis qu'il s'occuperait de nous servir à boire. Nos regards se croisèrent à ma proposition, et il haussait un sourcil. J'avais vu juste, il se souvenait de la nourriture carbonisée que je lui avais déjà servie par le passé..

« T’es vraiment sur de vouloir faire à manger ? On peut aussi commander au pire… enfin c’est pas comme si j’avais pas manger de charbon depuis trop longtemps… »

Il fit la moue, il semblait ne pas être prêt à regoûter à mes exploits culinaires. Je ne pouvais pas lui en vouloir. C'était compréhensible. Je me rappelais encore de la première fois que j'avais cuisiné pour lui. A l'époque, nous étions encore au lycée et nous commencions à peine à sortir ensemble. Mes parents étant sortis à une soirée, j'avais feint d'être malade pour pouvoir inviter Logan à la maison. C'était là que je lui avais fait à manger. Mais j'avais été distraite par sa présence, et au final, notre diner tout entier avait fini carbonisé, et Logan s'était forcé à manger pour me faire plaisir, bien que je lui ai répété que ça n'était pas grave. Après de nombreuses grimaces, il avait fini son assiette, avant de s'écrouler au sol pour feindre la mort. Si je n'avais pas tout de suite compris qu'il faisait semblant, je m'étais bien entendu précipitée sur lui, et il m'avait alors attrapée par la taille pour m'attirer à lui, et c'était comme ça que j'avais fini allongée sur le sol de la cuisine, à ses côtés, à l'embrasser. C'était un bon souvenir. Comme presque tous ceux que j'avais avec Logan. Me le remémorer me fit du bien.

« Je prends le risque de te laisser les commandes de la cuisine. » Finit-il par me répondre.

J'avais un regard satisfait et je passais une main sur sa joue avant de répondre :

« Si tu tombes malade, je te promets de m'occuper de toi, et de te faire de la soupe en attendant ta guérison. » Je marquai un pause, avant de demander, « Ca ne peut pas brûler, la soupe, hein ? »

Sait-on jamais. Je préférais être prudente. Je pourrais au pire des cas aller lui en acheter. Mais je doutais qu'il soit malade à cause de ma cuisine. Je ferai en sorte que ça n'arrive pas... Même si l'idée qu'il soit malade et que je sois obligée de rester à ses côtés n'avait rien de déplaisant.

Enfin. Il se dirigea vers le bar, tandis que j'allais en direction de la cuisine. J'inspectais rapidement celle-ci, l'examinant pour me demander ce que je pourrais faire. Je me dirigeais naturellement vers le four, objet suprême de la carbonisation, et je tentai de voir comment il marchait. Je passais quelques minutes dessus, les sourcils froncés, l'air agacé. J'essayais d'appuyer sur certains boutons, d'en tourner d'autres, pour le faire marcher, en vain. C'était peut-être un signe. Celui que je ne devais pas cuisiner ? Logan vint rapidement me rejoindre, fort heureusement. Je ne vis pas ce qu'il avait fait de nos verres, étant bien trop occupée par ce four. Il posa ses mains sur mes épaules, avant de coller sa tête à la mienne. Si, au départ, je me tendis sous son geste, peut-être parce que je ne m'y étais pas attendue, je ne le repoussais cependant pas, fermant même les yeux pour savourer cet instant. Je sentais ses mains caresser mes épaules, puis mes bras, me faisant frissonner à chaque contact de sa peau sur la mienne.

« Alors t’as besoin de mes distractions ou de mes compétences pour utiliser ce four ? »

Je rouvris les yeux, revenant à la réalité. Ses doigts étant à présent sur les miens, nous les avions naturellement entrelacés. J'eus envie de tourner la tête dans sa direction pour l'embrasser, mais eu lien de ça, je répondis :

« Tes compétences me seraient plus utiles. Elles nous permettraient de ne pas manger « du charbon », comme tu le dis si bien. »

Je tournai la tête vers lui avec un regard amusé. Je crois que nous n'avions jamais été si proches depuis que nous nous étions retrouvés. La tête tournée l'un vers l'autre, nos lèvres se touchaient presque, tant nos corps étaient proches. Je pouvais sentir son souffle sur mes lèvres. Mon envie de l'embrasser ne fit que s'accroître à cet instant, et ce fut probablement pour cette raison que je finis par poser mes lèvres sur les siennes pour lui voler un léger baiser, très rapide. Ce fut à peine si j'eus le temps de profiter de ce contact car, quelques secondes après que mes lèvres aient touché les siennes, je me séparai de lui.

« Hum... Désolée... » Je détournais le regard, et je repris « Tu... Tu pourrais mettre le four à préchauffer, s'il te plait ? »

Après ma question, je me dirigeai en direction du frigo dans lequel je pris un peu tout ce qui me tombait sous la main, sans réellement y prêter attention. Je me dirigeai vers le comptoir, sur lequel je posai tout, passant de justesse à côté de nos verres. Et puis je me retournai vers Logan. Je me mordis la lèvre inférieure quand mon regard croisa la sien, pour m'empêcher de dire quoi que ce soit qui aurait pu nous mettre encore plus mal à l'aise tous les deux.

« Logan... Je... »

Je ne savais pas quoi lui dire. Je ne savais pas par quoi commencer. Il y avait tellement de choses que j'aurais aimé qu'il sache, tellement de choses que je ne disais pas...

J'aurais aimé pouvoir lui dire que je l'aimais, que je voulais être avec lui. Mais à côté de ça, je ne voulais pas me précipiter. Parce que la première fois, nous nous étions précipités, et voilà où ça nous avait menés. Cette fois, je voulais faire les choses bien. Je tendis la main dans sa direction, parce que c'était le seul geste que je pouvais oser sans craindre qu'il me repousse ou que la peur finisse par prendre le dessus sur mes sentiments pour lui.

« Je ne sais pas où tu en es... Ce que tu veux... Si... Tu as quelqu'un ou si tu... »

Je m'arrêtai un instant, réfléchissant à ce propos. Logan avait-il quelqu'un d'autre ? Avait-il eu quelqu'un d'autre, quand j'étais revenue dans sa vie ? Je ne pensais pas, mais sait-on jamais...

« Mais... je n'ai pas envie que tu penses que je joue avec tes sentiments, ou que je ne sais pas vraiment ce que je veux parce que... je n'ai jamais joué avec toi et que mon hésitation n'a rien à voir avec mes sentiments... J'ai juste... peur que la précipitation nous conduise à notre perte, comme avant. »
Revenir en haut Aller en bas
« C. Logan Matthews »


C. Logan Matthews

Messages postés : 73
à San Diego depuis : 02/10/2010
Emploi/Situation : barman

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyLun 22 Nov - 19:45



Prudence aurait dû être mon deuxième prénom ! A vrai dire, ce simple mot correspond exactement à ce que je dois être à compter d’aujourd’hui. Prudence vis-à-vis d’elle pour qu’elle trouve sa place et qu’on parvienne à savoir où l’on en est. Mais également par rapport à sa famille. Courtney n’était pas la personne à laquelle je songeais à cette seconde. Sa sœur est certainement une des rares à nous soutenir. Quant à ses parents, c’est bien plus complexe. Serons-nous un jour totalement heureux de notre sort ? J’ai un doute là-dessus. La vie ne cesse de nous mettre à l’épreuve. Le simple récapitulatif de nos vies depuis cinq ans suffit à le prouver. Sauf qu’aujourd’hui, on va prendre un nouveau départ. C’est notre chance. J’suis certain qu’elle en a conscience. Revenir a dû lui couter énormément d’énergie. Du soutien, elle en aura toujours. De part Courtney et de la mienne. Mais il faut bien reconnaitre que ces parents n’en resteront pas là. Je me rappelle du jour où son père a débarqué au bar. C’était il y a quelques années et son regard glacial m’avait foutu en rogne.

    FLASHBACK

    « De quel droit tu te permets de te présenter chez moi pour me demander des comptes ! Vous avez signé les papiers, vous êtes officiellement divorcés ! C’est pas un petit morveux qui va- »

    Mon point était partit tout seul. Mon père qui était dans la réserve n’avait rien entendu. Evidemment que ça devait éclater. Les coups se succédaient tandis que MONSIEUR Forsythe tentait de garder sa dignité dans son costume coupé sur mesure, vraisemblablement tout neuf et d’un grand créateur. Sauf que je ne pouvais en rester là.

    « - Tu sais c’qu’il te dit le p’tit morveux ?! »

    « - Logan ! » m’interpella mon père pour me calmer. Sauf que j’avais pas envie de retrouver mes esprits. Ce type était venu m’agresser et je devais faire profil bas, admettant mon infériorité ? J’étais peut être jeune mais pas stupide au point de me rabaisser à mon ex-beau-père friqué ! Surement pas. Malgré les avertissements de mon père, je m’approchais de cet homme que j’apprenais à détester chaque jour où Casey était loin de moi.

    « - Vous n’êtes qu’une pourriture Forsythe. Si j’vous revois foutre les pieds ici ou chez moi, j’vous jure que ce n’est pas qu’avec un nez cassé que vous repartirez ! »

    « - Des menaces, Logan ? Je prends toutes ses personnes à témoin, si jamais il arrive quelque chose à mon entourage ou à l’un de mes biens. Je suppose que la police saura vers qui se tourner. » Répliqua-t-il, condescendant.

    « - Comme si vous pouviez acheter et contrôler toute cette ville. Vous avez p’t’être réussi votre coup avec Casey mais sachez que vous l’emporterez pas au paradis. Tout se paye un jour et j’serais là à vous regarder pourrir en enfer ! »

    J’en étais resté là, tandis que mon père me trainais jusqu’au bureau à l’étage. J’en avais pris plein la tête pendant un bon quart d’heure, puis il m’avait souri en rajoutant que Forsythe avait bien mérité que quelqu’un s’oppose enfin à lui. Sauf que ça n’avait pas vraiment plus à Andy, que ça soit moi. Parce que j’étais jeune, j’étais un parti prit et certainement parce que c’était ma souffrance qui me faisait agir ainsi. N’empêche que ça m’avait fait un bien fou.

    FIN DU FLASHBACK


Je n’avais pas revu cet homme depuis près de quatre ans. Nous en étions restés là, s’évitant prudemment dans cette ville. De même que je croisais rarement Courtney. Autant je pouvais aimer Casey sans restrictions, que le reste de la famille, c’était une autre paire de manche. Quand ma mère apprit cette histoire, elle avait été à deux doigts de m’envoyer voir notre famille en Irlande, dans l’espoir qu’on me fasse redescendre sur terre.

Ces histoires étaient des points de ma vie que Casey ignorait. Je n’en étais pas vraiment fier mais ces évènements ont fait que je sois devenu cet homme parfois froid et lointain mais possédant ce sens aigu de la justice. Toutefois je n’étais pas dénué de sentiments. Etrangement, au bar, personne n’a semblé troublé de ma réaction. Certes, j’ai le sang chaud et il en faut peu pour que je perde mon sang froid. Ceci dit, j’ai fait des efforts et Andy s’amusait à le rappeler à tout le monde. Ainsi, lorsque je déclarais à Casey que son père ne pourra plus rien lui faire, je le pensais. A la maison, au bar, elle serait en sécurité. J’étais convaincu que son père n’oserait pas se pointer devant moi. J’avais encore la jeunesse et la fougue pour moi, mais plus que ça, j’avais le cœur de bien des habitants de cette ville. Le genre de chose qu’on ne peut pas acheter avec un chéquier ou des billets vert. Casey, même si elle n’en a pas encore conscience, le découvrirait bientôt. Des soupirs, une main tendue, la situation est embarrassante, bien que je la sente sur le point de me donner raison. Notre relation n’est plus ce qu’elle était. La vie nous a épuisés et pourtant, on nous offre cette seconde chance. Je ne veux pas la voir s’enfuir ou me fuir, pour être exact. J’ai besoin qu’elle soit là et me donne un peu de sa confiance. Je lui confie alors que je m’opposerais à son père si jamais, il osait débarquer dans nos vies.

Finalement, elle n’a pas autant changé qu’elle veut le faire croire. Bien sûr qu’elle s’interposera. C’est plus fort qu’elle. Me voir souffrir la détruit tout autant que moi, lorsque j’ai dû accepter de ne plus l’avoir dans ma vie. Je me pince les lèvres et m’approche d’elle. Mes gestes retrouvent leur naturel en sa présence. Mes mains se posent sur ses épaules et croisant son regard, je dépose un très rapide baiser sur son front.

« Ton père ne m’atteindra pas. A moins qu’il dilapide toute sa fortune pour acheter la plupart des gens de cette ville… Il a peut-être l’estime des gratte-papier mais ce ne sont pas ces personnes qui font cette ville. Ton père ne s’approchera ni de toi, ni de moi. Il a trop peur des répercussions. Et tu peux me croire qu’il y en aura, si jamais on devait en arriver là. »

Je suis certain qu’elle comprendrait tout lorsqu’elle mettrait les pieds au bar. Ça n’était pas simplement un bar. C’était une véritable famille que je m’étais formé là-bas. La plupart des clients me connaissait bien dorénavant. Beaucoup m’appelait par mon prénom. Tout comme la plupart avait consenti à me donner un coup de mains pour les funérailles de mon père. Et il y avait eu les filles. Certaines ont voulu me réconforter mais je tenais le coup. A vrai dire, je ne tenais pas à avoir une fille dans mon lit tous les soirs mais l’une d’entre elle, s’est avéré être d’une écoute prodigieuse. Elle est restée près de moi, à m’écouter parler de mon père sans jamais se plaindre. C’était une amie comme on en fait peu. Le jour viendrait où je la présenterais à Casey, car elle a une véritable importance dans mon existence.

Sauf que la distinction, même qu’elle soit infime, cette fille ne serait jamais Casey. La seule à qui j’ai donné mon cœur sans aucune retenue. Quatre ans, ça ne s’efface pas d’un coup d’éponge. Elle n’avait pas été là physiquement mais dans mon cœur notre amour perdurait. Parce qu’une Casey Forsythe, il n’y en avait qu’une sur Terre que je l’aimais plus profondément à chaque regard que nous échangions. J’en avais oublié la puissance que son regard pouvait avoir sur moi. Je tenais à elle, plus que je n’avais tenu à personne d’autre. Sa famille ne s’interposerait plus. A cette seconde, c’était évident. Et même s’ils essayaient, je doute qu’ils parviendraient à leurs fins. Son corps fluet arrimé au mien, elle est raide comme un arc et je prends l’initiative de l’aider à se détendre. Des gestes qui m’ont été familier à une époque. Je ne pouvais contrôler le frisson qui m’envahissait lorsque sa peau entra en contact avec la mienne. Son parfum me faisait tourner la tête et l’envie irrépressible de l’embrasser sans retenue m’empoisonnait les veines. Tous ses sentiments se bousculaient et l’amour que je lui porte me consume, me torturant chaque seconde. Mais ce qui me toucha, ce fut l’éclat de ses yeux. Elle couvait. L’amour était à notre porté bien que derrière ses prunelles océan, je devinais les peurs se succéder. Je me contentais alors de la garder en sécurité au sein de mes bras. Car petit à petit, elle saurait combien je tiens à elle. De part de vagues paroles qui m’échapperont pou par ces gestes qu’il m’est de plus en plus difficile de retenir.

Qui aurait imaginé que parler de mon père avec elle, changerait tout ? Il n’était plus et chaque jour j’en prenais un peu plus conscience. L’absence était dure à supporter. Tout comme certaines personnes au bar, lorsque je sentais leurs regards. Paradoxalement, je sais que je peux compter sur certains d’entre eux. Le manque est bien là, ceci dit avec elle, il se fait moins douloureux. Andy apparaissait toujours comme un bon vivant et qui n’a pas peur des mots. Bien qu’il ne fallait surtout pas toucher à sa famille. Je me rappelle encore des parties endiablé de basket que nous faisions lorsque je rentrais de l’école ou encore des week end où il assistait à tous mes matchs. Il était mon père. Un homme, un modèle. L’homme que je veux devenir et je sais qu’avec Casey autour de moi, je peux le faire. Nous pouvons trouver notre bonheur. Ceci dit, je m’avance peut être trop.

Ces propos me font doucement sourire. C’est tout à fait le genre de propos qu’il pourrait me tenir. Combien de fois m’a-t-il dit que je perdais mon temps avec ses filles que je ne revoyais pas ? Trop. Beaucoup trop. Il avait alors évoqué Casey une fois et j’avais perdu mon sang froid, fracassant une bouteille de Jack Daniels. Et j’avais décampé pendant deux jours. Aujourd’hui, je semble plus calme mais c’est une impression. Le temps nous est nécessaire, c’est certain. Mais là, je ne pas m’empêcher de la toucher. J’en ai tout autant besoin. Je me pince néanmoins les lèvres, hésitant et quelque peu embarrassé.

« Tu m’as manquée. » soufflais-je, en rivant mes yeux aux siens. Il ne s’agissait plus de mon père, mais de moi. « Chaque jour. Pas un jour ne s’est écoulé sans que je pense à toi. » Ce qui était la pure vérité. Le temps m’avait aidé à tenir mais, il n’en restait pas moins que respirer sans elle, ressemblait à une traversée du désert aride, sans oasis.

Les « Je t’aime » n’ont jamais été mon fort. Chose que je regrette. Il s’est bien écoulé des années depuis que je l’ai dit à mon père pour la dernière fois. Encore plus pour elle. Sauf que nous avons des circonstances atténuantes. Du moins en partie, parce que oui j’avais signé les papiers du divorce mais ça ne voulait pas dire que je ne la souhaitais plus dans ma vie. Pour ça je m’en voulais. Parce que j’aurais dû me rebeller.

Comme à mon habitude, je m’efforce de changer de sujet rapidement. Hendrix nous devançant, je la dirige à la maison tout en prenant soin de refermer la porte vitrée derrière nous. Dans la lumière du soleil, elle est resplendissante. A mes yeux du moins. Bien sûr, elle dégage une certaine fragilité mais ça ne lui enlève rien de ce charme qui m’a toujours fait tomber à genoux devant elle. Les sujets s’enchainent et lorsque vient celui de son logement, je sens qu’elle va se braquer. Ma proposition tombe à l’eau évidemment. Je sais qu’elle veut son indépendance. Du temps pour réfléchir, peut-être un peu de solitude pour s’assurer de ne pas se précipiter mais ça m’agace. En partie parce qu’on a déjà perdu trop de temps mais également parce que je ne vois pas l’intérêt de gaspiller de l’argent dans un hôtel alors qu’elle peut avoir une maison pour elle toute seule. Ma mère. Visiblement le problème semblait être Robyn. Ça m’amusait qu’elle considère ma mère comme le principal problème. Je savais que c’était une fausse excuse. Ma mère serait la première à lui tendre la main. J’ai de qui tenir sur ce plan. Si ma mère avait pu, elle aurait fait de cette maison un recueil pour animaux. Alors non, ma mère ne chasserait pas Casey de la maison, ni même elle ne lui tiendrait rigueur du passé.

« -Quelle tête de mule ! » soupirais-je sans la quitter des yeux. « Tu sais quoi ? Elle t’en a voulu au début… et puis, y’a eu le jour où j’ai cassé le nez à ton père. C’était fini. Elle a compris que t’étais pas partit de ton propre chef et moi, je refusais t’entendre cette version. Ma mère ne rentrera peut être pas. Elle n’est pas prête à supporter la vie sans mon père. Leurs familles sont en Irlande. Là-bas, c’est plus facile. Le souvenir de mon père n’est pas dans chaque pièce… et moi, c’est l’inverse. Je suis rentré parce que je ne supportais plus cette ambiance. J’avais besoin de mon père. Et chez moi, c’est ici. Dans tous ses endroits où l’on a pu rire, pleurer, plaisanter, se disputer. Le fait qu’aujourd’hui, tu sois ici. C’est un signe… » Marquais-je une pause, levant une main à sa joue. « J’ai besoin de te savoir en sécurité. Que ton père ne pénétrera pas ton intimité, ne t’enlèvera pas… A l’hôtel, il lui suffit de graisser une patte, pour qu’il ait un passe. Pas ici. » Rajoutais-je sur de moi. « Je ne tiendrais pas en otage ici. Tu es libre de voir qui tu veux, faire ce qui te plait. Tout ce qui compte, c’est que tu te retrouves, que tu te reconstruises… » M’arrêtais-je une seconde, ce sourire espiègle naissant sur mon visage. « Toutefois, il ne serait pas rare que je débarque avec un petit déjeuné pour toi, de temps en temps. »

C’était toujours au saut du lit, que je la trouvais la plus craquante. Cet air ensommeillé, ses yeux encore endormie, une moue fatigue sur le visage, ces détails étaient ceux qui me charmaient le plus. En plus d’éprouver cette envie de la tenir tout contre moi, de l’aimer.

Manger, surement une conversation qui risquait de me couter cher. Ses talents de cuisinière étaient à revoir mais ça ne me faisait pas peur. J’aimais jouer avec elle. Les souvenirs n’étaient pas ce qui manquait. Elle comprit bien vite que je n’avais pas oublié l’un de nos rendez-vous où j’ai dû avaler plus de charbon que n’importe qui dans sa vie. Ceci dit, ça ne me repousse pas. Au contraire. Son petit jeu me fait sourire et sa main sur ma joue me fait frissonner. Je penche alors la tête sur le côté, mes lèvres effleurant son poignet dans un petit baiser.

« - Tu te transformerais en infirmière pour moi ? Quel homme pourrait résister à ça… » Souris-je avec tant de tendresse que je m’en surpris moi-même. Il était tant qu’on ait ce temps à nous. Qu’on se retrouve. Qu’on plaisante et qu’on s’aime. Qu’on passe juste une soirée tranquille en tête à tête.

Je pris néanmoins mes distances, l’espace de quelques minutes. Préparer cocktail et verres étaient mon job et j’aimais ça. Le contact avec les personnes mais au-delà de ça, se découvrir des facultés dans des tas de domaines. Lorsque je revins et déposais nos verres sur le comptoir, mes pensées s’évadèrent pour se focaliser uniquement sur elle. Mon corps appelait le sien et il me fallut à peine quelques secondes avant que mes mains tracent leur chemin sur son corps. Bien qu’elle se tende à mon contact au premier abord, je la sens progressivement se laisser aller contre moi. On ne pouvait pas parler de se relaxer. Je me doutais que ses appréhensions devaient se multiplier en présence des hommes. Ma question ne la désarçonna pas. Le regard toujours fixé sur ce four, elle semble en pleine réflexion. Mes compétences lui seraient utiles pour le four. Je souris lentement tandis que nos doigts entrelacés me prouvent qu’elle n’évite pas mon contact. Qu’elle aussi éprouve ce besoin vital qu’on se touche. Tant et si bien que j’ai à peine le temps de la voir tourner la tête. Mon souffle se fait plus court et j’ai tout juste le temps de sentir ses lèvres frôler les miennes. Ce rapide contact eut l’effet de m’incendier les veines comme jamais. La toucher était déjà un supplice pour les sentiments qui se livrent une lutte sans merci en moi, mais un baiser et j’étais bon à me transformer en lave incandescente dans un volcan en éruption. Je n’ai pas le temps de réagir qu’elle s’excuse puis me demande de mettre le four à préchauffer.

« - Faire préchauffer le four… » Marmonnais-je en tentant de reprendre mes esprits. Mes doigts s’appliquent sur quelques boutons, puis je me tourne à nouveau vers elle. Plongée la tête dans le frigo, je suis persuadé qu’elle cherche une échappatoire. Si je ne pensais qu’à moi, je la plaquerais contre le frigo avant de l’embrasser sans retenue. Mais à situation unique, solutions uniques. J’attendis alors quelques secondes et attrapait l’un de nos verres tandis qu’elle prononçait mon prénom. Le malaise semblait sur le point de s’installer et je pris sur moi.

« - T’as besoin d’un verre. » lui tendis-je doucement. « Bois. »

Je l’observais méticuleusement. Son embarras, je le comprenais. Même mieux que ça, je le ressentais également. Je savais que ces quatre années me l’avait changé. Mais entre nous, tout était presque aussi simple qu’auparavant. Suffisait d’observer nos quelques moments de complicité. Rien n’était perdu. Elle s’emmêlait les pinceaux, sa timidité ressortant, je savais qu’elle aimerait une réponse. Qu’elle se posait beaucoup trop de question. Je me retins de soupirer et me contentait de lui prendre la main. Le contact est bien essentiel dans notre relation. J’en ai la preuve formelle à cette seconde. Levant sa main à mes lèvres, je dépose un baiser à la naissance de son poignet puis c’est à mon pouce de caresser tendrement ce point sensible. Relevant mes yeux dans les siens, je lui adresse un doux sourire rassurant.

« - T’es effrayé à l’idée que tout reparte comme avant. Tu as besoin de temps et tu l’auras, Casey. Je ne te bousculerais pas. » Confiais-je dans un murmure. « Si tu veux savoir… On peut pas vraiment dire qu’il y ait une femme dans ma vie. Toutefois, j’en connais quelque unes qui pourraient voir en toi, une concurrente. » Au bar, il y en avait toujours au moins une, qui me collait pour que je l’invite au restau ou à boire un verre. Sauf que je le faisais rarement. Et puis, avec Casey tout près, la donne pourrait bien changer pour que je me prenne véritablement en main. « Ceci dit… il y a quelque chose que je meurs d’envie de faire depuis que tu as passé le seuil de la maison… » Que je me laisse envahir par cette attirance, ce désir qui me consume n’est en rien une nouveauté. C’est même encore pire avec elle, car je ne sais pas le combattre. J’ai besoin d’elle plus que de n’importe qui. Lui ôtant le verre de ses mains tremblantes, je pris celle-ci dans les miennes avant d’esquisser ce sourire irrésistible que je n’ai toujours adressé qu’à elle. Ma langue glisse sur ma lèvre inférieure et je me penche, saisissant ses lèvres entre les miennes dans un baiser qui, aurait pu sembler timide mais qui s’avère être plus désespéré et incendiaire. Elle est tout ce dont j’ai besoin. Ce qui m’a toujours manqué. La seule personne de mon existence capable de me comprendre et de m’aimer comme je l’aime en retour. Je l’attirais alors un peu plus près de moi, soufflant contre ses lèvres. « Désolé, mais je m’excuserais pas pour t’embrasser. Tu m’en veux pas j’espère ? » Souris-je avec cette lueur amusé sur les lèvres. Elle était là, dans mes bras et à cette seconde, c’était tout ce qui comptait. Le reste on verrait ça au fil des jours. Je voulais profiter de chaque moment avec elle. Vivre au jour le jour. Ne rien prévoir. Carpe Diem, c’était à proprement parler ce qui nous correspondait le mieux. Et elle, Casey me correspondait en tout point. Car je l’aime et que rien ne peut altérer la force de ses sentiments, ni les gens, ni le temps. Et ce pour une bonne cinquantaine d’années à mon avis.



Revenir en haut Aller en bas
« Casey H. Forsythe »


Casey H. Forsythe

Messages postés : 52
à San Diego depuis : 10/11/2010
Emploi/Situation : Etudiante

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyLun 22 Nov - 23:19

Ces quatre années n'avaient pas changé Logan. Elles n'avaient pas changé sa façon d'agir vis à vis de moi. Car il avait toujours ces mêmes regards, ces mêmes gestes à mon égard. C'était comme si la vie ne nous avait pas séparés. Et ça semblait tellement naturel, que j'enviais son habilité à agir de la sorte. J'aurais aimé que les automatismes que j'avais eus par le passé me reviennent aussi facilement qu'ils lui étaient revenus. J'aurais aimé que nous retrouvions tout ce que nous avions perdu. Cependant, les choses n'étaient pas si simples. Il nous manquait ce petit quelque chose. Il y avait ces non-dits, ces choses que nous cachions à l'autre, que nous n'avions pas encore eu le temps de révéler. Des détails qui ne semblaient peut-être rien comme ça, mais qui en réalité nous empêchaient parfois de nous comprendre. Et à côté de ça, il y avait certains réflexes, que nous avions, qui étaient devenus naturels, au fil des années. Ces réflexes là, nous étions en mesure de les comprendre. J'étais en mesure de comprendre son besoin de me protéger. Il avait toujours été comme ça avec moi et il en avait toujours été de même pour moi. Nous avions toujours veillé l'un sur l'autre, et c'était peut-être pour ça que je n'avais pas été surprise de l'entendre me dire qu'il n'hésiterait pas à s'opposer à mon père s'il devait revenir dans nos vies. C'était pour ça aussi, que je m'étais naturellement inquiétée pour lui. Parce qu'ayant vu ce que mon père avait été prêt à me faire à moi, sa propre fille, pour être certain que Logan ne ferait pas partie de ma vie, je n'osais même pas m'imaginer ce qu'il serait prêt à lui faire, à lui. Cette idée, qu'un jour, mon père puisse atteindre Logan, qu'il puisse lui faire du mal, le détruire autant qu'il m'avait détruite, moi, me rendait malade. Encore plus que l'éventualité d'une séparation avec lui, c'est pour dire.

A vrai dire, cette éventualité n'était même pas envisageable. Jamais je ne laisserai Logan s'interposer entre mon père et moi. Parce que mon père avait beau être pire que ce que je croyais, je restais néanmoins persuadée qu'il aurait certaines limites, me concernant... A vrai dire, j'espérais, plutôt qu'il en ait. J'espérais, oui, qu'il n'ose pas m'infliger une seconde fois autant de souffrance que quatre ans auparavant. J'espérais que s'il apprenait mon retour, celui-ci lui ouvrirait les yeux sur ce qu'il m'avait fait. J'espérais que si un jour, j'aie à le revoir, ça serait pour l'entendre me faire ses excuses. Pour l'entendre me dire qu'il regrettait tout ce qu'il m'avait fait, et que j'aurais mérité d'être heureuse. Alors oui, encore une fois, j'étais peut-être naïve. Mais je ne pouvais pas complètement croire que mon père ne me voulait que du mal. C'était impossible. J'avais besoin de trouver un moyen quelconque de me rassurer, sans quoi, j'allais perdre pied. Parce que l'idée qu'il apprenne mon retour, qu'il finisse par me retrouver me faisait peur. Parce que l'idée même de me retrouver en face de cet homme m'effrayait. Alors, pour tenter de me rassurer, je tentais de me dire que, peut-être, il aurait changé en quatre ans. Que peut-être il en aurait terminé avec cette obsession qu'il avait contre Logan. Je me voilais probablement la face, j'en étais certaine. Les gens ne changent pas comme ça. Certainement pas les gens comme lui. Logan posa ses mains sur mes épaules. Mon regard croisa le sien, il déposa un rapide baiser sur mon front, avant de me répondre :

« Ton père ne m’atteindra pas. A moins qu’il dilapide toute sa fortune pour acheter la plupart des gens de cette ville… Il a peut-être l’estime des gratte-papier mais ce ne sont pas ces personnes qui font cette ville. Ton père ne s’approchera ni de toi, ni de moi. Il a trop peur des répercussions. Et tu peux me croire qu’il y en aura, si jamais on devait en arriver là. »

Je poussai un soupir. Comment pouvait-il en être aussi certain ? Il ne savait pas de quoi il était capable. Il avait d'autres moyens de pression que l'argent. Ca n'était pas avec son argent qu'il était venu à ses fins, la dernière fois. Il lui avait simplement suffit de trouver mon point faible, de jouer la dessus. Il avait joué avec mes sentiments pour Logan, joué avec ma grossesse. C'était comme ça qu'il avait réussi à faire ce qu'il voulait de moi. Il lui suffisait d'un détail, un seul. Qu'il sache un seul point faible de Logan, et il trouverait sans plus attendre un moyen de faire pression sur lui, de l'atteindre, comme il l'avait fait avec moi quatre années plus tôt. Pourquoi Logan ne le réalisait-il pas ? J'avais l'impression qu'il n'avait pas compris. Il se croyait invincible, mais il ne l'était pas. Et c'était bien ce qui me faisait peur.

« Il n'a pas besoin de son argent pour nous atteindre, Logan. Il a d'autres moyens de pression... Il saura trouver autre chose, s'il veut nous séparer comme il l'a déjà fait. Il saura trouver ton point faible, ou le mien... Et je ne pense pas qu'il ait peur des répercussions. Il n'a pas peur de nous. Il l'a assez prouvé par le passé, je pense. »

Mon père n'était peut-être pas le sujet de conversation idéal. Nous venions à peine de nous retrouver, et voilà que nous en étions arrivés à parler de lui... Parce qu'il était responsable, en partie, de ce qui nous était arrivé. Alors, peut-être que le sujet était inévitable. Mais Logan et moi avions des points de vue différents sur le sujet. Quand lui pensait pouvoir affronter mon père sans que celui-ci ne l'atteigne, moi, en revanche, j'étais persuadée qu'il fallait faire profil bas. Que mon retour passe inaperçu en ville, que jamais il ne sache que j'étais ici. Ou qu'il l'apprenne le plus tard possible, du moins. Le temps de me laisser construire une vie comme je l'entendais, pour que je sois prête à l'affronter. Enfin. Pas comme ça avait été le cas, quatre ans plus tôt.

Le père de Logan, Andy, était également un sujet de conversation que nous nous devions d'aborder. D'abord parce qu'il avait été l'un des seuls à nous soutenir, ensuite parce qu'il venait de décéder... Et aussi et surtout parce que Logan le considérait comme le seul responsable de nos retrouvailles. Et puis, parler de lui nous faisait du bien, à tous les deux. Il était bon de parler de ceux qui nous avaient aimés, qui nous avaient soutenu, et qui nous soutiendraient probablement encore s'ils étaient encore à nos côtés. Il était bon de parler de gens comme lui. On se sentait moins seuls, moins tristes de sa perte également. Et puis, je pense qu'Andy avait toujours eu ce don, de faire ressortir ce qu'il y avait de meilleur en nous. Il avait réussi à faire de Logan l'homme qu'il avait été quatre ans plus tôt, mais aussi l'homme qu'il était aujourd'hui. Un homme bien, idéal. Idéal pour moi, du moins. Aimant, doux, protecteur, au sens de l'humour très développé. Oui, Logan avait tout pour plaire. Ca ne m'aurait pas étonnée qu'il ait tout un tas de jeunes femmes à ses pieds. En ce qui me concernait, en revanche, les choses n'avaient pas été les mêmes. Car Andy ne m'avait pas élevée. Et peu de personnes le savaient, mais nous avions souvent parlé ensemble, de Logan, de ma famille. Il m'avait fait ouvrir les yeux sur bien des choses. Il m'avait confortée dans mon idée que Logan et moi étions faits l'un pour l'autre. Je crois qu'il aurait été l'un des premiers à être mis au courant de ma grossesse, si j'en avais eu l'occasion. Parce qu'il en aurait été ravi, pour nous. Parce qu'il aurait su, contrairement aux autres, que cet enfant était le fruit de l'amour. J'aurais tellement aimé que les choses se passent différemment. J'aurais aimé avoir le temps de lui dire au revoir, de lui dire combien je lui étais reconnaissante pour avoir fait de Logan ce qu'il avait été. J'aurais aimé qu'il soit encore là, pour nous conseiller, tous les deux. Pour nous encourager, nous donner à l'un comme à l'autre cette confiance qui nous manquait pour avancer correctement.

C'était peut-être pour ça que nous imaginer ce qu'il dirait en nous voyant nous faisait du bien. Pour cette raison également que nous cherchions à savoir ce qu'il aurait dit de mon retour. Je ne savais pas si ce que Logan et moi avions dit était vrai. S'il aurait effectivement prononcé ces mots. Ce que je savais, en revanche, c'est qu'il aurait été ravi de nous voir de nouveau ensemble. J'avais saisi cette occasion pour faire passer un message à Logan, pour lui dire, plus ou moins, que je l'aimais. J'avais besoin qu'il le sache. Mais de là à le dire directement, c'était une toute autre histoire. C'était pour cela que je l'avais seulement sous entendu. Je vis son hésitation, son embarras. Je les lu dans son regard. Et puis, finalement, il reprit la parole :

« Tu m’as manquée. Chaque jour. Pas un jour ne s’est écoulé sans que je pense à toi. »

Il en allait de même pour moi, et il devait s'en douter. Il m'avait manqué, plus que je ne l'aurais imaginé, et je n'avais cessé de penser à lui, car il avait été tout ce qui m'avait permis de me raccrocher à la réalité, tout ce qui m'avait permis de vouloir m'en sortir. Il ne le savait pas. Pas encore. Mais un jour, je lui avouerai. Qu'il avait été celui pour qui je m'étais battue. Que sans lui, je n'aurais jamais eu le courage d'affronter ces quatre années seule, en espérant qu'un jour je puisse enfin le retrouver.

Et il était inutile qu'il me dise qu'il m'aimait. Je le savais déjà. Je n'avais pas besoin d'entendre ces mots pour savoir qu'ils étaient vrais. Il m'avait dit tout à l'heure une chose encore plus importante. Il m'avait dit qu'il ne m'avait pas choisie, mais que son coeur avait reconnu le mien. Et si ça, ça n'était pas une déclaration d'amour, je me demande bien ce qu'il m'aurait fallu de plus...

Et il était presque autant inutile que je réponde à ce qu'il venait de dire. Qu'aurais-je pu ajouter, qui n'avait pas été dit ? J'avais bien des choses à lui dire à ce sujet, mais des choses qui pouvaient attendre... Plus tard, dans la soirée. Quand je serai plus à l'aise, ou que je me sentirai prête.

Quand nous étions arrivés chez lui, nous avions changé de sujet, abordant un autre presque tout aussi sensible. Ou, à défaut de l'être, disons que sur celui-ci aussi, nous avions un léger désaccord. Il s'agissait bien sûr du logement, de l'endroit où je vivais. J'avais confié à Logan que je séjournais à l'hôtel, et cette idée ne l'avait pas enchanté. Il m'avait alors proposé que je vienne vivre ici, ou encore qu'il me prête un peu d'argent. Il va sans dire que j'avais refusé ces deux propositions, et ce pour plusieurs raisons. Il avait cependant insisté, et bien que je ne puisse pas réellement réfuter ces arguments, je lui en avais exposé d'autres.

« Quelle tête de mule ! » soupira-t-il alors.
« Tu peux parler. »

Oui, à ce niveau là, nous étions identiques. Aussi borné l'un comme l'autre... ce qui nous avait souvent amené à nous disputer, par le passé.

« Tu sais quoi ? Elle t’en a voulu au début… »

Ca, il n'avait pas besoin de me le dire, je l'avais deviné toute seule. Et puis, je comprenais tout à fait la réaction de sa mère. J'aurais eu la même, si une fille avait osé briser le coeur de mon fils. Parce qu'il était du devoir d'une mère de vouloir protéger son enfant, de vouloir l'empêcher de souffrir. J'avais ressenti ça. Cette envie de tout faire pour lui donner le meilleur. J'avais vécu aussi la haine à l'égard de ceux qui pouvaient lui nuire. Oui, j'étais en mesure de la comprendre. C'était un truc qui vous habitait dès lors que vous saviez que vous portiez ce petit être en vous. C'était quelque chose d'instinctif, qui se déclenchait naturellement chez presque toutes les mères. Visiblement pas chez la mienne.

« ... et puis, y’a eu le jour où j’ai cassé le nez à ton père. »

Je ne pu m'empêcher de cacher ma surprise.

« Tu as fait quoi ?! »

Moi qui pensais qu'il n'avait jamais reparlé à mes parents après mon départ. Je me rendais compte qu'il avait bien des choses à me raconter sur ces quatre années où nous avions été séparés. Je n'en revenais pas. Je ne l'aurais jamais imaginé, et pourtant...

«  C’était fini. Elle a compris que t’étais pas partit de ton propre chef et moi, je refusais t’entendre cette version. Ma mère ne rentrera peut être pas. Elle n’est pas prête à supporter la vie sans mon père. Leurs familles sont en Irlande. Là-bas, c’est plus facile. Le souvenir de mon père n’est pas dans chaque pièce… et moi, c’est l’inverse. Je suis rentré parce que je ne supportais plus cette ambiance. J’avais besoin de mon père. Et chez moi, c’est ici. Dans tous ses endroits où l’on a pu rire, pleurer, plaisanter, se disputer. Le fait qu’aujourd’hui, tu sois ici. C’est un signe… »

Ainsi, c'était pour ça qu'il était rentré sans elle. J'avais voulu lui poser la question plus tard, je n'aurais visiblement pas à le faire. Parce qu'il s'était confié naturellement à moi. Et je comprenais ce qu'il voulait dire. Aurais-je été à sa place que j'aurais fait la même chose. J'aurais eu également le besoin de me raccrocher à quelque chose, même s'il ne s'agit que d'un endroit. Parce que le vide, soudain, je l'avais déjà connu et que je savais que ça n'était pas la meilleure des solutions pour avancer, bien au contraire.

« Je comprends ce que tu veux dire. C'est important d'avoir quelque chose à quoi se raccrocher, quand on perd quelqu'un. Quand on a plus rien, c'est difficile d'avancer...Mais tu sais qu'il sera toujours là, peu importe l'endroit où tu te trouveras. »

Il pausa une main sur ma joue, avant de rajouter :

« J’ai besoin de te savoir en sécurité. Que ton père ne pénétrera pas ton intimité, ne t’enlèvera pas… A l’hôtel, il lui suffit de graisser une patte, pour qu’il ait un passe. Pas ici. »

En sécurité. J'aurais aimé l'être. Etre certaine que jamais plus il n'oserait s'immiscer dans ma vie pour me faire du mal. C'était malheureusement impossible. Il avait raison, quand il disait que j'étais plus en sécurité ici qu'à l'hôtel... Mais venir ici, c'était provoquer mon père, l'inciter à s'en prendre à Logan, et ça, je ne voulais surtout pas que ça arrive. La confrontation entre ces deux là m'effrayait trop.

« Je ne tiendrais pas en otage ici. Tu es libre de voir qui tu veux, faire ce qui te plait. Tout ce qui compte, c’est que tu te retrouves, que tu te reconstruises… » Il s'arrêta une seconde, et un sourire espiègle naquit sur son visage. « Toutefois, il ne serait pas rare que je débarque avec un petit déjeuné pour toi, de temps en temps. »

Je levai les yeux au ciel. Je ne lui demandais pas de me faire tout ça. De m'apporter le petit déjeuner, de prendre soin de moi comme il voulait le faire. Même si cette idée avait quelque chose de réconfortant, ce n'était pas ce que je lui demandais. Je ne voulais pas qu'il s'inquiète pour moi. Et puis, en ce qui concernait ce qu'il avait dit, il était évident que je savais que je serai libre de faire ce que je voulais, si j'acceptais sa proposition. Je savais que Logan n'était pas comme mon père, qu'il n'avait pas ce besoin de contrôler ma vie. Je savais qu'il me laisserait ma liberté. Je pris un moment de réflexion, avant de soupirer très légèrement, et très brièvement. Je n'aimais pas quand il avait raison comme ça, quand je ne trouvais rien à lui objecter. Parce que, je devais forcément abdiquer après ça, cesser de faire ma tête de mule et reconnaître qu'il avait raison,et que j'avais tord. Et pour quelqu'un d'aussi borné que moi, c'était difficile à faire.

« Très bien, tu as raison. J'accepte, à condition que tu me laisse me charger de l'éducation d'Hendrix. »

J'avais dit ça pour re-détendre en quelque sorte l'atmosphère.

Le sujet de conversation qui suivit fut justement plus léger, et pour cause, puisque j'acceptai à nouveau sa proposition qui était que je boive quelque chose ou que je mange ici, à condition qu'il me laisse cependant me charger de la cuisine. S'il avait d'abord feint quelques réticences en se souvenant de mes talents de cuisinière, il avait cependant fini par accepter, allant même jusqu'à prendre le risque d'être malade pour me faire ce plaisir. J'avais posé ma main sur sa joue que j'avais légèrement caressé, avant de lui expliquer que s'il tombait effectivement malade, je m'engagerai alors à m'occuper de lui et à lui faire de la soupe en attendant sa guérison. Il pencha sa tête sur le côté pour déposé un léger baiser sur mon poignet, puis il répondit :

« Tu te transformerais en infirmière pour moi ? Quel homme pourrait résister à ça… »

Il sourit avec tendresse, et je passai mes doigts sur ses lèvres, avant de répondre d'un air amusé :

« C'est le moins que je puisse faire si j'étais responsable de ton état. Et puis, entre nous, l'idée que je sois obligée de rester à tes côtés pour veiller sur toi ne me déplait pas, bien au contraire... »

Je l'aimais, plus que tout. Le savait-il. Avait-il remarqué combien il m'avait changée ? Savait-il tout ce qu'il apportait dans ma vie ? Il était tellement important, pour moi. Il était tout. Il était ma vie.

Il s'était éloigné quelques minutes, le temps de me laisser regagner la cuisine, dans laquelle j'avais tenté de faire marcher le four, en vain. Il ne lui avait pas fallu bien longtemps avant qu'il ne nous remplisse deux verres et qu'il me rejoigne dans la cuisine, là où il n'avait pas hésité à poser ses mains sur moi, comme au bon vieux temps. Si j'avais d'abord été surprise par son geste, celui-ci ne m'avait pas déçue, bien au contraire. J'étais heureuse de sentir son corps contre le mien, de le sentir si proche de moi... Et en même temps, cette proximité en appelait plus. Elle me donnait l'envie d'en avoir plus. De l'embrasser, de lui dire que je l'aimais. De me perdre dans une vague de baisers que je me retenais de lui donner depuis que nous avions été sur la plage. Et puis finalement, j'avais fini par craquer. Par poser mes lèvres sur les siennes, juste l'espace de quelques secondes, le temps que je me ressaisisse, et que je me sépare de lui. Je m'étais sans plus tardé excusée, avant de lui demander de mettre le four à préchauffer. Puis, sans lui laisser le temps de réagir, je m'étais éloignée, pour aller près du frigo, pour chercher de quoi cuisiner. De quoi éviter son regard, peut-être aussi. Mais je ne pouvais pas garder la tête dans le frigo indéfiniment. Et j'avais fini par ressortir avec tout un tas d'aliments que je n'avais même pas pris la peine de regarder avant de sortir. Il était près du comptoir, et tandis que je cherchais quoi lui dire, que je sentais le malaise s'installer entre nous, il me tendit un verre tout en me disant :

« T’as besoin d’un verre. » Je saisis celui qu'il me tendait sans plus tarder. « Bois. »

Je m'exécutais, avalant d'une traite celui-ci. Heureusement que l'alcool qu'il m'avait servi n'était pas trop fort. Quoi que... Le goût de l'alcool dans ma bouche me rappela le soir où je l'avais revu pour la première fois, devant son bar... Quand, après avoir décampé, j'étais retournée à l'hôtel, et j'avais bu, plus que de raison, me confiant alors à ma voisine de chambre qui connaissait elle aussi des problèmes amoureux. Elle n'avait pas bu. Parce qu'elle avait la chance d'être enceinte. Mais moi, je l'avais fait. Et je m'étais chargée à moi seule de vider les mini bars que nous avions toutes les deux dans nos chambres. Autant dire que le lendemain avait été difficile, et que j'en avais eu mal à la tête. Eh oui, mine de rien, il fallait être entrainé pour boire. Une fille comme moi tenait difficilement l'alcool. Je pris un instant de réflexion, avant de tendre ma main libre en direction de Logan, main qu'il ne tarda pas à saisir. Et puis, je lui avais parlé. Je lui avais tout dit, sachant pertinemment que je me confiais à lui de manière maladroite. Je m'étais excusée, s'il pensait que je jouais avec lui, ou que je n'étais pas sûre de ce que je voulais. Car ça n'avait pas été le cas, et je voulais qu'il le sache. Il leva ma main, et la porta à ses lèvres pour m'embrasser à la naissance de mon poignet. Je sens son pouce me caresser au même endroit, et cette simple caresse suffit à me rassurer. J'aurais aimé faire plus, en avoir plus. Mais je ne pouvais pas tout avoir, tout de suite. Je le savais. Je n'étais même pas sûre qu'il soit disponible, qu'il n'ait personne dans sa vie... Son alliance autour du cou ne prouvait rien. Rien du tout. Et je me sentais incroyablement idiote, à cet instant. Idiote, parce que je n'avais pas pris la peine d'attendre et de savoir avant de me jeter dans ses bras. Idiote parce que je n'avais pas su résister à la tentation. Parce que je n'avais pas su contrôler mes émotions. Nos regards se croisèrent à nouveau, et il m'adressa un sourire rassurant.

« T’es effrayé à l’idée que tout reparte comme avant. Tu as besoin de temps et tu l’auras, Casey. Je ne te bousculerais pas. »

Je savais qu'il me donnerait ce dont j'avais besoin. Je voulais bien le croire. Mais à ce moment précis, je n'étais même plus sûre de ce que je voulais. Parce que je le voulais tellement, lui.

« Si tu veux savoir… On peut pas vraiment dire qu’il y ait une femme dans ma vie. Toutefois, j’en connais quelque unes qui pourraient voir en toi, une concurrente. »

Je poussai un léger soupir de soulagement, avant de répondre, les sourcils froncés :

« J'ai pas envie qu'il y en ai d'autres, Logan. Je sais qu'on n'est pas vraiment ensemble, que c'est compliqué et que je n'ai pas le droit de te demander ça car ça serait égoiste de ma part mais... Je t'aime trop pour te laisser dans les bras d'une autre. Même si je savais qu'elle pourrait être meilleure que moi, et qu'elle pourrait faire ton bonheur. »

Moi, possessive ? Jamais. Mais l'idée qu'il en aime une autre me rendait malade. L'idée que d'autres femmes osent l'aimer me faisait mal.

« Ceci dit… il y a quelque chose que je meurs d’envie de faire depuis que tu as passé le seuil de la maison… »

Je me demandais ce que pouvait être cette chose, il ne me fallu pas longtemps pour obtenir la réponse à ma question. Il me retira le verre des mains avant de les saisir et de me gratifier d'un de ses sourires dont lui seul avait le secret. Et puis, dans la seconde qui suivit, il se pencha vers moi, saisissant mes lèvres entre les siennes pour m'embrasser, comme ça n'était pas arrivé depuis bien longtemps. Comme si c'était la dernière fois que nous nous embrassions. Je sentais un mélange d'envie et de désespoir dans son baiser, et j'y répondis naturellement. Une vague de sensations se réveilla en moi, faisant ressurgir des émotions que je ne pensais pas retrouver de si tôt. Mes lèvres me brulaient, j'avais envie de ne jamais quitter les siennes, que nous restions à jamais à nous embrasser. Il attira mon corps près du sien, et tandis que la chaleur de nos deux corps ne faisait plus qu'un, il souffla contre mes lèvres :

«  Désolé, mais je m’excuserais pas pour t’embrasser. Tu m’en veux pas j’espère ? »

Il avait ce petit sourire amusé que je lui connaissais si bien sur les lèvres. En guise de réponse, j'approchais mon visage du sien, je capturais à mon tour ses lèvres, pour lui donner un long baiser, amoureux et passionné. Nous souffles se mêlèrent, nos lèvres se frôlèrent, nos langues se cherchèrent et se provoquèrent. Et mon cœur, lui, battait à tout rompre. Comme jamais. Je ne m’étais jamais sentie aussi vivante qu’à cette instant. J’effleurais son visage d’une main, et caressais sa nuque de l’autre. Je me raccrochais désespérément à lui. Je respirai son odeur, goutai à nouveau au plaisir de ses lèvres. Le temps sembla dérailler, le passé contamina le présent, et, prise de vertige, je me revoyais quelques années plus tôt. A cette époque où tout avait été parfait entre nous. Après un instant, je séparai mes lèvres des siennes, le souffle plus irrégulier. Je posai mon front contre le sien, mon regard cherchant le sien.

« Ca répond à ta question ? », demandai-je dans un léger sourire, avant de l'embrasser à nouveau, sur la joue cette fois-ci.

Je posai ma tête contre son épaule, admirant son torse parfait et l'alliance qu'il portait autour de son cou. Je saisis son bijou délicatement entre mes doigts pour l'observer de plus près. C'était bien elle. Je n'arrivais pas à croire qu'il ait pu la garder tout ce temps, après tout ce qui s'était passé.

« Tu l'as gardée... » murmurai-je alors en faisant mention de son alliance.

Je ne l'aurais jamais cru. Sans doute parce qu'il avait pensé les papiers, et que je pensais qu'en faisant cela, il avait tiré une croix sur notre mariage. Je n'aurais jamais pensé qu'il aurait gardé son alliance comme il l'avait fait. Et cette idée me réchauffait le coeur. Elle me montrait qu'il avait peut-être plus tenu à notre mariage que je ne l'avais cru.
Revenir en haut Aller en bas
« C. Logan Matthews »


C. Logan Matthews

Messages postés : 73
à San Diego depuis : 02/10/2010
Emploi/Situation : barman

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyMar 23 Nov - 17:00



Elle a tort. Elle ne le sait pas encore c’est tout. Son père n’osera plus se pointer devant moi et me faire le moindre reproche. Bien sûr qu’il aura toujours les moyens de me faire taire. Et moi, j’ai les moyens de le faire chanter. Je pourrais même faire des révélations qui ne serait pas sans conséquences pour les Forsythe. Il n’y a qu’une raison pour laquelle, je n’ai rien dit jusqu’à maintenant. Elle est juste en face de moi. Un jour ou l’autre on en viendrait à en parler. D’ores et déjà, je sais que la conversation fera des remous. Car même si elle éprouve de la colère vis-à-vis d’eux, ils seront toujours sa famille.

Sans elle – a vrai dire depuis 4 ans – je suis tout sauf l’homme qu’elle aimait. Bien sûr, je n’ai pas beaucoup changé, si ça n’est qu’il m’arrive d’être très sombre, mystérieux et renfermé. Il y a des jours, où il est même préférable de ne pas m’adresser la parole. C’est généralement ces jours-là que j’éprouve ce manque cruel de son absence. Les anniversaires, les fêtes, en soit il s’agit de petits détails. Notre anniversaire de mariage, Noël, Thanksgiving, notre premier rendez-vous… tant de petites choses qui peuvent me rendre irascible. Aujourd’hui, je veux croire que tout ça es derrière nous. Elle est là. Tout près de moi et je peux enfin m’assurer que tout se passera bien pour elle. Pour nous, peut-être. Je peux enfin la protéger. Je sais que la situation avec sa famille l’inquiète. Qu’elle craint le jour où son père choisira de débarquer à nouveau dans son existence. Sauf que ce jour-là, il ne pourra l’emmener loin de moi. Ce qu’elle a visiblement du mal à croire.

« - Il a également des points faibles. Ton père est discret mais j’ai suffisamment de preuve en ma possession pour le faire plonger et le mener à sa perte. » Ajoutais-je, sans une once de crainte dans la voix. « Tout le monde commet des erreurs un jour. Je ne l’empêcherais de semer la zizanie dans ta vie et dans celle de ta sœur. » Je ne savais pas encore ce qu’il en découlerait de nous. La presser ne mènerait à rien de bon. Elle avait besoin de réfléchir, de s’adapter et de prendre des décisions. Et en ce moment, elle avait surtout besoin de se sentir soutenue. Ce qui avait certainement dû lui manquer ces quatre dernières années. J’espérais qu’elle reviendrait vers moi. Même si pour ça, je devrais composer avec sa famille ou plutôt avec son père. Quoi que je doute qu’elle aille se réfugier vers lui après tout ce qu’il nous a fait endurer.

Les non-dits, les silences risquaient de nous couter cher. Raison pour laquelle, je préférais tout éclaircir dès le départ. Ça pouvait s’avéré risquer pour nous. Le couple que nous avions été mais j’avais foi. En elle, en nous. Ce que nous avions vécu ensemble, était unique. Je me surprends même à croire que c’est ce que recherche la plupart des gens sur la planète, et que rare sont ceux qui le trouve. Pour ma part, je n’avais pas à chercher bien loin. Elle vivait à quelques kilomètres de moi et c’est le lycée qui nous a réunis. Un coup de chance que nos routes se soient croisées. Je me répète souvent que le hasard n’a rien à voir là-dedans mais que nous sommes destinés l’un à l’autre. Que toutes ses épreuves traversé ne font que renforcés cet amour, ce fil invisible, qui nous lie. Certains disent que l’amour est éphémère. Surement parce qu’ils ne connaissent pas le véritable amour. Le transcendant, celui qui fait mal, qui nous fait aussi exulter de joie, tout comme il peut nous mener à la destruction totale. Un amour unique que je n’ai toujours éprouvé qu’à son contact. Ainsi, si on me posait la question. Ai-je des regrets sur mon mariage ? Non. Parce qu’aujourd’hui, je sais que tout est possible. Elle est près de moi, fragilisé, mais présente. C’est pour moi, la preuve essentielle qui me porte à croire qu’on a l’opportunité de se retrouver et ce, même si d’autres embûches apparaissent au cours de nos retrouvailles. Elle est tout ce j’ai toujours voulu. Mon âme sœur, ma vie. Elle est celle qui a fait de moi cet homme.

Andy. Un homme. Un père. Un mari. L’exemple, le modèle par définition. Comme tout bon irlandais, il n’a jamais eu sa langue dans poche. Ce qui, par le passé lui avait valu un certain nombre de bagarre. Il avait appris à se taire au moment opportun. Pour ma mère, il était plus qu’un mari. Il était son ami, son confident. Détails qui m’ont vite sauté aux yeux. Ils étaient fait pour être ensemble. Peut-être était-ce pour ça, qu’il m’a toujours soutenu lorsque je lui parlais de Casey. Il avait senti que mes sentiments pour elle, dépassait un amour d’adolescence. Elle m’avait fait découvrir l’amour, l’engagement, et mes craintes s’évanouissaient en sa présence car mon unique besoin était de l’avoir près de moi. Elle me rendait plus fort et plus serein en même temps. Andy avait su dès le début et je ne pourrais jamais assez le remercier pour m’avoir soutenu. Toutes ses années. Car en dépit de l’absence de Casey ses dernières années, il voulait que je tourne la page mais jamais, il ne m’a dit de l’oublier. Car il devait savoir que ça m’était impossible. Parler de lui me soulageait et avec Casey, c’était si naturel. J’ai souvent soupçonné qu’il agisse aussi en qualité de père avec elle. Après tout, il n’y aurait rien d’étonnant. Il était un père et un bon père. C’était mon père. Il me manque et si, j’aurais pu aborder le sujet avec un bon nombre de personne, elle était la seule avec qui je voulais le faire. L’absence était encore très difficile à supporter, comme si l’on jetait du sel sur une blessure. Sauf qu’elle rendait ça, bien plus supportable. Elle m’apportait du baume au cœur, elle me soignait sans même en avoir conscience. Parce qu’elle était là.

Mes confidences venaient toutes seules. Chaque jour qui s’écoulait me rappelait combien la vie sans elle était cruelle. Je faisais de mon mieux pour tenter de rester à la surface. Il y avait des jours plus difficiles que d’autres. Et généralement mes parents m’épaulaient lorsqu’ils me sentaient sur le point de couler. Ils me donnaient plus de responsabilités, m’obligeait à voir du monde et mon coup de cafard finissait par s’estomper. Et bien souvent, Liam était dans la combine, toujours prêt à me sortir pour m’aider à serrer une fille. Sauf que ça m’avait toujours agacé cette façon de faire. Mais pouvais-je en vouloir à mon meilleur ami, de me réconforter ? Non, alors je le laissais faire même si la seule à laquelle je pensais, n’était plus sur le continent. Elle ne me répond pas et je ne m’en offusque pas. On avait besoin de temps pour se sentir à l’aise sur ce sujet. Encore plus pour elle, qui avait vécu l’enfer de la solitude, ces dernières années. Patience, tout finirait par arriver. Même, si j’avais déjà une idée de ses sentiments à mon égard. Ce genre de chose ne peut pas s’évanouir dans la nature comme ça. Ses regards ne pouvaient me tromper. Elle m’aimait toujours, j’en avais pratiquement la certitude. Tout ce qui manquait, c’était ses mots qui se bloquaient dans sa gorge.

A peine arrivé dans la maison que je m’enquis d’un sujet des plus élémentaires. Mon geste était naturel, je la voulais – évidemment – à mon côté mais je pensais plus au côté pratique à cette seconde. D’ailleurs, je la connaissais assez pour deviner sa réaction première. Un refus net et sans appel mais c’était avant que j’avance des arguments imparable. Les sarcasmes commençaient à réapparaitre entre nous et ça n’était pas pour me déplaire. Elle en vint même à me reprocher mon côté buté. Je ne pus m’empêcher d’esquisser un petit sourire ironique.

« - songe même pas à ce que je te laisse le dernier mot. » en rajoutais je, spontanément. Cet instant était si unique que j’éprouvais cette impression que ces quatre années s’étaient envolées.

Parler de ma mère, de notre situation quatre ans auparavant, des évènements qui en avaient découlés, m’était beaucoup moins douloureux. Cette évocation, dont celle où j’ai cassé le nez de son père, la surprit et j’en aurais presque ris, si elle n’avait pas semblé aussi estomaquée.

« J’lui ais cassé le nez. » répétais-je en haussant les épaules. « Il était venu m’insulter au bar… après que je sois passé chez toi, pour prendre des nouvelles. Il a pas apprécié et a débarqué au bar. » Fis-je, relatant cette histoire qui remontait à quelques années. « Mon père était dans la réserve. Quand il est intervenu, ton père pissait le sang… et m’a bien fait comprendre qu’il mêlerait la justice à nos conflits, si jamais j’osais m’opposer à lui. »

C’en était resté là entre lui et moi. Sauf qu’aujourd’hui, je détenais assez d’information pour le faire chanter et lui pourrir la vie pour des années. Mais ça, c’était une autre histoire. Une histoire qui ne concernait que Forsythe Senior et moi. Je revins à notre sujet en évoquant l’absence de ma mère et ses raisons. Casey devait comprendre l’importance que ça avait pour moi qu’elle soit là. Bien sûr ma mère pouvait toujours revenir. Casey devait réaliser que ça ne posait aucun problème est que ma mère ne lui tenait rigueur de rien. Car elle avait déjà son opinion sur celle qui a été ma femme. Elle avait fini par comprendre que Casey n’était pas comme son père.

Evoquant la pression en Irlande et ce besoin irrépressible d’être près de mon père, je lui confiais que je me sentais mieux ici. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle comprenne ce que ça représentait. Mon père avait toujours gravité autour de moi, c’était pourquoi aujourd’hui ça m’était si difficile qu’il ne soit plus là. Sa présence rôdait autour de moi, m’apportait de l’assurance, m’allégeait la conscience, rendait ma vie plus supportable. Contrairement à ma mère qui craignait justement de ne plus le voir rentrer à la maison.

« Tous les jours, je l’imagine passer la porte du bar pour me lancer que j’suis pas là pour me tourner les pouces. Ça peut sembler étrange… c’est justement ces moments qui me rassure. Je sais qu’il est là, qu’il me guidera… même si je suis plus un gamin… » Avouais je, après avoir secoué la tête à ses propos.

Mon besoin de contact devient de plus en plus nécessaire. Primordial pour être exact. Lorsque ma main se pose sur sa joue, je ressens la brûlure du contact de nos peaux. Le réveil de cette sensation m’enivre. Je ne veux pas qu’elle parte, qu’elle s’éloigne et encore moins que son père me l’enlève. Je me dois de la protéger. De lui, de moi, de nous. C’est essentiel pour nous, j’en suis convaincu. Je sais qu’elle s’apprête une fois de plus à repousser ma proposition mais je m’en moque. Je ne la laisserais pas faire. Je savais exactement de quoi était capable son père, et c’était justement ce qui m’inquiétait. Elle devait prendre conscience qu’elle sera toujours plus en sécurité ici que n’importe où ailleurs en ville. J’en profite également pour lui assurer que je ne cherchais pas à la contrôler et à l’obliger à ma présence. Je ne m’empêcherais pas de lui rendre visite car j’habitais toujours un peu dans cette maison où j’avais passé un temps considérable ses dernières années. J’allégeais alors la conversation en lui faisant remarquer qu’elle pourrait même profiter de quelques petits déjeuné servis à l’improviste. La voir lever les yeux au ciel me ravit. C’était la preuve que ce lien entre nous n’était pas mort. Fragilisé oui, mais encore présent. A cette seconde ça me suffisait amplement. Le temps se chargerait de faire le reste.

Un sourire se forma sur mon visage à une simple phrase « Tu as raison. » juste pour ça, je l’embrasserais. Je m’en retins et déclarais, l’œil malicieux. « Tu peux répéter ? » D’accord, c’était alimenter mon égo mais ça en valait la peine. De plus si elle tient à se charger de l’éducation d’Hendrix, elle ne savait pas dans quoi elle s’engageait. Toutefois, pour si c’était l’unique contrepartie, je m’en accommoderais sans broncher. « Eduquer ce chien, hein ? T’as de la suite dans les idées… Honnêtement, j’te souhaite bien du courage ! » Fis je une moue avant de jeter un œil dans la direction d’Hendrix qui trainait du côté de la cuisine, surement pour voir s’il y avait quelque chose à voler.

Le rappel de nos soirées, des repas qu’elle avait pu me concocté, était à vrai dire digne d’un film d’horreur où l’on mourrait subitement d’une intoxication alimentaire. Bon j’avoue que si elle n’avait pas de talents culinaires particuliers, c’était surement aussi à cause de moi. M’éloigner d’elle à l’époque m’était difficile ainsi, je ne me faisais pas prier pour la distraire dès qu’une occasion se présentait. Sa remarque m’amusait de plus en plus. Qu’elle se transforme en infirmière juste pour moi me ravissait. Avec l’uniforme ? Ça ne serait pas négligeable. D’ailleurs cette pensée me fit rire. Je savais d’ores et déjà qu’elle saurait pleinement me satisfaire. Sans le moindre doute.

« Quelque chose me dit que tu ne t’arrêteras pas de « veiller sur moi ! » » Poursuivis-je avec un clin d’œil suggestif. « Tu devrais même être préparée, je pourrais très vite prendre goût à tes talents… diversifié ! »

C’était si bon. On pouvait parler de tout, de rien, faire part de nos pensées secrètes. Cette intimité entre nous revenait naturellement. Le malaise s’évaporait doucement et c’en était tant mieux. Tout viendrait à s’arranger, c’était une évidence. Pourtant j’obéis en allant nous servir à boire. Sauf qu’il me fallut un temps record pour nous concocté quelque chose de suffisamment alcoolisé sans que ça ne nuise à notre état. Juste ce qu’il fallait pour nous aider à nous détendre.

En arrivant derrière elle, avais-je déjà cette idée derrière la tête, de vouloir la perturber ? Peut-être un peu. Sauf que je n’imaginais pas une seconde que ma présence la bouleverserait autant. Mes mains glissant sur elle, je la sens proche de moi spirituellement. Je n’ai pas besoin de me plonger dans cet océan azur pour savoir ce qu’elle ressent. Elle est avec moi et elle le veut également. Son corps appel le mien, bien que je me contente de la serrer contre moi. J’ai tout juste le temps de sentir ses lèvres frôler les miennes avant qu’elle ne s’excuse. S’excuser pour un baiser. Typiquement Casey. Enfin ça lui passerait. Elle est simplement perdue et le temps règlerait ça, une fois de plus. Elle se détache de moi pour m’éviter ou se concentrer sur le contenu du frigo.

A peine quelques secondes s’écoulèrent et lorsqu’elle prononça mon prénom, suivit d’hésitation, je compris qu’elle ne tournait pas rond. Attrapant un verre, je l’obligeais à boire. En partie pour retrouver ses esprits et pour qu’elle se détende. Je ne m’attendais pas vraiment à ce que notre relation vienne sur le tapis. Ceci dit, si elle y tenait, je n’y voyais pas d’objection. Sauf qu’allez savoir, ce qu’elle pouvait avoir en tête. La connaissant, je devais m’attendre à toutes les possibilités. Le verre vidé d’un trait, j’attendis patiemment, jusqu’à ce qu’elle me tende sa main. Elle avait peur. Surement pétrifié à l’idée que notre histoire prenne fin. Elle ne devait savoir que peu de chose de ma vie de ses dernières années. Courtney avait-elle pu la renseigner ? J’avais un doute. San Diego était une grande ville. Mes lèvres effleuraient la naissance de son poignet alors qu’elle me confiait ses craintes. J’étais touché qu’elle veuille autant, qu’elle se pose autant de question. Mon pouce remplaçant mes lèvres, je tentais de la rassurer de mon mieux. Pour tout, le temps nous était nécessaire et je devais m’assurais qu’elle avait conscience que je ne l’obligerais à rien.

Au bar, certaines n’apprécieraient pas de la voir débarquer, c’était évident. Revenir dans ma vie, équivalait à envisager une relation sérieuse. Ce qui ne m’est pas arrivé depuis quatre ans. Alors forcément certaines n’apprécieraient et la verrait directement comme une concurrente à mon cœur. A son soupir, je sus que ma réponse ne lui plaisait qu’à moitié. Elle avait besoin d’avoir confiance en moi. Même plus que ça. Ses mots me touchaient. En somme, elle voulait m’avoir pour elle toute seule, même si nous n’étions pas faits pour être ensemble, même si ça devait nuire à mon bonheur.

« - Tu viens de m’avouer que tu m’aimes. » répétais-je, ce sourire malicieux sur le visage. Elle était encore plus craquante, totalement embarrassée. Comment pouvais-je rester de marbre devant une beauté si crue et naturelle. « Dans ce cas, elles devront aller chasser ailleurs… » Soufflais je, sans songer une seconde à la quitter des yeux.

C’était comme si le temps se suspendait et que notre bulle nous emmenait loin de cette cuisine, de cette maison. Un endroit inconnu, il n’y avait qu’elle et moi. Mes mots franchissent mes lèvres sans que je réfléchisse clairement. J’en appelle à cette attirance, ce désir pur et sauvage qui m’a toujours fait cet effet en sa présence. Certaines chose ne pouvaient changer radicalement et la rencontre de nos corps, de nos peaux, de ses lèvres eurent le don, de me rappeler combien on était bien ensemble. Mais pas uniquement. Une lave incandescente, un désir violent m’irradia totalement. Ce désir même qui nous avait conduits à nous marier et à avoir un enfant. Nous étions jeunes et pourtant, nous n’avions pas eu peur de s’engager. Parce que notre amour avait tout balayé sur son passage. Nous rendant plus fort chaque seconde passée en présence de l’autre. Ses lèvres sous les miennes, elle répondait si fougueusement à mon baiser que je me devais de contrôler notre étreinte. Car je ne savais si je parviendrais à contenir mon amour pour elle. Ses doigts sur ma nuque, ma joue, j’ai la sensation de retrouver cette place qui m’est si chère. Dans son cœur mais également entre ses bras. Elle savait combien j’avais besoin d’elle et j’aurais besoin d’elle à l’avenir.

Ma remarque, un sourire irrésistible et malicieux sur les lèvres, je savais qu’elle lirait entre les lignes. Le baiser qu’elle me gratifia pouvait me mener au septième ciel directement. Sauf que je me contenais de ne pas l’allonger directement sur le sol et de lui faire l’amour. Ce désir aussi puissant était-il ne devait pas tout ruiner. Nous prendrons des décisions un jour ou l’autre. Nous choisirons ce moment, sans avoir à le regretter. Et peut-être même cette fois ci, je l’amènerais à m’épouser dans des circonstances où l’on sera bien plus sobres. Mais pour l’heure, je me contentais de répondre à ce baiser incendiaire capable de me torturer jusqu’à la fin des temps.

« - C’était quoi la question déjà ? » répondis-je avec ce clin d’œil complice et ce regard unique pour elle. Par le passé, j’étais attiré par elle physiquement mais il y avait cette petite chose essentielle qu’on ne comprend que plus tard. Une affection, de l’amour, ces étoiles dans les yeux, une dépendance au-delà de la compréhension. Tout ça, c’était ce qui faisait que l’on était indissociable l’un de l’autre. Et à cette seconde, elle était plus présente que jamais. Ses mains, ses lèvres me parcouraient tandis que les mienne glissaient sur ses hanches et son dos. Je me sentais bien, au bord de l’extase juste pour avoir cette chance de l’avoir si près de moi. Et pas que physiquement.

Reposant sa tête contre mon épaule, son souffle me revenait très irrégulier, tout comme le mien. Mon cœur s’emballait comme ça ne m’était plus arrivé. J’étais heureux. Fier. Amoureux. Il me fallait bien l’admettre. Elle a toujours été la seule à me faire ressentir tous ses sentiments contradictoire. Elle me donnait envie de pleurer et d’exulter de joie dans la même seconde. Elle est celle que j’ai toujours attendue. Ses doigts glissent sur mon torse puis se saisissant de mon alliance, je me tendis légèrement. Je n’avais jamais réellement accepté notre divorce. Etant donné que j’estimais que nous étions faits l’un pour l’autre, cette alliance représentait ma partie manquante, celle que je voulais voir revenir vers moi.

« M’en séparer, c’était reconnaitre que je t’avais perdu… » Murmurais je en recouvrant ma main de la sienne. « Je suis pas prêt à te laisser partir. Jamais. »

La sienne où était-elle ? Je n’osais pas poser la question car ça nous ramènerait à ce douloureux passé. Un passé qu’il était préférable de laisser où il était, pour mieux nous concentrer sur le présent, puis plus tard, sur notre avenir. Il m’était évident que le mien ne serait pas sans elle.



Revenir en haut Aller en bas
« Casey H. Forsythe »


Casey H. Forsythe

Messages postés : 52
à San Diego depuis : 10/11/2010
Emploi/Situation : Etudiante

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyMar 23 Nov - 23:48

Logan avait toujours été comme ça, avec moi. Il avait toujours eu cet instinct protecteur, cette envie de me protéger, de s'assurer que jamais rien ne m'atteindrait. Et j'avais bien souvent apprécié ses gestes à mon égard. Sauf quand ceux-ci risquaient de le mettre en danger. Et quand il parlait de mon père, quand il parlait de se mettre entre nous, pour me protéger, il me faisait peur. Car s'il y avait bien une chose au monde qui m'effrayait plus que mon père ne s'en prenne à nouveau à moi, c'était bien qu'il décide de s'en prendre à Logan. Je ne laisserai jamais une telle chose arriver. Et comme je n'avais aucun moyen d'empêcher mon père d'atteindre Logan, mon seul moyen pour le protéger, c'était de tenter de le dissuader d'agir, en cas de problème. Tenter de le raisonner. De lui faire entendre raison. Autant dire que c'était mission impossible. Car Logan était trop têtu pour entendre raison. Trop têtu pour m'écouter, pour me croire. Trop têtu pour s'avouer vaincu, et accepter de fuir mon père plutôt que de l'affronter. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça. Il avait du courage, et en soit, c'était une bonne chose... Mais ça n'empêchait pas que ça me rendait malade. Folle d'inquiétude pour lui.

« Il a également des points faibles. Ton père est discret mais j’ai suffisamment de preuve en ma possession pour le faire plonger et le mener à sa perte. »

Il semblait si sûr de lui quand il parlait, que ça m'en effrayait presque. Parce que je savais très bien ce que cela signifiait : qu'il n'hésiterait pas à se jeter dans la gueule du loup s'il le fallait, qu'il n'hésiterait pas à faire ce qu'il avait dit : c'est à dire s'opposer à mon père. J'avais l'impression qu'il ne comprenait pas ce que je voulais lui dire. De toute façon, il était trop têtu pour l'entendre. Je poussai un soupir.

« Dis pas ça Logan. C'est pas en s'abaissant à son niveau que tu l'éloigneras de nos vies. T'aventures pas dans cette voie là... Pour jouer comme il sait le faire, il faut être sans pitié, ne pas avoir de coeur. Il n'a pas de limites. Je pensais qu'il en avait... Ce qu'il nous a fait est la preuve que non. Tu ne lui fais pas peur. Il sait très bien que contrairement à lui, tu n'iras pas jusqu'au bout. Parce que tu as bien plus à perdre que lui dans cette histoire...  »

Qu'avait-il à perdre ? Tous ceux à qui il tenait. Moi y compris. Il avait déjà vécu ça. Mon père lui avait déjà prouvé qu'il pouvait avoir un contrôle total sur les vies de qui il voulait, pour parvenir à ses fins. Je ne voulais pas que l'entêtement de Logan vienne à blesser d'autres personnes. Surtout pas ceux qu'il aimait. Sa mère, Liam... Tant de personnes que mon père n'hésiterait pas une seule seconde à faire souffrir, d'une manière ou d'une autre, pour atteindre Logan. Je l'avais dit, il n'avait pas de limites. C'était du moins comme ça que je voyais les choses. Alors, certes, je me faisais peut-être trop de soucis pour rien... Certes, c'était aussi ma peur qui parlait, elle qui prenait encore une fois le dessus. Parce que j'étais effrayée à l'idée de devoir faire à nouveau face à mon père. Effrayée à l'idée qu'il puisse blesser Logan, d'une manière ou d'une autre... Mais je pensais néanmoins ce que je disais, et la peur n'était pas la seule chose qui me faisait parler à cet instant.

« Tout le monde commet des erreurs un jour. Je ne l’empêcherais de semer la zizanie dans ta vie et dans celle de ta sœur. »

« Et moi je t'empêcherai de prendre des risques pour moi ou pour ma soeur.  » S'il semblait déterminé, et sûr de lui quand il parlait, je semblais tout aussi sûre de moi à cet instant. « Logan, je suis sérieuse. J'ai l'impression que tu prends tout ça à la légère, que tu ne comprends pas-  »

Je m'arrêtai soudainement, avant de pousser un soupir. La panique me faisait parler. Et je ne voulais pas qu'elle nous amène à nous disputer. Mais j'aurais simplement imaginé qu'après ces quatre années, Logan aurait compris. Je m'étais visiblement trompée. Comment pouvait-il vouloir l'affronter, alors qu'il le tenait pourtant responsable de tout ce qui nous était arrivé ? Je ne comprenais pas.

« J'ai peur. Ok ? J'ai peur de lui, j'ai peur qu'il revienne un jour, qu'il soit aussi borné qu'il y a quatre ans, j'ai peur qu'il décide de s'en prendre à toi, et qu'il y parvienne...  »

Ma voix venait de se briser, à la fin de ma phrase. J'avais les larmes aux yeux, par la peur, mais aussi par la colère. Par la douleur que toute cette histoire m'amenait. J'avais parfois l'impression que Logan était aveugle. Qu'il ne voyait pas combien je tenais à lui, qu'il ne sentait pas combien je l'aimais. Et qui disait amour disait envie de le protéger. Il le savait plus que quiconque. Mais il se croyait invincible, et ça m'agaçait. Il n'était pas invincible, je ne l'étais pas non plus. On était vulnérables, face à mon père, et ça, il ne le voyait pas.

Je savais qu'il faisait ça pour moi, pour nous. Il tentait de me rassurer, de me montrer qu'avec lui, j'étais en sécurité. Mais je n'avais pas besoin qu'il prenne le moindre risque pour le savoir. Je me sentais déjà en sécurité quand il était là. Mais là n'était pas la question. Car ce que je voulais avant tout, c'était que Logan aille bien. Parce que s'il n'allait pas bien, alors moi non plus. Nous étions liés, qu'il le veuille ou non. Et sa sécurité comptait autant que la mienne, contrairement à ce qu'il pensait. C'était lui qui me disait forte, mais c'était paradoxalement lui qui me traitait comme une pauvre petite chose vulnérable et fragile. Alors, j'étais peut-être plus vulnérable et plus fragile que je ne l'avais été par le passé, mais ça ne changeait rien. Je ne méritais pas qu'il se mette en danger pour moi. Il avait bien assez de choses à gérer dans sa vie... A commencer par la mort de son père...

Andy, c'était le père idéal. Celui que tout le monde aurait rêvé d'avoir. Finalement, c'était Logan qui l'avait eu. Et je pense qu'à l'entendre parler de lui de la sorte à son sujet, on aurait pu dire sans aucun doute qu'il était conscient de la chance qu'il avait eu d'avoir Andy dans sa vie. Comment aurions-nous pu ne pas parler de lui ? Le sujet était venu naturellement dans la conversation. Parce que Logan avait encore besoin d'en parler, de se remémorer des souvenirs à son sujet. Et j'étais heureuse qu'il m'en parle. Heureuse de pouvoir parler de lui sans craindre de blesser Logan. Car ça me faisait du bien à moi aussi. Parce qu'il avait toujours été un soutien pour nous deux. Et si, durant ces quatre dernières années, je n'avais pas été là pour le constater, j'étais certaine en revanche que s'il avait encore été de ce monde quand j'étais revenue, alors, il nous aurait encore soutenus. Quoi qu'il en soit, ces confidences en avaient amené d'autres. Et il m'avait ainsi avoué combien je lui avais manqué. Ses mots me touchaient, même si je m'efforçais de le lui cacher. Je ne lui avais pas répondu, ayant préféré remettre ce sujet de conversation à plus tard, et c'est ainsi que nous avions enfin regagné la maison.

Là, un autre sujet avait été développé. Celui concernant mon logement. Il semblait impossible selon Logan que je vive à l'hôtel quand cette maison était, selon lui, à ma disposition. Mais je ne voulais pas abuser de sa gentillesse, de son temps, de sa patience... Et je ne voulais pas encore plus chambouler sa vie que je ne l'avais fait. C'était pour ça que j'avais refusé sa proposition. Et ma décision était sans appel... C'était du moins ce que je pensais, car Logan, fidèle à la tête de mule qu'il était, ne cessait d'insister, avançant alors des arguments tous les plus convaincants les uns que les autres, arguments que je ne pouvais réfuter sans montrer ma mauvaise foi. Alors, j'avais trouvé un prétexte, pour refuser son invitation : la présence de sa mère. Même à celle-ci, il trouva un argument pour me convaincre. Décidément, il était vraiment borné. Et le pire, c'était qu'il osait dire que j'étais une tête de mule. On aurait tout entendu. J'étais certes, bien bornée moi aussi, mais très probablement tout autant que lui. Il esquissa un sourire ironique à ma remarque, avant de me répondre :

« Songe même pas à ce que je te laisse le dernier mot. »

Je soupirai légèrement. Je savais qu'il ne cèderait pas, qu'il insisterait, encore et encore, jusqu'à ce que je capitule. Et c'est d'ailleurs ce qu'il fit, en se lançant dans une explication concernant sa mère et ces quatre années écoulées. Il me fit savoir qu'effectivement, sa mère m'en avait voulu d'être partie sans un mot, quatre ans plus tôt, jusqu'à ce que mon père vienne dans le bar de Logan et qu'elle comprenne que je n'avais pas pris cette décision seule, et que mon père en avait en partie été responsable. A l'évocation de la présence de mon père dans le bar, je ne pu retenir ma surprise. Encore moins lorsque Logan me raconta qu'il l'avait frappé. Je lui avais alors demandé plus de précisions, et cette fois, il ne se fit pas prier pour me les apporter.

« J’lui ais cassé le nez. » répéta-t-il en haussant les épaules. « Il était venu m’insulter au bar… après que je sois passé chez toi, pour prendre des nouvelles. Il a pas apprécié et a débarqué au bar. »

Nouvelle surprise. Celle de savoir qu'il avait tenté de prendre de mes nouvelles. Qu'il n'avait pas tiré une croix sur moi en signant les papiers du divorce. Cette idée me réconfortait. L'idée que Logan ait frappé mon père me réconfortait elle aussi, en un sens. Parce qu'il s'était montré plus fort que lui, cette fois là. Parce qu'il ne s'était pas laissé intimider, et qu'il avait donné à mon père rien de plus que ce qu'il méritait.

« Mon père était dans la réserve. Quand il est intervenu, ton père pissait le sang… et m’a bien fait comprendre qu’il mêlerait la justice à nos conflits, si jamais j’osais m’opposer à lui. »

Mon père avait vraiment oser menacer Logan de mêler la justice à cette histoire ? Je n'en revenais pas. Quel culot. Lui qui ne l'avait même pas respectée, quand il m'avait fait disparaître de sa vie. La justice ? Elle ne jouerait jamais en sa faveur. Logan devait le savoir. Je préférais cependant ne pas répondre à ce sujet, et garder celui-ci aussi pour plus tard. De tout façon, là n'était pas le sujet. Parce que nous parlions à l'origine de sa mère. C'est ainsi qu'il en était venu à m'expliquer les raisons de l'absence de sa mère, mais aussi de son retour à lui. Et je le comprenais. Il avait besoin de se rappeler son père, de se raccrocher à quelque chose pour faire son deuil. Sa mère, au contraire, préférait éviter de devoir se retrouver dans des lieux où ils avaient été ensemble, pour éviter de faire face à la solitude, celle-là même qui lui rappellerait la perte qu'elle avait subie.

« Tous les jours, je l’imagine passer la porte du bar pour me lancer que j’suis pas là pour me tourner les pouces. Ça peut sembler étrange… c’est justement ces moments qui me rassure. Je sais qu’il est là, qu’il me guidera… même si je suis plus un gamin… »
Son honnêteté me toucha.

« On a toujours besoin de quelqu'un pour nous guider en ce monde... Qu'on soit encore un gamin ou pas. C'est pour ça que certaines personnes croient en Dieu. D'autres au mariage, ou que sais-je encore. C'est rassurant de se dire que quoi que la vie nous réserve, on ne sera jamais seul pour affronter ses obstacles. Et si Andy continuera de veiller sur toi, à sa manière... Tu sais que je serais là aussi, à la mienne...  »

J'avais posé ma main sur la sienne, celle qui reposait sur ma joue. En signe de réconfort. Peut-être aussi parce que j'avais besoin d'avoir un contact, aussi infime soit-il, avec lui. Alors, pour en revenir à notre sujet principal, Logan évoqua mon père... Combien je serai en sécurité si je restais ici. Et comme si c'était nécessaire, il en profita pour me préciser qu'il ne chercherait pas à me contrôler, si j'acceptais de venir vivre ici. Il faisait ça pour mon bien, et ça, il n'avait pas besoin de le préciser, je le savais déjà... Il tenta de me faire céder à l'aide d'un autre argument. Celui selon lequel il pourrait arrivé qu'il vienne me servir le petit déjeuner à l'improviste. Sa remarque avait au moins eu le mérite de convaincre. Ou plutôt, de me faire céder. Je finis par capituler. Par abdiquer. Et Dieu savait combien il m'était difficile de reconnaître qu'il avait raison et que moi j'avais tord, à cet instant. Quand je lui répondis, je vis instantanément un sourire naitre sur son visage. Il me demanda alors, d'un air malicieux :

« Tu peux répéter ? »

Je fronçai légèrement les sourcils, l'air faussement contrarié, avant de répondre à mon tour :

« Rêves. Tu n'entendras plus jamais ces mots passer mes lèvres. Simple question de fierté.  »

J'esquissai un sourire, tandis qu'il répondit au sujet de ma condition :

« Eduquer ce chien, hein ? T’as de la suite dans les idées… Honnêtement, j’te souhaite bien du courage ! »

Il fit alors la moue et regarda en direction de la cuisine, probablement là où se trouvait Hendrix. Je suivis son regard, pour apercevoir effectivement le chien, à quelques mètres de là. Il n'avait pas l'air si terrible que Logan voulait bien le dire... Et puis...

« C'est toi qui as dit qu'il avait un manque cruel d'éducation... J'essaie juste de faire en sorte que ma présence ici soit bénéfique à ce pauvre chien.  » Je reposai mon regard sur Logan, avant d'ajouter, « Et puis, s'il se montre aussi docile que son maître en ma présence, je jouerai de mes charmes et son éducation ne devrait poser aucun problème.  »

Eh oui... En ma présence, Logan était tout sauf docile. Il était têtu, il s'amusait à me distraire, et n'écoutait pas un traitre mot de ce que je disais. Pas toujours disons. En bref, il n'en faisait qu'à sa tête, et c'était en partie ce que j'aimais chez lui : cette spontanéité que j'avais appris à apprécier avec le temps. Quoi qu'il en soit, si Hendrix était comme Logan, il en faudrait de peu pour faire de ce chien un animal bien éduqué. Car si Logan n'en faisait qu'à sa tête, quand j'usais de mes charmes, par le passé, en revanche... Il avait toujours su se montrer très bien éduqué. Et il n'avait parfois suffit que de très peu : Un sourire, un regard, une remarque... Tout autant de petites choses qui le faisaient céder et que j'avais connues à la perfection.

Tant qu'à parler conditions, j'avais également émis certaines de celles-ci, si je restais boire un verre, ou encore manger. C'était que je me charge de la cuisine. Et, au souvenir des repas que j'avais déjà préparés par le passé à Logan, ça avait été tout naturellement que j'avais proposé à Logan de m'occuper de lui, s'il venait à tomber malade, lui confiant que l'idée de veiller sur lui ne me déplaisait étrangement pas.

« Quelque chose me dit que tu ne t’arrêteras pas de « veiller sur moi ! » »

Il gratifia sa remarque d'un clin d'oeil suggestif, et je me mordis légèrement la lèvre inférieure à cette vision, avant lui répondre d'un ton qui se voulait sérieux – mais qui au final ne l'était pas le moins du monde :

« Une infirmière ne fait pas que veiller sur ses patients... Je serai bien obligée d'accomplir toutes les tâches qui me seraient demandées, sans exception. Tu sais très bien que quand je commence quelque chose, j'ai tendance à m'y impliquer plus que de raison.  »

« Tu devrais même être préparée, je pourrais très vite prendre goût à tes talents… diversifié ! »

J'eus légèrement envie de rire. Je me retenais cependant, avant de répondre d'un air certain :

« Oh, mais je n'ai aucun doute là dessus.  »

J'étais bien. Et je pense que le ton léger que l'on employait prouvait tout simplement que nous étions tous les deux bien, à cet instant. Le malaise entre nous commençait à disparaître. On se parlait comme si rien n'avait changé, et c'était ça qui était bon. C'était ça qui faisait du bien, ça, que je voulais retrouver. Et ce petit aperçu de cette complicité que nous avions eue par le passé et que nous avions retrouvée en partie, à cet instant, me comblait de joie.

Et puis, ce petit moment privilégié ce termina, et il alla nous chercher à boire, tandis que je m'occupais d'inspecter son four pour le faire marcher. Il était rapidement revenu avec nos verres, et n'avait pas perdu une seule minute avant de venir me distraire, comme j'aurais dû m'y attendre. Mais, il avait fait bien plus que de me distraire. Il m'avait tentée. Parce que son corps contre le mien me donnait envie de plus et que je n'avais pas pu résister plus longtemps à cette envie que j'avais de l'embrasser depuis que je l'avais vu. Je m'étais cependant excusée dans la seconde qui avait suivit, avant de prendre mes distances et de regagner le frigo pour éviter son regard, ou de devoir faire face au malaise que mon geste avait apporté. Un malaise, j'en ressentais un. Je ne savais pas quoi dire, j'étais perdue. J'avais peur. Peur d'aller trop vite et de tout perdre comme la dernière fois. Et il le remarqua, puisqu'il me tendit sans plus attendre un verre pour me détendre. Je l'avais bu sans objection, avant de lui dire ce que j'avais sur le coeur. J'avais tendu la main dans sa direction, main qu'il prit sans plus attendre avant de l'embrasser et de la caresser avec douceur, comme pour me rassurer. J'avais alors tenté de lui demander, de façon maladroite, s'il avait quelqu'un de sa vie. Et quand il m'avait répondu, je lui avais dit que je ne voulais pas qu'il voit d'autres femmes. Je n'avais aucun droit sur lui et pourtant, la mention d'autres femmes me rendait malade. Je l'aimais trop pour que d'autres lui tournent autour. Et je lui avais justement confié cela.

« Tu viens de m’avouer que tu m’aimes. » , me répondit-il avec encore cet air malicieux au visage. Je sentis mes joues s'empourprer et je restai muette quelques secondes. Je lui avais avoué que je l'aimais, et il mettait le doigt dessus, comme pour m'embarrasser. C'était chose faite. Pourtant, je n'avais fait que dire la vérité, et c'est ce pourquoi je répondis :

« Je... Oui. Parce que c'est le cas, et que tu le sais. Et parce que je veux que tu saches que je ne te demande pas ça pour rien... Mais parce que... Oui, je t'aime.  »

Ma main serra la sienne un instant, et il ajouta :

« Dans ce cas, elles devront aller chasser ailleurs… »

Je me retins de sourire. Et une légère vague de soulagement me traversa. C'était déjà ça de gagné. Ca de fait. Je savais que si je bouleversais sa vie, je ne bouleverserais pas totalement le côté sentimental de celle-ci. Parce qu'il n'avait personne. Personne de sérieux. Et qu'il était ainsi tout disposé à reprendre notre histoire là où nous l'avions laissée... Si j'en étais capable, et qu'il était d'accord, en revanche.

Les évènements qui suivirent furent cependant bien loin de ce que je m'imaginais. Logan m'avait embrassée. Pas comme je l'avais fait quelques minutes plus tôt, non. Il m'avait embrassé, d'un de ces baisers qui réveillent tout en vous, qui vous assure que vous êtes avec la bonne personne, d'un de ces baisers que vous auriez aimé échanger avec votre âme soeur au moment de votre mort, pour qu'elle en garde un souvenir merveilleux. Et son baiser avait réveillé en moi des sentiments que je ne pensais plus être capable de ressentir depuis longtemps. L'amour. Le désir. La passion. L'envie de l'amer, de le garder à mes côtés pour l'éternité s'était faite encore plus présente, et lorsqu'il m'avait demandé si je lui en voulais qu'il ne s'excuse pas s'il m'avait embrassée, je lui avais répondu d'un baiser tout aussi doux et passionné que le sien, mettant dans celui-ci tout l'amour et la tendresse, tout le désir et l'envie dont j'étais capable. Je l'aimais, plus que tout, et à cet instant, tout ce que je souhaitais, c'était qu'il le sache. Après avoir séparé mes lèvres des siennes, j'avais demandé à mon tour si mon baiser répondait à sa question.

« C’était quoi la question déjà ? » demanda-t-il avant de me gratifier d'un clin d'oeil et d'un de ces regards qu'il m'avait toujours réservé.

Je souris contre ses lèvres. Je l'embrassai alors sur la joue, avant de poser ma tête contre son épaule, tandis que je sentais ses mains glisser sur mes hanches et dans mon dos. Je frissonnais de plaisir, au contact de celles-ci contre moi, et je vis alors un objet qui avait déjà attiré mon attention. Son alliance. Je lui avais fait remarquer qu'il l'avait garder, ma remarque sous entendant bien entendu une question. Celle de savoir pourquoi il l'avait fait, alors qu'il avait pourtant consenti à notre divorce. Je l'avais senti se tendre dès lors que mes doigts avaient touché cette bague. Je touchais un point sensible... Je le savais. Et pourtant, ça ne l'empêcha pas de me répondre :

« M’en séparer, c’était reconnaitre que je t’avais perdu… » murmura-t-il en recouvrant ma main de la sienne. « Je suis pas prêt à te laisser partir. Jamais. »

Partir. Je ne partirai pas. Pour aller où ? Correction. Je partirai peut-être. Pour fuir cette ville, mes parents, si l'occasion devait se présenter. Mais je ne partirai pas sans Logan, pas cette fois.

« Je ne partirai pas Logan. Pas sans toi. Pas une seconde fois. Ca serait au dessus de mes forces de me séparer de toi, de ne pas t'avoir dans ma vie...  »

Je déposai un léger baiser dans son cou. Je n'aurais pas pensé lui dire tout ça si tôt, et pourtant. Il avait ce don de me faire me sentir bien, en sa présence. Si bien, que certains sujets que j'aurais penser ne pas aborder si tôt étaient déjà abordés. Il me faisait perdre la tête. Il me faisait tout oublier, et à cet instant, tout ce qui comptait, c'était qu'il soit avec moi. Peu importait le passé, l'avenir. Le moment présent était le plus important.

« Tu m'en voudrais, si je te disais que je n'ai plus la mienne ?  »

Simple question. Un oui ou un non me suffisaient. Et j'aurais accepté ses deux réponses, tant qu'il était honnête, c'était tout ce qui comptait à mes yeux.

Revenir en haut Aller en bas
« C. Logan Matthews »


C. Logan Matthews

Messages postés : 73
à San Diego depuis : 02/10/2010
Emploi/Situation : barman

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyMer 24 Nov - 17:23



Je possède un avantage certain sur son père. Hormis Andy, personne n’est au courant. Personne ne se doute que depuis ses dernières années, j’ai pris un soin particulier à recueillir tout un tas d’information sur MONSIEUR Forsythe. J’avais une raison particulière de le faire. Petit a) sa tête ne me revenait pas ; petit b) j’étais sûr que la volonté de Casey à divorcer, était dû à la pression de son père et, petit c) il avait osé débarquer dans le bar pour m’insulter. Cette catégorie d’homme ne se déplace généralement pas sans escorte. Sauf ce jour-là précisément. Il était venu seul et du sang avait été versé. C’est donc qu’il avait quelque chose à se reprocher. Et j’avais mis le doigt sur plusieurs choses. Des détails qui feraient bien tâche sur son dossier. Un casier judiciaire n’était pas exclure. D’ailleurs, les flics l’avaient dans le collimateur, c’est bien qu’il était loin d’être au-delà de tout soupçons. Mais ça, c’était une histoire que je raconterais plus tard. Pour l’instant, je devais convaincre Casey. Ce qui en soi, était une chose très complexe.

Mon côté protecteur voir parfois possessif, elle ne l’ignorait pas. Ceci dit, je savais où se trouvait mes limites. Je n’irais pas jusqu’à exercer un contrôle sur elle. Tout ce qui m’importe est de la savoir en sécurité et heureuse. Je ne dis pas que je suis le plus apte à cette mission. Bien que je ne cacherais pas ma colère, si elle se mettait à fréquenter un type que je ne connais ni d’Adam ni d’Eve ! Mes racines irlandaises risquaient même de provoquer quelques bagarres. Ça ne serait pas une première. Il suffisait pour ça, de voir le nombre de fois où tables, chaises et verreries ont subi mes assauts au bar. C’était de l’évidence pure qu’on ne pourrait être d’accord sur ce sujet. Parce qu’elle le craignait. Beaucoup plus que par le passé. Mais pouvais-je rester sans rien faire, alors que même l’absence de son père, la terrorisait ? Non. C’était simple. Je devais juste m’assurer qu’il n’aurait pas les armes pour l’approcher. Ne serait-ce que pour l’effrayer ou simplement asseoir ce contrôle qu’il a sur elle. Sous aucun prétexte, je ne devais laisser ça arriver.

« - Toi non plus, tu n’en sais rien. » répliquais-je, spontanément. « J’ai mes limites. Mais lui, il ne se doute absolument pas de tout ce que j’ai en ma possession… Les flics l’ont dans le collimateur. Une seule erreur et ils en auront assez pour le boucler, Casey ? »

Ça ne lui ferait pas plaisir, que je me mêle de ça. Oubliait-elle qu’ainsi, elle pourra se détendre et vivre comme elle l’entendra. Sans cette épée Damoclès au-dessus de sa tête. Bien sûr que je comprenais qu’elle soit terrifié à l’idée que son père s’insinue entre nous. Qu’il finisse de saboter notre relation. Cependant, il réussirait très bien, si personne ne se met en travers de son chemin. Le pouvoir est la pire des saloperies et j’espérais bien arriver à mes fins. Car je suis certain que dans le fond, elle comprend très bien ma réaction. Elle est juste effrayée. La voir soudainement reprendre du poil de la bête pour m’empêcher d’atteindre mon but, me donne envie de sourire. Elle semble inconsciente de sa force, que cette détermination la rend encore plus fougueuse, farouche et belle à mes yeux. Et même si j’ai distingué une fragilité, derrière ce masque se dissimule une force intérieure étonnante. Bien plus qu’elle ne le soupçonne. J’ouvre la bouche près à rétorquer mais elle m’en empêche. C’était bien ce que j’avais compris à travers ses mots. Elle a peur. Une peur paralysante. Une terreur intérieure qu’elle n’arrive pas à combattre. La peur de me perdre.

« - D’accord. » me surpris-je à lui répondre, levant une main à son visage. « A son premier écart. S’il décide de s’incruster dans nos vies… à ce moment-là, j’irais voir les flics et je balancerais tout. Tant pis pour moi, j’aurais pas mon heure de gloire ! » Soupirais-je avec cet air de chien battu qu’elle me connaissait. Il était clair que si on en arrivait là, son père voudrait ma peau. Et il pourrait l’avoir mais j’aimais à croire que les autorités seraient assez intelligentes pour nous mettre à l’abri. Avec un peu de chance du moins. La voir dans cet état à cause de son père, m’a toujours agacé. Pire que ça même. « Il ne mérite pas tes larmes, Princesse. » soufflais-je en me rapprochant et chassant de mes doigts ses larmes qui apparaissaient. Cette vulnérabilité chez Casey me touchait tout autant qu’elle me brisait. Voir une femme pleurer s’avérait souvent déstabilisant mais chez elle, c’était amplifié car j’avais le sentiment que je pouvais empêcher ça.

Nos vies étaient compliquées sans aucuns doutes. Pour l’instant, son père n’a pas encore eu vent de l’histoire et c’est tant mieux. On avisera ensemble – même si j’ai conscience qu’elle m’empêchera de nous faire justice – car tout ce qu’elle souhaite c’est éviter la confrontation. Néanmoins, ma colère vis-à-vis de Forsythe m’est bénéfique. Au moins, j’évite de gamberger sur cette douleur lancinante et intolérable avec laquelle je vis depuis des semaines. La mort de mon père, je ne l’accepte pas. Un jour viendra et je me serais fait à ne plus l’avoir près de moi. Mais c’est trop tôt. Ma souffrance, rancœur et colère, je préfère la passer sur Forsythe car elle me maintient debout. Ainsi, je ne suis pas à ramasser à la petite cuillère. Du moins pour l’instant… mais un jour je craquerais. Quand ? Où ? Je n’en sais rien mais je ne pourrais pas passer à travers les mailles du filet. J’espère simplement que lorsque ce moment arrivera, Casey sera là.

Je devais ouvrir les yeux. Avoir Andy pour père avait été une chance inestimable pour moi – dont le père biologique n’était qu’un voyou, une petite frappe sans ambition que de se payer une dose – Alors oui, j’ai eu bien plus de chance que la majorité des enfants de camés, voleurs et dealer. Avec Andy, je n’ai pas eu à passer par ça. Il m’a tout apprit des risques, de la protection de ceux qu’on aime et du respect. On pouvait dire qu’il ne m’a jamais considéré comme son beau-fils. Il aurait pu. Après tout, nous ne partagions pas de lien de sang. Mais il avait fait plus pour moi que n’importe quel homme n’avait fait pour ma mère. Il a pris soin d’elle. Soignant et cicatrisant chacune de ses blessures au cœur. Et dieu sait qu’elle en a eu. Et pour ça, je l’aimerais jusqu’à ma mort. Parce qu’il n’a pas eu cette crainte de s’embarrasser d’un gamin qui n’était pas le sien et parce qu’il avait foi en nous. Il a tout de suite compris qu’on était juste perdu dans un océan de souffrance. Et l’amour a suffi pour nous donner un nouveau départ. Grâce à lui, je suis devenu une meilleure personne. Quelqu’un d’assez bon et honnête pour vouloir ces mêmes choses si délicates et fragiles dans mon existence. L’amour d’une femme et une véritable famille. Et si je devais être honnête, il n’y a qu’une chose que je regrette. Ne pas avoir de frère ou de sœur. J’ai toujours trouvé ça dommage que ma mère ou qu’Andy n’ait pas eu d’enfant. Car peut être ma vie serait-elle encore plus différente. Dès le départ, j’aurais eu quelqu’un à protéger et à aimer. Quelqu’un à qui j’aurais pu me confier immédiatement en cas de problèmes. Pas que je m’en plaigne mais parfois, je me sens seul. Et cette solitude me pèse.

Parler de mon père avec Casey me faisait du bien. Parce qu’elle l’avait connu comme moi. Qu’il s’était toujours montré affectueux, sympathique et ne se gênait jamais pour plaisanter avec elle. Il était un père comme on en voit dans les films. La preuve pour moi que parfois la fiction rejoint la réalité. Parler de lui, me permet de réaliser que ma relation avec elle est intacte sur certains points. On se disputera toujours lorsqu’il s’agira de son père et l’on sera en accord sur le mien. Etrange d’ailleurs mais ça me plait. Elle me plait. Même avec toutes ses cicatrices. A mes yeux, Casey est un personnage principal de l’une de ses tragédies shakespearienne qui mérite qu’on se penche sur elle. Sa complexité, sa bravoure et sa vulnérabilité font qu’on ne peut que tomber amoureux d’elle. Et tout ce que j’espère, c’est d’avoir encore ma place dans son cœur.

Dans la maison, j’en viens à réaliser qu’avec son retour, certains points essentiels méritaient réflexions. Tels que son logement, ce qu’elle comptait faire par la suite, si elle voulait travailler ou reprendre ses études, voir même les deux. La connaissant, je n’aurais pas été étonné de la voir s’acharner sur un boulot pour gagner suffisamment de quoi se payer un petit logement ou pour subvenir à ses besoins. Cependant j’enchainais bien vite pour qu’elle s’installe à la maison. Oh certes, cette proposition risquait de bouleversé quelque peu mon existence mais avec ma mère absente, je ne voyais pas pourquoi elle refuserait un logement inhabité. Et j’avançais certains arguments imparables comme celui de son père, sa sécurité. Deux points largement suffisant pour la faire céder. Car elle était bornée. Tout autant que moi - à croire qu’elle a du sang irlandais dans les veines – mais c’était bien un sujet sur lequel je refusais catégoriquement de cédé. Car en dépit du fait qu’il me serait plus aisé de la voir, c’était pour son bien. Rien d’autre ne comptait plus que ça.

Un détail, et je venais à m’étendre sur une anecdote qui remontais à quelques semaines après son départ. Bien sûr, c’était cette confrontation antérieure qui rendait son père encore plus amer. Je notais son silence devant mes informations. Elle ne savait rien de cette histoire et semblait ne pas curieuse d’en savoir plus. En même temps, elle n’était peut-être pas encore prête à aborder ce sujet, comme bien d’autres. Car je ne me faisais pas d’illusions, un moment viendrait où nous serions obligé de parler de sa grossesse, de l’institution où elle a séjournée, de toute cette souffrance qu’elle garde enfermé dans son cœur. C’était un passage inévitable, qu’on soit ensemble ou non. C’était simplement le besoin de savoir et de crever l’abcès.

Vaguement, la mort de mon père revint sur le tapis. Comment étais-je sensé vivre sans lui. ? c’était une bonne question à laquelle, je n’avais pas encore de réponses. Si pour ma part, j’avais besoin de le sentir près de moi, c’était le contraire pour ma mère. Cette absence lui faisait trop mal et elle n’était pas prête à supporter cette solitude. Et ce, même si j’étais près d’elle. Alors j’étais rentré. J’avais besoin de sentir cet atmosphère où il m’entourait de sa tendresse et de cette autorité rassurante. Me confier à Casey était venu naturellement, comme si elle savait ce que je ressentais vis-à-vis de la perte d’Andy. Ses mots si évidents me touchaient. Elle m’assurait qu’il sera toujours là pour moi, tout comme elle. Elle ouvrait une vanne – sans peut être savoir – combien ses mots me réconfortait. Qu’elle soit là, prête à m’écouter – ou à me supporter – selon les circonstances, me réconfortait réellement. Je ne me sentais pas le besoin de lui répondre. Nos gestes semblaient suffirent. Sa main sur la mienne, je profitais entièrement de notre contact physique et visuel. Elle mieux que personne pouvait comprendre combien sa présence avait cet effet bénéfique sur l’homme que j’étais. C’était au-delà du stade du réconfort. Un bien être difficile à décrire, tellement il était puissant.

Lorsqu’une fois de plus, son père fut évoqué, ce ne fut que pour la faire capituler. J’avais réussi. Elle resterait à la maison. C’était rassurant pour moi. Ainsi, même si une infime inquiétude persisterait, j’avais la conviction qu’entre ses murs, elle était à l’abri. Dans le cas contraire, je me serais surement aventuré en pleine nuit devant son hôtel, pour m’assurer qu’on ne viendrait pas perturber son retour. Oui, j’étais possessif mais pour de bonnes raisons. On me l’avait enlevé sans que je puisse objecter. Alors forcément, cette souffrance avait eu de nouvelles répercussions. Son retour sonnait comme une libération et la voir abdiquer devant mes arguments me remplissait d’une certaine fierté. D’ailleurs lorsque, un sourire aux lèvres, je lui demandais de répéter, elle usa de cette malice qui m’avait manqué. Elle aussi était fier mais du bon côté de la chose. Orgueilleuse, elle avait ce caractère combattif et une ambition toute particulière. Des petites choses comme celles-ci qui me faisaient l’aimer plus, si cela était possible.

« - petite arrogante ! » sifflais-je avec malice. « j’ai pas dit mon dernier mot pour te faire plier ! »

C’était tellement bon de parler, sans cette tension. Que tout redevienne comme avant. Que le passé s’évanouisse pour nous laisser seuls au monde. Juste elle et moi, dans un cocon familier et doux. Une bulle de tendresse, d’affection et de bien-être.

Sa condition était peu conventionnel. Eduquer Hendrix. Ça se voyait qu’elle ne connaissait pas. Il était bien pire qu’un enfant capricieux. A vrai dire, je ne doutais pas des capacités de Casey mais plutôt du fait qu’Hendrix lui fasse la vie infernale. Car j’avais eu ma dose et dieu sait que j’aime ce chien pourtant. Sa réponse me fit rire. Elle semblait habité d’une nouvelle force. J’aime ça. La voir rayonner, retrouver cette Casey pleine de vie, enthousiaste et tendre.

« - Je suis un ange à côté de lui. » lançais-je le plus sérieusement du monde malgré son regard dubitatif. « Je suis sérieux. Ce chien est une calamité ! Le diable en personne ! » Enfin, elle le découvrirait par elle-même. Même si j’ai comme l’impression qu’elle parviendra à ses fins avec ce chien. Un charme naturel ? Ouais, y’avait bien des chances qu’elle réussisse là où mon père et moi, avions échoué.

Casey était mon point faible et ma force. Quiconque connaissait notre histoire, savait combien elle pouvait compter pour moi. Elle était bien plus qu’un premier amour. Elle était celle que j’attendais, que je pleurais en silence. Je ne m’attends pas à ce qu’on me comprenne. Peu de gens le pourrait. Quant au fait qu’elle venait vivre à la maison, je savais que ça ferait vite le tour du bar. Suffisait juste de penser au jour où elle viendrait juste m’y trouver. A compter de là, j’étais certain que son père ne tarderait pas à apprendre son retour. Mais le moment n’était pas de penser à lui. C’était notre moment. La simple idée qu’elle veuille jouer les infirmières suffit à me faire fantasmer. De simples mots, des regards complices et c’était comme si nous nous étions déjà retrouvé. Le temps s’écoulait et je ne me suis pas senti aussi détendu depuis bien longtemps. Se pinçant la lèvre inférieure, je me dois de me retenir. L’attirer dans mes bras me ferait oublier que le temps nous est nécessaire. Non je devais rester maître de moi-même et attendre.

« Sans exception… » Répétais-je. « Dieu sait que, côté satisfaction et implication, je ne m’inquiète pas. T’en connais un rayon ! » Soulignais-je en penchant la tête sur le côté. Elle était si adorable que ça me devenait compliquer de maintenir cette distance. Elle me faisait tourner la tête et ça n’était pas un pauvre jeu de mot.

Ce sourire qui s’étira sur mon visage devait être significatif. Entre ces regards brûlant et ces mots à double sens, notre attirance était équivoque. Ça pouvait durer indéfiniment. Cette complicité nous faisait du bien au cœur. Plus que jamais à cet instant. Pourtant, je me devais de me réfréner. Il était bien trop tôt pour craquer. Mais en même temps, comment résister à Casey. Elle possédait tout ce qui pourrait faire craquer un homme. Absolument tout, une beauté et pureté intérieure et un physique qui rendrait jalouse bien des filles. Alors non, je savais que tôt ou tard dans la soirée, je capitulerais et craquerais. C’était inévitable. Parce que c’était elle et que je l’aimais plus que je n’avais jamais aimé dans ma vie.

Les moments de cette soirée seraient déterminant pour notre relation à venir. J’en avais la certitude ainsi, c’est la raison pour laquelle j’avais opté pour qu’on se détende. Du moins au départ, car bien vite la situation dérapa quelques peu. Nos verres étaient à disposition et en l’observant dans cette cuisine, j’avais été incapable de me tenir loin d’elle. Une attraction si forte et puissante que seul, le contact de nos corps pouvait l’apaiser. Des gestes lents et pleins de tendresse, d’affection évidente. Pas seulement d’amour, même si je réalisais combien elle se laissait aller dans mes bras. Elle n’avait pas peur. Et ce, même si à chaque contact, je devinais une légère tension. Elle avait dû vivre un enfer alors sentir les mains d’un homme sur elle, l’inquiétait. Sauf que je ne voulais pas qu’elle craigne quoi que ce soit de ma part. Bien vite, entre deux phrases, je sentis ses lèvres sous les miennes. Un baiser rapide, furtif et une excuse plus tard, j’aurais été là à la réprimandé. Sauf qu’elle m’avait demandé de m’occuper de préchauffer le four, pendant qu’elle se planquait dans le frigo. Enfin, c’était l’image. Elle voulait se ressaisir et éviter mon contact. Pas bien dur à comprendre. Sauf que je ne laisserais pas la soirée filer sans qu’on s’explique. Parce que même si on passait un bon moment ensemble, on devait mettre les choses à plat.

Ce qui commença à se faire quelques secondes plus tard, après que je l’ai prié de boire ce verre, qu’elle vida d’un trait. Elle était tendue, embarrassé et si elle pouvait se faufiler dans un trou de souris, j’étais prêt à parié qu’elle l’aurait fait. Je n’avais pas prévu qu’on en viendrait à s’étaler sur nos sentiments. Dire tout haut ce que mon cœur criait en silence. Elle avait mis ça sur le tapis et bien que je rechignais à dire ses mots, je savais que je devrais les prononcer tôt au tard, mais pour l’instant, je reculais le moment. Pour mieux profiter de celui où elle se dévoilait. C’était surement égoïste de ma part, voir méchant de ne pas lui répondre que je l’aime mais, je tiens à ce qu’elle sache combien ça compte à mes yeux. Je ne suis pas un type qui se dévoile facilement. Ces mots, je ne les prononce qu’à de rares occasions. C’est pour ça que je préfère attendre. Car je sais qu’ainsi, elle percevra plus profondément mon amour pour elle. La voir rougir a quelque chose de satisfaisant, c’est la preuve que notre connexion n’a absolument rien perdu.

« - Je le sais moi ? » l’interrogeais-je du regard avant de poursuivre. « Bon, Okay, c’est vrai. Je le sais… mais c’est tellement mieux quand tu me le prouves. » Je pouvais être insupportable. Elle ne l’avait pas oublié. Je profitais de l’occasion pour ne pas lui répondre. Pour faire durer le plaisir d’une certaine façon. Et puis, elle sait que je l’aime. Elle l’a toujours su. C’est juste mon égo qui veut que je garde ce genre de chose secrète. Mais elle ne l’ignore point.

La rassurer faisait partie de mes attributions et j’aimais le lui démontrer. Elle craignait qu’une femme fasse partie de ma vie. Une relation sérieuse ou quelque chose de ce genre. Or, il n’y avait rien de tel. Car quelle femme pourrait passer après elle ? Un amour si pur et intense, il fallait du courage pour l’affronter. Il était plus facile de se contenter d’aventures sans lendemain. Pas d’attaches, c’était la seule chose qui m’avait satisfait ses dernières années. J’étais décidé. Pour elle. Evidemment que pour elle, je ferais des efforts, la preuve en était ; mon envie de prendre un nouveau départ avec elle. Même si pour ça, on devrait composer avec ce passé perturbateur.

Il ne me fallut que quelques secondes avant de craquer. Son contact, la chaleur de sa peau, son odeur, ce besoin primaire de la toucher, tant de détails que j’étais incapable de me retenir. Ses lèvres appelaient les miennes et même si j’aurais souhaité plus, c’était déjà un grand pas. A notre rythme on se retrouvait. Et l’on s’aimerait. Car même si l’attente attisait le désir, il était évident qu’on ne pourrait lutter éternellement. L’amour cicatriserait nos blessures. Parce qu’ensemble on a toujours été plus fort. La sensation de ses mains fébriles attisait ce désir et je dus me faire violence pour m’arrêter de l’embrasser. Je ne cesserais pas de l’aimer. Seul la mort parviendrait à tuer cet amour. Mais d’ici là, je livrerais une bataille sans merci. A mes propos, elle ne se fit pas prier de répondre par un baiser, si fougueux, passionné et incendiaire que cette lutte en moi, n’en devenait que plus insupportable. Car si je lâchais exploser ma retenue, je l’emmènerais tout droit dans un lit ou même la prendrais-je à même le sol, tant l’envie me dévore. Mais elle mérite mieux. L’attente serait ce qu’il y a de mieux pour nous. Prendre notre temps ficèlera notre couple et notre amour.

Notre amour sortirait vainqueur. Nos regards, clins d’œil et ces contacts me l’assuraient. Dans mes bras, ses lèvres dérivant dans mon cou, je frissonnais sous ses caresses. J’étais perturbé et le serait encore longtemps. Qui ne le serait pas à ma place ? je m’assurais toujours de ne pas rêver en laissant mes mais dériver sur son corps. Car ce moment était comme dans un rêve. Un rêve trop beau pour être réel. Mais elle était bien là, la tête posée contre mon épaule et ses doigts venant jouer avec mon alliance. Encore un sujet à aborder. Étais-je prêt à le faire ? Ça n’était pas pire que mes sentiments pour elle. Alors oui, je lui confiais que je n’étais pas en mesure de la laisser me quitter. Raison pour laquelle, je portais toujours mon alliance. Resserrant mon étreinte autour de son corps, je l’entendis m’assurer de ne plus vouloir partir sans moi. Pas sans moi, me répétais-je, en détachant toutes ses syllabes. Si ça n’était pas une déclaration d’amour, j’aurais voulu qu’on me dise de quoi il s’agissait.

« - N’y pense pas. Tu es là. C’est tout ce qui compte… Toi et moi, ensemble. » C’était vrai. Le reste passait au second plan. Tant qu’on serait tous les deux. Une famille, on pourrait en construire une. Se marier aussi, on pouvait le faire. D’ailleurs peut être que cette fois ci, elle voudrait une union plus conventionnelle. Pas dans une chapelle et à la sauvette, complètement bourré. Enfin, il était encore un peu tôt pour ça.

Les questions sur mon alliance semblait pourtant la perturbé, car à sa question, je devinais une certaine crainte. Qu’avait elle fait de la sienne ? Bien sûr que je me posais la question. Mais j’estimais qu’elle m’en parlerait et se confierais à moi, lorsqu’elle serait prête. Car c’était de temps et de patience qu’elle avait besoin.

« - Tu l’as perdu ? » demandais-je après une hésitation. « Tu sais… un bijou ça se remplace… mais l’amour véritable, ça perdure. »

Je ne pouvais pas lui en vouloir quoi qu’il soit arrivé. Nos existences ont été chamboulé par les décisions de son père. Des décisions qui n’auraient dû appartenir qu’à nous. La chance voulait qu’aujourd’hui on se retrouve. Et j’étais déterminé à lui prouver qu’ensemble on irait loin.

« - Tu dois savoir une chose… » Commençais-je avant de sourire doucement. « C’est que je ne peux pas rester fâché contre toi. » achevais je dans un murmure, déposant un baiser sur sa tempe. J’avais besoin d’elle, plus que je n’avais jamais eu besoin de quelqu’un dans ma vie. Et aujourd’hui, c’était le début de notre vie. Le soleil venait de nouveau s’installer dans nos vies et je comptais bien m’arranger pour qu’il y reste un bon bout de temps. « Alors, une idée de ce qu’on pourra manger ou je vais devoir me contenter d’un sandwich, banane-beurre de cacahuète ? » changeais-je de sujet lorsque mon ventre se mit à crier famine.


Revenir en haut Aller en bas
« Casey H. Forsythe »


Casey H. Forsythe

Messages postés : 52
à San Diego depuis : 10/11/2010
Emploi/Situation : Etudiante

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyJeu 25 Nov - 2:09

Mon retour à San Diego n'avait fait que confirmer une chose : Mon amour pour Logan et mon envie de construire avec lui ce que nous avions perdu quatre années plus tôt. Je voulais le retrouver. Regagner son cœur. Qu'il fasse partie intégrante de ma vie, pour toujours. Que jamais il ne la quitte. Je voulais tellement de choses. Peut-être trop. C'était peut-être ça, mon problème. J'étais toujours là, à espérer trop de choses, trop vite. La dernière fois que j'en avais voulu autant, que je m'étais précipitée de la sorte, je m'étais retrouvée seule, dans un pays qui n'était pas le mien, et à devoir affronter ce qui avait été – et je pouvais le dire avec certitude - la pire période de toute ma vie. Cette fois, je voulais que les choses se passent bien. Je voulais prendre mon temps, pour être certaine que je ne perdrais pas tout ce que j'avais acquis, comme la dernière fois.

Mais pour cela, encore aurait-il fallu que mon père ne revienne pas dans ma vie, ni dans celle de Logan. Car ça avait été à cause de lui que j'avais tout perdu, il y avait quatre ans, à cause de lui que je m'étais retrouvée éloignée de Logan. Aujourd'hui, j'avais peur qu'il revienne, et qu'il s'en prenne directement à Logan pour s'assurer qu'il ne fasse pas partie de ma vie. Parce qu'au final, c'était la seule chose qu'avait eu à me reprocher mon père : que je me sois « entichée » d'un jeune homme qui « n'était pas assez bien pour moi », que je l'aie épousé sans savoir dans quoi je m'embarquais, et pire que ça, que je l'aie laissé « m'engrosser ». Au début, j'avais été énervée par cet entêtement qu'avait eu mon père à ne pas vouloir comprendre. J'avais été blessée par son attitude. Je lui en avais terriblement voulu, et ça, il l'avait su. C'était pour cette raison qu'il avait joué avec mes sentiments, pour m'amener à faire ce qu'il voulait. Il avait remarqué que ses attaques contre Logan ne me faisaient que me raccrocher encore plus à lui, il avait remarqué que plus il le critiquait, et plus il me poussait dans ses bras. Alors, il avait agit différemment. Du jour au lendemain, il n'avait plus critiqué ma relation avec Logan, allant même jusqu'à m'encourager à partir étudier à Los Angeles, tout en me rassurant sur l'effet qu'aurait la distance sur notre couple. Peut-être avait-il pensé que nous ne tiendrions pas, éloignés l'un de l'autre. De voir que ce n'était pas le cas avait dû le blesser dans son égo. Et ça n'était même pas pour parler de la tête qu'il avait dû faire en apprenant que j'étais enceinte de lui... Cette grossesse, il avait dû la voir comme une menace. Il avait dû se douter que celle-ci me ferait revenir vers Logan, qu'elle ne nous rapprocherait que plus...

Alors, au lieu de s'opposer directement à cette idée, il m'avait simplement fait part de quelques réticences, sans pour autant se montrer trop insistant, allant même jusqu'à me faire croire que je pourrais garder cet enfant, si je le voulais – ce que j'avais naïvement cru vrai. Et puis, à cela, il avait ajouté un autre mensonge, un mensonge qui m'avait amenée à quitter la Californie. Il m'avait fait croire que Logan ne voulait plus de moi, qu'il s'était adressé à lui pour qu'il s'occupe du divorce. Et moi, je l'avais cru. Sans penser une seule seconde que Logan m'aimait trop pour ça, qu'il aurait été incapable de me faire ça. J'avais marché dans son jeu, sans me poser la moindre question. Parce que je lui faisais confiance, tout simplement, et que je l'imaginais incapable de me faire du mal. Car un père, un vrai, ne peut pas faire de mal à sa fille, n'est-ce pas ? J'avais pensé qu'il avait des limites, et qu'il m'aimait. Il était impossible de décrire la douleur que j'avais ressentie quand j'avais compris sa trahison, quand j'avais compris qu'il ne m'avait pas seulement séparée de Logan, mais qu'il avait aussi tout prévu pour se débarrasser même de notre enfant. Je n'avais jamais été trahie de la sorte, par quiconque. Je n'avais jamais eu à subir de trahison et d'humiliation pires que celles qu'il m'avait infligées. Et je pense que j'aurais préféré ne jamais avoir à connaître des sentiments aussi négatifs que ceux-ci.

Toujours était-il que, s'il y avait bien une chose de positive qui était ressortie de cela, de cette expérience qu'il m'avait fait vivre contre mon gré ; c'était bien le fait que plus jamais je ne le laisserai avoir un impact quelconque dans ma vie. C'était impossible. Il m'avait trop fait souffrir. Et l'idée qu'il puisse, un jour, pouvoir re-contrôler ma vie, d'une manière ou d'une autre, l'idée qu'il puisse s'immiscer entre Logan et moi, m'effrayait plus que tout. Car je savais, cette fois, ce dont il était capable. Je l'avais vu à l'oeuvre, je savais que des limites, il n'en avait pas. Et c'était bien ce qui me faisait peur. Logan, en revanche, ne semblait pas prendre ce que je disais au sérieux. Il semblait sûr de lui. Certain de pouvoir faire le poids face à mon père, sans se soucier une seule seconde des répercussions que cela pourrait avoir, sans se soucier de sa propre sécurité. Il pensait que la peur me faisait parler. Et il avait raison, en un sens... Parce que la peur, c'était tout ce que m'inspirait mon père et l'idée qu'un jour, Logan se retrouve face à lui. Mais ma raison, mon amour pour lui me faisaient aussi parler. Car si cette idée me rendait malade, c'était bien parce que je l'aimais. Alors, malgré ce que Logan pouvait penser, mes peurs n'étaient pas infondées, bien au contraire. Je tentai justement de le raisonner, ce à quoi il me répondit :

« Toi non plus, tu n’en sais rien. J’ai mes limites. Mais lui, il ne se doute absolument pas de tout ce que j’ai en ma possession… Les flics l’ont dans le collimateur. Une seule erreur et ils en auront assez pour le boucler, Casey ? »

Je fronçai les sourcils, pas certaine de bien comprendre. Tout ce qu'il avait en sa possession ? A quoi faisait-il allusion ? Qu'avait-il bien pu trouver de compromettant sur mon père ? J'avais envie de lui demander, d'en savoir plus et en même temps... L'idée que j'apprenne des choses encore plus horribles au sujet de mon père me déplaisait. Cela n'aurait fait que me décevoir encore plus. Et je ne voulais pas que Logan voit ça. Il n'aurait pas compris. Parce que lui n'avait jamais été déçu par son père, et pour cause, puisqu'il avait toujours été exceptionnel et qu'il n'avait toujours voulu que son bonheur. Pour moi les choses étaient différentes. Mon père avait de l'argent, une très bonne situation. Mais côté humain, il n'avait rien à donner, à personne. Je me demandais même comment ma mère et lui pouvaient s'aimer... Comment ils pouvaient se dire amoureux, alors qu'ils étaient si froids et sans pitié. Alors, oui, ma mère n'était peut-être pas comme mon père... Mais en un sens, elle ne valait pas mieux que lui.

« Comment sais-tu que les flics l'ont dans le collimateur ? »

Autre question, autre problème. Je ne voulais pas savoir ce qu'il avait sur mon père, mais juste comment il avait pu être au courant de ce détail... Un détail qui avait toute son importance, car s'il s'avérait vrai, car si les policiers étaient effectivement à deux doigts d'arrêter mon père, alors... Tout changeait. Ma vie tout entière changeait. Des tas d'opportunités s'offraient à moi. Celle de me reconstruire, de laisser derrière moi ce passé si douloureux, sans craindre qu'il ne revienne un jour me le remémorer, ou pire encore me faire vivre la même chose. Je me sentais mal, sur le coup. Mal de presque souhaiter qu'il soit arrêté pour être heureuse. Quel genre de fille souhaiterait que son père se fasse arrêter ? Au final, je ne valais peut-être pas mieux que lui. Je possédais peut-être plus de ses traits de caractère que je ne l'aurais pensé. Je n'étais pas sa fille pour rien, après tout. Nous avions le même sang, lui et moi. Nous nous ressemblions forcément, d'une manière ou d'une autre. Cette idée n'était pas très rassurante. Savoir qu'il m'avait laissé quelque chose de lui, que j'étais en partie comme lui me faisait peur, même si je savais pertinemment que jamais, non, je ne serais capable d'autant de cruauté que lui.

La peur, c'était justement elle qui m'avait fait parler, qui m'avait incitée à élever le ton face à Logan, comme avant, quand nous n'étions pas d'accord sur un point. Je ne pouvais pas le laisser affirmer n'importe quoi, et quand je l'entendais continuer de dire qu'il se mettrait entre mon père et moi, il me faisait peur, même si je savais pertinemment qu'à la base, il ne faisait ça que pour me protéger, et me rassurer. Mais cette idée était loin de me rassurer, bien au contraire. Quand je lui confiais ma peur, quand je lui dis, en toute honnêteté, ce pourquoi je ne voulais pas qu'il agisse, Logan me répondit simplement :

« D’accord.
»
J'étais surprise. Et je crois que ça se voyait à mon visage, et à la bouche bée que je faisais. Mais en même temps, croyez moi, il était rare de voir Logan Matthews abdiquer, et se contenter d'un « D'accord. ». Mais si cette simple réponse lui permettait d'être en sécurité alors... Très bien ! Je ne ferai aucune remarque dessus. Il me donnait raison, ça n'était pas le moment de le faire douter. Il leva un main à mon visage, avant de reprendre :

« A son premier écart. S’il décide de s’incruster dans nos vies… à ce moment-là, j’irais voir les flics et je balancerais tout. Tant pis pour moi, j’aurais pas mon heure de gloire ! »

Il soupira alors avec cet air de chien battu. Nous en étions là. Je savais qu'il aurait usé de l'un de ces stratagèmes. Je levai les yeux au ciel, avant de répondre le plus sérieusement du monde :

« Si tu faisais ça, rien ne te garantirait qu'il sortirait définitivement de nos vies. Il pourrait très bien trouver un moyen d'échapper à la justice... Ou purger sa peine, et t'en vouloir encore plus après... » Je soupirai légèrement. J'avais l'impression que, quoi qu'on fasse, rien ne serait jamais suffisant. Pas même la mort. Parce que même mort, j'étais certaine que son fantôme viendrait nous hanter pour nous faire regretter d'être ensemble. « Ne prends pas de risques inutiles, c'est tout ce que je te demande. On s'en fiche de ton heure de gloire. Moi, tout ce qui m'importe, c'est ta sécurité. »

Parler de tout ça m'énervait, m'angoissait, faisait ressurgir en moi des souvenirs qui avaient amené quelques larmes au coin de mes yeux.

« Il ne mérite pas tes larmes, Princesse. » souffla-t-il avant de chasser celles-ci de ses doigts.

Il avait raison. Mon père ne méritait pas mes larmes. Mais Logan oui. Et c'était en grande partie pour lui que je pleurais, parce que je m'inquiétais.

« Il ne mérite pas non plus que tu perdes ton temps avec lui... »

Je pensais ce que je disais. L'ignorance. C'était tout ce que mon père méritait. Et c'était tout ce qu'il aurait de ma part. Parce que même ma peur, je ne la lui laisserai pas. Je la contrôlerai, pour m'assurer de ne jamais lui donner le plaisir de voir ce qu'il avait fait de moi.

Et comme il était étrange de voir combien nous avions tous les deux des pères différents. Ils étaient le jour et la nuit. Le bien et le mal. Deux opposés les plus complets. Et j'aurais aimé avoir un père comme Andy. Je n'osais même pas imaginer la douleur que devait ressentir Logan depuis sa perte. Pour ça, je comprenais son besoin de retourner dans les endroits où ils avaient vécu tous les deux. Car même si ça faisait mal d'y retourner sans lui, il avait cette impression qu'il était toujours là, qu'il veillait sur lui. Il n'était pas prêt à le laisser partir. Et s'il ne le disait pas directement, je comprenais, à travers ses mots, qu'il souffrait. Bien plus qu'il ne voulait le montrer. J'aurais aimé qu'il n'ait jamais à subir une telle perte, qu'il n'ait jamais à connaître cette solitude qui vous habite quand un être cher s'éloigne... La solitude, avec la peur, était l'un des pires sentiments qui puisse exister en ce monde. C'était peut-être aussi pour cette raison que, d'un autre côté, je comprenais sa mère, et le besoin qu'elle avait eu de rester auprès des siens, qui ne la laisseraient pas affronter ça seule. Mais si Logan était rentré, s'il n'avait pas sa famille pour le soutenir dans son deuil, il m'avait, moi, en revanche. Et même si mon retour était récent, même si nous ne savions pas encore ce qu'il allait advenir de nous deux, j'étais cependant certaine d'une chose : je serai toujours à ses côtés, pour l'épauler. Pour le soutenir, pour tenter d'apaiser sa peine. Et si, pour apaiser celle-ci, il devait parler d'Andy, alors, soit ; je l'écouterai, et j'en parlerai avec lui. Jusqu'à ce manque qu'il ressente finisse par s'atténuer, jusqu'à ce qu'il se fasse moins présent. Et qu'importe, si cela devait durer des années : je ne le quitterai pas. J'en avais fini de le quitter. Je ne voulais plus jamais me retrouver séparée de lui.

Etais-je prête, pour autant, à prendre une place importante dans sa vie, à accepter de bouleverser celle-ci toute entière, en m'installant dans sa maison, justement ? Je ne savais pas. Au départ, j'avais pensé que non. Parce que, même si j'avais besoin de lui, même si sa présence m'était nécessaire, et qu'il me fallait un lien certain avec lui, je savais néanmoins que je devais lui laisser une part de liberté. Qu'il devait avoir des moments où il ne penserait pas à mon retour, où les choses pour lui seraient normales. C'était pour cette raison que je ne voulais pas qu'il me donne autant d'importance, dans sa vie... Et pourtant, il semblait bien décidé à me faire céder, parce qu'il estimait que c'était l'option la plus sûre pour ma sécurité. Il avait raison. Et pour me faire capituler, il avait touché un de mes points faibles : mon père. J'étais en effet plus sûre de ne pas le voir débarquer ici plutôt qu'à l'hôtel. Alors, même s'il avait été difficile pour moi de l'admettre, j'avais répondu à Logan qu'il avait raison – ce qui le réjouit presque autant que de savoir que j'acceptais sa proposition, c'est pour dire s'il était borné et qu'il aimait avoir le dernier mot – et il m'avait demandé avec un sourire aux lèvres de répéter. Malheureusement pour lui, je ne dirai pas ce genre de phrases bien souvent. Parce qu'il avait beau être une vraie tête de mule, j'en étais une moi aussi, et je le lui avais bien fait comprendre, en m'adressant à lui comme au bon vieux temps, et Dieu savait combien cela me ravissait. J'en étais heureuse, vraiment.

« Petite arrogante ! J’ai pas dit mon dernier mot pour te faire plier ! »
« Oh, mais tu peux toujours essayer, je t'attends ! »

Et voilà, nous avions retrouvé cette complicité qui nous avait tant manqué. Parce que sans elle, nous avions été pas mal mal à l'aise, l'un avec l'autre. Là, il n'y avait plus de barrières entre nous. Comme si ces quatre années n'avaient jamais existé. Comme si nous n'avions jamais été séparé. Pour continuer dans cet esprit bon enfant, j'avais justement fait part de mon envie d'éduquer son chien, puisqu'il disait lui même qu'il manquait cruellement d'éducation. J'avais alors ajouté que s'il était comme Logan, je ne devrais avoir aucun problème à lui faire m'obéir. Il suffisait pour cela que j'use de mes charmes. Il rit, en m'entendant, et son rire résonna dans mes oreilles comme une douce mélodie. La plus belle de toute. Ce simple rire me rendait heureuse, c'est pour dire comme nous étions liés l'un à l'autre.

« Je suis un ange à côté de lui. Je suis sérieux. Ce chien est une calamité ! Le diable en personne !»
« C'est parce que tu ne sais pas comment t'y prendre avec lui. Nous, les femmes, avons une certaine douceur, une certaine tendresse à laquelle aucun mâle, d'aucune espèce, ne peut résister. »

Je lançai un regard malicieux à Logan. Et puis, continuant sur cette lancée, nous avions engagé d'autres sujets de conversation – comme la cuisine carbonisée que je savais très bien faire – jusqu'à dériver sur un sujet particulier. Celui de moi, jouant les infirmières au chevet de Logan. Une idée qui, visiblement, ne lui déplaisait pas du tout !

« Sans exception… Dieu sait que, côté satisfaction et implication, je ne m’inquiète pas. T’en connais un rayon ! »

Il avait terminé sa phrase en penchant la tête sur le côté, ce qui eu le mérite de m'amuser. Il avait ce sourire aux lèvres, ce regard, que je lui connaissais bien. Plus qu'une simple attirance. Du désir. J'esquissai un léger sourire plein de malice, avant de répondre :

« Et on se demande bien grâce à qui j'en connais un rayon, de ce côté là... » dis-je en sachant pertinemment qu'il aurait compris à qui je faisais allusion. « J'ai eu un très bon professeur, il y a quelques années... Il m'a appris à aimer mon 'métier' et à l'exercer dans les meilleures conditions possibles. »

Je disais vrai. Avant Logan... les choses avaient été différentes. Tout avait été différent. De la simple relation de base, au sexe, jamais, non jamais, je n'avais été autant en connexion avec quelqu'un. Jamais le bonheur, le plaisir de quelqu'un ne m'avait soucié autant que les siens. Avec lui, j'étais différente. Il m'avait appris le véritable sens du mot aimer.

Cette ambiance bonne enfant ne resta pas bien longtemps. Rapidement, Logan s'attelait à sa tâche qui consistait à nous servir à boire, tandis que moi, je m'occupais du four. Autant le dire, Logan étant plus doué que moi dans la tâche qui lui était incombé, il était revenu très rapidement à la cuisine, là où il avait décidé de me perturber dans ce que j'avais entreprit... Et pour me perturber, ça, il l'avait fait dans les règles de l'art ! Il s'était juste approché de moi, mais la complicité que nous avions eu auparavant avait changé la donne... Et les envies que j'avais eu à son égard depuis que nous nous étions croisés sur la plage, je n'avais pas pu les contrôler. Je l'avais embrassé, rapidement, avant de fuir. Pour éviter son regard, ou qu'un malaise ne s'installe entre nous. J'étais partie vers le frigo, qui avait été mon échappatoire. Ne pouvant pas y rester indéfiniment, j'étais cependant revenue, et j'avais bu le verre qu'il me tendait pour me détendre. De là, j'avais tenté de m'expliquer avec lui, de lui dire ce que j'avais sur le coeur et finalement... Je lui avais dit ce que j'avais dans le coeur, ce qui ne lui avait bien entendu pas échappé. Et tandis qu'il me taquinai, qu'il me cherchai, j'avais répondu à ses questions. Oui, je l'aimais. Je le reconnaissais. Mais c'était évident.

« Je le sais moi ? Bon, Okay, c’est vrai. Je le sais… mais c’est tellement mieux quand tu me le prouves. »

Je secouai légèrement la tête. Incroyable. Décidément. Pour le faire taire, j'aurais du l'embrasser. Voilà qui lui aurait coupé toute envie de parler. Mais je n'en avais rien fait. Pas tout de suite.

« Parce que ça renforce ton égo de mâle dominant ? » dis-je pour le taquiner à mon tour. « Sérieusement, Logan. Ma présence à San Diego en est la preuve, et tu le sais aussi bien que moi. »

Voilà qui avait le mérite d'être clair. Finalement, il saurait peut-être bien plus tôt quelle place il avait occupée dans mon coeur, et dans ma guérison, dans ma lutte contre mon père. Moi qui voulais attendre pour parler de tout ça... C'était un peu comme si tous les sujets possibles étaient abordés ce soir. Tous, sauf peut-être les plus douloureux. Et c'était peut-être mieux comme ça, pour le moment. Ca nous laissait le temps de nous retrouver, de rattraper le temps perdu.

J'avais ensuite parlé des autres femmes... Celles dont je ne voulais pas dans sa vie... Car, même si c'était égoïste, je voulais être la seule. Je voulais être la sienne, tout simplement... Et il avait accepté. Pas besoin de « Je t'aime » après ça. Je savais qu'il m'aimait, mais plus encore, il venait de me prouver que, quelque part, il voulait reconstruire quelque chose de sérieux avec moi.

Dans les secondes qui suivirent, nous cédâmes à la tentation. Tous les deux. Parce qu'il était insupportable d'être si prêt l'un de l'autre, sans pouvoir se toucher, sans pouvoir sentir l'odeur de l'autre, sentir ses mains sur soi, son amour, ses baisers, sa passion... Tout autant de choses que Logan m'avait donné dans un seul baiser, me donnant ainsi l'illusion de devenir folle, car j'en oubliais tout le reste. Vint le moment où je l'embrassai. Le moment où je pouvais constater que j'avais toujours autant d'emprise sur lui que lui en avait sur moi. Parce que lorsque nous lèvres se rencontraient, lorsque nos souffles se mélangeaient, c'était une lutte sans merci qui se livrait entre nous, une lutte pour l'amour. S'aimer, se le prouver, c'était ce que nous faisions, à cet instant. Et j'aurais aimé que ce moment se prolonge, encore et encore, que jamais nos lèvres ne se séparent, que jamais ses mains ne quittent mon corps. Simplement parce qu'il était ce dont j'avais besoin et qu'il était indispensable à ma vie et à mon bonheur.

Ce moment, cependant, avait fini par se terminer, et c'est avec le souffle plus court, la respiration saccadée par notre baiser que j'avais posé ma tête contre lui, admirant alors, de là où j'étais, l'alliance qu'il portait dans son cou. Il m'avait dit les raisons pour lesquelles il l'avait gardée. Raisons qui ne m'avaient fait que l'aimer encore plus. C'était pour ça que je l'avais embrassé dans le cou. Pour qu'il sache, encore et encore, que je l'aimais, que je n'arrête jamais de le sentir frissonner à ce contact, que je le sente se tendre légèrement sous mes caresses, sous le contrôle qu'il essayait de garder. En un sens, ce petit jeu m'amusait. Parce que j'avais l'impression de pouvoir faire ce que je voulais de lui, comme lui pouvait faire ce qu'il voulait de moi. Dans des moments pareils, nous étions à égalité, tous les deux aussi dépendant l'un de l'autre, des caresses de celui (ou celle) qu'on aimait. Il m'avait confié qu'il n'était pas prêt à me laisser le quitter, avant de resserrer son étreinte autour de ma taille, comme pour me prier de rester. J'avais alors répondu que jamais plus je ne partirai, sans lui, du moins, car il serait au dessus de mes forces de le quitter une nouvelle fois.

« N’y pense pas. Tu es là. C’est tout ce qui compte… Toi et moi, ensemble. »
« Ensemble... » répétais-je dans un murmure, avant de nicher ma tête dans son cou.
Et puis, après un moment, j'avais fini par lui demander s'il m'en voudrait, si jamais je lui annonçais que je n'avais plus mon alliance. Il hésita un moment, avant de prendre la parole :

« Tu l’as perdu ? Tu sais… un bijou ça se remplace… mais l’amour véritable, ça perdure. »

J'esquissai un sourire à sa réponse, à ses dernières paroles. Et puis, je répondis finalement :

« On peut dire ça comme ça... »

Je n'avais pas vraiment perdu ma bague. Pas au sens propre du terme. On me l'avait fait la retirer, et je ne l'avais jamais revue après cela, sans savoir ce que le personnel de l'institution en avait fait. M'en étant enfuie, je n'avais pas vraiment eu le temps de réclamer certains de mes biens, comme des bijoux, et j'étais repartie pour l'Amérique avec pour seuls vêtements ceux que je portais et pour seul papier mon passeport que j'avais réussi à voler dans le bureau du directeur au moment de ma fuite. La bague, en revanche, je ne l'avais jamais revue...

« Tu dois savoir une chose…C’est que je ne peux pas rester fâché contre toi. »

Il déposa un baiser sur ma tempe, et j'esquissai un sourire.

« Ca, je le sais déjà »

Oui, je le savais. Il m'aimait trop pour m'en vouloir, pour quoi que ce soit. Mais si j'avais posé la question c'était parce que je voyais combien son alliance à lui avait eu de l'importance. Et je me demandais s'il ne m'en aurait pas voulu que la mienne n'ait pas représenté autant de choses, puisqu'on ne lui en avait pas vraiment laissé l'occasion.

« Alors, une idée de ce qu’on pourra manger ou je vais devoir me contenter d’un sandwich, banane-beurre de cacahuète ? »

Le repas. J'avais complètement oublié. Je toussotai, avant de répondre :

« Je sais déjà ce qu'on va manger. Et ce ne sera pas un sandwich banane-beurre de cacahuète, mais quelque chose de bien plus élaboré... »

Ou pas. Parce que je n'avais même pas regardé ce qu'il avait dans son frigo. J'avais maladroitement sorti un peu de tout et de n'importe quoi. Je déposai un baiser sur sa joue, avant de quitter ses bras et de me diriger vers le comptoir que je fixai longuement d'un air dubitatif. Je fronçai les sourcils, tentant de me creuser les méninges, et vite, pour trouver quelque chose à faire. Il y avait beaucoup de légumes dans le lot. Sa mère avait du vouloir lui faire manger quelque chose d'équilibrer. Voyant des courgettes, du fromage, et tout un tas d'autres ingrédients, je me décidais pour une sorte de gratin. Sauf que... Je ne savais pas comment ça se faisait. Tant pis, je n'aurais qu'à improviser.

« Hum... Tu veux bien me donner un couteau et un plat, s'il te plait ? »

Eh oui, n'étant pas dans ma cuisine, je ne risquais pas de savoir où tout était rangé. Et je préférais demander de l'aide à Logan. Ca irait plus vite, et il serait plus rapidement comblé à ce niveau là.
Revenir en haut Aller en bas
« C. Logan Matthews »


C. Logan Matthews

Messages postés : 73
à San Diego depuis : 02/10/2010
Emploi/Situation : barman

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyVen 26 Nov - 0:09



On ne pouvait pas évoquer le retour de Casey sans parler de son père. L’un allait avec l’autre. Et ce, même si parfois j’aimerais pouvoir taire certaines choses. Entre autres, les activités de son père. Déjà en soi, il me tolère à peine. Que Casey et moi, nous nous soyons marié a révélé sa colère. Quant à sa grossesse, ça nous a démontré combien il pouvait être manipulateur et sans pitié. Comment pouvait-il faire endurer pareille torture à sa chair et son sang ? Celle qu’il a tenu dans ses bras bébé ? Son cœur était-il fait de pierre ? J’avoue que la question m’a traversé l’esprit. Qu’il s’en prenne à moi, je le comprendrais. Après tout, il aurait pu penser que j’avais exercé un contrôle sur Casey. Ça n’était pas impossible mais non. Il a pensé bien plus loin. Il a carrément éradiqué toute trace de notre enfant et même celle de Casey durant plusieurs années. Comment un père pouvait-il en arriver à de telles décisions ? Cette situation avec sa famille ne pourra jamais se terminer dans de bonnes conditions.

Avec un père matérialiste et manipulateur comme le sien, je sais déjà qu’il me mènera la vie dure. Parce que Casey est directement revenue vers moi. Elle n’a pas attendu et m’a clairement fait comprendre, combien ma présence lui était nécessaire. Et ça, Forsythe ne serait pas prêt de le digérer. Tout comme ces éléments que j’ai en ma possession. Des preuves suffisamment lourdes pour le mener derrière les barreaux pour un sacré bout de temps. Lorsque certaines personnes deviennent trop gourmandes ou gênantes, il est si simple de s’en débarrasser. Un accident est si vite arrivé. Encore plus de nos jours. Personne n’est à l’abri d’une mauvaise chute qui peut couter la vie. Ce que je détiens, seul mon père était au courant. Et il est mort. Ce qui me vient à penser que les circonstances de sa mort pouvaient tout aussi bien, ne pas être accidentelles. Parler de son père avec Casey n’était pas de tout repos. Parce qu’elle voulait m’empêcher de me mêler à ses histoires. Que je la protège, elle le tolérait mais que j’affronte son père, il n’en était pas question. Parfois, j’avais l’impression qu’elle me prenait pour un gamin écervelé. Irais-je jusqu’à commettre un crime, juste pour détruire son père ? Non, j’avais des principes et je connaissais mes limites. Certes, je risquais à mon tour d’être blessé dans l’histoire. Mais à mes yeux, le pire était derrière nous. Car on n’avait pas seulement perdu 4 années de nos vies, mais il nous a enlevé notre enfant. Un enfant que je n’ai jamais pu voir. Pas même une photo. Avait-il un prénom ? De qui tenait-il son regard ? Et son rire, raisonnait il comme une douce mélodie ? Tant de question qu’il n’aurait jamais de réponse. Ce vide en moi, je savais que jamais il ne pourrait être totalement comblé. Parce qu’on m’avait volé les moments les plus important d’une vie, d’un couple. Chose que je pourrais revivre mais ça ne sera jamais comme la première fois.

La peur guidait. La peur faisait faire de nombreuses choses. Pas forcément de quoi on pourrait être fier. Mais là, à cette seconde, je ressentais la peur de Casey. Cette terreur sourde et intense qui coupe le souffle et nous transforme en un être qu’on ne veut pas devenir. Elle veut me protéger de son père et que je ne devienne jamais comme lui. Chose qui n’arrivera pas. En partie parce que la justice viendra à bout, un jour, d’une grande partie des types tels que son père. A croire qu’elle n’a même pas confiance en notre système judiciaire. Sa question, je m’y attendais et sa curiosité me touchait. Je m’approchais suffisamment d’elle pour qu’elle puisse éprouver cette sérénité qu’elle est bien souvent parvenu à lire dans mes yeux.

« - T’es pas sans savoir que j’ai pas toujours été le « gentil petit Logan ». Je connais du monde et Andy avait des relations. Toujours est-il qu’aujourd’hui, le petit business de ton père est suivit de très près par la brigade financière et les stups… peut être même que ça va plus loin que ça… »

Je voulais pas la blesser. Qu’elle soit déçu par celui qui est son père. Je veux dire par là, que son père a longtemps été une sorte de modèle à ses yeux. Mon but n’est pas de détruire cette image. Je veux juste la protéger et m’assurer que son père ne viendra pas semer la pagaille dans sa vie et celle de Courtney. Le reste m’est bien égal.

Je n’étais pas stupide au point de ne rien voir de ce qui se tramait dans son esprit. Elle voulait me mettre des bâtons dans les roues. Pour m’éviter de souffrir, d’être dans la ligne de mire de son père, en somme pour que je reste en sécurité. Alors j’abdiquais. Enfin, disons que je tentais un compromis. S’il ne faisait rien, je resterais sur mes gardes mais au moindres faux pas, j’agirais. Elle n’allait pas apprécier mais en l’occurrence, si mes actes la mettaient en sécurité pour plusieurs années, j’aurais eu gain de cause. Chacun de ses mots se répercutaient dans mon esprit. Je savais à quoi elle pensait lorsqu’elle parlait d’échapper à la justice et moi-même, je n’étais pas sans ignorer que nous serions les premières cibles de son père. Celle qu’il lui faudrait éliminer en premier.

« - Dans la probabilité où ton père échapperait à la justice, toi, Court’ et moi serions mis sous protection. » la rassurais-je, sans me cacher une seule seconde, que si son père venait à être mis sous les verrous, nos vies changeraient radicalement du jour au lendemain. « J’y tiens à mon heure de gloire ! » relevais-je le menton. « C’est pas tous les jours que j’peux être un héros… ton héros ! » La fixais-je avant de hausser les épaules. « Mais enfin, tu m’connais… Tu crois vraiment que j’irais me jeter sous les roues de la limousine de ton père parce que je veux qu’il soit mis derrière les barreaux ? J’tiens quand même à ma peau. Et ça serait dommage que ma jolie petite gueule soit abîmé. Tu crois pas ? » Achevais-je avec une note d’humour pour la détendre. Car je le savais, elle se souciait beaucoup trop de son père et des éventuelles complications, si je me retrouvais face à lui. Parce que je n’étais pas du genre à me taire. Qu’il s’agisse de son père, du président ou du pape. J’étais libre de dire ce que je voulais à qui je voulais. Après tout, c’était ça la liberté d’expression !

Sauf que je ne m’attendais pas à ses larmes. Parler de son père n’avait pas été malin de ma part. Lui faire éprouver cette peur insidieuse ne l’était guère plus. Alors être l’auteur de ses larmes, c’était même carrément stupide de ma part. Je la savais fragilisée et pourtant, je la poussais dans ses retranchements attendant de la voir trébucher au bord du précipice. J’étais vraiment un crétin. Seulement à ses mots, j’haussais nonchalamment les épaules. « Le temps que je perds avec lui, je le gagne avec toi. J’trouve que c’est plutôt un bonne manœuvre. Et puis la roue finit toujours par tourner… ta simple présence ici me le prouve. » Mes doigts parcouraient son visage, effaçant chaque larme qui venait tracer un sillon salé sur sa peau délicate. Je n’aimais pas qu’elle soit dans cet état. Et que j’en sois la raison d’une certaine façon, ça m’agaçait. Car je n’avais pas désiré qu’elle soit triste, terrifié ou en colère. Je la voulais sereine, heureuse et comblé. Après tout, n’est-ce pas ce qu’on veut pour ses proches, sa famille ? Il m’était évident qu’elle était dans les catégories. Il ne pouvait en être autrement.

A notre époque, qui aurait pensé qu’un couple si différent que le nôtre pourrait s’unir. Deux familles opposées. Littéralement différentes. Nos situations financière en sont la preuve. Elle a grandi dans le luxe tandis que ma mère se privait toujours pour moi. Pour que j’ai de quoi manger à la fin du mois, que je sois décemment habillé et en bonne santé. Alors oui, je pense de surcroit qu’on ne pourrait pas être plus différent. Pourtant ensemble, soudés, on était réellement plus fort. Je ne me posais pas la question. J’avais besoin d’elle. Ça avait toujours été le cas. Et maintenant que mon père n’est plus là, je l’éprouve de façon plus intense. Personne ne pourrait jamais combler le vide qu’il vient de laisser. Néanmoins, la présence de Casey m’aiderait à y voir plus clair, à accepter au fil des jours cette souffrance. S’atténuera-t-elle un jour ? Accepterais-je un jour d’être ce fils qu’il a toujours désiré au plus profond de lui-même ? Admettrais je qu’Andy m’a aimé plus que mon père biologique ? Ou encore que je mérite tout ce qu’il m’a donné et léguer au fil de toutes ses années ? Les questions redoublaient et j’étais loin d’être persuadé, d’être un aussi bon fils que certaines personnes l’imaginent. C’est vrai que ma relation avec Andy était unique. Ceci dit, il y eu des fois, où l’un d’entre nous prenait la porte simplement pour éviter de dépasser les bornes. Et je me souviens qu’ado, c’était arrivé à plus d’une reprise. Malgré ça, ma mère n’a jamais vraiment eu à contester l’autorité d’Andy sur moi. C’est ce qui me fait croire qu’il est le père idéal. Le père que beaucoup de gamin rêverait d’avoir ou de voir traverser leur existence.

Ma proposition d’emménager à la maison était, au départ, sans arrière-pensée. Après réflexion, je devais reconnaitre que j’y trouverais un certain nombre d’avantages. Mon but était de lui simplifier la vie. Pourquoi payer une chambre d’hôtel alors qu’elle avait une maison à sa disposition. Ma démarche me semblait plus logique qu’hospitalière. Et puis, je voulais son bien, qu’elle se sente protégé, intouchable. De plus, elle n’aurait pas à supporter ma présence quotidienne puisque mon appartement se situait au-dessus du bar. Et pour bien des raisons, je trouvais cet appartement pratique. Oh il y avait toujours quelqu’un pour critiquer dans mon dos au sujet du bureau que j’avais transformé en appartement mais je m’en moquais. Il s’agit de mon appartement. De mes murs. Aujourd’hui je pouvais le dire. J’étais propriétaire et patron d’un bar. Patron à 22 ans. Parfois, j’ai encore beaucoup de mal à l’assimilé mais avec le temps, je m’y ferais. Et dans ses murs, il y aura toujours Andy. Veillant comme un ange protecteur. Cette image me revient régulièrement et elle me plait vraiment. Mon stratagème pour la faire abdiquer avait marché. Bon, ça n’était pas simple, je le reconnaissais. Nous étions déraisonnablement borné. Alors forcément, les traces persistaient mais je lui avais quand même soutiré un « Tu as raison ». Et Dieu sait que pour entendre cette phrase franchir ses lèvres, ça avait dû lui couté. Je n’en perdais pas une miette et lorsque je lui demandais de répéter, elle me toisa avec ce regard insistant que ça ne se reproduira pas de sitôt. Cette complicité renaissante me ravissait et j’espérais que ça continuerait ainsi au fil de la soirée.

« - J’suis patient. Je t’aurais au moment où tu t’y attendras le moins. » Enchainais-je fier de moi.

Qui aurait songé qu’un moment de détente ensemble et notre vie semblerait sous un jour nouveau. Comme si seulement 24 heures s’étaient écoulés et non 4 longues et éreintantes années. Surement pas moi. On entend souvent dire que généralement le temps à tendance à jouer en défaveur des couples. Je crois que ça ne nous concerne pas. Certainement parce que dans notre cas, nous ne souhaitions pas cette séparation. Peut-être est-ce, ce qui fait la différence avec la généralité. Toujours est-il que lorsqu’elle me fait part de son idée d’éduquer Hendrix, il m’est impossible de rester sérieux. Une petite voix me dit qu’elle changera certainement d’avis, une fois qu’il lui aura dévoré quelques paires d’escarpins. Car ce chien est une calamité, charme ou non ! Elle s’en rendra vite compte à ses risques et périls.

« - Aucun mâle, d’aucune espèce, ne peut résister ?! » répétais je, dubitatif. « Laisse-moi rire. Tu changeras d’avis lorsqu’il se sera décharné sur tes biens. Crois-moi, avec lui… il ne faut même pas laisser un placard entrouvert. » Expliquais je. « Car si tu le laisses seul avec une balle de tennis, t’es certain que dans la journée il aura réussi à te construire un parcours de golf ! » J’en étais persuadé qu’elle finirait par déchanter. Après tout, pourquoi ce chien s’en prendrait-il uniquement à Andy, ma mère et moi ? Non, il ne s’arrêterait pas là. Et pour l’instant, cette idée suffisait à m’amuser parce qu’elle était certaine de parvenir à le dresser. Et puis rien que pour ce sourire malicieux, j’étais pressé de la voir à l’œuvre.

Un sujet en amenant à l’autre, nous dévions lentement. Cette complicité faisait renaître ce désir que nous avions toujours éprouvé en présence de l’autre. Bien souvent des personnes nous mettaient en boite à ce sujet. Mais aucun ne l’avait ressenti comme nous l’éprouvions à chaque seconde de notre vie. Notre mariage avait été vu comme une erreur de jeunesse pour beaucoup. Mais si au contraire, c’était ce que nous voulions, nous étions. L’un comme l’autre, nous aurions tout fait pour être ensemble et heureux. Bien que jeunes nous étions cependant assez mâture pour avoir conscience que cet engagement n’était pas une erreur, c’était un vœu. Le vœu de passer notre existence au côté l’un de l’autre. De s’aimer sans restriction. Et ça j’y étais encore plus prêt aujourd’hui que je ne l’étais 4 ans plus tôt. Plus la discussion se poursuivait, plus mon sourire avait quelque chose de malicieux et nostalgique à la fois. Ces sous-entendus me faisaient du bien. Le jeu en valait vraiment la chandelle.

« - Ton professeur avait vraiment du métier hein ! » fis-je avec désinvolture. « J’en connais qui ont dû y prendre un sacré plaisir ! » Un jeu de mot comme on les aime. C’était presque trop simple d’être là, ensemble, si proche. Comme si à cette seconde personne ne serait capable de faire exploser cette bulle dans laquelle nous vagabondions. Etre ensemble signifiait tout. Renouer avec notre relation passée en faisait partie. Mais jamais, je n’avais été si détendu d’être si proche d’elle, sans pour autant qu’on soit un couple. A proprement parler, rien n’était réglé mais j’avais conscience que le sujet serait bientôt sur le tapis. C’était inévitable. Notre proximité et le besoin de contact allait nous faire perdre la tête. Pour ça, il suffisait de jeter un œil dans le passé et se rappeler combien notre histoire avait été semé d’embûche que ça soit par la famille, par les amis ou simplement par la jalousie de certaines personnes. Casey était un bon parti. LA fille qu’il fallait connaitre, être son ami, son petit ami. A elle seule, elle ouvrait des centaines de portes. Moi, j’étais apprécié pour bien d’autres raison. Belle gueule et bourré de charmes, les filles me collaient pour que je leur donne rendez-vous. Sauf que lorsque la brune était entrée dans mon champ de vision, ces filles avaient disparues, devenant invisible. Car Casey possédait cette pureté innocente qui troublerait n’importe qui. Et je l’avais eu. Parce qu’elle m’était destiné. Et aujourd’hui, je m’arrangerais encore pour qu’elle me revienne.

La perturber faisait partie de mes attributions. J’avais un don pour ça. Aujourd’hui personne ne viendrait gâcher notre moment. Parce que nous l’avions choisi. Parce que même un téléphone ou une visite ne changerait rien à ce qu’il est. Nous nous retrouverions. Ce soir ? Pas forcément mais ça viendrait. Il me suffisait de plonger mes yeux dans cet océan azur pour me convaincre. Quant à la perturber, il m’était bien compliqué de garder mes mains dans les poches de mon jean. Comment résister ? La prendre dans mes bras m’est nécessaire. Après 4 ans de silence et d’absence, je trouvais que c’était un minimum et lorsque ses lèvres se refermèrent sous les miennes, ce fut pire que de passer sur la chaise électrique – bien que je ne sois pas décidé à en éprouver l’expérience. C’était ressentir à nouveau, réapprendre à respirer. Mon cœur avait manqué un battement et je sus que le simple contact de nos peaux en était la raison. Pourtant, elle instaura à une vitesse hallucinante, une distance que je n’avais pas songé au départ. Elle se posait des questions. Sur moi, sur nous, sur ce qu’il se passerait, ce qu’il adviendrait de notre relation, sur ma vie sentimentale actuelle. Tant de question auxquelles, je lui devais une totale honnêteté. Car c’était là-dessus qu’était basé notre relation. Honnêteté et confiance. Ça n’était pas aujourd’hui que ça devrait changer. Plus la conversation avançait, plus j’étais ravi de m’apercevoir combien cette relation nous tenait autant à cœur. Et lorsque je lui fis remarquer qu’elle m’aimait, je la vis s’empourprer ce qui suffisait à mon bonheur. De toute façon, tant qu’elle serait là, je pourrais m’accommoder de ses décisions. Enfin, en grande partie.

Ses remarques étaient toujours aussi percutantes et elle savait quoi dire pour que je réagisse. En ça, c’était la preuve que nous étions voués l’un à l’autre. On se méritait. On était différent mais complémentaire. On s’aimait plus qu’aucun de nos gestes ne pourrait le démontrer. C’était bien au-delà du raisonnable.

« - Mâle dominant, tout de suite les grand mots ! » haussais-je les épaules. « Mâle tout court suffit, tu sais. » C’était sans fin. On pouvait continuer sur ce rythme pendant des heures. Parce qu’on aimait ça. Parce que c’était plus fort que nous. Parce qu’on avait ce besoin de profiter pleinement de ces moments rarissimes. Toutefois, je n’ajoutais rien lorsqu’elle m’assura que sa présence à San Diego était la preuve de son amour pour moi. Parce qu’elle ne serait pas revenu se jeter dans la gueule du loup, son père, s’il n’y a avait pas une personne à qui elle tenait plus que de raison. Et ça, je l’avais toujours su. Aussi était ce aussi une des raisons pour lesquelles j’ai été incapable de quitter cette ville à son départ. Car elle saurait toujours où me trouver.

Les sujets défilaient et plus les minutes s’égrenaient, plus notre distance fondait comme neige au soleil. On avait dépassé le stade de la nécessité d’être proche. Les discussions pouvaient être sans fin mais entre ses sourires, ses regards, la tentation et notre incapacité à nous retenir, on en arriva bien vite à se retrouver enlacé. A s’embrasser comme si notre vie en dépendait. Et notre survie en dépendait. Le sol pourrait s’ouvrir sous mes pieds que je ne la lâcherais pas. Je pouvais sentir son cœur battre dans sa poitrine, éprouver sa détresse et ressentir le manque qu’elle avait vécu durant ces années. Mais entre tous, ce que j’éprouvais c’était ce désir indomptable qui coulait dans mes veines tel un volcan une éruption. Ce désir si b rut qu’il me consumait de l’intérieur. Et ça n’était que le début. Le début d’une histoire qui aurait sa happy end. Car je n’en voulais pas autrement.

Quand bien même j’aurais souhaité que ce moment s’éternise, je devais me contrôler pour ne pas précipiter les choses entre nous. Toutefois, il ne fallait pas songer à l’idée que je m’éloignerais d’elle. 4 années c’était long. C’est ainsi que je la gardais dans mes bras. Mon cœur battait toujours avec irrégularité et mon souffle tardait à reprendre son rythme normal mais je m’en moquais parce qu’elle était là. Pour moi, c’était tout ce qui comptait. Il pourrait se passer n’importe quoi, tout ce qui comptait, c’était elle. Juste elle. Elle était amplement suffisante à mon équilibre. C’était ça, elle était ma vie, mon équilibre, mon métronome.

Sauf que je ne m’attendais pas à ce qu’elle aborde un tel sujet. Mon alliance n’était pas un sujet tabou mais juste un sujet difficile. Parce que cette alliance représentait nos vœux de mariage. Mon amour pour elle. Elle, qu’il m’était impossible d’oublier, de tourner la page ou de laisser partir. J’en étais juste incapable car en tournant la page, on mettait fin à une relation et ce n’était pas seulement elle que j’aurais laissé partir mais une partie de moi-même également. Je n’en avais pas la force. La sensation de ses lèvres sur mon cou me firent frissonner et je sus qu’elle l’avait perçu. Tout comme j’avais pu le percevoir également chez elle. Des petits détails que je notais au fil des secondes qui défilaient. Resserrant ma prise sur elle, je l’entendis répéter mes mots. Parce que c’était ça. Ensemble, j’avais conscience qu’on pourrait s’en sortir. Que notre amour parviendrait à s’en sortir vainqueur. Et ce même si bien d’autres obstacles nous attendrait à l’avenir.

Ce fut alors qu’elle choisit de m’avouer qu’elle n’avait plus la sienne. Je me rendis compte alors que je ne lui avais rien demandé sur l’institution, son départ, ou encore sur des sujets tels que sa dépression et sa grossesse. Ceci dit, le moment n’était pas adéquat pour ça. Elle devait se sentir prête et en confiance pour aborder de telles conversation. L’instant devait plutôt être à la légèreté. Ces mots me rassuraient. Notre conversation s’étalait et la douceur prenait une part importante à ce moment. Cette tendresse avec laquelle, elle m’entourait me faisait un bien fou. Je me sentais si détendue que j’aurais pu plaisanter sur n’importe qu’elle sujet. Même à cette seconde l’absence de mon père ne me paraissait plus si effrayante et douloureuse. Parce qu’elle était là. Ainsi on en revenait au sujet principal de notre conversation, c'est-à-dire ce qu’on allait manger. Parce que petit a) mon estomac réclamait un dîner ou une collation et petit b) j’étais curieux de savoir ce qu’elle pouvait bien avoir en tête de me préparer. Car pour dire, je la connaissais à ce niveau. Me faire avaler quelque chose de sa confection aurait pu rimer avec dîner mortel.

« - Pas de sandwich banane-beurre de cacahuètes… vraiment ?! » insistais-je en penchant la tête sur le côté. « Tu sais que j’ai la liste des meilleurs traiteurs de la ville ? » Je pouvais toujours essayer. Au pire, ça serait Hendrix qui se régalerait avec la confection d’une espèce de gratin improvisé par la jeune Forsythe. Lorsqu’elle me demanda un couteau, je plissais les yeux. « Quoi ? Te donner un couteau ? Tu tiens déjà à te débarrasser de moi et me découper en rondelle ? T’as une drôle de façon de me prouver que tu m’aimes… » Lançais-je en m’éloignant alors pour lui sortir un couteau et un plat. Ceci fait, je me retournais, m’appuyant contre le plan de travail pour la voir à l’œuvre. Ça allait l’agacer en un temps record. L’idée même d’être observé à la loupe avait généralement un effet instantané sur les gens. Je pris alors mon verre qui trainait près du comptoir et avalait une gorgée de vin, un petit sourire aux lèvres. « Tu sais que j’t’en voudrais pas si jamais tu décidais de vouloir abandonner l’idée de me faire avaler des légumes… dans un plat élaboré ? » La divertir, la perturber et la taquiner c’était plus fort que moi. Comme à cette seconde où je me rapprochais d’elle et dégageais sa nuque pour y déposer mes lèvres.



Revenir en haut Aller en bas
« Casey H. Forsythe »


Casey H. Forsythe

Messages postés : 52
à San Diego depuis : 10/11/2010
Emploi/Situation : Etudiante

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptySam 27 Nov - 12:29

J'avais envie de croire que notre rencontre, aujourd'hui, ne s'était pas faite par hasard. Ca n'était pas par hasard que nous nous étions retrouvés sur la plage, que nous avions commencé à nous parler, et que nous avions commencé à retrouver tout ce qui avait fait notre relation quatre ans plus tôt.

Outre l'amour, celle-ci avait parfois aussi été composée de quelques disputes... Parce que lorsque Logan et moi avions un avis différent, nous étions tous les deux tout aussi bornés, jamais prêts à accepter que nous avions tord. Oui, nous étions aussi têtus l'un que l'autre. Mais en plus d'être têtu, Logan me semblait inconscient. Comme toujours, il se croyait invincible. Bien entendu, je ne pouvais pas changer cela. C'était dans sa façon d'être, et je ne pouvais pas le lui reprocher non plus. Après tout, il était bien plus agréable d'avoir un homme comme lui à ses côtés plutôt qu'une mauviette qui fuit au moindre obstacle venu. J'en étais consciente. Je savais que c'était un homme, un vrai, qu'il me fallait, et que c'était aussi en partie pour ça que j'aimais Logan. Parce qu'à ses côtés, je me sentais plus en sécurité que n'importe où ailleurs ; parce qu'à ses côtés, j'avais déjà eu l'impression d'être invincible, moi aussi. Et si cette impression était partie à présent, car la peur était trop forte, il n'empêche qu'il me faisait me sentir plus forte. Plus apte à affronter les obstacles que la vie me ferait rencontrer. Parce que je savais que, quoi qu'il arrive, il serait à mes côtés. Il m'aiderait à me relever de n'importe quelle situation, simplement avec son amour. C'était ce qui faisait son charme, ce petit côté justicier, Prince charmant venu sauver la demoiselle en détresse. Et si j'appréciais sa protection, son envie de me faciliter la vie, je déplorais en revanche qu'il ne voie pas la menace que représentait mon père. Il était une menace pour notre couple. Pour lui. Pour moi. Parce qu'il était – ou avait été du moins – prêt à tout pour s'assurer que Logan et moi ne finirions pas ensemble. Et mon père, contrairement à Logan, n'avait aucune limite. Alors, si Logan se mettait en travers de son chemin, je savais très bien comment cela se terminerait : Mon père trouverait un moyen ou un autre de nous séparer, encore une fois, pour nous rendre tous les deux plus vulnérables, et pour pouvoir nous atteindre plus facilement. Et je refusais d'envisager cette éventualité. Je refusais que mon père vienne une nouvelle fois se mettre entre nous. Parce que nous venions à peine de nous retrouver, et que j'avais cette impression que nous avions encore toute une vie à construire ensemble, une vie que j'espérais belle et heureuse, pleine d'amour et de joie. Or, tout cela n'était possible que si mon père ne faisait pas partie de nos vies.

Ca, Logan l'avait bien compris. Et c'était peut-être pour cette raison qu'il voulait affronter mon père en face, le remettre à sa place une bonne fois pour toutes, pour s'assurer que jamais plus, ce que nous avions vécu pendant quatre ans ne vienne à se reproduire. Mais rien ne lui garantissait qu'il sortirait vainqueur de cette confrontation. Rien ne lui garantissait qu'il obtiendrait gain de cause, et que mon père finirait par s'avouer vaincu. Qui sait, peut-être même réussirait-il à avoir le dernier mot sur lui... Alors, ça n'était pas que je n'avais pas confiance en Logan, ça n'était pas que je ne croyais pas en sa bonne volonté et en sa capacité à faire plier des gens comme mon père, mais j'avais simplement peur pour lui. Une peur qu'il pouvait aisément comprendre. Car s'il avait besoin de me protéger, il en allait de même pour moi. J'avais besoin de le savoir en sécurité pour aller bien. Parce que nous étions liés plus que je ne le serai jamais avec quiconque. Son bonheur faisait le mien, sa sécurité me rassurait. C'était aussi simple que ça. Aussi simple que deux et deux font quatre. Que son cœur et le mien ne faisaient qu'un. C'était dans l'ordre des choses, tout simplement.

Oui, j’avais peur pour lui, et c’était cette peur qui me faisait parler, elle qui m’obligeait à raisonner Logan. Parce que si je n’intervenais pas, je savais que Logan prendrait un risque pour moi : celui de subir la colère de mon père. Cette dernière, nous l’avions assez subie. Aujourd’hui, tout ce que je voulais, c’était me débarrasser de ce passé si douloureux que nous avions en commun – même si je savais pertinemment que je ne pourrais jamais oublier ces quatre dernières années, tout comme je ne pourrais pas les nier : elles avaient fait de moi ce que j’étais à présent – et envisager avec lui, s’il le voulait, bien entendu, que nous reconstruisions quelque chose. Bien sûr, je ne disais pas que tout serait facile. Que l’avenir que nous aurions ensemble serait sans embuches. Je savais que nous aurions beaucoup de choses à affronter, beaucoup de choses à mettre à plat… Et il nous faudrait simplement un peu de temps pour ça. Un peu de temps, et beaucoup d’amour. Du temps pour nous retrouver, pour redevenir un couple à part entière… Du temps pour mettre le passé de côté, et pour accepter d’avancer, ensemble, main dans la main, comme avant. Tout cela ne se ferait pas du jour au lendemain, j’en avais pleinement conscience. Et ça ne me dérangeait pas d’attendre. Je savais en revanche que les choses étaient différentes pour Logan et qu’il avait souvent tendance à se montrer bien plus impatient que moi.

Cependant, à certaines occasions, il savait se montrer patient… Et il l’avait visiblement été, ces dernières années, puisqu’il avait à la fois pris le temps de m’attendre, mais aussi de réunir des preuves compromettantes au sujet de mon père. Des preuves qui, disait-il, pourraient l’envoyer en prison. Je devais avouer que j’étais légèrement surprise par sa révélation. Je n’étais cependant pas surprise par le fait que mon père ait fait des actes répréhensibles, non, car s’il y avait bien une chose que j’avais apprise ces quatre dernières années, c’était bien qu’il était capable de tout. J’étais surprise, en revanche, que Logan ait quelque chose sur mon père, qu’il sache que les flics l’avaient dans le collimateur. Toute cette histoire m’intriguait… Une part de moi aurait aimé savoir ce que Logan avait contre lui, ce que mon père avait bien pu faire pour qu’il risque la prison. Mais à côté de ça, une autre part de moi n’était pas prête à entendre toute cette histoire, à en savoir plus sur cet homme qui me dégoûtait déjà assez comme ça. La curiosité étant cependant installée en moi, je n’avais pu m’empêcher de demander à Logan d’où tenait-il de si « sûres » informations concernant ce qu’il avançait. Il s’approcha à nouveau de moi, avant de répondre :

« T’es pas sans savoir que j’ai pas toujours été le « gentil petit Logan ». Je connais du monde et Andy avait des relations. Toujours est-il qu’aujourd’hui, le petit business de ton père est suivit de très près par la brigade financière et les stups… peut être même que ça va plus loin que ça… »

La brigade financière… Les stups… Plus loin que ça ? Qu’est-ce que mon père avait bien pu faire pour qu’il en soit arrivé là ? Je poussais un léger soupir. Quoi que ce soit, je ne voulais pas savoir. Pas maintenant. Je crois que je n’étais tout simplement pas prête pour ça. Je voulais avoir le temps de retrouver une vie « normale », de retrouver goût à celle-ci, avant de devoir faire face à d’autres problèmes, ou d’apprendre d’autres mauvaises nouvelles. J’en avais besoin pour tout simplement tenir mentalement, pour ne pas me laisser submerger à nouveau par ce qu’il y avait de plus négatif dans ma vie. J’avais besoin de choses, de personnes – comme Logan et Courtney – auxquelles me raccrocher pour ça. C’est pour cette raison que je n’en dis pas plus, que je ne répondis rien, et que je ne posai plus aucune question à ce sujet.

Mais le sujet de mon père, de ses agissements et de l’éventualité qu’il aille en prison lancé, nous étions forcément obligés d’en parler. Et c’est ce que nous fîmes. Et quand Logan accepta finalement de ne rien faire directement, de simplement donner tout ce qu’il avait à la police s’il venait à se manifester une nouvelle fois dans nos vies, je ressentis un grand soulagement. Parce que s’il agissait de la sorte, si mon père était effectivement emprisonné – à condition qu’il le soit, bien sûr – alors nous serions en sécurité. Et il ne s’en prendrait à aucun de nous, surtout pas à Logan… jusqu’à ce qu’il ne sorte, bien sûr. Alors, bien que soulagée, j’avais toujours cette inquiétude qui m’habitait. Celle que mon père échappe à la justice, d’une manière ou d’une autre, et qu’il finisse par vouloir se venger de Logan.

« Dans la probabilité où ton père échapperait à la justice, toi, Court’ et moi serions mis sous protection. », me dit-il pour me rassurer.

Sous protection ? J’étais sceptique. Je pense que ça devait se voir à mon regard. Cependant, je préférais ne rien répondre, ne pas remettre sa parole en doute. Je ne voulais pas le blesser, qu’il pense que je n’avais aucune confiance en lui et en ce qu’il racontait, car ça n’était pas le cas, bien au contraire.

« J’y tiens à mon heure de gloire ! C’est pas tous les jours que j’peux être un héros… ton héros ! »

Je secouai légèrement la tête. Il était déjà un héros. Mon héros. C'était lui qui m'avait sauvée, il n'avait pas besoin de faire quoi que ce soit de plus. Sa simple présence me suffisait.

« Mais tu es déjà mon héros, Logan. Tu n’as pas besoin de faire ça pour l’être. »

Je secouai à nouveau la tête comme je l’aurais fait face à un enfant aux propos incohérents. Décidément, j’aurais tout entendu. Pensait-il sincèrement qu’en affrontant mon père, en lui laissant la chance de s’attaquer à lui, il agirait en héros ? Il ne se doutait pas de tout ce qu’il avait déjà fait pour moi, ça se voyait. Il finirait par le savoir, c’était certain. Mais se verrait-il comme un héros le jour où nous parlerions des sujets les plus sensibles et de ce qui m’avait permis de m’en sortir ? Certainement pas. Il dirait que j’avais été forte. Tout au plus que ça avait été notre amour qui l’avait été. Jamais il n’envisagerait d’avoir été en grande partie responsable de ma guérison, de ma liberté, et de cette force qui m’habitait. Et pourtant… Je lui devais tout.

« Mais enfin, tu m’connais… Tu crois vraiment que j’irais me jeter sous les roues de la limousine de ton père parce que je veux qu’il soit mis derrière les barreaux ? J’tiens quand même à ma peau. Et ça serait dommage que ma jolie petite gueule soit abîmé. Tu crois pas ? »

Du Logan tout craché. Toujours ce besoin de faire usage de l’humour pour détendre une atmosphère. Pour me détendre, moi aussi, pour faire disparaitre cette mine inquiète sur mon visage. Et ça avait le don de marcher. Pendant quelques secondes, je le regardais, avec ce demi-sourire après avoir entendu ses mots. Mais l’inquiétude reprenait bien vite sa place. Parce que je ne rigolais pas avec sa sécurité, et sa vie. Je dépendais trop de lui pour oser en rire. C’est pour cette raison que je n’ajoutai rien.

Et puis, ce qui devait arriver arriva. Mon inquiétude et ma colère, mon agacement à voir que Logan ne m’écouterait peut-être pas avaient fini par faire naitre quelques larmes au coin de mes yeux, des larmes que Logan s’était empressé de chasser en déclarant que mon père ne méritait pas que je les verse pour lui, ce à quoi j’avais répondu qu’il ne méritait pas non plus que Logan perde son temps avec lui. Logan haussa alors les épaules, avant de me répondre :

« Le temps que je perds avec lui, je le gagne avec toi. J’trouve que c’est plutôt un bonne manœuvre. Et puis la roue finit toujours par tourner… ta simple présence ici me le prouve. »

Je secouai la tête en signe de négation.

« Ca, c’est ce que tu crois. En vrai, le temps que tu perds à t’occuper de lui, tu ne le récupèreras pas, Logan. Du temps, on en a assez perdu comme ça, tu ne crois pas ? Si la roue tourne, comme tu le dis si bien, alors laisse la tourner, et mon père finira par avoir ce qu’il mérite, sans qu’on soit impliqué dans quoi que ce soit, sans qu’on s’expose à lui une nouvelle fois »

C’était peut-être lâche, de vouloir fuir toute confrontation, quelle qu’elle soit. Mais être courageux n’apportait jamais rien de bon. Parfois, il valait mieux être lâche, pour se préserver. Et j’étais prête à l’être, si cela m’assurerait que Logan et moi serions en sécurité.

Notre conversation évoluant, bien d’autres sujets avaient été abordés. Et tandis que nous étions rentrés chez lui, nous en étions venus à parler de mon logement. Logan voulait que je vive ici, pour le moment, plutôt qu’à l’hôtel. Parce que cela ne me coûterait rien, mais aussi parce qu’il pensait que c’était un endroit dans lequel je serai plus en sécurité, ce sur quoi je le rejoignais finalement. J’avais donc fini par accepter sa proposition et par lui avouer – à mon plus grand désespoir – qu’il avait raison. Jamais je n’aurais dû prononcer ces trois mots car, si tôt passé mes lèvres, Logan voulu que je les répète. Malheureusement pour lui, il n’était pas prêt de m’entendre lui parler comme ça à nouveau.

« J’suis patient. Je t’aurais au moment où tu t’y attendras le moins. », dit-il, fier de lui.

J’esquissai un léger sourire. Je savais que dans le fond, il avait raison –encore une fois. Qu’il pourrait finir par me soutirer un nouveau « Tu as raison ». Parce que face à lui, face à ses charmes, j’avais bien souvent fini par abdiquer. Parce qu’il avait ce don de faire de moi ce qu’il voulait. Un regard, une caresse, un baiser, et j’étais sienne. Mais cette fois, j’essaierai d’être plus forte. De résister et de lui montrer que je savais moi aussi me montrer très bornée quand je le voulais – bien qu’il le sache déjà.

Je lui avais fait part d’une condition, si je venais vivre chez lui : je voulais éduquer son chien. Ce qu’il qualifiait de mission impossible. J’avais beau lui assurer que ça ne serait pas impossible, que son chien finirait bien par m’écouter et par succomber à mes charmes, Logan n’en croyait rien. J’avais alors mentionné ce que nous, les femmes, avions en plus, cette petite chose à laquelle aucun mâle d’aucune espèce ne pouvait résister, pas même Hendrix.

« Aucun mâle, d’aucune espèce, ne peut résister ?! Laisse-moi rire. Tu changeras d’avis lorsqu’il se sera décharné sur tes biens. Crois-moi, avec lui… il ne faut même pas laisser un placard entrouvert. Car si tu le laisses seul avec une balle de tennis, t’es certain que dans la journée il aura réussi à te construire un parcours de golf! »

Je ne pu retenir un léger rire à sa comparaison. J’étais certaine qu’il dramatisait, et que son chien n’était pas si pire que ça… Et puis, des biens, je n’en avais que très peu. Parce qu’en arrivant à San Diego, je n’avais eu pour seuls biens que ce que j’avais porté sur moi. Et si Court’ m’avait gentiment passé quelques vêtements, quelques paires de chaussures qu’elle ne portait que rarement – puisque nous faisions presque les mêmes tailles -, je savais pertinemment que je devais lui rendre ces derniers un jour ou un autre. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’avec un peu de l’argent qu’elle m’avait laissé, j’avais été faire les magasins, comme avant. Alors, Hendrix ne serait pas un problème pour moi. Car il n’y aurait pas grand-chose qu’il pourrait détruire. Et quand bien même il passerait à l’action, alors, ça me ferait une bonne excuse pour avoir à racheter d’autres choses.

« On verra bien. Qui ne tente rien n’a rien, comme on dit, non ? » finis-je par demander sur un ton légèrement malicieux.

Notre conversation s’allégeait, et nous retrouvions, au fil des mots, des remarques, des regards échangés, notre complicité d’antan. Et rapidement, des sous-entendus s’étaient immiscés entre nous, des sous-entendus qui me rappelaient le passé, tous ces moments que j’avais passés avec lui, à rire, à parler de la sorte. Tous ces moments passés à l’aimer, à le désirer. A ne vouloir qu’une seule chose : qu’il fasse partie intégrante de ma vie, et ce pour toujours. Je me rendais compte que mes sentiments à son égard n’avaient pas changé. Pas le moins du monde. Ils étaient peut-être même plus forts, si c’était encore possible. Et si, au début, j’avais été plus réservée qu’auparavant, si au début je n’avais pas vraiment su comment agir en sa présence, il avait rapidement su me mettre un peu plus à l’aise, au point que nous nous parlions ouvertement sans qu’aucune gêne comme celle que nous avions ressentie plus tôt, ne s’immisce entre nous.

« Ton professeur avait vraiment du métier hein ! J’en connais qui ont dû y prendre un sacré plaisir ! »

J’esquissai un sourire à sa remarque, avant de répondre, sur un ton amusé :

« Tu crois pas si bien dire… »

Il était bon de le retrouver de la sorte. De parler avec lui comme j’aurais pu le faire quatre ans plus tôt et de voir que lorsqu’on le voulait, notre relation était presque intacte. Parce que, si j’avais effectivement été heureuse de le retrouver, j’avais en revanche été mal à l’aise, au début, en sa présence. Un malaise qui s’expliquait par toute cette distance qu’avaient instauré entre nous ces quatre années de séparation. Et plus je passais du temps avec lui, plus le malaise s’atténuait. C’était comme si nous n’avions jamais été éloigné l’un de l’autre…

Et forcément, toute cette complicité, tout ce bien être que je ressentais en sa présence appelaient à bien plus de choses, à bien plus de contact physique, un contact que Logan s’était chargé de faire, et qui m’avait fait perdre la tête. Quand j’avais senti ses mains sur moi, son corps contre le mien, son souffle contre ma peau, je n’avais pu résister plus longtemps à cette tentation de l’embrasser. Alors, je l’avais fait. Je lui avais donné un baiser. Un baiser très bref, après lequel je m’étais excusée, avant de m’éloigner de lui. Pourquoi avais-je réagi de la sorte ? Parce que j’avais peur, tout simplement. Peur de m’engager dans une voie qui m’était interdite. Peur que toute cette complicité, tous ces regards, ne signifient rien et qu’en réalité, Logan n’ait pas envie que l’on reforme le couple que nous avions été. Après avoir bu un verre, je lui avais dit ce que j’avais sur le cœur. Pour avoir des réponses, avant que je n’imagine trop de choses, avant que je n’espère trop de choses de sa part. Pour éviter d’être déçue, et d’avoir à trop souffrir. Et s’il m’avait avoué la présence d’autres filles, il m’avait cependant bien fait comprendre qu’elles disparaitraient de sa vie, si je le voulais. Bien sûr que je le voulais. Je le voulais pour moi toute seule. Je voulais être la seule dans son cœur, et dans sa vie. Et je savais que cette pensée était égoïste, que Logan n’était pas un objet, qu’il n’était pas ma propriété. Et pourtant, l’idée qu’il me soit une nouvelle fois enlevé, par quiconque, m’était inimaginable. Parce que je l’aimais, tout simplement. Je le lui avais dit, en ces termes plus ou moins exacts. Et tout ce que Logan m’avait fait remarquer, c’était que je lui avais avoué que je l’aimais. D’abord embarrassée, j’avais fini par lui dire que c’était effectivement le cas, et qu’il le savait déjà. Et si Logan admit le savoir, il objecta cependant, en déclarant qu’il aimait quand je le lui prouvais. J’aurais pu l’embrasser, pour le faire taire. Céder à sa provocation. Mais je n’en avais rien fait. Au lieu de ça, j’avais répondu que c’était simplement pour renforcer son égo de mâle dominant.

« Mâle dominant, tout de suite les grand mots ! Mâle tout court suffit, tu sais. »

Je lui lançai un regard sceptique.

« Pas pour toi. Parce que tu es bien supérieur aux autres et que tu attires toutes les femmes à tes pieds. »

Je lui souris. Voilà qui, pour le coup, devrait renforcer son égo, quel qu’il soit.

La situation étant mise au clair, il s’était approché de moi, pour m’embrasser. Cédant à son tour à la tentation. Mais son baiser n’avait rien à voir avec le premier que je lui avais donné. Son baiser était fiévreux, plein d’amour, de désir, et j’y répondais avec autant d’ardeur. Nous nous embrassâmes plusieurs fois, comme si c’était la dernière. Ses bras, ses gestes, suffisaient à remplir ce vide que mon cœur avait ressenti pendant ces quatre années écoulées. Dans ses bras, oui, je me sentais enfin entière. Il réveillait en moi des sentiments éteints depuis bien longtemps, il faisait renaître en moi toutes ces sensations qui me donnaient l’impression d’être enfin envie. Je n’avais pas été aussi bien depuis ce qui me semblait être une éternité. Et si nous avions mis fin à nos baisers, je ne m’étais cependant pas éloignée de lui. J’étais restée dans ses bras, la tête reposant sur son épaule, à savourer le plus simplement du monde ce moment si précieux qui nous était offert. Et puis, quelque chose avait attiré mon attention. Son alliance. Quand j’en avais parlé, je ne m’étais pas attendue à instaurer le moindre malaise. Je ne savais pas que le sujet était plus ou moins sensible, pour lui. Néanmoins, il avait accepté de m’en parler, de m’expliquer ce qu’avait représenté cette alliance pour lui. J’avais été touchée par ses mots et sa sincérité. Et je lui avais affirmé que jamais pus, je ne le quitterai. Et si je venais effectivement à quitter San Diego, pour une raison ou pour une autre, ça ne serait qu’avec lui. Parce que la vie, ici ou ailleurs, ne valait pas la peine d’être vécue, s’il n’était pas à mes côtés. Et puisqu’il avait été d’une totale honnêteté avec moi, je lui avais avoué que je n’avais plus mon alliance. Ce dont il ne me tint pas rigueur, puisque pour lui, ça n’était pas le principal. Et puis, comme il me l’avait dit, il ne pouvait pas m’en vouloir bien longtemps. J’étais à nouveau soulagée d’un poids. En apercevant son alliance, plus tôt sur la plage, j’avais eu peur de ce moment où je lui avouerai que je n’avais pas la mienne. J’avais eu peur qu’il pense à cause de cela que notre mariage, notre amour, n’avaient eu aucun sens pour moi. Mais c’était bien entendu faux. Parce que rien n’avait jamais plus compté en ce monde que notre histoire, et notre amour.

Nous revînmes alors au sujet premier que nous avions abordé : la nourriture. J’étais censée cuisiner, mais avec Logan qui était venu me perturber, j’en avais complètement oublié la tâche que je devais accomplir, tâche à laquelle j’allais me remettre sans plus tarder, bien que je ne sache pas encore exactement ce que j’allais lui concocter.

« Pas de sandwich banane-beurre de cacahuètes… vraiment ?! Tu sais que j’ai la liste des meilleurs traiteurs de la ville ? »

Je soupirai, feignant l’agacement. Mais pas n’importe quel agacement, mais un bien particulier… Celui que pourrait ressentir une mère en entendant son fils critiquer son idée de repas, simplement parce que celui-ci ne lui convenait pas.

« Tu pourras toujours te faire des sandwichs quand tu seras seul, si tu y tiens tant… Et je n’ai pas besoin de la liste des meilleurs traiteurs de la ville, je t’en remercie quand même. Figure toi que quand tu auras goûté mon plat, tu renonceras même à cette liste. » Ajoutai-je avec une certaine fierté dans la voix.

Ce que je disais était prétentieux, oui… surtout que je n’avais encore qu’une vague idée de ce que j’allais lui cuisiner. Ca n’était pas évident, car s’il avait un peu de tout dans son frigo, il fallait le reconnaitre, il y avait aussi beaucoup d’extrêmes. Ce dernier contenait quelques plats peu équilibrés et des légumes… A croire que sa mère avait voulu lui faire manger quelque chose d’équilibré entre deux plats vite fait préparés. Et les légumes, c’était une très bonne idée. C’était bon pour la santé. Et quand c’était bien cuisiné, c’était bon tout court alors…. Tout ce qu’il me restait à faire, c’était à m’appliquer, et Logan aurait un plat digne de ce nom.

M’appliquer, j’étais bien décidée à le faire et c’était pour cela que j’avais demandé un couteau à Logan, ainsi qu’un plat. Je le vis plisser les yeux à ma demande, avant de me répondre :

« Quoi ? Te donner un couteau ? Tu tiens déjà à te débarrasser de moi et me découper en rondelle ? T’as une drôle de façon de me prouver que tu m’aimes… »

Levant les yeux au ciel, je répondis dans un ton qui se voulait faussement sérieux, tandis que je récupérai le couteau et le plat qu’il me tendait :

« Oh, mais rassure-toi, le couteau n'est pas pour toi Logan, il me servira à découper la première qui t'approchera. »

Je lui lançai un sourire malicieux, avant de me reconcentrer sur ma cuisine. Ce qui, entre nous, n’était pas bien facile puisque je sentais son regard posé sur moi. Je tentai de faire bonne figure, de ne pas montrer la moindre hésitation dans mes gestes. Je pris une première courgette, que je commençai à découper quand il reprit la parole :

« Tu sais que j’t’en voudrais pas si jamais tu décidais de vouloir abandonner l’idée de me faire avaler des légumes… dans un plat élaboré ? »

Je pouvais sentir, rien qu’au son de sa voix, qu’il souriait en disant ça. Et il me faisait sourire aussi. Je secouai la tête, avant de répondre :

« Mais moi, j’men voudrais, si je ne tenais pas parole. Je veux que tu voies que je ne suis pas totalement bonne à rien, car lorsque je le veux, je sais très bien - »

Je m’arrêtai instantanément lorsque je sentis sa main dégager ma nuque. Je frissonnai à ce contact, encore plus lorsque je sentis ses lèvres s’y déposer. Je fermai les yeux, pour mieux savourer cette sensation que ses baisers me procuraient. Si bien que je finis par sentir la lame du couteau effleurer mes doigts. J’avais failli me couper… Ca avait été de justesse, tout ça parce qu’il avait –encore – eu la brillante idée de me perturber. Je lâchai le couteau doucement, pour poser ma main derrière sa nuque, comme pour l’inciter à continuer, à ne pas s’arrêter. Ses baisers, aussi doux fussent-ils, étaient un pur délice. Une douce torture. Du plaisir à l’état pur. Et bien plus de choses encore. J’aurais aimé qu’il ne s’arrête jamais. Qu’il continue, encore, que ses lèvres descendent jusqu’à mon épaule, et qu’elles continuent leur chemin, à la naissance de ma poitrine, et sur tout le reste de mon corps. J’aurais aimé qu’il redécouvre mon corps tout entier de ses douces lèvres qui laissaient sur ma peau comme des trainées brûlantes. C’était injuste. Injuste qu’il me perturbe de la sorte, qu’il joue ainsi avec moi. Il allait me rendre folle. Complètement. Poussant un léger soupir de plaisir, je parvins à dire après quelques secondes :

« Si tu crois que tu pourras me perturber, Logan, tu te trompes lourdement. »

Comme mes mots sonnaient faux. Je n’avais jamais été une très bonne menteuse, et je pense que c’en était la preuve. Car si je tentais de faire bonne figure, de faire comme si j’étais imperturbable, je n’étais en réalité plus du tout concentrée sur ce que j’avais à faire. A vrai dire, j’étais à mille lieux de cette cuisine. Mon corps était dans les bras de Logan, et mon esprit, lui, s’était envolé. Tout ce qui restait de moi, c’était cette envie, ce désir que j’éprouvais en sa présence. Et c’était encore plus intense que précédemment, peut-être parce que nous nous étions parlés ? Je n’en savais rien. Toujours était-il que j’avais perdu le fil, et que je ne savais plus où j’en étais. Voilà pourquoi j’avais toujours été mauvaise cuisinière. Car, en plus de ne pas avoir de talent particulier en la matière, il fallait toujours qu’il vienne pour me perturber de la sorte. Et croyez moi, quand un homme comme lui s’approchait à quelques centimètres de vous, vous en perdiez vite la tête…


Revenir en haut Aller en bas
« C. Logan Matthews »


C. Logan Matthews

Messages postés : 73
à San Diego depuis : 02/10/2010
Emploi/Situation : barman

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyJeu 2 Déc - 0:35



Le hasard pouvait-il réellement avoir sa place dans nos vies ? Qu’elle réapparaisse dans ma vie au moment où j’en ai le plus besoin. Ce genre de coïncidence n’existe pas. J’ai de plus en plus de mal à croire que si elle est là, c’est parce que quelqu’un là-haut veut me voir trouver la paix. Trouver ma voie. Sa présence m’est bénéfique par bien des aspects. En apparence on peut imaginer que j’ai tout d’un mec équilibré. Sauf que la souffrance est mon lot quotidien depuis quatre ans. Depuis le jour où je l’ai perdu.

A l’époque, j’aurais dû être plus curieux. Car il était impossible qu’elle renonce à ses vœux de mariage. Au fond de moi, je le savais. Mais son père étant une figure de cette ville, je n’avais rien tenté. Et puis au culot, j’avais fini par aller demandé de ses nouvelles. Et le voilà qui déboulait dans le bar, visiblement prêt à me faire la peau. S’il voulait jouer au punching-ball, grand bien lui fasse, je lui aurais rendu coup pour coup. Pour ça, Andy me connaissait et me canalisait de son mieux. Je ne pourrais jamais assez le remercier pour ça et toutes ses choses qu’il a pu m’apprendre sur moi-même. Finalement je n’étais pas de cette trempe de petit morveux qui ne sait rien faire de ses dix doigts. J’ai un talent prononcé pour la gestion d’un bar et pour la musique. Qui l’aurait cru hein ? Andy, ma mère… et peut être Casey. Oui Casey, elle semblait avoir toujours eu une confiance aveugle en moi. Toujours est-il qu’aborder le sujet de son père n’était une de mes plus brillantes idées. Pourtant, on ne pourrait pas rester dans le blanc des yeux sans crever l’abcès.

Un abcès qui avait voulu l’éloigner et me l’enlever durant plusieurs années. Au fil du temps, j’en étais venu à prendre des renseignements sur son père. A le suivre à l’occasion. Mon intuition était bonne et même si ça m’avait déjà valu plusieurs mises en gardes, je n’en avais que faire. Car tout ce qui me motivait c’était qu’à force, je finirais par trouver suffisamment de preuve et/ou de témoignages pour prouver que M. Forsythe n’était pas l’homme qu’il prétendait être. Avec ça, j’avais dû mettre de côté tout ce qui concernait Casey. Avais-je conscience du danger qui m’incombait en m’en prenant à son père ? Oui et non. J’étais dicté par une colère sourde. Celle-là même qui me revient encore plus violente à cet instant. Il me suffit juste de me remémorer les propos de Casey dans sa lettre. Tant de souffrances me tuent. Aller jusqu’à enfermer, droguer et retirer son propre petit fils, est d’une cruauté que je n’avais pas imaginé au départ. Mais ces faits apporte de l’eau à mon moulin et bientôt, je le sais, il finira derrière des barreaux. Quant à moi, j’en arriverais certainement à devoir changer d’identité si les autorités estiment mon témoignage crucial. Casey ne savait pas ce qui se tramait. La garder en dehors de ça me détruit lentement. J’aimerais qu’elle sache mais ça revient à l’impliquer dans une course folle. N’a-t-elle pas besoin de stabilité en ce moment ? De plus son père, sa famille est un sujet trop sensible. Dois-je pour autant lui mentir ? Toujours est-il que je ne lui cacherais pas la vérité, si elle venait à me poser des questions. Son père viendrait à être mener devant un tribunal pour différentes fraudes fiscales et un lourd trafic de stupéfiant. Et mon témoignage sera crucial. Sauf que pour le moment, je devais me faire oublier. Ainsi assurer la protection de Casey est primordial. Car s’il sait que sa fille est de retour à San Diego, des répercussions seront à craindre.

Elle pense que j’en fais trop, que je me crois invincible. Sauf que, ignorant la moitié de la situation, elle ne sait pas combien j’ai peur de la perdre pour de bon. L’aimer et la laisser à nouveau pénétrer dans mon existence, peut-il être une erreur de ma part ? Certaines personnes oseront affirmer que je suis un crétin. Que ma vie est déjà mal barrée avec un Forsythe sur le dos. Alors si en plus, Casey se retrouve à mon côté, je suis clairement bon pour subir une mort lente et douloureuse. Sauf que pour elle, je suis prêt à tout. Ce que bien peu de personnes ont compris. Elle est tout ce compte dans mon existence. Elle est mon passé, mon présent et mon futur. Mon nord, mon est, mon ouest, mon sud. Ma boussole. La seule personne capable de m’aider à me trouver, à m’aider à vivre.
Je la connaissais sur le bout des doigts. Sur plusieurs plans, on pouvait se ressembler que c’en était déroutant. Elle avait peur de ce que son père pouvait me faire et c’était la raison pour laquelle, elle était contre mon plan initial. Mais bientôt les flics devront nous protéger. Lorsque la justice décidera d’inculper son père. Mais pour l’instant, je me devais de rester dans l’ombre. Chose qu’elle apprendrait bientôt. En revenant dans ma vie, je ne pouvais pas l’écarter de ce qu’il adviendrait des mois à venir.

Peut-être ne sommes-nous pas un couple à cet instant précis mais, je ne pouvais me résoudre à la garder à l’écart, même si ça s’avérait nécessaire pour sa sécurité. Car ensemble, tout a toujours été plus simple. C’était tout ou rien. Et quitte à souffrir, je savais qu’elle me soutiendrait et m’aiderait à m’en sortir. Ainsi, cette décision prise, elle saurait tout. Au moment voulu. Ce qui s’avérera être sous peu.

Ces dernières années m’ont été pénible, ont mis ma patience à rude épreuve mais je ne regrette rien. Sauf deux choses, qu’il m’ait enlevé les deux personnes les plus essentielles de mon existence. Andy et Casey. Mais je n’avais pas dit mon dernier mot. D’ailleurs je n’avais absolument rien dit en ce qui concernait l’accident d’Andy, même si je me mettais sérieusement à douter de cet accident. Se pouvait-il, que Forsythe ait pu mette en scène la mort de mon père ou littéralement l’assassiner pour me mettre en garde, que je n’étais pas inaccessible ? Pas impossible. Sauf que depuis des années, je fais profil bas. Se peut-il qu’il se questionne à mon sujet ? La question me turlupine mais je n’ose pas aborder ce sujet avec Casey, ça devrait attendre. Tout était trop fragile entre nous à cet instant. Je devais faire preuve de patience à son égard. Et la protéger du mal qui rôde autour de nous. Entre regard et soupir, je prenais conscience qu’elle devait avoir du mal à intégrer tous mes propos. Tout comme, ça devait commencer à l’agacer que je fasse cavalier seul. Elle avait peur pour ma sécurité et je comprenais cette inquiétude. Mais elle n’était pas sensé me protégé. J’étais assez grand pour m’occuper de ça pour nous deux.

J’allégeais alors la conversation en souhaitant mon heure de gloire et sa réponse me fit doucement sourire. Qu’avais-je bien pu faire pour être son héros. Car à mes yeux, je n’avais pas fait grand-chose dans le passé pour que ça soit le cas. On s’était aimé, marié et je l’avais mise enceinte. On ne pouvait pas vraiment dire, que c’était mon heure de gloire. Où voulait-elle en venir en me confiant ça ?

« - Très intéressant dis donc. Je suis donc ton héros attitré… » Murmurais-je. « J’ai le droit à un indice supplémentaire ? » souris-je malicieusement.

Jouer avec elle, était si tentant. Si bon. Quatre années sans ça, ressemblait à un désert. Nous commencions à peine à nous reparler que chaque élément venait se remettre en place naturellement. Des choses qui pouvaient avoir un gout de réchauffer ou carrément nous remettre en selle ensemble. Et je n’en attendais pas moins que ça. Etre de nouveau celui sur qui elle compterait jusqu’à la fin de ses jours. Celui à coté de qui elle se réveillerait chaque matin.

Mes tentatives pour la rassurer ne semblaient marcher qu’à moitié. Cette mine inquiétude, je la connaissais que trop. Ma mère avait eu la même durant toute mon enfance. Et malgré ce demi-sourire qui traversa le visage inquiet de Casey, je sus qu’elle n’était pas convaincue. Que le temps aurait bien intérêt à régler la plupart de nos différents, car nos tempéraments respectif n’aideraient en rien, c’était couru d’avance.

Ses larmes me paralysaient. Je détestais être témoin de cette souffrance. Cette même souffrance dont son père était le premier responsable. A cet instant, je lui aurais bien mis mon poing dans la figure pour relâcher cette tension. Mais à la place, mes doigts vinrent effacer ses larmes bien que ça ne soulagerait pas les bleus au cœur qui pouvait la blesser. Je tentais donc de mon mieux de la convaincre que la roue finirait par tourner et que j’aurais bientôt, plus de temps pour elle. Sauf qu’elle me répondait que je devais oublier mon père. NE PAS M’IMPLIQUER. C’était trop tard. Beaucoup trop tard. Me pinçant les lèvres, je détournais les yeux. Je ne souhaitais pas en arriver à lui mentir, fourvoyer sa confiance. Non, l’honnêteté était trop importante entre nous. Je ne pouvais pas tout foirer maintenant.

« - Je suis déjà impliqué. Très impliqué… » Avouais-je dans un long soupir, osant enfin relever les yeux vers elle. Je restais vague et si elle voulait savoir, elle n’aurait qu’à me questionner. Je ne voulais pas la forcer à parler de son père. Ça serait son choix, sa décision. « Quoi qu’il en soit. Je serais là pour toi… Toujours. » Elle ne devait pas oublier ça. C’était bien trop important pour nous. Ensemble, on s’en sortirait. Même avec cette histoire avec son père, je ne la laisserais pas tomber. Elle est mon équilibre, ma vie, la plus belle chose qui ait pu m’arriver depuis bien longtemps.

Les conversations suivantes s’allégeant, j’en arrive presque à faire venir un sourire sur ce visage angélique qi m’a tant manqué. La situation pourrait en être risible. Chacun campé sur ses positions, fierté oblige, je ne lâcherais rien. Et elle non plus. Je la voyais se détendre progressivement et c’était un pur délice. Sa présence avait quelque chose de bénéfique sur moi. Chose qu’elle semblait avoir occulté. Quelle soit bel et bien là près de moi, m’apparaissait comme sortant d’un rêve. De toute façon, elle pouvait dire tout ce qu’elle voulait, elle finirait par craquer… et moi aussi, songeais-je sans l’admettre à voix haute. Car si elle est ma faiblesse, il me semble évidemment que je suis également la sienne. Du moins, on peut le remarquer selon les circonstances.

Elle allait vivre ici, dans cette maison où je ne resterais pas 24 heures sans venir y faire un petit tour. Mais ça, elle n’avait pas à le savoir. Quant à sa condition, j’avouais que je n’avais pas songé à ça. Ceci dit, elle peut faire comme bon lui semble, même si j’ai des doutes quant à une quelconque efficacité sur l’éducation d’Hendrix. Pas que je doute d’elle mais ce chien est un cabochard né. Son rire eut l’effet de me faire sourire. Dieu que c’était bon que tout revienne à la normale. Qu’est-ce que ce genre de moment a pu me manquer ! Sa réponse me fit doucement sourire. Ça ne lui couterait rien d’essayer après tout. Sauf peut-être quelques vêtements…

Quatre années s’étaient réellement déroulées ? A cette seconde, j’avais l’intime impression que ces années n’avaient existés. On retrouvait cette complicité qui nous était si cher. Les automatismes avaient quelque chose de très révélateurs. Cette tension animale, ce désir sous-jacent, le plaisir que nous prenions à jouer ainsi. Ces petites choses qui nous était fréquente à l’époque ressurgissait comme si de rien était. Et c’en était encore plus plaisant. C’était comme si nous ne nous étions jamais quittés. Chaque mot, chaque regard avait son importance. Et même ceux que nous ne prononcions pas, était d’une évidence accrue. Je sus alors que rien ne pouvait venir troubler notre relation. Parce qu’au-delà d’être fait l’un pour l’autre, on ne pouvait pas vivre l’un sans l’autre. Sa réponse avait le don de me faire sourire. Avec elle, je me retrouvais. Le Logan sombre, sinistre et broyant du noir s’évanouissait doucement. Et dieu sait que mes parents aurait été heureux de voir ça. Andy avait cru devenir complètement fou à me voir errer d’une pièce à l’autre, ressemblant à une loque qui ne savait pas quoi faire de sa peau.

Des moments révolus. Aujourd’hui, elle était rentrée et je pouvais enfin respirer. La toucher. En soi, ça pouvait sembler minime mais simplement lui tenir la main m’emplissait de joie. J’en avais tout autant besoin que de respirer. Ainsi lors de ce premier contact, je la sentis se raidir. Avait-elle subi d’autres traitements physiques dont je n’aurais pas connaissance ? Cette idée me révulse. Toutefois, je songeais plutôt à chasser cette idée lorsqu’elle céda soudainement, en comblant l’espace d’une très brève seconde, scellant nos lèvres. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle craque si vite. En même temps, quatre années, ça n’était pas rien. Ceci dit, je pensais prendre mon temps. Retrouve notre complicité, notre amitié n’était-il pas primordial avant de retrouver le bonheur au creux de ses bras ? Pas que ça me dérangeait. D’ailleurs, je l’empêchais rapidement d’instaurer cette distance entre nous. C’était trop tard. C’était maintenant ou jamais. Nous n’évoquions que quelque point de ce qui pourra être. Un point que je n’estimais pas primordial puisque je n’avais pas réellement quelqu’un dans ma vie. Même si plusieurs filles au bar ont voulu visiter mon lit. Ce qui en revanche risquait de s’avérer plus compliqué, sera le jour où elle décidera à venir au bar. Là, je crois que j’aurais intérêt à me montrer des plus clairs avec certaines filles, un peu trop démonstratives. Les paroles échangées suffisait à m’amuser et à me rendre compte de combien cet amour si pur pouvait transcender un homme. Elle aurait pu me demander de lui décrocher la lune, que je serais allé enfiler ma tenue de cosmonaute que je n’avais pas ! J’étais sa marionnette et à cet instant, elle n’en avait pas conscience. Tout ce qui comptait c’était elle. Elle était là. Près de moi. Dans mes bras. Plus rien ne comptait que ce moment. Et mes mots avaient tendances à l’amuser. Faut avouer qu’elle savait comment renforcer mon égo.

« - J’admets que j’ai pas mal de succès auprès des femmes. » poursuivis-je avec un sourire en coin. « Mais à quoi sert d’avoir des femmes quand on ne veut que celle qui n’est plus là ? Elles ne te sont jamais arrivées à la cheville, Casey. »

Un baiser pouvait-il tout arranger ? Tout changer ? A mes yeux oui. A cette seconde précise, plus que jamais. Ce désir, ce besoin de la sentir contre moi, son odeur, la texture soyeuse de sa peau, ce contact électrique et fiévreux, tant de détails qui me troublaient. Ses lèvres sous les miennes, le désir qui renaissait ne tarderait pas à nous transformer en animaux. Je le savais. Quatre ans, c’est long et encore plus lorsqu’on a vécu l’enfer. Pour ça, je prendrais mon temps et l’envelopperais de mon amour. Pour qu’elle sache qu’elle n’a pas attendu pour rien. Elle devait reprendre confiance en elle, en nous. On devait se soigner ensemble pour en sortir vainqueur. Le désir se mêlant au plaisir de cet instant, je détachais cependant mes lèvres des siennes. Il était trop tôt pour que nous allions plus loin. Ceci dit, je ne comptais pas rester à ne rien faire. La garder dans mes bras pour la soirée faisait bien parti de mes projets. Savourer la présence de l’autre serait un bon début. Quelques sujets sont alors évoqués. Mon alliance et la sienne qu’elle n’a plus en sa possession. Songe-t-elle à ça comme un problème ? Elle est le gage de notre amour mais considérant ce qu’elle a traversé, je ne peux lui en tenir rigueur. De plus, ça n’est pas comme si je n’avais les moyens de lui en offrir une nouvelle. Et puis qui sait, peut-être que la prochaine fois nos alliances auront quelque chose de supplémentaire ? Ses mots me touchaient. Divorcés ! On l’était et pourtant, on en était à se prouver notre amour l’un pour l’autre. Avions-nous une case en moins ? Parfois, je me dis vraiment que j’ai vraiment été un imbécile de signer ses papiers. Car il m’est évident à cette seconde qu’elle n’a jamais douté de notre mariage et encore moins qu’elle voulait divorcer.

Nous revîmes alors au sujet principal, qui était le dîner. Car j’avais faim et même si elle était une femme, qui entre autre devait savoir faire cuire un œuf, j’avais toujours en mémoire un certain dîner que j’avais dû avaler. Dîner qui aurait pu me couter ma peau. Si vous voulez du charbon, appelez Casey ! C’est aussi pour ça que je lui avais à nouveau proposé ma liste de traiteur. Et pas de sandwich banane-beurre de cacahuètes. J’haussais un sourcil. JE LA CONNAISSAIS BON DIEU ! Aaah, elle pouvait dire que j’étais borné hein ! Tête de mule ! Criais-je dans ma tête. Je devrais composer avec la chose qu’elle s’apprêtait à me préparer. Je posais un regard sceptique sur elle à sa dernière phrase.

« - j’veux bien croire que tu parviennes à ne pas me faire avaler de charbon mais… mes traiteurs… cette liste, il m’a fallu des années pour y avoir des entrées et quelques privilèges. Alors j’suis pas prêt d’y renoncer… chérie ! » Appuyais-je volontairement sur ce petit nom.

Et avant même que je sache ce qui se produisait, je lui fournissais un plat, parce que c’était sans danger, quant au couteau, je marquais une hésitation. Et ma remarque eut le don de lui faire lever les yeux au ciel. Ce sourire espiègle travers instantanément mon visage.

« - Oh… dans ce cas, j’devrais p’t’être leur envoyer de la poudre d’étoile pour leur souhaiter bonne chance… » Soufflais-je innocemment. « Intéressant… donc dans une autre vie, tu as dû être charcutière… j’devrais peut être me méfier et éviter de te mettre en rogne. Me voilà averti. »

C’était plus fort que moi. L’embêter était un rituel qui ne prendrait jamais fin. Simplement parce que c’était bon de la voir se détendre, savoir qu’elle n’avait absolument rien perdu de cette répartie avec moi et qu’elle se sentait de plus en plus à l’aise en ma présence. Ce que j’avais longtemps craint. M’éloignant légèrement, je tentais de lui laisser de l’espace bien que ça me coutait réellement. Ainsi j’observais chacun de ses gestes tout en levant mon verre à mes lèvres. Combien de temps ferait-elle bonne figure ? Il suffirait que je m’approche pour qu’elle cède, j’en étais convaincu. Pourtant je patientais encore tandis qu’elle coupait cette maudite courgette. Ma suggestion tomba inévitablement à l’eau mais je ne désespérais pas de manger un sandwich ou une pizza ce soir. Ses propos me firent secouer la tête. Cette fille était folle. Elle pensait réellement qu’elle n’avait aucune valeur. Aucun don. Aucune capacité ? Je m’approchais alors machinalement dans son dos. La perturber faisait partie de mes talents et attributions pour la soirée. Elle n’y couperait pas d’ailleurs. Je dégageais lentement ses cheveux de sa nuque avant d’y apposer les lèvres. Mon autre main glissant sur sa hanche, je l’empêchais légèrement de s’échapper. Sa réaction était immédiate. C’en était trop bon. Trop beau. Mes lèvres glissèrent dans son cou remontant méthodiquement derrière son oreille.

« - Je sais de quoi t’es capable. Je te demande pas de me faire un risotto… juste de te détendre et d’être toi-même… de te confier, de m’aimer… d’être cette tête de mule de Casey Forsythe que j’aime. » Soufflais-je à son oreille avant de prendre le lobe entre ses dents, tirant légèrement dessus.

Si elle se croyait imperturbable, c’était à ses risques et périls. Car je ne comptais pas la laisser tranquille plus de deux minutes. Il n’était pas question qu’elle remette les pieds dans cette cuisine… pour cuisiner. Oh non ! Faisant glisser ma main le long de son bras libre, mes doigts s’entrelacèrent aux siens. Ma main libre se posa avec possession sur sa taille puis son ventre alors que ses doigts me caressaient la nuque m’incitant à continuer mes caresses. A ce rythme nous finirions par céder à la tentation et à faire l’amour trop prématurément. Il nous fallait du temps. Même si l’envie et le désir nous transcendait. Nous devions nous retrouver avant ça. Mes lèvres dérivèrent vers sa joue puis sa mâchoire, lorsqu’elle me prononça ses quelques mots.

« Quelle arrogance ! Tu sais que tu vas être châtié pour tant de provocation… et je vais me faire un véritable plaisir de te donner une bonne leçon. » Murmurais-je contre sa peau, lorsque ma main posé sur sa taille entra enfin en contact direct avec sa peau. Réprimant un frisson, on était à deux doigts de plonger directement dans un monde merveilleux où seul le plaisir a une place véritable.

Je me détachais alors subitement, la laissant, irrémédiablement troublé de désir dans la cuisine. Je savais qu’elle me maudirait pendant au moins deux minutes. Juste le temps qu’il me faut pour aller dans le salon, de mettre un peu de musique et nous resservir à boire. Elle aurait assez de distance pour reprendre ses esprits mais pas suffisamment pour que ce désir disparaisse. Ses yeux la trahissaient. Ses pupilles dilatés et son teint rosé me le prouvait, lorsque je lui tendis ma main alors qu’un slow retentissait en musique de fond.

« Prête pour m’écraser les pieds ? » ironisais-je lorsque je refermais mes doigts sur les siens.


Revenir en haut Aller en bas
« Casey H. Forsythe »


Casey H. Forsythe

Messages postés : 52
à San Diego depuis : 10/11/2010
Emploi/Situation : Etudiante

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyVen 3 Déc - 4:00

Il était bon de se retrouver en présence de Logan. Même si les choses étaient encore compliquées entre nous, même si ces quatre dernières années nous avaient changés. Parce qu'il fallait le reconnaître : on avait tous les deux changé, en quatre ans. Je n'étais plus du tout la même. Beaucoup moins positive, peut-être plus fragilisée par la vie, mais j'étais tout de même plus forte que ce que j'avais été quatre ans auparavant. Parce qu'en ces quatre années, j'avais réussi à trouver la force qui m'avait été nécessaire pour affronter mon père, et pour échapper à son contrôle. Ces quatre années m'avaient fait grandir. J'avais eu un enfant, j'étais devenue une mère, une femme. Et de son côté, Logan aussi avait changé. Rien qu'aujourd'hui, je ne retrouvais pas le jeune homme que j'avais quitté quatre ans plus tôt, mais un homme à part entière. Je savais que la mort de son père ne ferait que le rendre encore plus mature. Parce que, sans Andy, il devrait assumer beaucoup plus de choses. Il devrait grandir encore plus qu’il ne l’avait sans doute déjà fait. C'était triste, en un sens, de réaliser que nous étions obligés de traverser tant d'épreuves difficiles pour enfin grandir... Triste, que la vie doive nous mettre à l'épreuve comme elle l'avait déjà fait pour que l'on devienne enfin adulte.

Des adultes, j’aurais aimé qu’on le devienne sans avoir à souffrir. Ou à défaut de ne pas souffrir, sans être séparés. J’aurais aimé que, quitte à changer, ce soit ensemble qu’on le fasse ; et pas éloignés l’un de l’autre comme on l’avait été. Mieux, j’aurais aimé rester cette enfant que j’avais été. Cette jeune fille qui croyait aux comptes de fées, qui voyait la vie en rose et qui s’imaginait un avenir radieux aux côtés de celui qu’elle aime. Mais cette jeune fille n’était plus. Elle avait disparu il y avait bien longtemps de cela.

Enfin, c’était ce que je croyais. Car malgré tous ces changements, je savais que nous étions toujours les mêmes, au fond de nous. Nous étions toujours l'ancien Logan et l'ancienne Casey. Au fond de nous, nous étions toujours deux gosses, aussi paumé l'un que l'autre, deux gosses qui s’aimaient plus que tout et qui avaient besoin du soutien de l'autre pour avancer. Encore plus aujourd'hui qu'auparavant. Parce que je lui avais donné mon cœur. Je lui avais en effet donné une part de moi-même, une part dont je ne pouvais me séparer sans risquer d'être malheureuse. Il faisait partie de moi. Et sans lui dans ma vie, celle-ci me semblait incomplète, et vide de sens. J’étais sûr qu’il comprenait. Et sans vouloir être prétentieuse, j’étais certaine qu’il ressentait la même chose. Ca se voyait, ça se sentait, tout simplement. Nous nous aimions d’un amour inconditionnel, l’un et l’autre. Et cet amour, malgré le temps, malgré les efforts prodigués par mon père pour le détruire, n’avait pas diminué, bien au contraire. Il s’était renforcé avec la distance, et avec les années. Cet amour était invincible. Cet amour nous rendrait plus forts. C’était du moins ce dont j’étais persuadée.

Mais s’il était invincible, si personne ne pouvait effectivement détruire ce que nous ressentions l’un pour l’autre, nous n’étions pas invincibles pour autant. Logan ne l’était pas. Et face à mon père, nous ne faisions pas le poids. Alors, oui, j’avais peur. Peur de ce que mon père pourrait nous faire s’il venait à apprendre mon retour à San Diego et surtout si Logan venait à s’interposer entre nous. Et si l’idée qu’il veuille me défendre me rassurait, celle qu’il lui arrive quelque chose, en revanche, me terrorisait. Il ne comprenait pas. Il savait que mon père savait parfois se montrer malhonnête, voire dangereux – la preuve en était qu’il avait des preuves pouvant l’inculper dans des affaires assez louches – et malgré tout, il continuait de vouloir s’opposer à lui. Chose que je ne comprenais pas non plus. Avec un homme comme mon père, l’opposition directe n’était pas la meilleure des solutions. Cela ne lui donnerait qu’encore plus envie de s’en prendre à nous. La meilleure chose à faire, c’était d’ignorer mon père, de s’arranger pour ne plus faire partie de sa vie pour que lui non plus n’ait plus rien à faire dans les nôtres. Il ne fallait pas qu’on s’implique. Et si Logan détenait effectivement ces preuves, il fallait qu’il arrête là, qu’il n’en fasse rien. Parce que les donner à la police ne ferait que compliquer les choses, ne ferait que nous exposer encore plus. Nous avions déjà assez subi la colère de mon père, je ne voulais pas avoir à faire à cela une seconde fois.

Mais lui, il ne le craignait pas. Il voulait jouer les héros. Comme toujours. Comme si s’opposer à mon père ferait de lui un héros. Ca faisait de lui un inconscient, selon moi. Et puis, comme je le lui avais dit, il était déjà un héros à mes yeux. Il n’avait pas besoin de faire quoi que ce soit pour m’impressionner. Parce qu’il avait déjà fait bien plus que ça par le passé. Il m’avait aimée. Et son amour, notre mariage, notre enfant, toutes ces choses qu’il m’avait données m’avaient permis de m’en sortir. Tout ce que nous avions vécu ensemble m’avait donné la force de m’en sortir et d’oser aller à l’encontre des décisions de mon père. Aujourd’hui, même si tout n’était pas arrangé, c’était grâce à lui que j’étais là. C’était grâce à lui que j’étais sortie de l’enfer. Et ça, c’était, selon moi, suffisant pour faire de lui un héros. Mon héros. Mon amour. Mon âme sœur. Quand je lui avais dit qu’il n’avait rien à me prouver car il était déjà un héros à mes yeux, je le vis sourire légèrement. Pas étonnant. Je pariais qu’il ne voyait pas en quoi il méritait ce titre.

« Très intéressant dis donc. Je suis donc ton héros attitré… J’ai le droit à un indice supplémentaire ? »

Je restai silencieuse quelques secondes, et je baissai la tête, hésitant à en dire plus. J’avais peur qu’il ne comprenne pas. Qu’il ne voie pas où je voulais en venir. Pire encore, j’avais peur qu’il me contredise, qu’il m’affirme avec véhémence qu’il n’était pas un héros, et que si je m’étais sortie de la situation dans laquelle mon père m’avait mise, ça n’avait été que par la force intérieure que je possédais et dont j’avais longtemps été inconsciente. La vérité était toute autre. Relevant la tête dans sa direction, je répondis :

« Hm… Ca dépend. Tu me donnes quoi en échange d’un indice supplémentaire ? »

Il voulait jouer ? Jouons. J’aimais voir ce sourire malicieux sur ses lèvres. J’aimais le faire languir. Il ne voulait tout de même pas que je cède si facilement, si ?

L’humour, le jeu, c’étaient les armes principales de Logan, en dehors du charme. Des armes dont il usait bien souvent, pour me rendre le sourire, pour me détendre lorsque nous abordions un sujet sensible, ou encore lorsqu’une dispute était sur le point d’éclater entre nous. Tout autant d’habitudes qu’il n’avait pas perdues, malgré les années. Et s’il avait utilisé l’humour, c’était justement pour me détendre, pour me rassurer. Parce qu’il avait conscience que tout cette histoire m’angoissait, que je m’inquiétais pour lui. Il voulait dédramatiser la situation. Mais ses efforts étaient vains. Parce que mon inquiétude pour lui était trop grande pour disparaitre aussi facilement. Et son entêtement, lui, me mettait hors de moi. Alors, des larmes de peur et de colère étaient nées sur mon visage, des larmes qu’il s’empressa de chasser de ses doigts tandis qu’elle tenta de me convaincre qu’avec le temps, les choses finiraient par s’arranger pour nous, et que la roue finirait par tourner. S’il pensait vraiment ce qu’il disait, alors, je lui demandai de laisser le temps faire les choses. D’oublier mon père. De ne pas s’impliquer. Ces mots sitôt passés mes lèvres, je le vis se pincer les siennes avant de détourner le regard.

« Je suis déjà impliqué. Très impliqué… » Avoua-t-il dans un long soupir, avant de relever les yeux dans ma direction.

Je fronçai les sourcils, incapable de comprendre où il voulait en venir. Que voulait-il dire par là ? Comment était-il impliqué ? Ou plutôt… a quel point ? J’aurais aimé lui poser la question, savoir. Mais là encore, comme depuis le début de cette conversation, lui en demander plus amènerait plus d’informations concernant mon père. Des informations que je n’étais pas prête à entendre. Il y avait des choses que je ne voulais pas savoir, que je n’étais pas prête à entendre. Ce que mon père avait fait en faisait partie. J’avais déjà été réticente à aborder le sujet, à oser parler de lui. Je prenais déjà beaucoup sur moi, en acceptant de parler de lui autant. En entendre plus aurait été trop me demander. Parce que, suivant ce que Logan aurait à m’avouer, je savais que je nierais la vérité, que je refuserais de l’accepter, pour ne pas être encore plus déçue que je ne l’étais déjà par celui qui était censé être mon père. Et cela nous amènerait forcément à nous disputer. Et puis, ajoutons à cela que, parfois, la vérité était difficile à entendre. La vérité faisait mal. Je n’avais pas envie d’avoir mal. Je voulais passer du temps avec Logan, le retrouver. Nous finirions bien par parler de mon père plus tard. Je savais pertinemment que je ne pourrais pas éviter le sujet éternellement et que, tôt ou tard, je devrais prendre sur moi pour écouter ce que Logan avait à dire, car c’était important pour lui de tout me raconter, j’en étais consciente.

Je savais qu’il attendrait, qu’il ne m’en dirait pas plus tant que je ne lui demanderais pas ou tant qu’il n’y serait pas obligé. Je n’avais pas besoin de lui demander de me laisser du temps. Il me le laisserait.

« Quoi qu’il en soit. Je serais là pour toi… Toujours. »

Je savais qu’il était sincère. Et je savais déjà ce qu’il venait de me dire. Je savais qu’il serait toujours à mes côtés, qu’il serait toujours là pour m’aider, pour me soutenir. Tout comme je serais toujours là pour lui. C’était tout simplement ça, l’amour. Mais malgré tout, ses mots me touchaient. Parce qu’après tout ce temps passé seule, la moindre marque d’affection de sa part me réchauffait le cœur, et me rassurait. Je lui répondis par une légère caresse sur le visage.

C’était justement ses mots rassurants, cet humour dont il avait su faire preuve, qui m’avaient détendue par la suite. Les sujets de conversation suivants furent plus légers, et tandis que nous parlions, nous retrouvions un peu de cette complicité que nous avions connue quatre ans plus tôt. C’était comme si les quatre dernières années ne s’étaient pas écoulées. Et ça nous faisait du bien, à tous les deux, de nous retrouver de la sorte. Mais cette complicité naissante n’avait pu se faire sans un minimum de rapprochement physique. Un rapprochement qui était en partie dû au besoin qu’avait Logan d’être en contact quasi-constant avec moi, un besoin qui m’avait d’abord mise mal à l’aise, avant de me faire craquer. Oui, il avait été difficile pour moi de résister à la tentation. Parce qu’il avait été difficile de ne pas céder à ce désir que je ressentais à sa présence, surtout quand il avait été si près de moi. Et malgré tout, à peine quelques secondes après mon geste, je m’étais éloignée de lui. Parce que j’avais peur. Peur de m’engager dans une voie qui n’était pas la bonne. Peur de faire les mauvais choix, les mauvais gestes. Après tout, je ne savais rien de la nouvelle vie de Logan. Peut-être avait-il quelqu’un de plus ou moins sérieux dans celle-ci, peut-être n’était-il pas prêt à me laisser reprendre autant d’importance que j’en avais déjà eue dans sa vie. J’aurais pu le comprendre. Tant qu’il me l’aurait dit, j’aurais pu l’accepter. Et c’était pour cette raison que je lui avais laissé l’occasion de s’expliquer. Et finalement, sa réponse m’avait soulagée. Parce qu’il s’avérait qu’il n’avait personne. Si j’étais heureuse par cette nouvelle, l’idée que d’autres femmes continuent néanmoins de lui tourner autour me déplaisait. Et c’était pour cette raison que je m’étais décidée à lui avouer que je l’aimais trop pour le voir avec une autre. Ainsi, les choses étaient mises au clair. Si, par les mots, je ne m’étais pas vraiment engagée à quoi que ce soit, avec lui, il savait néanmoins ce que je désirais : je voulais retrouver la place que j’avais autrefois occupée dans son cœur, comme dans sa vie. Je voulais être celle qu’il aimerait et ce jusqu’à la fin de ses jours. Je voulais que jamais, il ne soit le mari d’une autre. Car notre divorce n’avait rien changé, à mes yeux. Il était toujours mon mari pour moi. Même si notre divorce avait été prononcé, même si je ne portais plus mon alliance. Cela ne changeait rien aux vœux que j’avais prononcés quatre ans plus tôt et que j’avais toujours respecté. Je lui avais promis amour et fidélité, pour le reste de mes jours, et ce morceau de papier n’y changerait rien. Jamais.

Je l’aimais, et bien qu’il le sache déjà, il était bon de le dire à voix haute, tant qu’il ne me demandait bien entendu pas de le répéter, juste pour renforcer son égo. C’était du moins ce que je lui avais dit. Car je savais, dans le fond que son égo n’avait rien à voir là dedans. Mais le taquiner de la même façon qu’il le faisait avec moi était tellement bon. Et quand il répondait à mes taquineries en me déclarant que le terme de « mâle » suffisait à le décrire, je répondis à mon tour, pour renforcer son égo, cette fois, qu’il était bien supérieur aux autres hommes et que c’était pour cette raison que le terme de « mâle dominant » lui convenait le mieux.

« J’admets que j’ai pas mal de succès auprès des femmes. Mais à quoi sert d’avoir des femmes quand on ne veut que celle qui n’est plus là ? Elles ne te sont jamais arrivées à la cheville, Casey. »

Le sourire amusé que j’avais sur les lèvres après sa première phrase disparut. Bien que je sois touchée par ses mots, ils me mettaient mal à l’aise. Parce que je savais qu’en réalité, je ne méritais pas qu’il me dise ça. Dans le fond, je n’étais pas différente des autres. J’étais peut-être même plus compliquée que bien d’autres filles. Le problème ne venait pas des autres filles. Je n’étais pas supérieure à elles. Le fait était que notre amour et notre histoire avaient été tellement beaux et passionnés, tellement uniques, qu’aucune histoire après celle-là ne lui avait semblé à la hauteur de ce qu’il avait connu avec moi.

Un léger sourire se dessina sur mes lèvres, tandis que je répondis :

« J’ai jamais été au dessus des autres Logan. C’est juste que ce qu’on a vécu ensemble était tellement fort, que tout ce que tu as connu après ne te semblait pas à la hauteur. »

Les autres filles, nous les oubliâmes bien vite. Car si je m’étais montrée hésitante, lorsque j’avais embrassé Logan ; lui, en revanche, ne s’était pas montré le moins du monde hésitant pour m’embrasser. Son corps contre le mien, ses lèvres posées sur les miennes, son souffle mêlé au mien, tout cela avait suffit à me rendre folle de désir pour lui. Folle d’un désir encore plus incontrôlable que celui que je ressentais déjà. Un désir qui me faisait perdre la tête, et tout sens de la raison. A présent, tout ce qui comptait, c’était lui. Lui et lui seul. Son corps, le mien, son baiser, ses caresses. Plus rien ne comptait. J’en avais oublié le reste du monde. Et la réalité refit surface quand Logan mit fin à notre plaisir, en détachant ses lèvres des miennes. Nous avions tous les deux la respiration saccadée, le souffle très court, mais le cœur rempli de joie et d’amour. Oui, j’étais heureuse. Heureuse et amoureuse. En cet instant plus que jamais. Son baiser m’avait fait ouvrir les yeux. Pour la première fois depuis bien longtemps, je venais de me réveiller de cette torpeur dans laquelle j’avais vécu pendant quatre ans. Je revivais. Enfin. Il venait de réveiller en moi des sentiments que je pensais éteints depuis longtemps. Des sentiments que je me pensais incapable de ressentir un jour. Il me redonnait goût à la vie. Je me sentais bien, pour la première fois depuis bien longtemps.

Et si nous parlâmes de son alliance, qu’il portait toujours au cou et de la signification qu’elle avait pour lui, si nous mentionnâmes que j’avais perdu la mienne, nous reparlâmes bien vite de la condition à laquelle j’avais accepté de rester ce soir, c'est-à-dire : que je m’occupe du diner. Monsieur Matthews commençait à s’impatienter et voulait savoir ce que nous allions manger. Comme je n’en avais aucune idée, j’avais improvisé, déclarant que je voulais lui préparer quelque chose d’élaboré. Ou du moins, plus élaboré que le sandwich banane-beurre de cacahuète auquel il avait songé. Et, par scepticisme, mon cher et tendre m’avait alors suggéré une alternative qui nous permettrait de manger quelque chose de plus élaboré que son sandwich, sans que j’aie à faire la moindre cuisine en appelant un traiteur. Il va sans dire que j’avais refusé sa proposition, ajoutant par la même occasion que lorsqu’il aurait goûté ce que je lui préparais, il renoncerait à la liste de traiteurs dont il me parlait. Ma remarque, au lieu de le convaincre, le rendit encore plus sceptique.

« j’veux bien croire que tu parviennes à ne pas me faire avaler de charbon mais… mes traiteurs… cette liste, il m’a fallu des années pour y avoir des entrées et quelques privilèges. Alors j’suis pas prêt d’y renoncer… chérie ! »

J’esquissai un sourire à son dernier mot, avant de répondre :

« C’est ce que tu crois, chéri. On en reparlera quand tu auras goûté ce que je te prépare. Tu trouveras ça tellement bon que tu te mettras à genoux pour que je te fasse à nouveau la cuisine. »

Bon, j’exagérai peut-être un peu. Beaucoup. Mais que voulez-vous, il fallait bien que je fasse la promo de ma cuisine, si je voulais qu’il y goûte. Et puis, l’idée de voir Logan à genoux devant moi, me suppliant pour lui cuisiner quelque chose m’amusait beaucoup.

Mais trêve de plaisanterie. Je devais m’atteler à ma tâche. C’était pour cette raison que j’avais demandé à Logan de m’apporter un plat, et un couteau. Un couteau qu’il hésitait à m’apporter par peur que j’aie déjà décidé de me débarrasser de lui en le découpant en rondelles. Je l’avais alors rassuré en lui expliquant que ce couteau n’était pas pour lui et qu’il me servirait uniquement à éliminer toute rivale éventuelle. Ma remarque eut au moins le mérite de le faire sourire. Il me répondit sans plus attendre :

« Oh… dans ce cas, j’devrais p’t’être leur envoyer de la poudre d’étoile pour leur souhaiter bonne chance… Intéressant… donc dans une autre vie, tu as dû être charcutière… j’devrais peut être me méfier et éviter de te mettre en rogne. Me voilà averti. »

Un nouveau sourire se dessina sur mes lèvres en entendant sa remarque, à laquelle je préférais ne pas répondre pour me concentrer sur la découpe de ma courgette. Découpe qu’il perturba bien rapidement, en me suggérant une nouvelle fois de faire appel à l’un des traiteurs de sa fameuse liste. Je refusai bien entendu sa proposition une nouvelle fois, commençant à lui expliquer pourquoi cette tâche me tenait tant à cœur. Mes explications furent cependant écourtées quand il s’approcha une nouvelle fois de moi. Je sentis bien rapidement sa présence dans mon dos, surtout qu’il dégagea ma nuque pour y déposer un baiser. Ce geste eut au moins le mérite de me faire taire, mais aussi de me faire lâcher le couteau que je tenais dans ma main. Son autre main glissa sur ma hanche, et je me retrouvai prisonnière de ses bras, et de ses lèvres. Non pas que ça me dérange, hein, il fallait le reconnaitre. Mes hanches pressées aux siennes, je n’étais pas prête de m’éloigner de lui. Je sentis ses lèvres remonter le long de ma nuque, jusqu’à ce qu’elles se posent derrière mon oreille.


« Je sais de quoi t’es capable. Je te demande pas de me faire un risotto… juste de te détendre et d’être toi-même… de te confier, de m’aimer… d’être cette tête de mule de Casey Forsythe que j’aime. »

Après ces quelques mots, il mordilla légèrement le lobe de mon oreille, ce qui m’arracha un léger gémissement. Des frissons parcoururent mon corps tout entier, traversant ma nuque, descendant le long de ma colonne vertébrale. Les yeux clos, je tentais d’assimiler ce qu’il venait de me dire. Ce qui était difficile, compte tenu que mon cerveau, lui, ne se concentrait plus que sur les mains de Logan, ses lèvres, et son souffle contre ma peau. Cet homme allait me rendre folle, j’en étais certaine. J’aurais pu en oublier jusqu’à mon nom. Qu’avait-il dit déjà ? Ah oui. Ca me revenait. Il n’attendait pas de moi que je lui fasse la cuisine, mais que je me détende, que je sois moi-même, que je me confie, que je l’aime, que je sois cette tête de mule qu’il aimait. Un sourire se dessina sur mes lèvres, et je lui répondis, dans un souffle :

« Tu viens de m’avouer que tu m’aimes. »

Ses mots me réchauffaient le cœur. Il me rendait tellement heureuse. Quelques mots suffisaient pour que je retrouve le sourire. Ca semblait tellement improbable. Parce que quelques jours plus tôt, j’avais encore été incapable de sourire. Parce que rien ne pouvait me faire sourire. Mais avec lui, les choses étaient différentes. Avec lui, je me sentais bien. Il voulait que je sois détendue, que je sois moi-même ? C’était ce que je m’efforçais de faire. Depuis que j’avais mis les pieds dans sa maison. Il voulait que je me confie à lui, je l’avais fait dans ma lettre, et je lui avais dit que je l’aimais quelques minutes à peine plus tôt. Il savait presque tout. Presque, parce que les sujets les plus sensibles n’avaient pas encore été abordés. Il voulait que je sois cette tête de mule qu’il aimait. Sa main glissa le long de mon bras droit, pour rejoindre ma main où nos doigts s’entrelacèrent naturellement. Son autre main remonta sur ma taille, puis sur mon ventre et je passai ma main autour de ma nuque pour l’inciter à continuer ses caresses. Je n’avais pas envie qu’il s’arrête. Jamais. Je ne voulais pas que son corps se sépare du mien. Et tandis que je sentais de nouveau son souffle près de mon visage, que je sentais ses lèvres se poser avec légèreté sur ma joue, puis sur ma mâchoire, je le mis en garde, lui expliquant qu’il ne parviendrait pas à me perturber.

« Quelle arrogance ! Tu sais que tu vas être châtié pour tant de provocation… et je vais me faire un véritable plaisir de te donner une bonne leçon. »

Sa voix n’était plus qu’un doux murmure, un souffle que je sentais contre ma peau et qui me rendait folle. Une bonne leçon ? Je ne doutais pas qu’il serait prêt à m’en donner une. Sa main posée sur ma taille entra finalement en contact avec ma peau, et les frissons que j’avais eus précédemment envahirent à nouveau tout mon corps. Je fermai les yeux pour savourer ce contact, quand il détacha subitement son corps du mien. Je rouvris les yeux, quand je vis Logan partir dans le salon. Frustrée par son geste, je fronçai les sourcils, l’air mécontente.

« Logan Matthews, tu vas me le payer ! »

Comment avait-il pu s’arrêter en si bon chemin ? Ce qu’il me faisait endurer n’était que de la torture. Laissant mes courgettes et autres aliments sortis du frigo sur le comptoir, je me dirigeai en direction du salon, d’où se dégageait déjà l’air très léger d’un slow. Il était là, en plein milieu de la pièce, tel un ange tombé du ciel. Et il me tendit la main, tout en me demandant :

« Prête pour m’écraser les pieds ? »

Je ne pouvais pas résister plus longtemps. Je ne pouvais pas lui en vouloir ne serait-ce qu’une seule minute de plus pour ce qu’il venait de me faire dans la cuisine. Alors, je cédai, joignant ma main à la sienne. Je lui adressai une légère grimace à sa remarque. Et mon corps retrouva bien vite sa position initiale, contre celui de Logan. J’esquissai un sourire satisfait, et rapidement, mes lèvres vinrent à la rencontre de sa clavicule, et remontèrent le long de son cou, jusqu’à sa mâchoire, et la commissure de ses lèvres que j’embrassais avec douceur. Je passai l’une de mes mains derrière sa nuque que je commençai à masser.

« Ne t’avise plus jamais de me faire un coup comme celui que tu viens de faire dans la cuisine… », déclarai-je tandis que nous dansions lentement au rythme de la musique.

Je lui adressai un sourire, avant de déposer un baiser dans son cou, et de pousser un soupir de satisfaction. J’étais tellement bien, dans ses bras. J’étais à ma place. Là où j’aurais dû être ces dernières années et où je serai pour les années à venir.

J'avais envie de le remercier, pour tout ce qu'il faisait pour moi. Pas seulement aujourd'hui... Parce que je savais que lors des jours à venir, il se montrerait tout aussi présent. Et c'était ça qui me rassurait. Le fait de savoir que, quoi qu'il arrive, je ne me retrouverais plus jamais seule. A cette pensée, je resserrai mon étreinte autour de lui, avant de lui confier :

« Tu sais, Logan, pendant ces quatre années… J’ai souvent cru que je touchais le fond, que jamais je ne réussirais à me relever. » Je marquai une légère pause, avant de reprendre après une légère hésitation : « Après notre divorce, je me suis raccrochée à notre bébé… Parce qu’il était le fruit de notre amour. Il était tout ce qui me restait de notre histoire. Quand on me l’a… pris… quand il est… mort… Je n’avais plus rien à quoi me raccrocher. J’ai cru devenir folle. Ma vie n’avait plus aucun sens. J’ai cru mourir. »

J’avais du mal à parler parce que je m’approchais des sujets sensibles. Faire référence à notre enfant, fruit de notre amour qu’il n’avait pas vu, dont il ne connaissait l’existence que depuis peu, était assez étrange, et troublant. Faire référence à ce que j’avais ressenti, à l’époque, à la détresse qui m’avait fait sombrer dans la dépression, me rappelait bien des mauvais souvenirs. Je lui avais dit que j’avais cru mourir, en vérité, j’avais voulu mourir. Et si la différence, pour beaucoup, était considérable, ça n’était pas pour autant une chose que je pouvais dire comme ça à Logan. Je ne savais pas s’il comprendrait, s’il accepterait même mes mots. Je ne voulais pas lui faire de mal. Mais oui, à une époque, j’avais regretté la mort. Parce que la mort, en comparaison de la douleur que j’avais ressentie à cette époque, aurait été bien plus douce. Elle m’aurait soulagée. Finalement, ça avait été les antidépresseurs qui m’avaient soulagée. Eux qui m’avaient abrutie, me retirant tout sentiment, toute capacité à réfléchir ou à analyser ce que je ressentais, que ce soit positif ou négatif.

« Tout ce qui me restait c’était les souvenirs que j’avais de notre histoire. » Des souvenirs. Que des bons, pour la plupart. Car même ceux de nos disputes me rappelaient nos réconciliations passionnées. « Tu m’as aimée, comme personne. Tu m’as rendue meilleure. Ces simples idées m’ont permis de m’en sortir. C’est pour ça que tu es mon héros. Parce que si tu ne m’avais pas aimée, si tu n’avais pas été là, je n’aurais jamais eu la force de m’en sortir. Sans toi, je serais toujours sous le contrôle de mon père, dans un pays qui n’est pas le mien, à subir les conséquences de sa colère. Sans toi, je n’en serais pas là. Je te dois tout. »

Mon héros. Il savait à présent pourquoi je le considérais comme tel. Et j’espérais qu’il ne trouverait pas mes explications stupides. Car à mes yeux, elles avaient tout leur sens. A mes yeux, elles justifiaient ma façon de le considérer, et de le mettre sur un piédestal comme je le faisais.
Revenir en haut Aller en bas
« C. Logan Matthews »


C. Logan Matthews

Messages postés : 73
à San Diego depuis : 02/10/2010
Emploi/Situation : barman

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyDim 5 Déc - 0:34

Je me souviens encore de ce matin où j’étais descendu dans la cuisine sans bruit. Mes parents discutaient tranquillement. C’était peu après le départ de Casey et notre divorce. Ma disait que j’avais besoin d’être secoué pour m’aider à aller de l’avant et mon père, Andy, décrétait que j’avais besoin de temps. Il avait toujours été le plus patient et le plus sage d’entre nous. Et il avait eu gain de cause. Ma mère lui avait fait la tête pendant une semaine, l’accusant qu’elle connaissait mieux son fils que lui. Pourtant, à cette occasion, elle avait eu tort. J’avais eu besoin de temps. Pour canaliser ma colère, pour me faire à notre séparation, pour mettre un terme à tous ces sentiments et cette tristesse qui m’envahissait à chaque battement de mon cœur. Ça personne ne s’était douté de la puissance de mes sentiments pour toi. Je savais que je l’aimais. Mais c’était encore une notion abstraite pour moi. Je n’imaginais consciemment ce que le pouvoir de l’amour pouvait réaliser. Encore aujourd’hui, je me dois de me maîtriser. Car s’il n’en tenait qu’à moi, je lui imposerais ma présence H 24. Or, ça ne sera jamais une solution. Je le sais et si je veux un futur, je dois NOUS laisser du temps. Aussi bien pour elle, que pour moi. Et ça, Andy l’avait compris avant moi. Un couple ne se bâtit que sur l’amour mais surtout entre deux personnes.

Alors on peut dire que j’ai évolué. Il y a certaines choses que je passerais sous silence. Mes beuveries où j’ai fini plusieurs fois au commissariat. Un carambolage où j’étais carrément ivre. Je n’en suis pas très fier. C’était la période post-Casey. J’avais besoin d’un temps d’adaptation et c’est Andy qui me l’apporta. Me filant quelques petits boulots au bar. Des réparations la plupart du temps. C’était avant que je décide de m’investir dans le bar. Je me souviens du regard sceptique d’Andy et puis de l’accolade qu’il me donna. Il m’apprit alors ce qu’était la famille. C’était ceux qui étaient là, lorsque tout allait mal. Ceux qui prenaient soin des leurs lorsque l’un d’entre eux était malade. Ceux qui donnerait sa vie pour cet humain qui représentait tant au sein d’une tribu. Tout comme Andy aurait donné son cœur pour moi, pour réparer ce qui venait d’être brisé. Dans l’ensemble, on pouvait dire que j’avais plutôt bien tourné. Certainement parce que j’avais ma mère et Andy, qui étaient les soutiens dont j’avais eu besoin à cet époque. Mais aujourd’hui, je m’en voulais de ne pas avoir pu donner à mon père, la moitié de tout ce qu’il a pu faire pour moi. Car il ne méritait pas de partir si tôt. Surtout que j’avais encore besoin de lui. De ses conseils, de sa patience, de son affection. Mais il n’était plus là et je devais m’y faire. Et le plus dur était de réaliser qu’il ne passerait plus cette porte avec une boite de chocolat pour ma mère et le dernier jeu vidéo sorti sur console pour nous. Ça semblait gamin mais nous adorions ça. Jouer ensemble, juste pour s’éclater ensemble.

De mon côté, je savais que Casey avait évolué. Nous l’avions fait chacun de notre côté, tout en essayant de se relever de la souffrance que son père avait causé. Le sujet de son père arriva bien vite sur le tapis. C’était une mauvaise approche, j’en avais bien conscience. Elle était la seule à savoir lorsqu’elle serait prête à me parler de lui. Sauf qu’une part de moi requérait ce besoin de lui assurer que malgré son absence, il avait continué à détruire des vies. Car il ne fallait pas se voiler la face. Il détruisait des personnes sans l’ombre d’un reproche. Il fallait toujours qu’il y gagne quelque chose. Du pouvoir et/ou de l’argent, des relations hauts placés. M’engager dans cette voie, je l’avais fait avec une certaine insouciance au départ. Pour savoir ce qui se passait avec Casey. Pourquoi elle avait disparu de la circulation ? Tout comme pour savoir ce qu’il advenait de Courtney qu’il m’était difficile à croiser. Alors j’avais multiplié les sorties, m’étais renseigné sur l’entourage de M. Forsythe et sur ses activités. J’avais délibérément axé mes recherches sur ses connexions. Et dieu sait qu’il pouvait en avoir. J’avais dû faire un tri certain. Si je voulais des infos sur Casey, il me fallait quelque chose sur son père. Des infos suffisamment importantes pour qu’il se sente menacé ou en danger. Or, rien ne se déroulait exactement comme je l’espérais. Car je devais m’assurer que ces personnes me deviennent loyales et qu’elles désirent voir Forsythe tomber. C’est là que je rencontrai Diaz. Des propos étranges dans une boite de striptease, qu’elle échangea avec Forsythe. Suffisant pour capter mon attention et pour que je veuille en savoir plus. C’est à cet instant que je pris réellement conscience que le père de Casey était une pourriture et prêt à tout pour du pouvoir. Parce qu’il la payait pour qu’elle dégote des informations sur un politicien. Et lui de son côté s’assurait que le fils de Diaz – âgé de deux ans – ne tombe pas accidentellement dans les escaliers. C’était de la manipulation à l’état pur. C’était pour ça, pour ces personnes-là, qui en ont réellement besoin que j’avais entrepris de tout déballer aux flics. C’était pour qu’il soit arrêté et juger. Pour qu’il croupisse derrière les barreaux et que Casey et Courtney n’aient plus à souffrir du pouvoir et contrôle de leur père. Car elles n’étaient pas ses seules victimes. D’autres personnes méritaient d’être sorti du guêpier. Et c’était ce que je tentais de faire avec mes moyens.

Elle pensait que je voulais jouer les héros et qu’affronter son père me causerait bien plus d’ennuis. J’en étais pas certain. A mes yeux, je n’avais pas su la protéger de lui. J’avais failli à mon devoir de mari. Alors en contrepartie, j’étais volontaire pour faire tomber son père et tous ceux dans son sillage. J’étais prêt à risquer ma vie, c’est vrai. Mais si je pouvais sauver d’autres vies, ça ne serait pas cher payé. Parce que personne ne mérite d’être traité de la sorte. Et Diaz méritait de voir le bout du tunnel. Une fois que j’avais récupéré son fils et mis en sécurité, je m’étais arrangé pour l’embaucher au bar. Ce qui avait immédiatement attiré l’attention de mon père, qui m’avait demandé des comptes. Bien sûr, lorsque je lui expliquais que ça avait un rapport avec le père de Casey, il n’a pas aimé. C’est là qu’il m’a parlé de son ami flic et m’a obligé à le contacter et lui parler de la situation. A cet instant, les autorités se sont penché de plus près sur les dossiers Forsythe, ses connexions, ses finances et ses diverses transactions. Pour dire, toute une équipe était désormais focalisée sur ce type. Aujourd’hui qu’en était-il pour Diaz ? Elle était en sécurité au bar. Elle était sous la protection de la police. Elle et moi devront témoigner au procès du père de Casey. A partir de là, on pouvait dire que j’étais très impliqué. Pour ma part, je n’étais pas sous protection. Je l’avais refusé parce que Forsythe ne se doutait pas une seconde que j’ai quoi que ce soit à voir avec Diaz. Du moins pour le moment. Sauf que Casey était rentré et qu’il ne tarderait pas à l’apprendre.

Quel homme n’aimerait pas être le héros de celle qu’il aime ? Ça n’était pas négligeable d’être considéré ainsi. A vrai dire, elle n’avait pas idée de combien ça m’enchantait. Car je représentais quelque chose de positif au-delà de l’amour qui me liait à elle. Je n’étais pas juste un homme dans sa vie, mais l’homme de sa vie. Ce qui représentait énormément à mes yeux. Plus qu’une vie. Un futur. Alors à sa question, je dus presque me retenir de rire. Parfois je me demandais si elle était consciente de son charme. Elle était tout simplement incorrigible. Et bon dieu que j’aimais ça. C’était peut-être ce qui faisait de notre relation si particulière qu’elle nous tenait autant à cœur depuis autant d’années. Car je savais une chose de notre relation. On s’aimait, mais il y avait quelque chose en plus. L’amour est un moteur, je l’ai souvent entendu. Mais il y avait la force d’une relation, une complicité et une amitié à toute épreuve qui pouvait rendre toute relation encore plus intense et éprouvante. Parce que parfois on ne fait pas que trouver l’amour, on trouve son destin, son âme sœur. Et c’était notre cas. Ces yeux la trahissaient. Elle aimait cet instant. Cette complicité surgissant de nulle part.

« Tout dépend de l’information… ça peut aller de mon superbe costume de justicier des temps moderne, à un dîner romantique dont j’ai le secret… jusqu’à ce que tu m’ais, moi, pour toi toute seule. Mais attention, ne soit pas trop gourmande… tu peux pas tout avoir à la fois ! » Lançais-je avec ce regard espiègle qu’elle me connait si bien.

Par inadvertance, je réengageais le sujet sur son père mais restais des plus évasifs cette fois. Laissant des mots çà et là. Elle voudrait savoir un jour. A espérer que ça soit avant que tout éclate en ville et que le nom des Forsythe fasse les gros titres. Mais d’ici là, je me convaincs que sa curiosité aura pris le dessus. Elle et moi, avons un mobile suffisant pour décider de nous venger. Mais ça, je ne l’appris qu’à travers ses mots dans cette lettre qu’elle me destinait. Il m’avait fallu du temps pour parvenir aux dernières lignes de cette lettre-confession. Des coups au cœur j’en avais pris au cours des quatre dernières années mais ça n’était rien en comparaison à cette infâme et douloureuse vérité. J’avais eu un fils. Un fils que je n’ai jamais vu. Ni connu. Un fils que Forsythe avait fait adopter. Et Casey ? je n’avais absolument rien su de cette grossesse. De ce qu’elle a dû enduré durant les neuf mois de cette grossesse. Dieu sait que je veux la peau de Forsythe. Encore plus aujourd’hui, en sachant que mon fils est mort. Cette souffrance est nouvelle pour moi. Je sais que si je ne me contrôlais pas, je serais déjà chez le père de Casey à le menacer ou même à deux de lui exploser sa cervelle. Car il était un homme cruel – ce dont j’avais connaissance – mais c’était encore pire avec sa propre famille. Il avait détruit la vie de sa fille. Tout ça parce qu’il n’avait pas pu la contrôler l’espace de quelques jours. Tout ça parce qu’elle m’avait tout donné. Ensemble, nous avions créé une vie. La plus belle chose au monde. Mais également la plus fragile qui soit. Et ça, je ne permettrais plus qu’on me l’enlève. Plus jamais on ne m’enlèvera Casey ou mon enfant. Forsythe l’apprendrait. Tôt ou tard. Je m’en faisais une promesse. C’est ainsi que je décidais que le sujet devait rester clos. Du moins tant que Casey ne désirerait pas en savoir plus. Ça devait être sa décision.

Ainsi, j’agis le plus naturellement. A défaut de pouvoir faire du mal à son père dans l’immédiat, je pouvais toujours tenter de la rassurer et la protéger. Elle a des secrets et je serais une ordure de vouloir qu’elle me dise tout immédiatement. Or, j’étais prêt à lui laisser du temps. Tout, comme je lui en ai laissé entre l’instant où j’ai eu sa lettre entre les mains et le soir où je l’ai croisé dans la ruelle. Je ne lui ai posé aucune question. Pourtant j’en ais par millier. La priorité étant qu’elle devait réaliser qu’à mon côté, elle serait protéger. Que je ne laisserais plus rien lui arriver. Il y a toujours des limites lorsqu’on parle de protection et j’en ai bien conscience. Casey a sa liberté, je ne suis pas accroché à ses basques à chaque seconde. Tout ce qu’elle doit savoir, c’est que je suis là. Qu’elle peut venir me voir, si elle veut parler ou même si elle veut s’engueuler avec quelqu’un. Parfois la colère est un bon moteur pour évacuer la tension. Face à moi, elle sait qu’il y aura à la fois de la patience et de la résistance. C’est la raison principale pour laquelle, je lui ais dis que je serais toujours là. Car même si elle le savait, je ne lui avais jamais dit. A mes yeux, c’était primordial qu’elle l’entende de mes lèvres.

Plus le temps passait, plus je m’estimais heureux de pouvoir à nouveau compter sur ce regard plein d’étoiles. Ma Casey n’était pas morte avec notre bébé. Il y aurait des répercussions sur nos vies. Cette vérité était difficile à accepter mais Casey était là. C’était ce que je devais retenir. Les conversations s’allégeaient et je la sentais plus libéré. Mes gestes n’avaient plus cet élan d’hésitation. Ce besoin de contact, de m’assurer que ce moment était réel – et pas un effet de mon imagination – était impératif. Parce que je l’aime. Au passé, au présent et au futur. J’avais eu ma période d’aventures sans lendemain. D’ailleurs à une période, je m’étais même mis à tourner autour de Diaz et finalement, elle m’a obligé à l’écouter. Une conversation cru et véridique –dont j’ai horreur de ce souvenir – mais qui en définitive m’a remit sur les rails. Avais-je besoin d’entendre ces mots ? Certainement. Et encore plus d’une personne étrangère mais qui avait moult point communs avec moi. J’aimais Casey sans restriction. Elle pourrait croupir en prison que je ne l’aimerais que plus. Étais-je malade ? Pas exactement. Mais si on devait me diagnostiquer un traitement, il m’était clairement évident que le traitement en question relèverait de sa présence à mon côté. Parce qu’elle était toujours bien mieux qu’un médicament, elle était toute ma vie. Ainsi à l’entendre, elle ne se pensait pas supérieure aux autres mais elle était folle. Elle était comme ses étoiles qui brillaient plus que les autres. Elle n’était pourtant pas aveugle au point de douter de sa beauté et de son intelligence ? Elle était ma délicate et piquante rose. Ce mélange parfait de charme et d’entêtement qui me rend fou. Fou d’elle. A telle point que les autres en deviennent quasiment invisible. L’amour rend aveugle, c’est ce qu’on dit. Et bien à vrai dire, je trouve que c’est en parti vrai.

« - Non. C’est juste que tu ne t’es jamais vu avec mes yeux. » Répliquais je à voix basse, tout en me rapprochant. Elle devait savoir. Tout savoir. Combien elle m’avait manqué. Combien j’avais souffert de ce silence. Combien j’avais du réitérer les efforts pour ne pas demander des comptes à son père. Combien se jeter dans les bras d’une autre pouvait être simple lorsqu’on pleurait l’amour de sa vie. Elle saurait un jour. Tout comme elle saurait que ma vie ne vaut rien si elle n’est pas à mon côté.

Entre ses bras, je me sentais revivre. Donner du plaisir n’était pas bien compliquer mais aimer, c’était autre chose. C’était donner à l’autre, la possibilité de le briser. Et ça, Casey l’avait. Certes, je savais qu’elle ne jouerait jamais avec mes sentiments, tout comme la réciproque était vraie. L’aimer m’a toujours été évident. Alors l’embrasser, la retenir près de moi, étayer ce désir m’est naturel. Parce qu’elle est ce savant mélange de magnificence et de charme naturel qu’elle pourrait avoir n’importe quel homme à ses pieds. Or, elle fait de moi son élu. Et je tiens à ce qu’elle sache qu’elle n’a pas besoin de faire des efforts. Je lui suis dévoué. Corps et âmes, comme ça l’était déjà quatre ans plus tôt. A travers ce baiser qu’elle me retourne, je la sens défaillir. Ce désir naissant est brut. On le sous-estime et il éclate entre nous avec une violence insoutenable. Je ne veux pas me détacher et pourtant je le dois. Parce qu’à poursuivre cette étreinte on pourrait tout précipité et ça n’est pas le moment. Il nous faut du temps pour nous. Pour nous poser les bonnes questions. Pour savoir comment avancer ensemble. Pour savoir ce que nous choisirons à l’avenir. Mais aussi pour définir exactement nos sentiments l’un pour l’autre. Car nous avons mûri tous les deux. Et si l’amour qui nous uni à cet instant n’est qu’un reste de ce qu’on éprouvait par le passé ? J’aurais préféré ne pas me poser la question. C’est pour cette raison que je la chasse de mon esprit pour me focaliser sur elle. Parce qu’elle mérite l’attention d’un homme. D’un homme qui la fera se sentir en sécurité et qui lui réapprendra que l’amour peut être magique, lorsque le moment et les bonnes personnes sont réunis.

D’autres sujets vinrent sur le tapis et bien vite, nous revîmes au dîner. Connaissant ses talents culinaires, je me proposais pour un sandwich banane-beurre de cacahuètes avant de lui suggérer un traiteur. Niant tout en bloc mes propositions, je lui laissais carte blanche pour le dîner. Erreur grossière de ma part, lorsqu’on sait qu’à son dernier dîner qu’elle m’avait préparé, j’ai cru me rendre malade pour avoir avalé trop de charbon. En soit, il parait que c’est pour la santé d’en manger. Enfin pas en quantité astronomique. En vérité si vous voulez manger quelque chose de potable, il était plutôt judicieux de virer proprement Casey d’une cuisine. Sauf qu’il fallait être malin et astucieux pour la faire abandonner son projet. Car elle était bornée. Ainsi mon plan le plus fin et élaboré jaillit dans mon esprit. La déstabiliser et la perturber. Ce qui marchait plutôt bien, si j’en concluais les résultats. Sa remarque avait le don de me faire rire. Elle n’était pas prête de me voir à genoux et la supplier. Ou du moins, pas pour de la nourriture. Je préférais encore avaler du charbon !

« Moi à genoux ? Dans tes rêves ! » Déclarais-je naturellement. « D’ailleurs je note que tu veux me faire goûter ton repas… pas manger. Ce qui est tout à fait différent. J’ai donc le loisir d’accepter une seule bouchée ! Que Dieu ait mon âme, je suis sauvé ! » Ironisais je avant de lui adresser ce sourire en coin.

J’avouais, c’était pousser le bouchon un peu loin mais au moins, avec ça je pouvais encore vivre plusieurs décennies. Car il n’était pas bon de voir Casey trainer dans une cuisine. Peut-être était-ce aussi parce que j’avais raconté à ma mère ses exploits, qu’elle a tant tenu à m’apprendre à cuisiner. Enfin les bases. Et puis, les traiteurs, c’était si simples. Pourquoi se compliquer la vie en restant des heures en cuisine alors qu’on peut avoir le même résultat en se faisant livrer ?

Je n’étais ni dragueur, ni frimeur dans l’âme. Avec les filles j’aimais les amuser, je le reconnaissais. Encore plus avec elle. Car elle lisait à travers moi avec tant de facilité que c’en était déconcertant. Parce qu’elle savait déjà qu’elle détenait mon cœur. Ainsi à sa demande, je lui fournis couteau et plat, non pas sans un commentaire. Voir ce sourire sur ses lèvres avait cet effet bienfaisant sur moi. C’était comme si chaque pièce du puzzle retrouvait sa place. Comme si cette scène, dans cette maison, était des plus normales.

Devant cette scène que je réalisais tout prit forme. On était à notre place. En couple. Dans une maison qui pourra être la nôtre si nous le décidons ensemble. Alors même si mon plan de la perturber pour la faire quitter cette cuisine était toujours d’actualité, c’était spontanément que je m’étais glissé dans son dos. Mes gestes n’avaient rien de prémédités. Dégager sa nuque, rapprocher mon corps du sien, poser mes lèvres dans son cou, laisser glisser mes mains le long de son corps, je n’avais pas besoin de réfléchir, c’était instinctif. Mon corps reconnaissait le sien et mes lèvres affamées ne demandaient qu’une seule chose, encore plus de peau, plus de contact. Les battements de mon cœur s’envolaient et ce contact m’était insuffisant, je voulais beaucoup plus et pourtant, je me retenais. Mes lèvres remontaient le long de sa nuque tandis que je la sentais frissonner sous mes doigts. Le désir qui nous traversait, n’avait plus rien de contrôlable. Je savais que d’une minute à l’autre, je ne serais plus capable de me retenir. Ainsi, je murmurais quelques mots à son oreille pour tenter un instant de reprendre mes esprits. Sauf que déjà mes lèvres s’attaquaient au lobe de son oreille et qu’elle gémissait doucement à ce contact. Une douche glacée ne me réussira pas mieux, songeais-je. Je poursuivais ma tâche avec lenteur, lui assurant autant de douceur que possible, attisant ce désir violent et animal qui nous caractérisait. Il lui fallut plusieurs secondes avant de pouvoir articuler péniblement quelque chose. Ses mots me firent sourire. Elle osait me répéter mot pour mot ce que j’avais prononcé un moment plus tôt.

« - Moi, j’ai dit ça ? » soufflais-je contre sa peau. « Je crois pas. T’as du mal entendre. » Feignais-je lorsque ma main entre en contact avec sa peau, au niveau de sa taille. Je pourrais jurer qu’elle se tendait plus vers moi. Qu’elle aussi éprouvait ce besoin qu’on soit uni à cet instant. Mais on devait être prudent et patient. Attendre nous ferait autant de bien. Ainsi jouer avec elle, me ferait rire si moi, je n’étais pas frustré de cette situation. On allait beaucoup trop vite. Parallèlement, on était incapable de se résister. La tentation était trop forte et nous avions l’occasion rêvée pour nous laisser guider par ce désir brut qui nous traverse. Je m’éloignais alors subitement. Rejoignant le salon, je l’entendais déjà fulminer contre moi. Un tel moment était rare et jouissif. Rien que l’entendre énoncer mon nom en entier me fis rire. Et lorsqu’elle me rejoignit dans le salon, les yeux pleins de désir et pourtant agacés, je sus que j’avais gagné. Elle ne cuisinerait pas et je l’aurais dans mes bras pour la soirée. Dire qu’elle était persuadé que je n’arriverais pas à la perturber. A croire qu’elle avait oublié combien je pouvais être doué à ce petit jeu. Sa mise en garde n’en était que plus amusante. Avant même qu’elle puisse continuer sur sa lancé, je lui tendais ma main pour l’inviter à danser.

Sa colère se dissiperait assez vite, si j’étais assez rapide. Elle ne résisterait pas longtemps. J’en étais convaincu. Quatre années nous ont changées. Et même si ça peut remonter à une éternité, ma Casey est toujours là. Et surtout elle m’aime, alors je n’ai pas peur des représailles. Car aujourd’hui, on sait qu’ensemble on parviendra à tout. A nous reconstruire et pourquoi pas à avoir notre propre famille un jour ? Au rythme de la musique, je la ramenais plus près de moi tandis qu’à son tour, elle en profitait pour m’infliger cette lente torture. Ses lèvres remontaient de ma clavicule à ma mâchoire avant de s’arrêter à la commissure de mes lèvres. Elle était douée. Trop. Et bientôt, je serais son objet. Je dus faire l’effort de ne pas craquer à cette seconde précise. Ses doigts me massaient la nuque avec une efficacité que je ne lui connaissais pas. J’en lâchais un petit gémissement tandis qu’elle m’avertissait de ne plus jamais recommencer.

« - Si j’obtiens de tel résultat à chaque fois… j’ai bien peur que tu auras encore droit à ce stratagème à l’avenir. » soupirais je de plaisir alors que ses doigts possédaient le don de faire disparaitre toute tension dans ma nuque. C’était exaltant de savoir l’effet qu’on pouvait produire sur une personne. De savoir que l’amour pouvait tout changer. Et à cet instant, je ne voulais rien d’autre qu’elle. Là, dans mes bras, je ne pouvais pas être plus heureux. Rien ne nous arriverait car on serait uni. Plus encore que par le passé. Et j’en eu confirmation lorsque, avec appréhension elle se confia.

J’aurais pu l’en empêcher. L’interrompre. Changer de pièce et de posture mais non. Elle était dans mes bras. Au creux de ce cocon de tendresse et de sécurité. Peut-être avait-elle besoin de s’assurer d’être protégé et aimer, avant de pouvoir se libérer du poids qui pesait encore sur ses épaules. Je l’écoutais alors dans le plus grand silence, tout en m’efforçant de la détendre. Une main glissé sur sa hanche, l’autre jouait avec le liserait de son haut. Mes doigts étaient à la limite du contact de sa peau. Et je connaissais la violence du désir qui nous traverserait, si jamais je glissais mes doigts sous le bout de tissu. Je m’en retins alors tandis qu’elle m’expliquait en quoi j’étais devenu son sauveur, son héros, que notre amour était ce qui l’avait maintenu en vie durant l’enfer qu’elle avait traversé.

Au plus profond de moi, je maudissais Forsythe. Parce qu’il avait détruit non pas une vie, mais deux. Casey et celle de notre enfant. Il était le responsable de toute cette situation. De cette nouvelle fragilité chez Casey. Ça n’était pas ce qui changerait mes sentiments pour elle. J’étais juste encore plus déterminé à l’envoyer pourrir derrière des barreaux. Je me détachais très légèrement d’elle, afin de pouvoir croiser son regard. Je remontais ma main à son visage avant d’apposer mes lèvres sur son front.

« Même si j’aimerais être ce héros, tu sais au fond de toi que c’est pas le cas. » Elle savait que je lui dirais ça. J’en étais persuadé. Parce que tout comme elle, c’est cet amour qui m’a empêcher de continuer à faire des conneries. « T’aimer est la chose la plus simple du monde. J’ai pas eu à me demander qu’elle répercussions ça pourrait avoir. Parce que je suis né pour t’aimer, Casey. » Murmurais-je, en voyant nos doigts s’entrelacer de la manière la plus naturelle qui soit. « C’est pour ça que je me bats. Pour nous… pour que d’autres personne n’ai pas à vivre ce que tu as traversé. Parce qu’il y a d’autres enfants et d’autres femmes comme toi qui traversent l’enfer à cause de… de ton père. » Hésitais-je sur la fin. « Pour toi, pour ces femmes et ses enfants, je veux le mettre hors d’état de nuire. Je t’aime trop pour te perdre une seconde fois. » Elle avait cru mourir lorsque notre enfant était mort. Pour ma part, je mourrais de la voir simplement disparaitre. Notre enfant. Notre bébé. C’était une notion abstraite chez moi. Je n’avais, jusque-là, vu aucune modification chez Casey. Peut-être sa poitrine en fin de compte. Hormis ça, elle semblait avoir gardé la même physionomie qu’avant cette grossesse. J’avais du mal à me faire à l’idée que l’espace de quelques mois j’ai pu être père. Ma réaction à cette annonce, si elle avait eu le temps de me l’annoncer ? Je n’en sais rien mais aujourd’hui, je sais qu’il me manque quelque chose. Qu’il nous manque quelque chose. Ce petit garçon qui était le signe de notre amour. Pour ça, son père doit payer, parce que personne n’a le droit d’effacer une vie comme il l’a fait.

Je l’attirais alors vers le bar. Se libérer de ce poids mettait ses nerfs à rude épreuve. Moi-même je l’étais et pourtant, je n’avais pas vécu ce qu’elle avait traversé. Faisant le tour du bar, je gardais un œil sur elle, tout en sortant deux verre et une bouteille de tequila. Elle avait besoin d’un remontant. Après deux shoots, elle irait mieux. C’était le remède d’Andy. Quand tout allait mal ou parce qu’il devait encaisser une nouvelle un peu trop perturbante. Versant le liquide dans les verres, je reposais la bouteille et fis le tour en lui glissant le premier verre entre les mains.

« - T’as besoin d’un remontant. » déclarais-je en la voyant si pâle. « Manquerait plus que tu tombes dans les pommes… même si pour une fois, je serais volontaire pour faire du bouche à bouche… » Plaisantais-je doucement, lorsqu’elle vida le premier verre d’un trait. Je l’observais alors méticuleusement. Elle devait savoir que je n’étais pas là uniquement par rapport à notre passé. Qu’on ait eu un enfant ensemble. Ou parce qu’on était marié. Mais parce qu’aujourd’hui, je l’aime plus que tout. Et pour ça, à cette seconde précise, il n’y avait qu’un seul objet qui pouvait le lui prouver. Je retirais alors ma chaine où pendait mon alliance pour la passer autour de son cou.

« Comme ça, je serais toujours avec toi. Où que tu sois, j’y serais. Tu sauras que je veille sur ta sécurité et que je t’aime. Pas un seul jour, je n’ai regretté cette nuit à Tijuana… » Murmurais-je en glissant ma main sous son menton. « Si dans toute ma vie, il y avait une chose que je ne changerais pas… ça serait cette nuit. » Je le pensais sincèrement, car elle ne m’avait pas simplement donné l’opportunité de m’unir à elle. Elle m’avait tout donné, son cœur et son âme. Et de cette union était née la plus belle chose du monde. Notre enfant… même si la fin était tragique. Aujourd’hui, on pouvait tout recommencer. Et elle n’aurait qu’un mot à prononcer pour que je lui donne cette famille. Je crois qu’elle le savait dans le fond.

Revenir en haut Aller en bas
« Casey H. Forsythe »


Casey H. Forsythe

Messages postés : 52
à San Diego depuis : 10/11/2010
Emploi/Situation : Etudiante

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyDim 5 Déc - 17:57

Je n’aurais jamais pensé retrouver tout ça. Quand j’avais quitté la Suisse, quand j’avais pris la fuite et que j’étais revenue à San Diego, il va sans dire qu’une part de moi-même avait espéré retrouver Logan, avait espéré qu’il m’ait attendue, que mon retour nous réunirait. J’avais naïvement espéré que ces quatre années, il les avait passées à m’attendre. Mais quand j’avais dû prendre l’avion, quand j’avais dû trouver de l’argent pour m’acheter mon billet, j’étais tombé sur un homme, qui, bien qu’il m’ait aidée à rentrer, m’avait aussi ramenée à la réalité. Il s’appelait Pascal. Il avait dans la trentaine, et c’était à l’aéroport que je l’avais rencontré. Juste après que je me sois rendue compte que je n’avais pas le moindre argent pour me payer un billet d’avion jusqu’à New-York. Dans son costume de grand couturier, il s’était approché de moi, avec un sourire bienveillant aux lèvres, tenant à savoir où je comptais me rendre comme ça. Méfiante, j’avais préféré couper court à ma conversation avec lui. Je lui avais alors répondu, pour le repousser, je l’admets, que je devais aller à San Diego, pour retrouver mon mari. Il avait ri, avant de me faire remarquer que je ne portais aucune alliance. Il m’avait alors demandé si mon mari était imaginaire, et s’il ne servait qu’à l’éloigner. Techniquement, Logan n’était plus mon mari, j’en étais consciente. Malgré tout, j’avais répondu qu’il existait bel et bien, et que si je ne portais plus mon alliance, c’était parce que j’avais mes raisons. Des raisons qui étaient, en réalité, indépendantes de ma volonté. Mais ça, il n’en savait rien. Relevant sa main gauche, il m’avait alors montré son alliance à lui, avant de me répondre que, pour lui aussi, les choses étaient compliquées. M’invitant à prendre un café, il avait tenu à me parler. A me raconter ce qui lui était arrivé. Sa femme l’avait quitté pour un autre. Il était venu la chercher en Suisse, bien qu’il soit originaire de France, de Paris, pour être plus précise. Lorsqu’il était arrivé en Suisse, il avait appris que son ex-femme avait déménagé pour l’Angleterre.

« Elle est partie, il faut que je l’accepte. »

Je n’avais rien répondu, comme je n’avais pas touché au café qu’il m’avait offert. En réalité, je n’avais pas prononcé le moindre mot ou fait le moindre geste depuis qu’il m’avait entrainée dans ce bar à quelques pas de l’aéroport. Puis, il m’avait posé une question. Il m’avait demandé si j’étais anglaise, à cause de mon accent. Secouant la tête, je lui avais alors répondu que j’étais Américaine, originaire de Californie.

« C’est vrai… San Diego… Votre mari. J’ai failli oublier. Comment se fait-il que vous soyez seule en Suisse, et que lui soit resté à San Diego ? »

Son insistance me gênait. Voulant couper court à la conversation, je lui avais dit que c’était une longue histoire, ce à quoi il m’avait répondu qu’il avait tout son temps, à présent, puisqu’il avait décidé de ne plus courir après sa femme. J’avais alors rétorqué que je n’avais pas envie d’en parler. Il avait ri, une nouvelle fois, avant de me demander depuis combien de temps j’étais mariée. Quatre ans, lui avais-je répondu. Il m’avait alors demandé depuis combien de temps j’étais en Europe. Je lui avais alors répondu que j’étais là depuis quatre ans également. Je l’avais vu hausser un sourcil, surpris de ma réponse.

« Je vois… »

Il n’avait rien ajouté pendant un moment, et j’avais commencé à boire mon café, quand il m’avait dit que sa femme s’appelait Julie et qu’il m’avait demandé le prénom de mon mari. Je lui avais alors répondu. Et puis, après un moment, il m’avait dit :

« Et là, vous allez le retrouver. »

J’avais simplement hoché la tête, et il avait de nouveau sourit, avant de répondre :

« C’est long, quatre ans », avait-il dit. « Il ne vous a peut-être pas attendue, votre Logan. »

Ses mots m’avaient laissée encore plus silencieuse. C’était à cet instant que la réalité s’était imposée à moi, que j’avais réalisé qu’il avait raison et que je me faisais peut-être des illusions. Quatre ans, c’était long. Très long. Surtout quand on pensait que notre moitié nous avait oubliée. Peut-être était-il passé à autre chose, peut-être avait-il quelqu’un d’autre dans sa vie. Peut-être s’était-il remarié, peut-être avait-il eu un autre enfant, avec une autre. Ces éventualités m’avaient rendue malade. Je refusais d’y croire. Je refusais d’y penser. Parce que si j’y pensais maintenant, alors, autant faire demi-tour et retourner dans cette foutue institution pour y passer le reste de mes jours. Non, définitivement, si je voulais garder cette force qui me poussait à regagner le territoire Américain, je ne devais pas penser à cela. J’y penserais plus tard. Lorsque je serai de retour dans mon pays, et dans ma ville natale. Je voulais le voir. Le retrouver. J’aviserai après. J’avais besoin de lui. Besoin qu’il fasse partie de ma vie, d’une manière ou d’une autre. La vérité, c’était que je n’imaginais absolument pas ma vie sans lui.

« Néanmoins… J’aimerai que Julie revienne vers moi un jour. Même si ça doit être dans quatre ans. »

Levant les yeux vers lui, je lui avais répondu que rien n’était perdu, et que cela arriverait peut-être, et peut-être même plus tôt que ça. Il avait souri, avant de chercher quelque chose dans sa veste. Son portefeuille. Il en avait sorti plusieurs billets, avant de me les tendre. Fronçant les sourcils, je n’avais pas compris où il voulait en venir et j’avais refusé son argent. Il avait cependant insisté, déclarant que cet argent ne lui serait d’aucune utilité, tandis que j’en aurais besoin.

« Ne faites pas attendre Logan plus longtemps. »

J’avais alors pris l’argent et j’étais retournée, avec lui, jusqu’à l’aéroport où j’avais réservé un billet pour New-York. Il m’avait alors accompagnée jusqu’à la salle d’embarquement, en me souhaitant bonne chance.

Pascal faisait partie de ces rares personnes que j’avais rencontrées, et qui m’avaient aidée. Je regrettais, aujourd’hui, de ne pas avoir gardé ses coordonnées, pour prendre de ses nouvelles. Car si je ne m’étais pas forcément montrée très chaleureuse avec lui, son histoire m’avait touchée, et j’aurais aimé prendre de ses nouvelles, plus tard.

J’aurais aimé lui dire que mes espoirs n’avaient pas été infondés. Lui dire que Logan ne s’était pas remarié, qu’il m’avait effectivement attendue. Parce que les mots de Pascal m’avaient fait douter, parce que lorsque j’étais arrivée à San Diego, je n’aurais jamais cru pouvoir le retrouver de la sorte.

Ce moment que nous passions ensemble, c’était une seconde chance. Celle de se retrouver, celle de rattraper un minimum tout ce temps que nous avions perdu. Et si, au départ, le malaise avait été évident entre nous, il ne s’était pas dissipé lorsque certains sujets plutôt sensibles, comme celui de mon père, avaient été abordés. Je savais pertinemment qu’on n’aurait pas pu se retrouver sans parler de lui, sans faire une seule fois mention de son nom. Après tout, c’était à cause de mon père que nous avions été séparés, à cause de lui que ces quatre dernières années avaient été pour nous synonyme de souffrance. Il était inévitable. Et pourtant, le simple fait de parler de lui me rendait mal à l’aise. Logan, lui, voulait en parler. Il voulait me dire ce qu’il avait découvert sur lui. Il voulait s’opposer à lui, le remettre à sa place. L’amener devant la justice. C’était un moyen, pour lui, de nous venger après ces dernières années. Un moyen aussi de jouer les héros. La justice, elle ne pourrait jamais être rendue. Si je n’avais pas osé le dire à Logan, je n’en pensais pas moins. Oui, peut-être irait-il derrière les barreaux. Oui, cela nous soulagerait forcément. Mais ça ne changerait rien à nos vies. Ca ne nous rendrait pas ces quatre années que nous avions perdu, ce bébé qu’i l nous avait enlevé. Ca n’enlèverait pas la souffrance qu’il avait causée. La justice était inutile. Et puis, même s’il était jugé, ça ne serait pas pour ce qu’il nous avait fait, à nous, mais pour d’autres magouilles. Jamais il ne serait amené à payer pour ce qu’il nous avait fait, à nous présenter des excuses pour l’attitude qu’il avait eue. Alors, oui, à mes yeux, cette démarche était inutile. Et en ce qui concernait les autres pseudo-motivations de Logan, elles l’étaient tout autant. Il n’avait pas besoin de jouer les héros, il en était déjà un à mes yeux. Quand je le lui avais dit, il avait semblé plutôt surpris par ma remarque, et il avait tenté de savoir en quoi il avait mérité ce titre. Cela se faisant, nous avions allégé un peu plus la conversation, ce qui m’avait permis de le taquiner un peu en lui demandant ce qu’il était prêt à me donner en échange d’informations supplémentaires. J’aimais jouer avec lui, le voir faire ses blagues – parfois à deux balles, reconnaissons le – et voir ce sourire malicieux naitre sur ses lèvres. J’aimais voir ses yeux briller avec cette lueur malicieuse. Je l’aimais tout simplement. Mais bien plus que ça, j’aimais retrouver ces semblants de complicité qui me rappelaient le passé et combien nous avions été liés l’un à l’autre. Sa réponse ne tarda pas à venir…

« Tout dépend de l’information… ça peut aller de mon superbe costume de justicier des temps moderne, à un dîner romantique dont j’ai le secret… jusqu’à ce que tu m’ais, moi, pour toi toute seule. Mais attention, ne soit pas trop gourmande… tu peux pas tout avoir à la fois ! »

Il avait ce regard espiègle, qui avait le don de me faire craquer. Je me mordis la lèvre inférieure, avant de répondre :

« Ne pas être trop gourmande ? C’est trop m’en demander. Et puis, tu sais pertinemment que lorsqu’il s’agit de toi, je n’ai aucune limite. »

Oui, avec Logan, j’en voulais toujours trop, tout de suite. C’était en partie ce qui nous avait conduits à notre perte, la première fois. Cette précipitation que je ne savais pas maitriser, ce désir incontrôlable. Avec Logan, j’en oubliais toute raison.

Le sujet de mon père revint, et si Logan m’avoua partiellement qu’il était impliqué dans la mise en examen probable de mon père, je ne tenais pas à en savoir plus pour le moment. Je ne voulais pas savoir ce que mon père avait fait, savoir comment Logan était impliqué là dedans. Je ne voulais pas gâcher nos retrouvailles avec celui qui nous avait séparés. Mon père ne méritait pas qu’on perde tout ce temps à parler de lui, à s’occuper de lui. Il méritait de passer le reste de ses jours, seul, et de mourir de la même manière, sans que personne ne vienne pleurer sur sa tombe. La solitude, mine de rien, pouvait peser à un être humain. L’être humain n’était pas fait pour vivre seul. Ca, je l’avais bien compris ces quatre dernières années. La solitude m’avait détruite. Tout ce que j’espérais à présent, c’était que l’indifférence et la solitude comme celles que j’avais connues de la part de mon père pendant quatre ans, finissent par lui faire comprendre la douleur qu’il m’avait infligée.

Plus le temps passait, plus nous retrouvions cette complicité qui nous avait tant manqué. C’était quelque chose que nous avions toujours possédé, cette amitié, cette complicité qui nous permettait de nous détendre en présence de l’autre. Celle-ci, en plus d’être mentale, avait aussi été très physique à une époque. A cette époque où nous étions liés l’un à l’autre sur bien plus de points que l’on pouvait se l’imaginer. Nous retrouvions tout cela. Même ce contact physique, que Logan s’efforçait de garder. Un contact qui m’avait d’abord mise mal à l’aise, parce que je ne savais tout simplement pas où tout cela allait nous mener. Je ne voulais pas que quelques conversations agréables, quelques sourires, la commémoration de quelques bons souvenirs et quelques baisers échangés nous laissent croire à un futur possible entre nous si ça n’était pas le cas. Je voulais m’assurer que quelque chose était vraiment possible, que tout cela ne signifiait pas rien pour lui. J’avais besoin d’en être sûre, pour ne pas fonder de faux espoirs, pour ne pas être déçue par la suite. Aujourd’hui, plus que jamais, j’avais besoin de savoir que son amour pour moi était sincère, que ça n’était pas l’affaire d’une soirée. Je voulais m’assurer que nous voulions la même chose, et que nous ne nous retrouvions pas juste « en mémoire du bon vieux temps ». Je voulais sincèrement retrouver cette relation que nous avions eue tous les deux. Je voulais sincèrement finir ma vie à ses côtés, et j’espérais juste qu’il en allait de même pour lui.
C’était visiblement le cas, compte tenu du piédestal sur lequel il aimait me placer. Il disait que les autres ne m’étaient jamais arrivées à la cheville. En réalité, c’était notre histoire qui l’avait aveuglé. Notre amour avait été tellement fort que les autres aventures n’avaient pas eu le même sens pour lui. Ce que je pouvais comprendre. Je le lui avais d’ailleurs expliqué.

« Non. C’est juste que tu ne t’es jamais vu avec mes yeux. »

J’aurais du me douter qu’il me contredirait. Il aimait avoir raison. Surtout sur un point comme celui-ci. Mais il avait tort. Je n’étais pas mieux que les autres. J’avais des qualités, mais j’avais des défauts… Parmi ceux-ci, j’avais déjà manqué de courage pour m’opposer face à mon père. J’avais également manqué de confiance en lui, et je me trainais notamment un père sans aucun scrupule, qui avait gâché notre vie à tous les deux. Je savais donc pertinemment que je n’étais pas au dessus des autres, et qu’il méritait peut-être mieux. Et si je l’avouais, ça n’était pas pour autant que j’acceptais de le laisser. Car malgré tout le négatif que je pouvais apporter dans sa vie, je savais également lui apporter du positif. Et je savais également combien il pouvait dépendre de moi, à l’image de la dépendance que j’avais à lui.

« Alors, tes yeux sont foutus Logan. C’est pas parce qu’on est faits l’un pour l’autre que je suis meilleure que les autres. »

J’esquissai un léger sourire. Je pensais ce que je disais. Je pensais qu’on était faits l’un pour l’autre. J’y croyais dur comme fer. Parce que, si ça n’avait pas été le cas, nous ne nous serions jamais retrouvés après tout ce temps. Il était mon âme sœur. Il était l’homme de ma vie. Et c’était pour cette raison que je n’avais jamais renoncé à lui. Mais cela ne faisait pas de moi une fille meilleure que les autres.

Malgré tout, je n’étais pas contre ses petites attentions, ses caresses et ses baisers. Tout autant de gestes qui me rendaient folle de désir pour lui, et qui ne me donnaient qu’encore plus envie de passer le reste de ma vie dans ses bras. Oui, il me rendait folle. Littéralement. Et je l’aimais plus que tout. Avec lui à mes côtés, en sentant ses mains contre moi, ses lèvres sur ma peau, j’avais l’impression de revenir quatre ans en arrière, à cette époque où seul l’amour comptait entre nous. A cette époque où j’avais eu, moi aussi, des attentions à son égard, et certaines dont il avait gardé un mauvais souvenir. Le pire de tous était certainement celui de ce jour où j’avais voulu lui faire la cuisine. Et puisque la cuisine était ma condition à ce que je reste chez lui pour la soirée, ce souvenir lui était forcément revenu en mémoire, et c’était pour cette raison qu’il tentait de me convaincre de ne pas m’atteler à la tâche. Ses propositions diverses et variées – même celle d’appeler un traiteur – furent toutes repoussées par mes bons soins et ses tentatives pour me distraire et me perturber furent ainsi vaines. J’ajoutais même à cela que lorsqu’il aurait goûté à ce que je lui préparais, il se mettrait à genoux pour que je cuisine à nouveau pour lui.

« Moi à genoux ? Dans tes rêves ! D’ailleurs je note que tu veux me faire goûter ton repas… pas manger. Ce qui est tout à fait différent. J’ai donc le loisir d’accepter une seule bouchée ! Que Dieu ait mon âme, je suis sauvé ! »

Je fronçai les sourcils, avant de lui adresser un regard quelque peu mécontent.

« Très bien. Joue les malins tant que tu veux ! Tu ne veux qu’une bouchée ? Ca ne me pose aucun problème, je garderai le reste de ma préparation pour moi et cette fois, tu te mettras à genoux pour implorer mon pardon et pour que j’accepte de te laisser manger ce que j’ai préparé ! »

J’esquissai un nouveau sourire. Décidément, j’avais vraiment envie de le voir se mettre à genoux ce soir. Mais cette idée de le voir abdiquer m’amusait, c’était plus fort que moi.
Mais Monsieur n’avait pas dit son dernier mot. Ainsi, quand il me suggéra à nouveau d’appeler un traiteur, je niais sa proposition en bloc, tout en tentant de lui expliquer pourquoi ce diner me tenait tant à cœur. Mes explications furent cependant vite coupées, car il ne perdit pas une seconde avant de se retrouver derrière moi, ses lèvres se déposant doucement dans ma nuque et ses doigts commençant à parcourir mon corps. C’est à cet instant qu’il me fit abdiquer, à cet instant que je perdis tout sens de la raison et que je me perdis dans ses douces caresses. Il reprit alors la parole, m’expliquant ce qu’il attendait de moi. Pour faire court, il m’avait dit qu’il voulait que je sois celle qu’il aimait. Ce qui ne m’avait bien entendu pas échappé. Et s’il me fallut un petit moment pour recouvrer mes esprits après que ses lèvres aient capturé le lobe de mon oreille et que ses mains se soient aventurées sur mon ventre, j’avais cependant réussi à lui faire remarquer qu’il m’avait dit m’aimer, de la même façon qu’il l’avait fait un peu plus tôt avec moi. Je sentis un sourire se dessiner sur ses lèvres, encore contre ma peau, et il me répondit, dans un souffle qui me fit frissonner :

« Moi, j’ai dit ça ? Je crois pas. T’as du mal entendre. »

Je secouai la tête.

« Tu l’as dit. J’ai très bien entendu. Tu as dit mot pour mot : « Je t’aime Casey Forsythe, tu es la femme de ma vie, et même l’éternité ne viendra pas à bout de mon amour pour toi. » »

J’esquissai un nouveau sourire. Bien sûr qu’il n’avait pas dit ça. Mais je pouvais toujours rêver, non ? Et puis, je savais que, s’il n’avait pas dit ces mots, il les pensait cependant en grande partie, si ce n’est pour dire complètement.

Rapidement, mon attention fut sollicitée par sa main qui entra en contact direct avec ma peau, juste au niveau de ma taille. Son geste me rendit folle. J’eus envie de me retourner pour l’embrasser, mais il était déjà parti, me laissant en plan dans la cuisine. Je le maudissais déjà, et je l’entendais rire depuis le salon. Il pouvait s’amuser, ça n’était pas lui qui était abandonné complètement frustré devant tout un tas de courgettes découpées en rondelles. Je fulminais intérieurement, et je comptais bien prendre ma revanche, un jour ou l’autre. Il savait que j’étais tout aussi joueuse que lui, et qu’à chaque fois, entre nous, c’était du donnant-donnant. Rejoignant le salon, je l’avais mis en garde, mais je n’avais pas eu le temps d’en dire plus que, déjà, il me tendait la main et m’invitait à danser avec lui. Je n’avais pas pu résister plus longtemps, et j’avais bien entendu accepté. Rapidement, mon corps retrouva le sien, et mes lèvres, enfin face à lui, attaquèrent son corps ou plutôt chaque parcelle de peau que je pouvais atteindre. Déposant celles-ci sur sa clavicule, puis sur son cou, j’étais lentement remontée à son visage, et je l’avais embrassé à la commissure des lèvres. Contrairement à lui, mes gestes n’étaient en rien faits pour le frustrer. Je ne comptais pas arrêter brutalement mes baisers ou mes caresses. Et j’avais justement entrepris de masser doucement l’arrière de sa nuque, tout en reprenant la parole et en lui ordonnant de ne plus jamais me faire ce qu’il m’avait fait subir dans la cuisine. Un petit gémissement lui échappa, et il déclara :

« Si j’obtiens de tel résultat à chaque fois… j’ai bien peur que tu auras encore droit à ce stratagème à l’avenir. »

Je poussai un léger soupir, avant de reposer mes lèvres dans son cou, que je mordillai légèrement.

« Si tu recommences, Logan, je te promets de te laisser encore plus frustré que moi dans cette cuisine. Et voyant comment tu réagis à la moindre de mes caresses, je sais que je n’aurais aucun mal à te faire subir le même sort. »

Je lui adressai un sourire qui se voulait malicieux, avant d’embrasser rapidement ses lèvres, et de reposer ma tête contre lui. J’étais bien dans ses bras. Tellement bien, que j’en avais commencé à lui parler. De quoi ? Des raisons qui faisaient de lui mon héros. Faire mention, même très vaguement, de notre fils, était assez étrange pour moi. Parce que notre fils n’existait pas aux yeux de Logan. Enfin, si, il existait, mais pas de la même façon qu’il existait à mes yeux. Jamais Logan ne m’avait vue enceinte, il ne m’avait jamais vue avec le ventre arrondi, n’avait jamais vu la moindre échographie, encore moins notre enfant. Alors, en parler, c’était étrange. Etrange parce que, quelques semaines encore plus tôt, il avait tout ignoré de l’existence de ce petit être que j’avais eu la chance de tenir dans mes bras, contrairement à lui. Je savais que la mort de cet enfant ne devait pas représenter la même chose pour Logan. Son deuil ne serait pas le même. Je ne savais pas s’il souffrirait de sa perte. Honnêtement, je n’en avais aucune idée, je n’avais aucune idée de comment il avait pris cette nouvelle, même si je me doutais bien que cela n’avait dû qu’attiser encore plus la haine qu’il avait à l’égard de mon père. Je savais que la souffrance qu’il pouvait peut-être ressentir à l’idée qu’il n’ait jamais connu cet enfant était différente de celle que j’avais connue. Et puis, je savais très bien qu’on ne pouvait pas ressentir la même chose. Cet enfant, moi, je l’avais porté pendant neuf mois, je l’avais senti grandir en moi, il avait fait partie intégrante de ma vie pendant quelques mois tandis qu’il venait tout juste de faire apparition dans celle de Logan. Pendant que je parlais, je sentais les mains de Logan posées sur mon corps, ses doigts me caresser avec douceur, comme pour me rassurer. Et j’appréciais ses gestes. Tout ce que je voulais, c’était que Logan comprenne. Mais je savais déjà que c’était trop lui demander, je me doutais déjà de ce qu’il allait répondre à ce que j’avais à lui dire. Je sentis son corps s’éloigner légèrement du mien, nos regards se croisèrent, sa main se posa sur mon visage, et ses lèvres se posèrent avec délicatesse sur mon front.

« Même si j’aimerais être ce héros, tu sais au fond de toi que c’est pas le cas. »

Je soupirai. J’en étais certaine. Je le savais. Il ne voulait pas l’admettre. Il était prêt à dire n’importe quoi, à dire que j’étais au dessus des autres ou que sais-je encore, mais il n’était pas prêt à reconnaître l’importance qu’il avait eu dans ma guérison. Je savais qu’il me dirait quelque chose comme ça, qu’il songerait que je m’en étais sortie grâce à une force intérieure ou je ne sais quoi d’autre encore dont j’avais été inconsciente jusqu’à ce que je traverse tous ces drames. La vérité était toute autre. La vérité, c’était que c’était lui, ma seule force.

« Tu sais que j’ai raison. Que sans toi, je n’aurais eu aucune raison de me battre. »
« T’aimer est la chose la plus simple du monde. J’ai pas eu à me demander qu’elle répercussions ça pourrait avoir. Parce que je suis né pour t’aimer, Casey. »

Il aurait peut-être dû se poser ces questions. Peut-être que ça nous aurait permis de nous aimer ailleurs, de prendre la fuite ou que sais-je encore. Si nous nous étions posé les bonnes questions, nous n’en serions pas là. Et pourtant, ses mots me touchaient. Il ne m’avait jamais fait de déclaration aussi belle que celle-ci. Il me donnait envie de l’embrasser. Au lieu de ça, nos doigts s’entrelacèrent, et je sentis mon cœur bondir comme jamais dans ma poitrine. J’avais l’impression que c’était moi qui lui parlais. Parce qu’il disait là, exactement ce que je ressentais pour lui. Nous étions faits pour nous aimer. Ca, je l’avais réalisé depuis bien longtemps.

« C’est pour ça que je me bats. Pour nous… pour que d’autres personne n’ai pas à vivre ce que tu as traversé. Parce qu’il y a d’autres enfants et d’autres femmes comme toi qui traversent l’enfer à cause de… de ton père. Pour toi, pour ces femmes et ses enfants, je veux le mettre hors d’état de nuire. Je t’aime trop pour te perdre une seconde fois. »

Si, d’ordinaire, je lui aurais fait remarqué qu’une nouvelle fois il m’avait dit m’aimer, cette fois, je n’en fis rien. Levant les yeux vers lui, je secouai la tête. Je ne voulais pas l’entendre parler de l’éventualité qu’on soit séparés une nouvelle fois. Parce que ça donnait de l’importance à mon père, parce que ça remettait en cause notre amour. Ca me faisait peur. Et ce qu’il disait, paradoxalement, me semblait complètement dénué de sens.

« Tu ne me perdras pas, tu ne me perdras plus. Jamais. Parce que jamais je ne pourrais… »

Je m’arrêtai, sentant la panique me gagner. J’inspirais légèrement, avant de reprendre :

« Je t’aime. Plus que tout. Plus que ma propre vie. Tu es le seul que j’ai jamais aimé, le seul que j’aimerai jusqu’à la fin de ma vie, quoi qu’il arrive… Mais… Tu te bats contre des moulins à vent Logan. Ca ne sert à rien de se battre, ça ne changera rien, rien ne te garantit que ça le sortira de nos vies. Et si ça marche, ça ne sera que l’affaire de quelques mois, quelques années tout au plus. Quand tout sera fini, sa colère sera encore plus grande. Te battre contre lui, c’est lui donner encore plus de raisons de s’en prendre à nous. Ca ne sert à rien. Et la justice dont tu parles, elle n’existe pas, elle ne sert à rien. Rien du tout. Parce que ça ne nous rendra jamais tout ce qu’on a perdu. Ca ne nous rendra pas ces quatre années, ça ne nous rendra pas notre fils, ça ne nous enlèvera pas cette souffrance qu’on a pu ressentir pendant toutes ces années. La prison, c’est rien, pour lui. Et c’est rien comparé à ce qu’on a vécu. »

Je m’arrêtai dans mon flot de paroles pour reprendre mon souffle. J’avais baissé la tête, et la relevant, j’ajoutai :

« Mais mince ! On parle pas seulement de quatre ans Logan ! On parle de nos vies ! C’est nos vies qu’il a foutues en l’air. Tu crois franchement que ça va nous les rendre, de se battre ?! Non ! On ne pourra rien récupérer. On n’aura jamais d’excuses, il n’aura pas le moindre regret, pas le moindre geste positif à notre égard. Qu’est-ce qui te dit qu’il ne pourrait pas aller plus loin la prochaine fois, hein ?! La dernière fois, tu t’étais pas battu contre lui, t’as vu où ça nous a menés ?! Il a pas eu le moindre scrupule à se débarrasser de notre fils, tu crois qu’il en aura avant de se débarrasser de l’un d’entre nous ?! C’est pas juste une histoire de pouvoir, ou de contrôle… C’est bien plus que ça. C’est de la destruction à l’état pur. C’est pas un objet qu’il a détruit, c’est pas notre amour, ou toute autre notion abstraite. C’est un bébé. Un être humain, qui n’avait rien demandé à personne, qui ne demandait qu’à vivre et à être aimé ! Il ne sera jamais puni pour ce qu’il lui a fait, à lui, pour ce qu’il nous a fait, à nous ! Parce qu’il n’y avait rien d’illégal tant tout cela, rien qui ne pourra jamais lui être reproché, rien pour lequel il devra un jour s’expliquer ! »

J’avais des larmes de rage au bord des yeux, et je regrettais déjà de m’être emportée à ce point. Le fait était que, tout ce que j’avais gardé pour moi tout à l’heure venait de sortir à l’instant. Et je savais que je n’aurais jamais dû dire ces mots… Tout ce que voulait Logan, c’était me rassurer, me protéger. Il pensait faire bien, et moi… Je lui reprochais de prendre des initiatives. Je me sentais terriblement idiote et très ingrate. Je ne voulais pas lui faire de mal.

« Je suis désolée… »

Je poussai un soupir, avant de baisser la tête. Et puis, je sentis la main de Logan se resserrer autour de la mienne, et il m’entraina en direction du bar. Je le vis sortir deux verres, qu’il remplit de téquila.

« T’as besoin d’un remontant. Manquerait plus que tu tombes dans les pommes… même si pour une fois, je serais volontaire pour faire du bouche à bouche… »

Il me tendit le premier verre, et je le vidai d’une traite, avant de répondre dans un demi-sourire :

« S’il n’y a que ça, tu n'as qu'un mot à dire et je peux très bien perdre connaissance tout de suite »

Je souris, et je le regardai un instant. Je l’aimais. Plus que tout. Plus que ma propre vie. Je ne voulais pas le perdre, plus jamais. J’aurais aimé qu’il le sache, j’aurais aimé pouvoir le lui dire. Mais les mots n’auraient pas suffit à exprimer tout ce que je ressentais pour lui. Je le vis alors passer ses mains autour de son cou, duquel il retira la chaine sur laquelle reposait son alliance. Il la passa alors autour de mon cou, et alors que je m’apprêtai à protester, à lui dire de la garder, car elle était sienne, il déclara :

« Comme ça, je serais toujours avec toi. Où que tu sois, j’y serais. Tu sauras que je veille sur ta sécurité et que je t’aime. Pas un seul jour, je n’ai regretté cette nuit à Tijuana… »

Un sourire se dessina sur mes lèvres en entendant ses mots. Comment aurions nous pu regretter cette nuit ? Même malgré tout ce qui s’en était suivi, malgré tout ce que mon père nous avait fait pour nous punir de ce que nous avions fait cette nuit là, je n’avais jamais regretté notre geste. Parce qu’il était l’homme de ma vie et que me marier à lui avait eu à mes yeux tout son sens. Je m'approchai de lui, pour lui donner un baiser tout aussi passionné que ceux que nous nous étions donnés quelques minutes plus tôt. Je voulais qu'il sache, qu'il sente, à travers ce simple contact, combien je l'aimais. Après un instant, je séparai mes lèvres des siennes pour plonger mon regard dans le sien. Passant ma main sur son alliance, je murmurai un léger :

« Merci »

Son geste représentait bien plus pour moi que ce qu’il pouvait s’imaginer. Il me réchauffait le cœur, il me donnait même envie de pleurer. Oui, j’avais toujours été assez sensible et surtout très romantique. Alors, imaginez-vous que l’homme de votre vie se mette à vous faire une déclaration de ce genre, en l’accompagnant d’un tel geste ! J’aurais aimé pouvoir en faire de même. Mais je n’avais rien à lui donner. Aucun bijou… Rien. Sauf peut-être mon amour. Et je regrettai qu’il n’y ait rien qui puisse le représenter pour que je puisse lui offrir. Il glissa sa main sous mon menton, avant d’ajouter :

« Si dans toute ma vie, il y avait une chose que je ne changerais pas… ça serait cette nuit. »

Je savais qu’il pensait ce qu’il disait. Et il savait, j’en étais certaine, qu’il en allait de même pour moi.

« Tu resteras toujours mon mari. Peu importe les papiers qu’on a signés… Je t’ai toujours considéré comme tel. Et je n’ai jamais regretté notre union, parce qu’elle n’a toujours été que la suite logique de notre amour. Je t’aime Logan, et même si je sais qu’il nous faut du temps, pour réapprendre à se connaitre et à s’aimer, mon cœur, lui, t’aime toujours. Peu importe celle que je suis à présent ou celui que tu es devenu. Peu importe celles que tu as eues pendant ces quatre années. Je veux qu’on reprenne tout à zéro, je veux faire ma vie avec toi, et cette fois, je veux que ce soit définitif. Je ne veux plus jamais laisser qui ou quoi que ce soit se mettre en travers de notre amour.»

Revenir en haut Aller en bas
« C. Logan Matthews »


C. Logan Matthews

Messages postés : 73
à San Diego depuis : 02/10/2010
Emploi/Situation : barman

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyLun 6 Déc - 12:32


Flashback

    deux jours plus tôt,

    Debout derrière le bar, mon regard balaya la grande pièce. La clientèle ne se bousculait pas en fin de matinée, je pouvais alors m’autoriser à me laisser m’évader quelque peu. Quelques clients, habitués, discutaient ensemble, assit à deux tables différentes. Un homme d’affaire buvait un café, visiblement pressé ou bien devait-il avoir un rendez-vous. Et au milieu de la salle, souriant à un habitué avec qui elle entretenait une conversation, Diaz. Sa bienveillance, sa décontraction et son sourire chaleureux en avait séduit plus d’un. Lui le premier. Elle avait ce petit quelque chose qui vous troublait. Tant et si bien que vous ne pouvez pas rester indifférent. Et de l’autre côté de la pièce, assit au piano, Jaden. Ce petit bonhomme de cinq ans qui appuyait lentement sur les touches du piano avec une curiosité grandissante. Ce gamin, déjà si calme et posé, m’apparaissait comme un sage. Il ne parlait pas énormément, observait, et faisait preuve de curiosité.

    Je devais reconnaitre que les enfants ne faisaient pas partie de ma clientèle préféré. Jaden était le premier gamin avec qui j’ai noué un lien particulier. Toujours désireux d’apprendre, à venir me voir lorsqu’il avait une question, j’étais l’une des rares figures masculine de son entourage. D’un certain point de vu, j’étais heureux qu’il s’adresse à moi. Parce que ça signifiait que je comptais pour lui. Ce qui m’était encore étranger il n’y a pas si longtemps. Instinctivement, je le rejoignis et m’installais près de lui. Tandis qu’il avait cet air buté sur le visage – le même que sa mère – lorsqu’il n’arrivait pas à faire ce qu’il voulait. Machinalement, je passais mes doigts dans ses cheveux et lui montrait commençait à jouer un air facile. Je le vis m’observer puis tenter de reproduire la mélodie. Je recommençais une seconde fois plus lentement, le temps qu’il assimile les touches dont j’usais.

    Du fond de la pièce, on ne nous entendait pas beaucoup. Du moins au début jusqu’à ce que le jeune prodige pousse un cri de victoire pour être parvenu à jouer ces quelques notes. L’espace d’un instant, je croisais le regard de Diaz, qui ne tarda pas à nous rejoindre. Elle avait cette douce reconnaissance dans le regard.

    « - Logan… T’as pas à faire ça- »

    Je savais bien évidemment à quoi elle faisait référence. Prendre soin de Jaden. Comme si ils étaient devenus une charge ! Elle ne semblait pas réaliser qu’à mon tour, je tenais à son fils. Que le lien que nous avions construit me faisait du bien. Qu’être dans sa vie réparait en partie la souffrance que Forsythe avait introduite dans son cœur. Elle n’imaginait pas combien j’aimerais avoir mon fils près de moi. Car il y a tant que j’aimerais savoir. A quoi ressemblait-il ? Etait-il un beau bébé ? Avait-il une tache de naissance ? De qui avait il hérité les yeux ? Tant de questions auxquelles je doutais d’avoir une réponse un jour. Je levais les yeux vers Diaz.

    « - J’en ai envie. Tu peux pas m’en vouloir de rendre ton fils heureux. » Déclarais-je, malgré le tic nerveux de Diaz qui m’indiquait que ma réponse l’agaçait.

    « - Liam m’a parlé… de… ta femme. »

    « - De quoi il se mêle encore ! » grinçais-je en me levant soudainement.

    « - Pourquoi tu m’as rien dit- »

    « - Pour te dire quoi ?! » protestais-je. « Casey est rentrée, oui et ça change quoi ?! Son père est toujours une pourriture qui a essayé de vous descendre, toi et Jaden ! » Fulminais-je en rejoignant le bar.

    « - N’empêche que t’aime toujours la fille de cette pourriture. » commence la blondinette avant de croiser le regard de Logan. « Si tu veux qu’on s’en aille- »

    « - Arrête tu veux !! » m’énervais-je. « C’est pas parce que tu quitteras la ville, que Forsythe arrêtera son business. Tu restes ici. Peu importe ce qui se passe. On l’enverra derrière les barreaux… ensemble. »

    « - Et si ça suffit pas ?! »

    « - ça suffira. Tu dois me croire. » Appuyais-je sans la quitter des yeux. « Je t’ai promis qu’il ne s’approcherait plus de vous. C’était pas des mots en l’air ! »

    Elle disait ce qu’elle pensait mais elle ne pouvait être totalement convaincue. Elle savait que la vie pouvait être cruelle. Et lorsqu’elle posa les yeux sur Logan, elle remarqua pour la première fois combien lui-même souffrait. Et dire, qu’il ne s’est jamais confié à elle. Pourquoi ?

    « - Il t’a fait quoi Logan ? Pourquoi tu t’acharnes à vouloir le mettre derrière les barreaux ? »

    Je la fixais de longues secondes. Devais-je vraiment lui parler de la cruauté et l’ignominie dont était capable cet homme. Elle lui semblait si fragile mais à la fois si désireuse de savoir qu’il ne pouvait se résoudre à garder le silence.

    « - Il m’a enlevé ma femme… et tué mon fils. Même la mort par injection ou la chaise électrique ne sera qu’une douce fin pour une pourriture comme lui. » lâchais-je, sans l’ombre d’un scrupule. Ça n’était pas dans mes habitudes d’être si brutal à travers mes mots. Peut-être aurait-elle du mal à l’encaisser mais c’était le prix à payer lorsqu’on posait des questions. Je ne lui en voulais pas de savoir. C’était juste qu’il m’était intolérable de savoir qu’il pouvait se balader dans les rues sans que personnes n’ose lui mettre une balle en pleine tête. Car c’était tout ce qu’il méritait… en dépit qu’il soit le père de celle que j’aime.



    Flashback


    Ces deux jours étaient loin dans mon esprit. Je pensais uniquement à Casey. Là, à quelques mètres de moi. Je ne me préoccupais plus du reste, bien qu’une infime partie de mon esprit n’oublie absolument rien. Et encore moins que son père était libre comme l’air. Sauf que je n’en disais rien. Je gardais cette haine au fond de mon cœur. J’attendrais le moment propice pour me venger ou simplement pour qu’il ait ce qu’il mérite. Si jamais un jour ça doit arriver.

    Renouer ce lien ne m’est pas aussi difficile que je l’avais présagé. Casey est toujours plus ou moins la même. Bien que nous ayons changé, tous les deux, au cours de ses dernières années. Il n’en reste pas moins que ça ne semble pas entacher les sentiments que nous éprouvons vis-à-vis de l’autre. Sa remarque suffit à me le prouver. Elle seule, était capable de me faire sourire de la sorte. J’étais plutôt un type sociable dans l’ensemble mais Casey, elle, me rendait meilleur. Plus humain, plus tendre, plus attentionné. Bien qu’elle ne doive pas se douter de tous les changements qui se sont opéré en moi, elle est celle qui a fait l’homme que je suis devenu. Un homme sensible et humain. Et profondément téméraire. Car sans cette qualité, je ne serais jamais allé au bout de mes investigations, c'est-à-dire à vouloir sauver des personnes de l’engrenage de Forsythe. Elle a fait de moi un samaritain que je n’avais jamais songé être par le passé. Sa réponse aiguisa mon sourire. Elle savait toujours quoi dire et quoi faire pour me tourner la tête.

    « - Parfois, ne pas avoir de limite ça a du bon… » Soulevais-je, arquant un sourcil sans que cet air malicieux ne disparaisse de mon visage.

    Nous savions très bien que l’un comme l’autre, cette situation allait nous mener à devenir trop proche. Car c’était inévitable. Nous ne savions pas être en présence de l’autre, s’il n’existait pas un certain contact physique. De plus, après quatre ans, ce contact nous était primordial. A vrai dire, j’en avais presque oublié combien son contact pouvait s’avérer avoir un effet apaisant sur ma personne. Parfois, elle me troublait au point que j’oubliais tout. Elle m’empêchait de réfléchir, me poussant à me focaliser sur ce que j’éprouvais. Et dans ses moments-là, je me rappelais combien ses années, sans elle, avaient été vide de sens.

    Malgré ça, son père avait toujours une place entre nous. Pour elle, j’étais capable de beaucoup de chose. Surement devins-je aveugle en sa présence, mais c’était le cadet de mes soucis. Tout ce qui m’importait, c’était sa sécurité. Et à San Diego, ça n’était pas simple lorsqu’on s’appelait Forsythe. Ainsi, je devais me faire à la probabilité que son père vienne à nouveau débouler dans nos vies. Pas que ça m’enchante. Au cours de ses quatre années, j’avais gagné en maturité. J’avais aujourd’hui plus d’armes en ma possession. Ainsi m’opposer à lui ne me faisait pas réellement peur. Le confronter à la justice non plus, même si j’avais compris que Casey n’y croyait pas une seule seconde. Sauf qu’elle avait tort et qu’on réussirait. Il fallait juste encore du temps pour réunir les dernières preuves qui le mènerait tout droit à cette prison de haute sécurité. Bien vite, je tus le sujet de son père. C’était mieux pour tout le monde. Et puis, si elle voulait savoir quoi que ce soit, elle saurait à qui s’adresser. Je devais juste être patient et pas uniquement au sujet de son père.

    Bientôt, un autre sujet fut abordé. Les femmes qui faisaient partis de ma vie. Je savais pertinemment où elle voulait en venir. Elle me testait pour savoir où j’en étais et ce qu’il adviendrait de nous. Lorsque je lui confiais que j’aimerais qu’elle se voit avec mes yeux, elle me répliquait cette phrase stupide. Mes yeux sont foutus ? Vraiment ?! Elle avait tort. Elle semblait ignorer que bien des hommes se retournaient sur son passage. Et ça n’était pas parce qu’elle avait une pustule sur le visage ! En plus de dire n’importe quoi, elle était aveugle. Je soupirais, sans la quitter des yeux.

    « - Les autres ne m’intéressent pas. » déclarais-je spontanément, sans m’éloigner d’elle. « J’ai pas besoin que tu sois meilleure. Ce que j’éprouve ne changera pas… même si tu deviens une journaliste réputé ou même sénateur. Ce que j’veux dire… c’est que peu importe nos choix, je t’appartiendrais toujours. Et c’est ça qui compte le plus. »

    J’avais vraiment dit ça ? Vraiment ?! Parfois je me surprenais. C’était bien rare que j’arrive enfin à m’exprimer clairement. Encore plus lorsqu’il s’agit de quelque chose de si personnel. De mes sentiments. Dans le fond, ces choses-là, elle devait déjà les savoir. Elle avait simplement besoin d’entendre ses mots. Enfin, j’étais pas le plus doué pour ça. Dire « je t’aime » était déjà un problème à mes yeux, alors lui avouer que je lui appartenais, imaginer le topo.

    Recréer cette intimité entre nous, ne fut, finalement, pas si compliqué. Au début, j’avais cru que nous aurions besoin de plusieurs jours pour se rapprocher. Pour se parler. Peut-être même pour se toucher pour la toute première fois mais j’avais tort. Le contact était revenu très vite. A mon insistance, je le reconnais. Et maintenant, je n’arrivais plus à ôter mes mains de son corps. Certes, je reconnaissais qu’il existait une raison principal à ça. Quatre années, c’était très long et très frustrant. D’ailleurs, je ne percevais pas encore totalement les modifications de son corps, dû à la grossesse. Non, ça viendrait plus tard. Pour l’instant, je me contentais d’aiguiser ce désir naissant et de goûter à ses baisers, de caresser la moindre parcelle de peau dénudé. De poser mon attention sur chaque frôlement. D’assister aux frissons qui la parcouraient. En somme, c’était peu. Et pourtant, chaque contact me prouvait que sous cette peau, un volcan en éruption se déchainait. Et j’aimais ça. La voir troublé, bouleversé, dépendante, à deux doigts de succomber à la tentation. C’était un pur délice. Notre conversation en était risible d’ailleurs. Elle tenait décidément à me voir à genoux. Sauf que ça n’arriverait que dans certaines circonstances. Autres que celle de me faire avaler un dîner élaboré. Non, c’était juste hors de question que je me mette à genoux pour satisfaire son égo. Je ne pus m’empêcher d’éclater de rire. Pas que je me moquais mais j’imaginais assez bien la scène où, Diva, j’étais à genoux devant elle pour l’implorer tandis qu’elle dégustait son repas sans même me jeter un regard. Cette image me fit rire. Si c’était ce qu’elle avait à l’esprit, ça n’était pas prêt d’arriver.

    « Si tu tiens tant à me mettre à genoux, fallait le dire tout de suite… » Haussais-je les épaules. « Y’a bien d’autres raisons pour lesquelles, je serais incapable de te résister. La nourriture n’en fait pas partie, Princesse. » Rajoutais-je avec un clin d’œil complice. « D’ailleurs, pas besoin de t’acharner pour le repas. On mangera pas ta courgette de toute façon. »

    J’allais bien réussir à m’attirer ses foudres. Elle était déterminée à me faire avaler cette chose verte et fade. Dieu sait que j’aurais dû vider ce foutu frigo avant de tomber sur Casey. Je n’avais pas dit mon dernier mot et, de plus j’avais un autre atout dans ma manche. La perturber n’était pas bien difficile lorsqu’on s’appelait Logan Matthews. Bien sûr, elle pouvait résister. Du moins, elle pourrait essayer mais je savais pertinemment qu’elle capitulerait dès que je deviendrais entreprenant. Si je savais une chose de Casey Forsythe, c’était qu’il lui était très difficile de résister à mes charmes. Ainsi, mon corps glissé contre le sien, mes mains partaient déjà l’aventure tandis que mes lèvres prenaient un certain plaisir à butiner son cou avec insistance, sans laisser une parcelle de peau tranquille. Remontant le long de sa nuque, puis venant mordiller le lobe de son oreille, je vins lui murmurer quelques mots. S’adossant à moi, je la sentais lentement capituler mais je ne comptais pas en rester là et lorsqu’elle me déclara que l’éternité ne viendrait pas à bout de mon amour pour elle, j’eu envie de rire. Décidément, elle était incorrigible. En plus, elle déformait mes propos.

    « - Une phrase aussi élaboré n’a jamais pu franchir mes lèvres. C’est ta tête qui t’as dit ça. » Murmurais je de mauvaise foi, totalement désinvolte. Elle était folle. Et moi, je n’étais pas bien net non plus, mais quand même !

    Bien sûr, elle trouverait de quoi me rétorquer. Je lui faisais confiance pour ça. Et pour bien d’autres choses. Ceci dit, elle et moi faisions une sacrée paire. Toujours prêt pour de nouveau défi. Toujours prêt à tenter de nouvelles expériences du moment qu’on soit ensemble. Et à cet instant, je savais que ça n’avait pas changé. M’éloignant soudainement d’elle, sans même l’en avertir, je me rendis dans le salon où j’allumais la chaine hifi. Le slow qui retentissait et la main que je lui tendis tandis qu’elle fulminait contre moi, cette vision me fit sourire. C’était lorsqu’elle était frustrée et en colère qu’elle était la plus belle. Ses yeux brillaient de cette intensité, une lueur qui rivalisait avec celle où parfois, il y avait des étoiles dans ses yeux. C’était dans ses moments-là qu’elle était encore plus insaisissable et inaccessible.

    Attrapant ma main, il ne nous fallut pas plus de quelques secondes avant que l’on se retrouve corps à corps. A croire qu’en cette journée, on était devenus incapable de rester éloigner plus de quelques minutes. Ses lèvres sur ma clavicule, remontant méthodiquement le long de mon cou puis sur mon visage jusqu’à la jointure de mes lèvres, elle attisait ce désir déjà incontrôlable, tout en me massant la base de la nuque. Un geste qui pouvait se montrer dénué d’importante. Et pourtant, il n’en était que plus affectueux, démonstratif et me montrait combien elle tenait à mon bien être. Un geste qui pourrait s’avérer plus que naturel au sein d’un couple. Je souris alors contre ses lèvres tandis qu’elle me mettait en garde de ne plus jamais recommencer ce coup bas que je venais de lui faire dans la cuisine. Rester silencieux ne me correspondait pas et ma réponse ne l’agaça pas. Au contraire, je retrouvais cette Casey mordante qui pouvait se montrer déterminée lorsqu’elle était décidée à garder ce qui lui appartient. Moi, en l’occurrence.

    « - Oh une promesse… c’est encore mieux dis donc. » ne pus-je m’empêcher de sourire. « N’oublie pas un fait essentiel, c’est que dans l’histoire on est deux. Alors si je suis frustrée, tu le seras automatiquement… » C’était évident à mes yeux. Si elle tenait à une petite vengeance, elle serait également victime d’elle-même. Or, si moi, ça ne me dérangeait pas, il n’en irait peut être pas de même pour elle.

    On était indissociable l’un de l’autre par le passé et il m’était à présent évident que cette donnée se poursuive à l’avenir. Encore fallait-il nous assurer que ce que nous éprouvions n’était pas des restes du passé. Que ça n’était pas l’euphorie de se retrouver. Nous devions être honnête envers nous-même et s’assurer que ces sentiments appartenait réellement au présent. Chose qui pourrait s’avérer compliquer, mais pas impossible. Ces caresses, ses baisers, c’était si bon que je ne parvenais pas à me détacher d’elle. J’avais besoin de ça pour m’assurer de ne pas rêver. Elle était là et c’était tout ce qui comptait. Comme le fait qu’elle me désigne comme son héros. Que je suis la raison qui l’a aidée à s’en sortir. Bien sûr, je n’étais pas présent physiquement mais dans son cœur. A ses yeux, j’étais son sauveur. Or, je n’avais jamais quitté San Diego. Peut-être était-ce juste l’euphorie d’avoir pu s’évader des griffes de son père qui la faisait parler. Il n’en fallut pas plus, déjà mes mains tentaient de la rassurer. Mes lèvres se posèrent délicatement sur son front. Elle devait savoir que j’étais là. Que je la soutiendrais quoi qu’il arrive. Parce que je me doutais qu’elle me disait pas tout. Des coups de blues, des moments de cafards, elle devait les collectionner. Encore plus lorsqu’elle restait toute seule trop longtemps. Ma main remontant à son visage, je faisais mon possible pour la rasséréner. Elle avait besoin de tendresse mais pas uniquement. Ce qui lui était essentiel était d’avoir quelqu’un sur qui se reposer, quelqu’un de confiance, quelqu’un qui saurait écouter sans l’ombre d’un jugement. J’encerclais alors son corps de mes bras, lui offrant un cocon de douceur et de sécurité.

    « - Peut être… mais c’est pas la raison la plus importante. Ce qui compte aujourd’hui, c’est que tu sois ici. Près de moi. » Appuyais je doucement sur ses mots.

    On avait tant de sujets à aborder. Pas des plus drôles. Comme son internement dans cette institution, sa grossesse, sa dépression. Tant de sujets douloureux mais essentiel à la bonne marche du couple que nous tenterions de former. Elle savait déjà que je ne lui imposerais pas mon contrôle et qu’elle serait libre de faire sa vie comme elle le souhaite. Et si elle veut sortir sans moi ? Pourquoi pas. Elle en a besoin. Ça lui est nécessaire pour se retrouver. Parce que même si je l’aime, la garder confiner dans un espace restreint en ma présence risquerait de mettre notre histoire en péril. Et c’est bien la dernière chose que je souhaiterais. Je veux uniquement qu’elle sache où elle en est. Qu’elle se fasse des amis, qu’elle retrouve sa sœur aussi et que nous… qu’on reconstruise notre relation sur des bases saines et solides.

    Seulement, il y a cette discussion. Ces mots qui ont besoin de sortir. De me révéler la vérité sur ses années. Sur sa condition, sur ses souffrances. Je sais qu’elles ont été multiples. Il me suffit juste de plonger mes yeux au fond des siens pour découvrir l’affreuse terreur qu’elle me dissimule. Cette peur terrifiante qui la paralyse. Car c’est nouveau. Le fait qu’elle ne parvienne pas à s’exprimer, cette panique qui la submerge. Aura-t-elle besoin d’être suivit par un thérapeute ? Même si la question se pose, je sais qu’elle n’est pas prête à envisager cette possibilité. Elle a passé trop de temps enfermer et entouré de médecin pour croire que certain pourront un jour lui vouloir du bien. C’est un puits de patience dont je vais devoir user. Et tout ça pour quoi ? Pour nous. Notre avenir. Notre futur.

    Elle devait savoir que notre histoire me tenait à cœur. Que sans elle, je me sentais vidé. Il ne s’agissait pas uniquement de sa présence. C’était un tout. Je ne savais aimer. Plus. Parce que je n’aimais QUE Casey. Quand on aime une fois aussi intensément, on n’aime plus de la même façon après. Je le sais parce que les autres filles que j’ai pu rencontrer ne m’ont jamais ébloui comme elle le fait. C’est un sentiment étrange et si intense qu’on ne peut pas passer à côté. Mes doigts glissés entre les siens, j’ai l’impression que chaque pièce est enfin à sa place. Je suis près d’elle et rien d’autre ne compte. Son père sera bientôt hors-jeu et le plus tôt sera le mieux.

    A travers ses doigts, je la sentais bouillir, je ne faisais qu’une vague allusion à son père et déjà elle était sur les charbons ardents. Et dire qu’elle ne savait pas la moitié de toute cette terrible vérité. Elle tomberait bien de haut lorsque la presse s’emparera de l’affaire. Je voulais qu’elle sache et prenne conscience que si je n’avais rien pu faire pour nous, je pouvais encore faire quelque chose pour ces femmes et ces enfants qui tomberaient dans l’engrenage de son père. Qu’elle n’ait pas confiance en le système judiciaire, je n’en étais pas réellement surprit. Sauf qu’elle ignorait les charges contre son père et si j’étais conscient d’une chose c’est qu’il ne risquait pas de revoir le jour de sitôt. Elle semblait si sûre d’elle qu’il pourrait s’en prendre à nous que ça la terrifiait. Cette colère m’était encore inconnue chez elle. Du moins à ce stade. Je ne l’avais jamais vu aussi brutale. Elle pensait chacun de ses mots. Pas besoin d’avoir fait psy pour s’en rendre compte. Cette colère était synonyme de souffrance. Elle était dévastée et c’était son moteur. Cette même souffrance qui la portait à mettre en doute le système judiciaire et le fait que son père puisse être incarcérée. Or, pour ma part, j’y croyais encore. Bien sûr, elle avait raison sur certains points. Ça ne nous rendrait jamais nos vies, ses quatre années et notre fils. Mais à mes yeux, on pouvait encore sauver des personnes. Car son père continuait ses petites affaires comme si de rien était. Et ça, ça avait le don de me foutre les nerfs en pelote.

    « - Tu as tors sur plusieurs points. Bien que j’admets que ça ne nous rendra jamais ce qu’il nous a volés. Ceci dit, il n’est pas intouchable. Son dossier est très épais et il implique beaucoup d’autres personnes. Ça peut aller jusqu’à la perpétuité voir… la peine de mort. » Finis-je dans un souffle. Cette rage qui luisait dans son regard, je savais à quoi elle était due. C’était évident. Notre bébé. Pas besoin d’être médium pour comprendre. « Il a tenté de supprimer une femme et son fils, pratiquement sous mes yeux. J’étais sensé faire quoi ? Le laisser faire ou les aider ? » Je comprenais qu’il lui était difficile de penser aux autres victimes. Ceci dit, je n’arrêterais pas mon implication parce qu’elle était de retour. J’étais une pièce maitresse de l’accusation. Tout comme Diaz. Ainsi, il m’était impossible de faire machine arrière. Et ce même si, Casey me le demandait. C’était trop tard. De plus lorsqu’elle rajouta qu’on ne pouvait rien reprocher à son père, parce qu’il n’y avait rien d’illégal, j’haussais un sourcil. « T’en es bien sûr ? Parce que sans mon accord, il n’avait aucun droit sur notre enfant. Aucun Casey. »

    Elle avait cette façon unique de s’excuser. Elle le faisait parce que s’emporter – cette impulsivité – ne lui ressemblait pas. Paradoxalement, c’était ce côté passionné qui me touchait. Elle défendait son point de vue bec et ongle. Cette détermination farouche dans les yeux en aurait arrêté plus d’un. Et j’avouais que ça m’avait surpris. Agréablement surpris. C’est aussi pour ça que je n’avais pas tardé à lui servir un verre. Parce qu’elle en avait besoin. Plus que je l’aurais imaginé un jour. Sa remarque me fit sourire. Elle ne perdait pas son humour. Je savais me faire désirer lorsque ça en valait la peine. Et pour le moment, on avait besoin de temps. Surement de beaucoup de temps.

    « - Tu ferais ça pour moi ? Comme c’est touchant… quoique… ça révèle un coté calculateur. Tu ferais ça juste pour arriver à tes fins avec moi. T’es une vilaine fille, Casey… » Ironisais-je sans me départir d’un petit sourire espiègle. J’aimais trop ça avec elle. Ces jeux interminables où pourtant on savait qu’on ne valait pas mieux l’un que l’autre. Car on craquerait sans même savoir qui avait gagné. Parce que ce qui comptait c’était d’être ensemble coute que coute.

    Au-delà des mots, les gestes étaient plus équivoques. Je ne lui avais jamais fait de réel cadeau. De moi, elle ne possédait que peu de chose, hormis mon amour. Et on ne pouvait pas dire que c’était quelque chose qu’elle pourrait toucher du doigt. C’est ainsi que l’idée m’est venu. Mon alliance. Elle sait l’importance que je lui attache. C’est nous, notre histoire et mon amour pour elle. Lui donner n’est pas simplement la preuve de mon amour pour elle. C’est qu’elle est tout pour moi. Et que je suis prêt à bien plus. Lui passant ma chaine autour du cou, je lui explique vaguement ce qu’il en est et combien ce geste est primordiale. Qu’elle sera toujours protégée et aimé, quoi qu’il puisse arriver. Car elle est mon âme sœur, mon premier amour, mon amie et celle qui m’a fait découvrir l’amour.

    J’avais sous-estimé ce que ce geste représentait pour elle. Son baiser n’avait rien de tendre et léger. Intense, passionnée et désespéré, il me prouvait sa reconnaissance et combien je comptais pour elle. J’étais toute sa vie. Maintenant, je comprenais ce qu’elle voulait dire par là. Ce baiser, ce contact fut trop court mais je me fis une raison. Le moment de nos retrouvailles arriveraient un jour. Je devais simplement prendre mon mal en patience. Son murmure me toucha encore plus, lorsque je la vis jouer distraitement avec mon alliance. J’avais comme l’impression qu’elle s’était transformé en petite fille embarrassé. Et elle n’en était que plus magnifique à mes yeux.

    Parfois elle me stupéfiait. Son discours était si émouvant qu’elle ne semblait pas réaliser qu’elle avait toute mon attention, et même que j’avais déjà conscience de tout ça. Je sais qu’un jour on se remariera. Peut-être pas dans les même conditions que lors de notre première union mais ça arriverait. Parce que c’est écrit. Parce qu’on ne peut pas lutter contre un amour aussi intense et sincère. Parce que c’est notre destin.

    « - Tu devras te faire à l’idée que certaines filles veulent me mettre le grappin dessus. T’es prête à te battre pour moi ? » Lançais-je avec ce sourire irrésistible. « Parce que sache que celui qui osera te donner un numéro de téléphone, il finira aux urgences avec fracas. Tu m’connais, j’fais pas dans la dentelle lorsqu’il s’agit de toi… » Achevais je sans même lui laisser l’occasion de répondre et de refermer mes lèvres sur les siennes.
Revenir en haut Aller en bas
« Casey H. Forsythe »


Casey H. Forsythe

Messages postés : 52
à San Diego depuis : 10/11/2010
Emploi/Situation : Etudiante

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyMar 7 Déc - 2:03

Logan et moi n'étions plus vraiment les mêmes, mais malgré tout, notre amour était toujours là, quelque part. Je le sentais. Quand il posait son regard sur moi, quand je sentais mon cœur s'accélérer à cette simple proximité que nous avions, je savais que nos sentiments l'un pour l'autre n'avaient pas changé. Notre amour avait été trop fort pour être balayé si facilement. Quatre années, ça pouvait être long, ça pouvait sembler une éternité lorsqu'on était séparé de l'être aimé, mais dans le fond, je savais que ces quatre années n'avaient en rien altéré mes sentiments pour Logan. Au contraire, les épreuves que j'avais traversées pendant celles-ci n'avaient fait que le renforcer. Parce que mon amour pour lui, c'était tout ce à quoi j'avais pu me raccrocher, pour m'en sortir.

Et malgré tout, malgré cet amour qui persistait, quelque chose me retenait. La peur. Celle de trop espérer. Celle de le perdre. J'aurais aimé avoir des certitudes. Etre certaine que rien ne nous séparerait plus. Mais le passé nous avait déjà séparés une fois. Qu'est-ce qui me garantissait que nous ne le serions pas à nouveau, dans l'avenir ? Je ne savais pas quoi faire, comment agir avec lui. Quand il me regardait avec tout cet amour dans les yeux, quand il me souriait de la sorte, quand je le voyais se démener pour tenter de me rassurer, j’avais envie de me montrer douce, souriante, attentionnée. Mais quelque chose m’en empêchait. Quelque chose me retenait. Notre passé. Alors, je gardais certaines de mes pensées pour moi. Je ne disais rien lorsque je le trouvais beau, lorsque j'avais envie de me confier à lui, je ne l’embrassais pas lorsque j’en avais terriblement envie. Je tentai de me montrer moins amoureuse que je n’en aurais eu envie. Ca faisait mal. Mais moins mal que si je me laissais bercer dans de fausses illusions et qu’il m’avouerait par la suite que plus rien n’était possible entre nous. Je prenais mes distances – mais pas trop – pour ne pas trop souffrir. Pour ne pas souffrir plus que je ne souffrais déjà. Parce que j’étais déjà chaque jour au bord du gouffre, et qu’un faux espoir m’aurait définitivement anéantie.

Et parfois, je voyais, dans son regard, que lui aussi se retenait. Je le savais. Parce qu'il était conscient, tout comme moi, qu'il nous fallait du temps, avant de céder à nos envies, avant de retrouver tout ce que nous avions perdu. Je pouvais toujours deviner ce qu’il pensait, ou ce qu'il allait dire. Mais là, je n’étais pas certaine de savoir ce qu'il ressentait. Car si je voyais bien, dans son regard, qu'il était heureux de notre rencontre, de ma présence à ses côtés... J’avais cependant parfois l’impression de lui faire mal… Quand je mettais en doute ses affirmations, concernant mon père, je savais pertinemment que je le contrariais. Alors, je me faisais plus douce, mais dès lors que nous nous rapprochions, j’avais encore cette drôle d’impression, qui me laissait hésitante. La meilleure des choses à faire, c’était de continuer. Dans la retenue, dans les non dits. C’était peut-être plus incertain, mais ça nous faisait moins mal, et je devais avouer que ça me rassurait. Parce que la précipitation me faisait peur. Et que le temps nous était nécessaire, pour nous retrouver.

Et malgré cette retenue dont nous faisions preuve tous les deux, nous ne pouvions nous empêcher de nous faire des remarques, l'un et l'autre, remarques qui n'étaient pas sans nous rappeler la complicité dont notre couple avait bénéficié auparavant. Certaines des miennes le faisaient sourire, et j'en étais contente. Ca me montrait qu'au moins, ma compagnie ne le dérangeait pas tant que ça. Malgré mes contradictions, et toutes ces petites choses qui me faisaient craindre de lui faire passer un mauvais moment.

« Parfois, ne pas avoir de limite ça a du bon… »

Il avait cet air malicieux sur le visage, cet air que je lui connaissais si bien. Il avait toujours eu cette âme d'enfant, d'aussi loin que je me souvienne. Et ce petit air, qu'il affichait à ce moment même, je le connaissais par coeur, car j'y avais bien souvent été habituée. Je ne répondis cependant pas à sa remarque, n'ayant rien à ajouter. Il avait raison. Parfois, ne pas avoir de limite avait du bon. Surtout que dans le cas présent, c'était avec lui que je n'avais aucune limite. Pour lui que j'étais prête à tout, et à n'importe quoi. Et ça, il le savait, j'en étais certaine.
Ce semblant de complicité qui commençait à renaitre, m'avait détendue. J'avais oublié combien il était agréable d'être en sa présence. Combien son sourire pouvait être rassurant, sa voix envoutante et ses regards hypnotisant. Si je n'avais pas oublié Logan, en ces quatre années, j'avais cependant oublié l'impact que sa seule présence pouvait avoir sur moi. Un impact positif. Plus que ça même. En sa présence, je me sentais renaitre, pour la première fois depuis bien longtemps. Je ne m'étais pas sentie aussi bien depuis une éternité. Et si j'avais su que sa présence serait d'une telle efficacité, je crois que je serais allée à sa rencontre avec beaucoup moins d'hésitation qu'il ne m'en avait fallu pour venir, aujourd'hui.

Mais je ne regrettais rien. Ni le malaise qui avait été présent entre nous, au départ, puisqu'il avait été normal, selon moi, ni cette hésitation que nous avions eu avant de finalement céder à la tentation. La tentation, c'était celle de finir dans les bras l'un de l'autre. Et si, au départ, j'avais tout fait pour garder mes distances, pour l'empêcher de trop m'approcher, de trop me toucher, ça n'avait été que parce que je craignais que ces gestes pourtant anodins, nourrissent en moi de faux espoirs. Mais quand ses mains s'étaient posées sur moi, quand ses lèvres avaient touché les miennes et que nos souffles s'étaient mêlés, j'avais perdu toute réserve, toute envie de faire les choses bien. Je m'étais laissée aller à cette passion et ce désir qui ne m'avaient pas habitée depuis bien longtemps déjà. Dans ses bras, je n'étais plus la Casey sensée, réfléchie. Dans ses bras, je devenais sa chose, son objet. Et il le savait pertinemment. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il jouerait, plus tard, dans la soirée, de ma dépendance à ses caresses et ses baisers.

Enfin. Toujours était-il que, bien que nos baisers aient réveillé en moi tout ce désir que je croyais ne jamais pouvoir ressentir un jour, bien qu'ils aient failli nous pousser à céder complètement à la tentation, nous n'en avions rien fait. Parce que bien que nos corps se reconnaissent, que nos mains se recherchent et que nous nous désirions plus que tout, nous n'étions pas prêts à aller plus loin. L'idée de passer la nuit avec Logan ne m'aurait pas déplu, je devais l'avouer. Mais nous n'en étions pas encore là. Ne m'avait-il pas dit qu'il était d'accord, pour qu'on prenne notre temps ? Du temps, on allait en prendre. Avant, et après. Je voulais profiter un maximum de tout ce qu'il avait à me donner. Et des nuits passées à ses côtés, j'espérais en avoir bien assez à l'avenir pour mettre l'impasse sur celle-ci.

Alors, nous nous étions séparés. Le temps de quelques secondes seulement. Le temps que je lui confie ce que je craignais. Le temps que je m'assure qu'il n'avait personne d'autre dans sa vie. Des filles, il en avait plusieurs à ses pieds. Il le reconnaissait lui même. Des filles, il en avait eu plusieurs, en quatre ans. Des filles qui, selon lui, n'avaient pas été à ma hauteur, et qui, selon moi, n'avaient tout simplement pas été à la hauteur d'un amour aussi fort que le notre. Il m'avait alors confié qu'il aurait aimé que je me vois avec ses yeux, ce à quoi j'avais répondu qu'ils étaient foutus. Parce que je savais déjà comment il me voyait, et il m'idéalisait. Je n'étais pas aussi bien qu'il le pensait. Je n'étais pas meilleure que les autres, bien au contraire. Il méritait certainement quelqu'un de plus posé, quelqu'un qui n'avait pas un père comme le mien... Quelqu'un qui ne compliquerait pas sa vie comme je le faisais et pourtant... J'étais incapable de le laisser. Incapable de l'imaginer aux côtés d'une autre. Alors, même si je n'étais peut-être pas la meilleure pour lui, je voulais rester avec lui. C'était de l'égoïsme. Et j'en étais consciente.

Il poussa un soupir, avant de me répondre, sans me quitter des yeux :

« Les autres ne m’intéressent pas. J’ai pas besoin que tu sois meilleure. Ce que j’éprouve ne changera pas… même si tu deviens une journaliste réputé ou même sénateur. Ce que j’veux dire… c’est que peu importe nos choix, je t’appartiendrais toujours. Et c’est ça qui compte le plus. »

Les déclarations d'amour comme ça, j'y étais peu habituée. Surtout venant de la part de Logan. Entre nous, il n'y avait pas de grands mots. Pas venant de sa part, du moins. Moi, je lui avais souvent dit que je l'aimais. La plupart du temps, sur l'oreiller. Avant de m'endormir, ou au réveil. Parce que c'était dans ces moments-là que le silence était installé entre nous, dans ces moments-là que la douceur de ses bras, la tendresse de ses caresses, me faisait parler. Il m'était dur de garder ces mots pour moi. Des « Je t'aime », il en avait entendu pas mal. Mais chacun d'entre eux avait été sincère. Et les mots de Logan, de par leur rareté, ne l'étaient qu'encore plus, et ne me touchaient qu'encore plus. Oui, j'étais touchée par ses mots, même s'il n'avait pas besoin de les dire parce que je savais déjà tout ça. Malgré tout, il était toujours très agréable de les entendre. C'était le genre de mots qui vous rassuraient, qui vous réchauffaient le coeur. Le genre de mots qui vous donnaient confiance en l'avenir. Ils me firent doucement sourire. Et j'aurais pu lui répondre avec le même sérieux, avec la même tendresse, mais cela n'aurait fait que le mettre mal à l'aise. Alors, après avoir caressé tendrement sa joue, mon sourire s'élargit, et je répondis sur un ton malicieux :

«  Fais-moi plaisir, et répète ça aux prochaines minettes qui viendront te tourner autour. Dis leur que tu es la propriété de Casey Forsythe, et que la première qui s'approchera aura à faire à moi... »

Je souris à nouveau. Il savait que je n'étais pas de ce genre là. Que si je pouvais me montrer jalouse, je ne pourrais, en revanche, jamais affronter une autre femme. Pas physiquement du moins. Ma réaction, si on approchait mon homme ? C'était de le récupérer, coute que coute. Une minette lui tournait autour ? Qu'à cela ne tienne, il me suffisait d'embrasser Logan devant elle pour la remettre à sa place et lui rappeler que Logan était mon homme et qu'il était donc interdit de l'approcher. C'était une technique qui avait fait ses preuves, par le passé. A ce que je sache, aucune de celles qui lui avaient tourné autour à l'époque où nous avions été ensemble n'avait eu l'opportunité d'en venir à ses fins avec lui.

Finalement, nous avions mis les autres demoiselles de côté, pour nous concentrer plutôt sur notre diner. Un diner qui aurait pu s'avérer exquis, si seulement il m'avait laissé l'opportunité de cuisiner. Et visiblement, il semblait déterminé à me perturber. Au départ, il me déconcentrait de manière verbale, en mettant mes talents de cuisinière en doute – pas directement, bien entendu, sans quoi il aurait du subir mes foudres. Mais je ne m'étais pas laissée impressionnée, et je lui avais même assuré que, s'il goûtait à mon plat, il finirait à genoux, pour me supplier de lui pardonner sa mauvaise attitude et pour que je lui accorde d'en manger plus. Soyons honnête, un tel tableau n'était pas prêt d'arriver. Cependant, l'idée n'était pas pour me déplaire. Au contraire, elle m'amusait. Oui, l'idée de le voir à genoux devant moi m'amusait. Et c'était, visiblement, le cas de Logan, également. Il se mit à rire, avant de répondre :

« Si tu tiens tant à me mettre à genoux, fallait le dire tout de suite… Y’a bien d’autres raisons pour lesquelles, je serais incapable de te résister. La nourriture n’en fait pas partie, Princesse. D’ailleurs, pas besoin de t’acharner pour le repas. On mangera pas ta courgette de toute façon. »

J'avais un sourire amusé aux lèvres.

«  Très bien. Je l'admets. Je voulais te voir à genoux. A ma disposition. Mais maintenant que tu le dis, je peux peut-être m'arranger pour te faire plier d'une autre manière... »

Je lui lançai un regard malicieux, avant d'ajouter :

«  Et pour ce qui est de cette maudite courgette, je te la ferai avaler, de gré ou de force ! »

Bien sûr que je ne le forcerai pas à manger. Il le savait pertinemment. Mais s'il pensait pouvoir gagner, il se mettait le doigt dans l'œil, et jusqu'au coude. Je n'étais pas prête à céder. J'étais déterminée. Mais lui aussi. Et j'avais sous-estimé son pouvoir de dissuasion. Car, pour me perturber, il avait usé de ses charmes. Quelques caresses, quelques baisers, quelques mots murmurés à mon oreille... Tout avait été bon pour me faire lâcher mes ustensiles de cuisine. Et ça avait marché. J'avais capitulé. Il fallait dire que, face à lui, je ne pouvais pas grand chose. Il savait, depuis toujours, que je ne pouvais pas résister bien longtemps à ses caresses. En cela, j'étais faible. Très faible. Car je ne savais pas résister plus de quelques minutes, car dès que ses mains se posaient sur mon corps, je perdais toutes mes résolutions. Et là, mon corps contre le sien, ses lèvres contre ma peau, il me l'avait dit : il m'aimait. Chose que je lui avais fait remarquer, et qu'il avait niée en bloc. Je lui avais alors affirmé l'avoir bien entendu me dire qu'il m'aimait, et que l'éternité ne viendrait pas à bout de son amour pour moi. Oui, tant qu'à faire, autant déformer ses propos pour lui faire dire ce que je voulais entendre – et ce qu'il pensait certainement.

« Une phrase aussi élaboré n’a jamais pu franchir mes lèvres. C’est ta tête qui t’as dit ça. »

J'esquissai un doux sourire. Secouant légèrement la tête, je répondis dans un murmure :

«  C'est pas ma tête. C'est ton coeur qui l'a dit. Je l'ai entendu. »

Oui, ce que je disais n'avait aucun sens. Mais je m'en fichais. J'aimais l'idée que je puisse lire dans son coeur, qu'il puisse lire dans le mien et savoir combien je l'aimais.

Ce doux moment où nos deux corps étaient pressés l'un contre l'autre, où mon désir pour lui était à son apogée, se termina brutalement lorsqu'il sépara nos deux corps pour se rendre dans le salon, me laissant frustrée et légèrement en colère contre lui. Je fulminais de rage, tandis que je me dirigeai en direction du salon, où il avait mis de la musique. Un slow. Lorsque sa main se tendit dans ma direction, je dûs capituler. Laisser ma colère pour le retrouver. Il ne lui aurait pas fallu bien longtemps avant que je ne le pardonne. Néanmoins, après que mes lèvres aient retrouvé le goût de sa peau, après que mes mains aient retrouvé la base de sa nuque, que je massai doucement, je l'avais mis en garde, lui demandant de ne plus recommencer ce qu'il m'avait fait dans la cuisine sans quoi il serait certain de se retrouver tout aussi frustré que je l'avais été.

« Oh une promesse… c’est encore mieux dis donc. N’oublie pas un fait essentiel, c’est que dans l’histoire on est deux. Alors si je suis frustrée, tu le seras automatiquement… »

Ca n'était pas faux. Il avait effectivement raison. Néanmoins, ma frustration ne serait rien comparée à la sienne. Car lorsque j'agirai, j'y serai préparée. Pas comme tout à l'heure. Et s'il pensait pouvoir me dissuader de me venger plus tard, il rêvait. Souriant doucement, je répondis dans un souffle :

«  Je suis prête à prendre ce risque. »

Continuant de danser lentement au rythme de la musique, j'avais fini par lui avouer ce qui, selon moi, faisait de lui mon héros. Et pendant que je lui parlais, pendant que je me confiais à lui, je sentais ses mains me caresser avec douceur, et tendresse, comme pour me rassurer. Comme pour m'assurer qu'il m'écoutait. Et c'était bon, d'avoir quelqu'un à qui parler. Quelqu'un qui, à défaut de comprendre, écoutait. Quelqu'un qui ne tenterait pas de m'abrutir de médicaments pour me faire taire, ou me faire changer d'avis. Car même en cas de désaccord, Logan avait toujours accepté de m'écouter. Il m'avait toujours laissé cette liberté que d'autres hommes, dans ma vie, m'avaient retiré. Et pourtant, je savais qu'il ne serait pas d'accord avec ce que j'avais à dire. Qu'il refuserait de reconnaître l'importance qu'il avait eue dans ma guérison. Il savait, dans le fond, que j'avais raison. Que notre amour était ce qui m'avait sortie de la. Que cette force que j'avais eu le courage de trouver, je ne l'avais pas possédée, avant qu'il ne débarque dans ma vie.

« Peut être… mais c’est pas la raison la plus importante. Ce qui compte aujourd’hui, c’est que tu sois ici. Près de moi. »

Je resserrai mon étreinte autour de son cou à ces mots. Oui, c'était le plus important, aujourd'hui. Que mon père n'ait pas réussi à nous séparer. Qu'il fasse à nouveau partie de ma vie. C'était tout ce qui comptait. Après ces mots, Logan avait tenté de me rassurer. Il avait de nouveau fait allusion à mon père, déclarant que c'était pour nous, pour toutes ses autres victimes, qu'il se battait. Si, plus tôt, dans la conversation, j'avais gardé ce que je pensais à ce sujet pour moi, là, en revanche, le fait qu'il parle à nouveau de mon père, que l'éventualité de le perdre était de nouveau sur le tapis, m'avait fait perdre patience. Alors, je lui avais dit ce que je pensais. Sur ce qu'il comptait faire, sur l'inutilité de ses actes. Sur cette injustice que nous avions vécue, et qui ne serait jamais réparée. Sur les risques qu'il encourait en voulant faire justice aux innocents.

« Tu as tors sur plusieurs points. Bien que j’admets que ça ne nous rendra jamais ce qu’il nous a volés. Ceci dit, il n’est pas intouchable. Son dossier est très épais et il implique beaucoup d’autres personnes. Ça peut aller jusqu’à la perpétuité voir… la peine de mort. »

La peine de mort... La perpétuité. Des mots qui, en un sens, m'effrayaient. Mon père ne méritait pas mieux. Mais souhaiter la mort de quelqu'un, son enfermement à vie, c'était se rabattre à son niveau. Parce que c'était ce qu'il avait souhaité : la mort de notre fils, et mon enfermement. J'étais passée par ces deux épreuves, je savais combien elles pouvaient détruire quelqu'un. Et je ne souhaitais ça à personne. Pas même à lui. Malgré tout ce qu'il m'avait fait. Ce qu'il méritait, en revanche, c'était de finir ses jours seul, sans plus personne à sa merci. Et c'était pour cette raison que je voulais l'éviter, pour cette raison que je préférais le fuir, plutôt que l'affronter.

«  Tu sais très bien qu'il n'en arrivera pas là. Il serait prêt à payer même le juge pour s'en sortir, ou pour voir sa peine réduite de quelques mois. Ouvre un peu les yeux Logan, la bataille est perdue d'avance. Tout ce que tu vas faire, c'est attiser encore plus sa colère. »
« Il a tenté de supprimer une femme et son fils, pratiquement sous mes yeux. J’étais sensé faire quoi ? Le laisser faire ou les aider ? »

Sa remarque me fit taire, l'espace de quelques secondes. Je baissai les yeux un instant. Je ne voulais pas qu'il voie que ça m'affectait, que la situation de cette femme et de son fils me touchait, que la vérité sur mon père pouvait me toucher. C'était ce que j'avais voulu éviter : de ressentir cette déception, cette douleur à l'idée qu'il puisse être encore pire que ce que je pouvais imaginer. Je fermai les yeux quelques secondes, le temps de me reprendre. Et puis, soupirant, j'avais relevé la tête dans sa direction, avant de répondre :

«  Il est évident que tu as bien fait de les aider mais... Logan... Tu ne vas pas les aider en l'amenant devant la justice. Pourquoi ne pas tout arrêter ? Si tu les as sauvé, pourquoi ne pas s'assurer, simplement, qu'il ne se mêlera plus jamais de la vie d'aucun d'entre nous, en l'évitant ? Tu te jettes dans la gueule du loup en pensant que ça résoudra les choses, que ça l'arrêtera, mais... »

Je m'arrêtai là. J'étais incapable de continuer, parce que je savais ce que ça ne nous apporterait rien de bon. Nous étions tous les deux aussi buté l'un que l'autre. Lui, était persuadé pouvoir changer les choses et moi, j'étais persuadée du contraire. Nos conversations ne mèneraient à rien, si ce n'est des échanges infructueux.

«  J'ai pas envie de rester là, à attendre qu'il se soit débarrassé de toi pour pouvoir dire : « J'avais raison. ». J'ai pas envie qu'il s'en prenne à toi, j'ai pas envie d'envisager de te perdre, ne serait-ce qu'une seule seconde. »

Il pourrait peut-être comprendre ça. L'acharnement qu'il avait après mon père ne le mènerait à rien de bon. C'était ce que je voulais lui faire comprendre. Tout comme il ne nous rendrait pas tout ce qu'il nous avait pris. La justice, elle-même, ne nous rendrait jamais ce qui nous avait été enlevé, et c'était ce que j'avais tenté de lui faire comprendre. Mon père n'avait rien fait d'illégal, quand il s'était débarrassé de moi et de notre enfant. Il n'y avait rien qui puisse l'inculper un jour, rien qui puisse l'obliger à reconnaître publiquement sa faute et à nous présenter des excuses.

« T’en es bien sûr ? Parce que sans mon accord, il n’avait aucun droit sur notre enfant. Aucun Casey. »

Logan avait raison sur ce point. Mais cela n'aurait rien changé. Il était trop tard maintenant, trop tard pour changer les choses, pour les venger également.

«  Il n'avait aucun droit sur lui, et pourtant, il a pris tous les droits, sur nos vies à tous les trois. Et y'a rien qu'on puisse lui reprocher, parce qu'il n'y a aucun document, aucune preuve matérielle, autre que mon témoignage, qui atteste que tu étais le père de cet enfant. Il n'y a rien d'autre que mon témoignage qui te donne des droits sur cet enfant, Logan. Et c'est moi qui suis partie, moi qui ai signé ces papiers. Aux yeux de la loi, c'est moi la responsable, pas lui. »

Je baissai la tête quelques secondes, avant de soupirer. Je me sentais idiote. Terriblement idiote. Pour m'être emportée à ce point, pour ne pas avoir su faire preuve envers Logan d'autant de patience qu'il en avait eu pour moi. Je regrettais déjà mes mots, et pourtant, ils étaient dit, et je ne pouvais pas revenir dessus, je le savais pertinemment. Il m'entraina alors au bar, histoire de me faire boire un verre. En chemin, il avait à nouveau usé d'une de ses blagues « à la Logan » pour détendre l'atmosphère. Et j'avais bien entendu répondu à celle-ci sans me faire prier. Je le vis sourire à ma remarque.

« Tu ferais ça pour moi ? Comme c’est touchant… quoique… ça révèle un coté calculateur. Tu ferais ça juste pour arriver à tes fins avec moi. T’es une vilaine fille, Casey… »
«  Alors peut-être que j'ai besoin que quelqu'un me remette sur la bonne voie... »

La perche qu'il m'avait tendue avait été trop longue. Je lui adressais un sourire espiègle, tandis qu'il me tendait déjà un verre que je bu sans plus attendre. Logan, quant à lui, avait déjà repris sa place à mes côtés. Et puis, il avait eu un geste qui, en plus de me surprendre, m'avait beaucoup touchée : il m'avait donné son alliance, en m'expliquant ce que cela représentait pour lui. Emue par un tel geste, et de telles paroles, je n'avais pu faire autrement que le remercier. Mais je n'avais rien à lui donner en retour, si ce n'était ce baiser, plein de passion, d'amour et de désir, que je lui avais donné. Je l'avais alors remercié, dans un murmure quand il avait enchainé en m'avouant que la seule chose qu'il ne changerait pas dans sa vie serait cette nuit où nous nous étions mariés. A nouveau, j'avais été touchée par ses mots. Et si, en grande romantique, j'aurais pu verser ma petite larme, j'avais cependant tenté de faire bonne figure devant lui. Il ne savait pas, à quel point je l'aimais, à quel point il comptait pour moi et à quel point des mots comme ceux-ci pouvaient m'émouvoir. Je lui avais justement fait part, moi aussi de mes sentiments. Et je lui avais avoué que, divorce ou pas, il resterait à jamais mon mari, et qu'il resterait le seul homme que j'ai jamais aimé.

« Tu devras te faire à l’idée que certaines filles veulent me mettre le grappin dessus. T’es prête à te battre pour moi ? »

Sa remarque, son sourire, me firent rire légèrement.

«  Qu'elles viennent, je les attendrai avec ton couteau de cuisine. » lançai-je avec un sourire amusé.
« Parce que sache que celui qui osera te donner un numéro de téléphone, il finira aux urgences avec fracas. Tu m’connais, j’fais pas dans la dentelle lorsqu’il s’agit de toi… » A nouveau, un sourire se dessina sur mes lèvres, mais cette fois, je n'eus pas le temps de répondre que, déjà, nos lèvres se rencontraient pour un nouveau baiser.

Un baiser qui me faisait du bien, et qui me faisait tout oublier. Tout, jusqu'à mon propre nom. Quand nos lèvre se séparèrent, j'esquissai un sourire satisfait avant de répondre :

«  Dans ce cas, je me ferai un plaisir de ne pas les éconduire, juste pour avoir le plaisir de voir ça ! »

Je ris à nouveau, quelques secondes, avant de plonger mon regard dans le sien. Comme toujours, les battements de mon coeur s'accélérèrent à ce simple contact visuel et, avant même que j'ai eu le temps de réfléchir, mes lèvres se posaient à nouveau sur les siennes pour l'embrasser avec amour et tendresse. Mes mains commencèrent à caresser son torse, et rapidement, mes doigts s'attaquèrent aux boutons de sa chemise. Je le sentais déjà défaillir, et un sourire se dessina sur mes lèvres quand je rompis notre baiser, pour souffler contre les siennes :

«  Je t'aime Logan Matthews. Et même l'éternité ne viendrait pas à bout de mon amour pour toi. »

Mon sourire s'élargit tandis que j'avais prononcé ces mêmes mots que précédemment. Mes mains, elles, en avaient fini avec cette maudite chemise, et je pouvais à présent sentir la peau du torse de Logan contre les paumes de mes mains. Je le sentis frissonner à ce contact, ce qui ne m'incita bien entendu pas à m'arrêter. Séparant mon visage du sien, je pris un moment pour admirer son corps parfait. Pas étonnant, avec ça, que toutes les filles lui tombent dessus. Il était si beau. Je le regardai avec un sourire, avant de rapprocher mon visage du sien. Je ne l'embrassai cependant que dans le cou, avant de descendre jusqu'à ses épaules, et son torse sur lesquels je déposais de légers baisers. Puis, je remontai à nouveau à son cou que j'embrassai avec douceur et tendresse tandis que de mes mains, je traçais de légers cercles – et autres formes pas vraiment spéciales – sur son ventre. Mes mains quittèrent un instant son corps, mes lèvres également, le temps de me laisser retirer mon haut. Lorsque ce fut chose faite, je lui laissais le soin d'admirer la vue qui s'offrait à lui, comme je l'avais fait quelques minutes plus tôt quand il s'était retrouvé torse nu. Puis, sans plus attendre, mes lèvres reprirent possession de son cou, que je mordillais légèrement tandis que mes mains, elles, s'attaquaient à la ceinture de son pantalon.

«  Logan... » soufflais-je au creux de son oreille, ne dissimulant plus mon désir pour lui. «  … Il faut qu'on commande quelque chose à manger. », ajoutai-je alors, d'une voix qui se voulait plus maitrisée.

Dans la foulée, je m'étais séparée de lui, laissant mon pauvre Logan contre le bar, encore plus frustré que je l'avais été tout à l'heure. Je ne pu retenir un léger rire.

« J'ai tenu ma promesse. »

Sur ces mots, je me baissais, pour récupérer mon haut et le remettre. Je voyais bien que Logan n'appréciait pas totalement ce que je venais de lui faire mais, tout comme moi, il ne pouvait pas m'en vouloir bien longtemps. Revenant vers lui, je l'aidais à reboutonner sa chemise, avant de suggérer :

« Bois un verre, ça te fera du bien. »

J'esquissai un sourire amusé avant de déposer un rapide baiser sur ses lèvres.
Revenir en haut Aller en bas
« C. Logan Matthews »


C. Logan Matthews

Messages postés : 73
à San Diego depuis : 02/10/2010
Emploi/Situation : barman

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey EmptyMer 8 Déc - 23:35

Depuis que l’annonce m’était parvenue, je m’étais posé la question un bon millier de fois. Comment se passerait se premier moment ensemble ? Que nous dirions nous ? Trouverait-on les mots pour communiquer ? Est-ce que cette souffrance ne nous mènerait pas sur une voie sans issue ? Ces questions m’obnubilaient, m’empêchant même de trouver le sommeil la nuit. Pensais-je un instant que renouer ce contact, nous permettrait de nous retrouver nous-même ? Je ne sais pas vraiment. La revoir, lui parler, tout ce que je croyais avoir perdu, tous ses sentiments que j’ai encore tant de mal à maitriser, me bouleverse. Quatre ans. On nous a volés, quatre longues années. Il nous a volés quatre années. Car il n’y avait qu’un seul responsable à mes yeux. Et ce, peu importe ce qu’elle me dirait.

Finalement le contact revint progressivement et cette distance, cette retenue, ces inquiétudes furent en partie balayées. Car oui, certaines choses rentraient dans l’ordre mais je devais admettre que je n’étais pas totalement détendu. Car j’avais peur. Peur qu’il s’agisse seulement d’un rêve et qu’au réveil, elle ne soit plus là. J’avais peur de souffrir encore. J’avais peur qu’on me l’enlève une fois de plus. Qu’on m’ôte ma raison de vivre. J’avais besoin de lui dire ce que je me suis toujours maintenu à taire. Elle devait savoir. Car c’était la première chose que j’aurais dû lui dire depuis qu’on se fréquentait. Lui dire que je l’aime. Que ma vie sans elle n’a aucun sens. Alors oui, je me répète mais je m’en fous. Parce que maintenant elle sait. Elle sait que je ne l’abandonnerais pas. Elle sait qu’elle est la personne la plus importante de ma vie.

Erreur ou besoin d’aplanir les choses ? Aborder le sujet de son père est classique, inévitable et pourtant, c’est ce qui pourrait bien l’éloigner de moi. Parce qu’on a deux avis totalement opposé sur la question. Qu’elle craint les conséquences d’un affrontement entre lui et moi. Elle a plus peur de me perdre que du fait d’être séparé de ma présence. Son père l’effraie. Elle n’a pas besoin de me le dire. Son regard parle pour elle. Ceci dit, j’étais déjà trop impliqué dans ses histoires. Faire machine arrière était impossible. Peut-être qu’un jour elle comprendra pourquoi je fais ça. Elle comprendra que je ne cherche pas à nous sauver mais à sauver d’autres personne comme nous l’avons été : abusés par son pouvoir et son contrôle. Toutefois, je finis par mettre un terme à cette discussion. Nous y reviendrons un jour, tôt ou tard. Car il n’y avait pas que son père, il y avait aussi cet enfant dont il nous a privé.

Alléger la conversation est presque un jeu d’enfant. Au fil des minutes, je la vois lentement esquisser de vagues sourire. J’y arriverais. Je le savais. Je la rendrais heureuse. Peut être ni aujourd’hui, ni demain mais avec le temps, j’y parviendrais. Parce qu’ensemble nous pouvions souffrir mais séparément c’était la déchéance totale. Ainsi j’avais cette image en tête que si l’on pouvait être très malheureux ensemble, nous pouvions tout aussi bien être comblé de bonheur. Et je préférais de loin, me concentrer sur cette idée. Les sujets , bien divers, en arrivèrent aux femmes qui faisaient partie de ma vie. Entre baisers et caresses, je lui assurais qu’il n’y avait qu’elle. Et que ça ne changerait pas. Peut-être m’avançais-je un peu trop, mais à cette seconde personne d’autre qu’elle n’avait autant attiré mon attention. Et ce depuis des années. Parce qu’elle avait toujours été près de moi, bien que je pouvais compter son absence physique. Ces premiers contacts réveillaient mon amour pour elle. Un amour que j’avais longtemps enfoui et sous-estimé. J’avais même cru en être guéri. Mais il fallait être réaliste. Un amour comme celui que j’éprouvais pour elle, ça ne se guérit pas. Ça s’entretient. L’amour faisant écho à ce désir qui renaissait. Douloureux, intense et transcendant, je prenais conscience de tout ce qui m’avait manqué. De l’odeur de sa peau, de ses soupirs de plaisir, du gout de ses lèvres, de cette alchimie qui naissait entre nous. Des choses qu’on ne peut pas vraiment touché du doigt. Qu’on ne peut que ressentir. Eprouver à nouveau cette sensation de lui appartenir, la désirer à en devenir fou, c’était comme si je renaissais au creux de ses bras.

Nos conversations, bien que troublé par ce désir, devenaient plus légère au fil des minutes et ça n’était pas sans m’en rendre plus heureux. Elle me parlait de ses filles et je la contredisais. Elle m’assurait que mes yeux étaient foutus et je lui répliquais qu’elle devrait se voir à travers mon regard. Nous pouvions continuer sans fin ainsi. C’était ma Casey. Celle qui avait quitté San Diego, quatre ans auparavant. Celle que je n’ai jamais cessé d’aimer, même lorsque je me perdais dans ses aventures. Sa remarque eut le don de me faire rire. Notre couple n’avait jamais eu à s’affirmer par le passer. Parce qu’il était rare de nous voir, l’un sans l’autre. Elle et moi, c’était de choses étranges que l’on appelle l’évidence. On n’avait pas besoin de se dire qu’on s’aimait. Nos gestes, nos regards le criaient à qui voulait l’entendre.

« - J’y penserais… » Fis-je avec un sourire en coin. « Et toi, fais-moi plaisir… ne reste pas planqué entre ses quatre murs. Viens au bar. Sors. Vois du monde… tu peux reprendre tes études… ou… ou j’en sais rien. Mais ne te cache pas d’accord ? »

J’y tenais. Je la voulais dans ma vie mais aussi qu’elle s’épanouisse. Qu’elle trouve sa voie. Qu’elle sache qu’elle n’aurait pas à affronter le monde extérieur toute seule. Qu’elle était soutenue et que je lui tiendrais la main comme le disais si bien la chanson des Beatles. Elle devait se retrouver avant tout. Et après nous pourrions laisser libre court à ce désir intolérable. Parce que j’avais besoin de la savoir heureuse avant tout.

Un dîner avec Casey était une expérience à vivre. Oui à vivre. Parce qu’on n’était jamais sur d’en ressortir vivant. Pourtant, je la laissais faire. Du moins, les premières minutes, jusqu’à ce qu’elle soit réellement décidé à me faire avaler un plat élaboré et visiblement diététique. Le jour où les courgettes et moi, on sera ami, c’est que l’enfer m’appellera. Non, il était hors de question que je la laisse poursuivre une tâche où ma vie serait mise en péril. Ainsi, je commençais à la distraire. Chose où j’excelle, il faut le reconnaitre. Laissant mes mains et mes lèvres courir sur son corps, il ne faut pas longtemps pour qu’elle rende les armes. Et c’était le cas de le dire avec un couteau de cuisine entre les mains. Ceci dit, je ne pus m’empêcher de rire en l’entendant dire qu’elle veut me voir à genoux devant elle. Quel orgueil ! Comme si j’allais lui facilité la tâche. Elle me connaissait bien mieux que ça. Et maintenant, il s’agit que je sois à sa disposition. Bah voyons. Et bientôt, je serais le petit chiot avec lequel elle s’amuse ? Même pas en rêve ! Une grimace traverse mon visage, totalement dubitatif. Et en prime elle veut me faire avaler cette courgette. Quand les poules auront des dents !

« - Tu tiens réellement à ce que je te malmène ! J’avalerais jamais cette courgette… quant à ta disposition, c’est un point sur lequel on pourrait trouver un… compromis ! » Finis-je dans un murmure, tout en réfléchissant. Je ne lui faciliterais pas les choses non plus. Et puis, joueur comme je suis, il est juste impensable que je me laisse mener par le bout du nez.

Glissé dans son dos, ce moment s’accentue lorsque je laisse enfin mes mains entrer en contact avec sa peau. Un lent sourire s’étend sur mon visage. Sa réaction est instantanée. Des frissons la parcourent tandis que sa main m’incite à poursuivre cette douce torture. Mes lèvres remontent assurément et méthodiquement près de son oreille, sans délaisser un seul instant sa chair. Je prends alors le lobe de son oreille entre mes dents. Elle s’adosse a moi tandis qu’un gémissement franchit ses lèvres. Je savais pertinemment que bientôt nous irions trop loin. L’avoir à ma merci. Là, dans mes bras, totalement consentante, renforçait mon avis qu’on était fait pour être ensemble. Mes doigts formant de petit cercles sur la peau de son ventre, je pouvais presque sentir son cœur s’emballer tandis que sa respiration elle, était de plus en plus laborieuse. Dire que je lui faisais de l’effet était un euphémisme. Malgré essayez de poursuivre une conversation. Bien malgré nous, nous y parvenions encore. Ses propos avaient le don de me faire sourire. Elle se mettait même à inventé ce que j’étais capable de dire. Cette fois ci, je ne pus m’empêcher de rire tout en déposant une série de baiser le long de sa mâchoire.

« Intéressant. Mon cœur a des lèvres et une langue. Ça me vaut l’honneur d’être un type spécial tout ça ! » Ris je de l’éventualité qu’un jour, je puisse être différent des millions de type qui existent sur cette planète.

Ceci dit, il était temps que je me décolle d’elle, même si ça n’est que pour quelques secondes. On risquait de trop précipiter les choses. Ce qui, selon moi, nous mènerait trop vite à l’échafaud. On avait besoin de temps. Pour se retrouver, pour mettre de côté toutes ses années et enfin apprécier d’être de nouveau proche l’un de l’autre. Je disparus alors dans le salon où elle ne tarda pas à me rejoindre, cette lueur de défi dans les yeux. Elle ne laisserait plus ce genre de chose se reproduire et j’étais censé suivre ses recommandations à la lettre. Sauf que lui tendant une main pour danser, après que j’ai mis la chaine hifi en route, ses doigts s’enroulèrent au mien, signe évident qu’elle m’avait déjà pardonné. Frustrée, je l’étais bien plus qu’elle et pourtant, je préférais ne rien en laisser paraitre. Enlacés, elle déposa de lent baiser sur ma clavicule remontant à ma mâchoire, puis à mes lèvres. Comment résister à ce petit bout de femme qui pourrait vous mener à la baguette ? Je ris doucement lorsqu’elle me fit part qu’elle était prête à prendre le risque de mettre son plan à exécution, quitte à ce qu’elle aussi soit frustrée. Evidemment, songeais-je. Juste pour me faire payer et qu’elle affirme être capable de me séduire à son tour. C’était un monstre de séduction de jouer avec moi. Quoique, je n’étais pas mieux. Ainsi je préférais garder mon joker pour plus tard. Car, je songeais que de toute façon, j’aurais tout le loisir de l’avoir dans mes bras durant la soirée.

Cependant, dans les minutes suivantes, je ne songeais pas qu’elle en arriverait à me confier une partie de ce passé. De ses quatre années. De ce qui la fait tenir. Pour qui et quoi, elle s’est battue. Bien sûr, si je m’étais mis à sa place, j’aurais certainement fait la même chose. Je me serais alors battue pour elle. L’évidence s’imposa à moi. J’ignorais alors les dégâts de ces quatre dernières années. Elle avait mis notre enfant au monde. Etait parvenu à vivre après qu’on le lui ait retiré. Et avait même survécu à son décès. De nous deux, elle était bien la plus forte. Car elle avait enduré tout, seule. Sans même un visage familier pour la rassurer et lui murmurer que tout irait bien. Etait-ce réellement dû à cet amour qui nous lie, qu’elle soit parvenue à sortir la tête de l’eau ? C’était trop beau pour être vrai. Intérieurement, j’imaginais la lutte qui devait régner. Et quelque chose me disais qu’il se pourrait aussi qu’elle s’effondre bientôt. Lorsqu’elle se relâchera et parviendra enfin à se détendre. Cette idée se faisant dans ma tête, je pris conscience que je ne devrais jamais trop m’éloigner. D’être dans son champ de vision, même si ça n’était que pour être une présence. Car chacun sait combien un regard ou une présence suffit à se sentir rassuré.

Sauf que trop vite, le sujet de son père revint sur le tapis. A ses confession, je savais qu’elle en avait une trouille bleue de le revoir ou même qu’il apprenne qu’elle soit rentrée. Or elle devrait faire face à ça, un jour où l’autre. Je préfèrerais que ça soit après le procès. Lorsqu’on serait enfin libre et que son père sera derrière les barreaux. C’était préférable mais je ne pouvais pas lui cacher ce qui allait bientôt se passer pour lui. Elle devait se préparer au pire et même que son nom soit lié au sien. Car elle était sa fille. Tout comme déjà Courtney en subissait parfois des appels anonymes ou de la part de certains journalistes. Je devais la préparer même si cette idée me déplaisait. Je voulais qu’elle réalise que cette fois ci, son père ne s’en sortirait pas. Elle devait y croire. Comme on y croyait tous.

« - fais-moi confiance. Il ne s’agit pas d’une simple accusation. C’est tout un réseau. Son réseau qui va tomber. Les charges retenues contre lui dépassent l’entendement. Il y a des accusations de meurtres… Même avec de l’argent, on ne peut pas tout acheter. Comme moi, tu devrais savoir que certains jurés ont une conscience. Faire ce qui est juste. Crois-moi, Casey. On sera bientôt libre… »

Je concevais ses doutes. Après tout, ils étaient légitimes. Ça ne nous ramènerait pas notre enfant. Ne nous rendrait pas ses quatre années. Non, on pouvait encore empêcher que d’autres personnes se retrouvent impliquées dans le réseau Forsythe. Je n’avais pas pu sauver Casey et mon fils, mais je pouvais encore pour les autres. Peut-être n’étais-je pas assez égoïste ou bien peut être croyais-je encore en la race humaine et à la justice. Toujours est-il, que je ne pouvais pas me retirer. C’était trop tard. Beaucoup trop tard. Et elle l’ignorait.

Evoquer Diaz et Jaden était nécessaire. Elle devait connaitre la vérité sur son père et ce que j’ai empêché. Sauf qu’elle imaginait possible que je puisse me retirer et simplement m’assurer qu’on soit tous en sécurité. Je secouais la tête négativement avant de me pincer les lèvres, cherchant mes mots.

« - Quand je te disais que j’étais très impliqué… » Soufflais-je en plongeant mon regard dans le sien. « Je dois témoigner pour l’accusation. » expliquais-je, pas sûr qu’elle comprenne où je voulais en venir. « contre ton père. Mon témoignage est primordial, Casey. Je ne peux plus me retirer. »

J’avais bien conscience que cette réponse n’allait pas lui plaire. Sauf que je ne changerais pas d’avis, même si elle me suppliait. C’était trop important. De plus, ça nous assurait une certaine sécurité et liberté par la suite. Ce qu’elle n’était pas savoir.
Sa réponse trouvait un certain écho en moi. Sa peur, cette angoisse de la perdre, je la connaissais que trop bien. Mais c’était justement notre unique chance d’être débarrassé de son père. Tout était si compliqué que j’en fus vite agacé. Les mâchoires crispées, j’aurais aimé qu’elle puisse comprendre que c’était notre unique possibilité pour être complètement débarrassé de son père.

« - ça n’arrivera pas » la fixais-je, buté comme jamais. « Je suis déjà sous la surveillance du FBI, Casey. Courtney également. Et toi, aussi tu le seras… » Assurais-je avec un ton sans appel. « Tu crois que je nous mettrais délibérément en danger ? Dans moins de deux mois, toute cette histoire appartiendra au passé et on pourra reprendre notre vie… celle qui aurait dû être, il y a quatre ans. » Je voulais croire que c’était possible. Que son père ne pourra jamais plus intervenir dans nos vies. Et même si je ne pouvais en être certain à cette seconde, je lui prouverais qu’elle avait tort. Parce que ça nous était nécessaire.

Si dans le dossier, je pouvais inclure tout ce qui avait trait à l’internement de Casey et de la mort de notre enfant, je le ferais. Sauf que visiblement aucun écrit ne semblait exister. Son père avait dû payer une fortune pour que ses papiers soient détruits. Et ça m’agaçait prodigieusement. Tout le monde avait tellement peur de lui que personne n’osait le confondre. Ça m’horripilait qu’on puisse disposer de vies comme il avait pu le faire. Bien qu’agacé, je l’attirais machinalement près de moi. Assister à tant de souffrance. S’apercevoir que son père parvenait encore à se mettre entre nous, me mettait en colère. Or à cette seconde, elle n’avait pas besoin qu’il soit entre nous. Elle avait besoin de celui qui fut son mari, même ce fut que l’espace de quelques semaines. L’enlaçant, je déposais un rapide baiser sur son crane avant d’y appuyer doucement mon menton.

« ça ira, Princesse. Je suis là. » Soufflais-je conscient que le temps serait nécessaire pour faire cicatriser cette plaie. Si elle cicatrise un jour.

Mécaniquement, je l’emmenais vers le bar. Elle avait besoin de s’éclaircir les idées et d’oublier son père. Au moins le temps d’une soirée. On avait besoin d’être ensemble et de profiter de ce moment. D’être à nouveau Casey et Logan. Au moins pour une soirée. Heureusement, nous en vîmes très vite à nous détendre et à évoquer des situations cocasses où j’en arriverais à lui faire du bouche à bouche. C’était évident à cet instant, que ça déraperait. Et j’aimais lors qu’elle dérapait. Ainsi mon sourire s’élargit lorsqu’elle me fit remarquer qu’elle aurait besoin de quelqu’un pour la remettre sur la voie.

« - Euh… » fis-je en regardant autour de moi, s’il y avait d’autre volontaire. « Tu vas devoir te contenter d’un seul et unique volontaire ! Pas trop déçu ! » Ironisais-je avec ce sourire dans la voix. On savait très bien comment ça pouvait se finir. Comme deux être en manque, incapable de refuser quoi que ce soit à l’autre. Surtout lorsque le désir atteint son paroxysme. Et avec elle, je ne pouvais qu’aimer ça.

Un verre de Tequila plus tard, une confession et mon alliance désormais pendu à cette chaine autour de son cou, je lui assurais que rien n’était plus important à mes yeux que notre histoire, mon amour pour elle. Elle n’avait jamais dû m’entendre le lui répéter en un espace-temps aussi restreint. Mais je m’en moquais car tout ce qui comptait c’était qu’elle sache et qu’elle le ressente. On disait souvent que les actes parlent plus que les mots. Sauf que ces mots s’avéraient bien souvent tout aussi important que les petites attentions. En réponse, elle m’avait gratifié de l’un de ses baisers à vous faire tourner la tête. Vous savez ceux qui sont trop court et trop puissant. Ceux pour lesquels on ferait bien souvent des bêtises. Ceux qui démontrait comme quoi, l’amour pouvait sortir vainqueur de bien des tempêtes. J’avais ce sourire niais sur le visage à ces mots. Je restais son mari, même si on était divorcés. Je remédierais à ce contretemps administratif. Un jour, elle serait à nouveau Casey Forsythe Matthews. Car oui, on était au XXIème siècle et c’était la mode des noms composés. Elle serait à tout jamais ma femme. Celle pour qui je me damnerais. Celle pour qui, je défierais la nature et le temps. Parce qu’elle est cette femme qui m’est destiné et peu m’importe si un jour notre amour s’estompe. Ma vie est, sera, et restera à tout jamais dédié à Casey Forsythe.

Je profitais d’ailleurs de l’aubaine de notre proximité pour y apporter une petite allusion, lui faisant remarquer que certaines filles seraient ravies de me mettre le grappin dessus. Sa réponse me fit sourire alors que je parvenais à peine à détacher mes lèvres des siennes.. Douce et tranquille en apparence, forte et passionnée à l’intérieure. C’était bien la jeune Forsythe telle que je l’avais toujours connue. Ma main remontant à sa joue, mes doigts caressèrent lentement sa peau avant de glisser dans ses cheveux. J’en profitais également pour lui affirmer que je n’avais pas intérêt à voir un type, ne serait-ce que lui donner son numéro de téléphone. Je n’étais pas violent. Sauf que pour elle, tout changeait. Parce qu’elle faisait ressortir ce côté passionné de mon caractère. Elle me transformait à son contact. Comme j’en ai jamais eu aussi peur auparavant.

« - Tu serais surprise de voir tout ce que je sais faire avec une seule main… » Lui assurais-je, sans lui révéler que j’avais suivi un entrainement de Krav-maga. L’un de ses arts martiaux de corps à corps où les dégâts peuvent être importants.

Ce rire, si innocent, presque naïf, m’avait manqué. Je n’avais pas réalisé combien, au fil des années, ça avait pu créer un gouffre. Sa présence changeait tout. Me changeait et c’était justement ce dont j’avais besoin. En ce moment, elle seule parvenait à me faire oublier qu’Andy n’était plus là. Elle réveillait mon amour pour elle, tout en parvenant à me rappeler qu’Andy devrait être heureux pour nous. Ainsi lorsqu’elle souffla ses mots, j’en fus secoué et pas seulement parce que ses mains partaient à l’assaut de mon corps.

C’était un cruel délice. Elle était totalement consciente. J’en étais persuadé. A travers ses caresses, ses baisers, ce contact me prouvait qu’il lui tardait autant que moi, le moment où nous nous retrouverons. Que notre première nuit ne serait pas à classer dans les erreurs de parcours. Ça serait de ses nuits qu’on aimera se remémorer plus tard.

Ses mains parcouraient mon torse et je dû me faire violence pour ne pas la toucher. Car, résister à la tentation était une chose. Résister à Casey Forsythe en était une autre à laquelle, je perdais la plupart du temps. Je me concentrais sur ma respiration tandis qu’elle poursuivait sa torture. Me faire plier, c’était bien ce qu’elle avait dit. La petite peste ne semblait pas avoir retenu certaines leçons. Je pris sur moi, songeant à la douche glacée que j’allais surement devoir prendre dans les heures à venir. Et lorsque, de cette voix elle me signifia qu’on devait commander à manger. J’eus envie de l’égorger sur le champ. Mon regard croisa le sien, très brièvement, trop occupé à détailler chaque partie de sa poitrine, offerte à moi. J’en serais même arrivé à la toucher, si elle ne s’était pas éloigner si brutalement. Oh non ! Elle ne s’en sortirait pas si facilement. Je dus alors serrer les poings. Oh oui, elle le paierait. Pas immédiatement parce que je n’étais plus en état de penser convenablement, puisqu’elle brouillait à la fois mon corps et mes pensées. Mais elle ne s’en sortirait pas comme ça. Je me mordis la joue intérieure alors qu’elle m’enjoignait à boire un coup, que ça me ferait du bien. Elle reboutonnait ma chemise, et j’étais à deux doigts de craquer et lui arracher les vêtements qu’elle portait. Je me fis violence et reculais d’un pas, après qu’elle m’ait donné ce baiser.

« - Si j’avais encore toute ma tête, je quitterais cette maison sur le champs. » assurais-je en tentant de reprendre contenance. « Tu vas me tuer… » Soupirais-je alors en vidant le verre de tequila et m’en resservant un autre avant de le vider à son tour. « Bon sang… ça fait à peine une journée et déjà, on est incapable de se maîtriser. Qu’est ce qui cloche chez nous ? »

C’était insoutenable. Ce désir. Ce besoin d’être ensemble. Comment était-on capable de vivre ensemble, si en l’espace d’une journée, on était incapable de se résister ? Je secouais la tête, pour refouler toutes ses pensées insidieuse. On ne devait pas se précipiter. On avait besoin de temps pour mettre les mots exact sur ce qu’on éprouvait. Pas se jeter à la va vite dans une relation qui ne nous conviendrait peut être pas. Et encore moins dans un lit à faire l’amour sauvagement. Non. On devait rester censé et concentré. Sur elle ? Non, pas elle. Ça serait la mort du petit cheval et la mienne par la même occasion. Je pris alors une lente inspiration, me tournant vers elle, avant de m’emparer de sa main.

« - Dis-moi que tu sais que… se jeter dans les bras l’un de l’autre pourrait nous faire préjudice… » Je ne la repoussais pas. Elle devait savoir et même si c’était insupportable, on devait être patient. « Je vais commander à manger… avant de succomber et d’être incapable de te résister… » Me repris-je en retournant dans le salon où j’avais laissé mon portable. A défaut d’être repu de plaisir, mon estomac serait comblé. Et c’était ce, sur quoi je devais me concentrer.
Revenir en haut Aller en bas
« Contenu sponsorisé »





« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey _
MessageSujet: Re: « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey   « without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

« without you, I’m just incomplete .» ▬ Casey

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
call me crazy :: 
♣ san diego, ca
 :: ▬ nature :: ✿ the beach
-